Accueil Chronique de concert Lilly Wood and the Prick + La Maison Tellier
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Chronique de Concert

Lilly Wood and the Prick + La Maison Tellier

Lilly Wood and the Prick + La Maison Tellier en concert

Passagers du Zinc - Avignon 3 décembre 2010

Critique écrite le par

Lilly Wood and The Prick

Un froid glacial nous accueille devant Les Passagers du Zinc ce soir. La file d'attente interminable s'allonge le long de la façade et je crains déjà d'être tombé dans un nouveau piège. La procession d'adolescents (je n'ai rien contre les adolescents, mais il faut bien poser sa première impression, même fausse, sur quelque chose ou quelqu'un) me fait craindre une première partie douloureuse, à laquelle l'écoute rapide de Liliy Wood and The Prick sur le net ne m'aurait pas préparé. Je n'avais même pas lu la chronique de concert de Salon par Boby.

Ca jacasse dur, ça chamaille parfois, ça chahute, ça fait crisser les pneus sur le parking, ça s'apostrophe de loin (le plus loin possible). Mon dieu, j'ai encore vieilli d'un jour ou deux ce soir...
Le couloir, la salle sont bondés. Gaël à l'accueil me confie que 350 personnes aux Passagers, "ça fait finalement du monde". Je comprends "mais ça fait également du bien au moral".

Lilly Wood and the Prick en concert à Avignon le 3 décembre 2010


L'ambiance grimpe instantanément lorsque le groupe parisien monte sur scène. Lilly n'existe donc pas que sur les ondes ou les écrans, mais en chair et en os. Yyyyeahhhhhhh !!!! Hurlements, acclamations, sifflets. Foule de têtes (é)mèchées en délire. Je me prête à l'ambiance et me faufile pour voir de plus près... Nili Hadida se précipite sur scène, vêtue de noir, tatouage sur l'intérieur du bras, prête à en découdre, mèche sombre sur les yeux cerclés de noirs, regard pétillant et souriant. Benjamin Cotto, son compère, et les autres membres du groupe s'installent. (Etaient-ils si jeunes que ça sur les photos de presse ?!)

Si Nili a eu le tract une fois dans sa vie, (et encore, ce n'est pas sûr), c'était il y a très longtemps. Nili n'a peur de rien, ou le cache bien. Les premiers morceaux envoient du bois (comme ils diraient). C'est puissant, direct, sans état d'âme. La voix de Nili, que j'ai toujours trouvé un peu dure sur écoute, est toutefois toujours bien placée. Malgré un son qui tarde à se stabiliser, la voix de la chanteuse l'emporte sur l'ensemble sans réels efforts. Elle s'appuie régulièrement du regard sur son compère Benjamin, qui, d'où je suis, semble curieusement être le plus réservé des cinq, sorte de chef d'orchestre en herbes discret.

Lilly Wood and the Prick en concert à Avignon le 3 décembre 2010


La chanteuse, n'est pas en reste. Elle bouge sans cesse, emmène son petit monde, à coup de percussions, de mégaphone. Et surtout, elle possède déjà le charisme des jeunes chanteuses qui n'ont peur de rien et savent s'aider de leur public qui lui rend bien. Dès le troisième morceau, un "Allez, un morceau un peu plus sexuel !" finit de chauffer la salle, enchaînée rapidement par un quatrième, des plus connus. C'est efficace et visiblement sincère. Elle s'appuie sur son public, le pousse et l'appelle régulièrement.

Lilly Wood and the Prick en concert à Avignon le 3 décembre 2010


Je crois à une première partie qui fera long feu, avec encore en mémoire la première partie de Brune affreusement courte il y a quinze jours de ça ici même. Mais ce ne sera pas le cas. Lilly Wood and The Prick ont droit à une prestation complète et non tronquée. Les appareils photos de toutes sortes crépitent de toutes parts, à bout portant, à bout de bras, flashs ou pas, avec ou sans vidéos, les membres du groupe se prêtent au jeu, le bouche à oreille et les images (presque) volées sont leurs alliés. Ils verrouilleront leur image plus tard. Pour le moment seul compte visiblement le nombre de date, le nombre de personnes dans les salles, le nombre de kilomètres accumulés. "Ca fait six mois qu'on est en tournée. On a fait des milliers de kilomètres pour venir jusqu'ici. j'ai besoin de vous !" harangue Nili.

La puissance montera à son paroxysme avec un "A Time Is Near", le plus rock dans l'attitude à mon sen avec un guitariste sorti de sa réserve, arc-bouté sur sa guitare. Puis un "Down the Drain" mené par une Nili survoltée, clavier en bandoulière (faîtes péter les videos, Iphone etc... !!!), et enfin un "My Best", pour lequel Nili pousse son public à sauter sur place avec elle, ce qui nous permettra d'avoir une petite démonstration de parquet flottant !!!

Lilly Wood and the Prick en concert à Avignon le 3 décembre 2010


Rappel après une courte pause sous les acclamations. Reprise sous forme de ballade avec un "Prayer In C", flûte traversière réelle (je souligne) assumée par le guitariste. Final sur un "Hopeless Kids" sur fonds de lourdes nappes synthétiques qui clôtureront le set en puissance.





La Maison Tellier

Le set débute avec un morceau à la forme a capella + guitare. Tels réunis pour une prière, serrés dans un recoin de la scène, les 5 entonnent "Mining for Gold", alors que pendant ce temps, le brouillard nous envahit progressivement plongeant le band et ses adorateurs dans une nébulosité dense, et le groupe à contre jour, silhouettes découpées. Seules les lampes tempêtes, posées à leurs pieds, veillaient sur le band et sur nous.

la Maison Teller en concert à Avignon le 3 décembre 2010


La Maison nous entraîne dans la foulée avec un plus entraînant "Art de La Fugue" ("Il disait Je dois Prendre un Train, Il s'agit de Quitter Les Hommes / Pour m'en aller avec les Chiens aux Hasards que la Vie me Donne / Que la Vie me Donne") prolongeant l'ambiance de voyage et du goût de l'ailleurs ("On l'aurait découpé en Tranches, Que chaque Tranche aurait voulu Fuir"). Le rythme est scandé, percutant, le batteur frappant ses peaux de manière acharnée et mécanique. L'énorme contrebasse surplombant le band. Le brouillard continue de nous envahir, le tout baignée d'éclairs rouges découpant la scène. Dans cette ambiance, la gestuelle du guitariste est tendue, habitée, fragile.

la Maison Teller en concert à Avignon le 3 décembre 2010


Reprenons avec "Cul de Sac" ("Dieu Qu'il Fait Chaud sous Ma Soutane"), un banjo-délivrance, franc, piloté par Raoul Tellier, chemise à motifs, sur une scène baignée de lumière rouge écarlate. La voix d'Helmut Tellier est rauque et envoûtée, me faisant penser aux meilleurs heures d'un célèbre groupe de rock français disparu avant hier. La trompette de Léopold Tellier est puissante et entêtante. Le batteur martèle ses engins. Un morceau puissant, se clôturant sur un très subtil rappel de Delivrance au banjo.

la Maison Teller en concert à Avignon le 3 décembre 2010


Le ton est donné. La direction géographique. La punaise sur la mappemonde. Le doigt sur le globe. La croix sur le parchemin. L'emplacement secret et convoité. Calexico. Herman Dune. Pas à discuter.

Ou plutôt si. Malgré l'air taciturne et renfermé, Helmut Tellier adore parler. Un peu trop ? je suis assez surpris d'apprendre que La Maison est "heureuse de partager le moment avec Lilly Wood & The Prick", mais soit. Mise en perspective avec le ton des morceaux. Helmut entame des discours sur les origines de La Maison, sur leur provenance, un endroit "avec moins de soleil, sans les remparts, sans le Palais des papes, sans les vins...", ironise sur les contrastes, souligne de plusieurs traits leurs origines et leurs histoires, vraies ou rêvées, appuie du doigt l'ambiance des plaines de Caux, dont ils sont originaires.

Mais reprenons. "Bienvenue dans La Maison Tellier !".

Suit "Après Dissipation" ("Il a fait Faim cet Hiver-là / On a dû Manger Nos Enfants / Il a fait Froid cet Hiver-là / On a dû Bruler Nos Parents"), chant sur le fil, Helmut sur la pointe des pieds, tout en équilibre et en fragilité. Le brouillard et le vent balaient toujours les champs et la plaine tout autant que notre scène.

la Maison Teller en concert à Avignon le 3 décembre 2010


Puis "Laissez Venir" ("Laissez Venir à Moi sur l'Heure / Celles Qui ont une Pierre à la Place du Coeur / Mon Royaume leur est Grand Ouvert / Nous sommes les Maîtres de l'Univers"), roulements de batterie martial et solennel. A travers la brume, d'où je suis, j'entrevoie les visages des personnes du premier rang. Les rares ados, restées là scotchées, sur le devant de scène, sont restées comme abandonnées, oubliées. Elles se sont attardées là, bouche bée, je le jure, devant cette prestation. ("Laissez Venir les petits Enfants"). Une adolescence qui, il y a quelques minutes encore arragaint Lilly et ses acolytes ici même.
La rupture est consommée, le public a vieillit d'un coup. Le vent de La Maison a (malheureusement ?) tué définitivement l'adolescence, tant symboliquement, que dans dans les faits, dans un public qui se réduit finalement petit à petit jusqu'à ne subsister que les "irréductibles" (sic) de La Maison Tellier. "Laissez Venir" se termine dans un fantastique enchevêtrement de batterie, guitare et trompette, en même temps que sur un enchevêtrement de silhouettes à contre-jour, de corps de musiciens découpées par les éclairs rouges stroboscopiques. Une merveille.

la Maison Teller en concert à Avignon le 3 décembre 2010


Le band reprendra son coin de scène, la "Chambre de Raoul (Tellier)". Heureusement, lors de ces transitions où l'obscurité revient, les lampes tempêtes continuent de veiller au pied de la batterie. Trompettiste et batteur sont désormais attablés à une table de bar, autour d'un verre pour une ballade. Intro bande-son Morriconne. "J'ai eu tout le temps d'apprendre à tirer de la main gauche...". Le soleil rougeoyant et rasant se relèvera sur la scène, la traversant en oblique sur le morceau suivant, un formidable "Mexico City Blues" mélancolique, banjo mécanique à nouveau en action, choeurs roulant et ponctuant le chant, Helmut ployant sous le poids sombre des ombres de ses choristes.

Suit un "Cactus Kid" plus enlevé. Puis la "Chambre Rose", et "Babouin" qui ouvre leur dernier album. Le brouillard est devenu bleu glacial, froid, noyant à nouveau le band et inondant la salle.
Helmut réitère ses (trop) long discours ("Comment ça 'ça déchire' ?!!... qu'est-ce que tu entends par 'ça déchire' ?!? ... nous on comprend 'mazette', ou bien 'fichtre'..."), ou ironisant enfin sur le rêve d'une bonne vieille épidémie qui se répandrait sur la France avant d'entamer "La Peste" ("Aime ton prochain comme Toi-Même / Mais aime-le de Loin").

la Maison Teller en concert à Avignon le 3 décembre 2010


Les morceaux suivants ("Suite Royale", "Five Years Blues") ne cesseront de monter en puissance, parvenant même à une trompette d'un Léopold se baladant dans le public. Je laisse mes notes en suspend, me laisse emporter. Le rappel sera témoin d'un "No Name #3" unplugged, en devant de scène, devant un public docilement assis sur le sol dans un silence complet.

Bienvenue dans La Maison Tellier.


Set List :
1- Mining For Gold
2- Art de La Fugue
3- Cul de Sac"
4- Dssipation
5- Laissez Venir
6- No Name #1
7- I ain't Got no Home
8- Morriconne + Mexico City Blues
9- Cactus Kid
10-La Chambre rose
11-Babouin
12-La Peste
13-Troubles
14-Goldmine
15-Suite Royale
16-Five Years Blues


Rappel :
17-Petit Semaine
18-Say Aha
19-No Name #3

> Réponse le 07 décembre 2010, par jul

Lilly Wood and the Prick m'a agréablement surprise, même si la horde d'ados me faisait craindre un concert de Justin Bieber. (...On a vérifié nos tickets 2 fois...). Un groupe qui a la pêche, à écouter mûrir. Le vent du pays de Caux avait gardé close la porte de la chambre rose. Helmut ne l'a pas chantée. Elle ne s'y prêtait pas avec ce chahut ? La reprise d'MGMT - Time to Pretend- me stimule, sans mentir.   Réagir


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