Accueil Chronique album : Casey - Tragédie D'une Trajectoire, par Philippe
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Critique d'album

Casey : "Tragédie D'une Trajectoire"

Casey :

Soul Funk Rap

Critique écrite le 03 octobre 2009 par Philippe

Avouons humblement qu'on a découvert Casey seulement quand elle s'est mis à accompagner le saignant trio rock expérimental Zone Libre dans le passionnant album l'Angle Mort, assurément notre plus grande claque francophone de l'année. Des gens mieux informés avaient eux déjà entendu son bouleversant plaidoyer post-colonial Dans nos Histoires (pour le dire simplement, un chef d'oeuvre) et encore un peu avant, son premier album ici présent, Tragédie d'une Trajectoire... La jeune fille, douce au naturel, voire charmante quand elle sourit, a la particularité de se transformer en Golgoth au micro, où elle gesticule et vocifère comme un mec, et un méchant encore, au point parfois de semer le trouble sur son identité (en plus de remettre en question la virilité de pas mal de ses concurrents et collègues). En clair, c'est une tueuse. D'ailleurs à la voir sur cette image, couturée de partout, on se demande malgré soi : putain, mais que peut-il bien rester de l'autre, avec lequel elle s'est battu et qui a forcément perdu ?
Ayant été cogné au fond du bide par trois prestations sur scène de Zone Libre (la dernière à Paris) où l'on ne voyait souvent qu'elle, il était naturel de remonter la piste. Voici donc son opus solo, méchant, triste et révolté, Tragédie d'une Trajectoire, aux musiques assez léchées, et aux textes par moments aussi fascinants que ceux qu'on connaissait. Résolument hors système (Pas à vendre), révoltée (Qui sont-ils), combattive (Je lutte), menaçant de mort un détracteur des médias (Une Lame dans ma veste) ou même les cons dans leur ensemble - bonne chance Mademoiselle, y'a du boulot en France en 2009 (Mourir con), jonglant avec les mots et un style virevoltant (Ma Plume), Casey aligne 12 titres qui sont autant de coups de trique, avec pas tellement d'humour certes, mais libérant une logorrhée incisive comme un scalpel, salvatrice et jubilatoire.
Et elle livre en passant les deux clefs de son identité : côté jour, ses racines qu'elle arrose avec amour (superbe et dépaysante Chez moi sur la Martinique), côté nuit, sa colère inextinguible (hypnotique Ma Haine, avec B James, digne du meilleur NTM, et reprise sur scène avec Zone Libre). Identité assez bien résumée par l'anathème rebelle qui revient à plusieurs reprises : Tu es Noire, ils voudraient qu'tu aies honte, mais tu n'es pas cette bête de foire que l'on dompte... Et quelque part entre les deux pôles, une déclaration d'amour vache à sa Banlieue Nord et à sa famille artistique (On ne présente plus...).
Le disque se finit par un clin d'oeil au titre historique de l'opéra-rock Starmania : Quand les banlieusards sortent résonne comme un écho flippant de Quand on arrive en ville, le kitsch en moins et pas mal de menaces sourdes en plus. Plus proche du constat désabusé de Sefyu que de l'appel au réveil et au renversement de Keny Arkana, la très percutante Casey a toutefois toute sa place dans le plus noble projet de société des rappeurs en 2009 : rendre les déshérités ou même les néo-nantis plus conscients, plus intelligents et donc finalement plus armés pour se défendre, face au cynisme des autorités qui dirigent notre belle démocratie pré-fasciste...
(Dooen Damage / Anfalsh 2006)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 03 octobre 2009 par Philippe
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