Accueil Chronique album : Brody Dalle - Diploid Love, par Philippe
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Critique d'album

Brody Dalle : "Diploid Love"

Brody Dalle :

Pop - Rock

Critique écrite le 22 mai 2014 par Philippe

Quand on a une vie de rock-star internationale, toujours sur la route, on pourrait penser logique de se choisir, pour fonder un foyer reposant et rassurant, une gentille fille tranquille, du genre sédentaire. En tout cas, pas une grande punkette décolorée, tatouée et incendiaire, déjà auteure de 4 albums elle-même, et équipée d'un enfant conçu avec le chanteur de Rancid ! C'est pourtant bien Brody Dalle, et personne d'autre, qu'a choisi Mr Josh Homme comme mère de ses propres enfants. Et lui qui l'a poussée, peut-être bien, à ne plus se cacher derrière des noms de groupe (Distillers, Spinnerette) pour publier enfin ses propres compositions à elle, en son nom, même aidée par un casting assez prestigieux d'invités (dont on s'en épargnera la liste car leur influence sur le disque n'est pas déterminante).
Etant logiquement jaloux de cette femme, puisqu'elle couche avec le rocker le plus sexy du monde, on s'est d'abord penché avec circonspection sur cet opus, qui lorgne fort vers les années 90, voire 80, avec un son sous l'influence de Hole, L7 et autres groupes de rock US à chanteuse femelle de l'époque, en plus d'abuser franchement de batteries synthétiques. Pourtant il faut bien reconnaître que sous l'emballage un peu rétro, de foutus bons riffs biberonnés au stoner émargent régulièrement. Exemple typique, Underworld, où des guitares modernes cotoient des cuivres d'un autre temps.
Et qu'une vraie voix rugueuse de femme transparaît également sous une production qui voudrait la faire passer pour celle de Shirley Manson de Garbage (Don't mess with me) mais rappelle heureusement plutôt celle de Courtney Love, dans sa meilleure époque (la vocalement superbe Blood in Gutters). Il faut noter aussi que sur ce titre-là, comme sur 2 ou 3 autres, la miss a sorti de ses tripes deux ou trois de ces mélodies qui vous font vibrer, même jouées par des guitares maquillées comme des putes U2esques de 1985 (Dressed in Dreams), même camouflées en tubes électro-pop de 1992 (Carry On)...
Et puis Brody Dalle sait un peu tout faire : aussi bien signer une belle balade toxique (et un rien inquiétante pour son mari), I don't need your Love - un peu polluée par une séquence inutile de rires d'enfants, que péter les plombs façon punk US en fin de chanson pop (Oh the Joy, ultra classique mais efficace), ou racler jusqu'au saignement les cordes de sa guitare, jusqu'à réussir à couvrir certains arrangements vraiment cheap : Parties for Prostitutes, avec une vraie batterie et un vrai violon, a un grand potentiel...
Alors oui, malgré de nombreuses maladresses, l'émotion d'être à la manoeuvre et la joie d'être au micro (ou le contraire) se fraient régulièrement un chemin, et parviennent à nous toucher, dans le mille, à plusieurs reprises. Une fois constaté avec soulagement que l'élue du coeur du Ginger Elvis n'est donc pas dans la lumière que par copinage ou par alliance, mais bien parce qu'elle a quelque chose à y faire, on ne peut que se réjouir de constater qu'elle sera en concert à Rock en Seine l'été prochain !
(2014)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 22 mai 2014 par Philippe
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