Accueil Chronique album : Conger! Conger! - ZAAD, par Philippe
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Critique d'album

Conger! Conger! : "ZAAD"

Conger! Conger! :

Pop - Rock

Critique écrite le 04 mars 2014 par Philippe

Quoi de neuf chez Conger! Conger!, sans doute le meilleur trio de rock bruitiste du Sud depuis déjà quelques années ? Rien que poser la question est déjà casse-gueule : il y a toujours quelque chose de neuf chez eux ! Tel ce poisson long et gluant qu'on essayerait en vain de saisir, le groupe vous glissera entre les mains, jamais où on l'attend, déjà ailleurs, et avec une remarquable constance dans le "never explain". Laissez les 6 mois et vous ne reconnaîtrez plus une seule chanson sur scène... Il n'y à qu'a voir ce vinyle blanc splendide et totalement cryptique, qui ne comporte nulle part, la moindre mention du groupe !
Au recto, une image assez indéchiffrable de Zidane embrassant son maillot, entièrement composée du mot "ZAAD". Au verso, une paire de chaussures vide qui laisse l'auditeur recomposer une phrase en cadavre exquis, à partir de "why, let, making, to, child, play, fire, tonight"... Une face du vinyle qui s'appelle Why, comme d'ailleurs sa chanson la plus dérangeante et la plus barrée, oscillant sans prévenir de la pop au death metal, l'autre face qui s'appelle Let, et c'est seulement en lisant le papier joint qu'on trouvera le nom du groupe, en fait non, juste son adresse mail & bandcamp... Et au final, ceci est un disque dont on est ne comprend même la signification du titre ! On pourrait leur demander bien sûr, mais où serait le charme ?
Son concept par contre, est assez clair : déplorer le gâchis que représentent toutes ces jeunes morts violentes à Marseille depuis des années, et devenues une simple statistique qu'on écoute avec une pointe d'ennui. "This week-end, seventeen youth killed in gang homicides... Now, sports !", comme disait un célèbre groupe de fusion explosive de South Central, L.A., en 1992. Toutes proportions gardées, rien n'est très différent dans le Marseille de 2014, surtout depuis que la Provence, notre torche-cul local, a aimablement expliqué dans un article aux quelques personnes qui l'ignoraient encore, comment et où aller se procurer facilement une Kalachnikov... Les minots s'entretuent, et nous regardons ailleurs.
Pas eux ! Ca les énerve les Conger! Conger!, qui s'égosillent : We're not blind, we're not deaf, we're not dumb, we're gonna make some noise !, qui cognent des futs, griffent des cordes, écorchent des voix en psalmodiant des slogans obsessionnels qui sont autant de chansons enragées et quelque peu poignantes (Kill and kill end... Born on the Wrong Side...I'm so sorry, so sorry Mom). Un trio de congres qui soulève les tapis de l'histoire et y remue la merde avec constance (l'album précédent évoquait le Rwanda), et avec un joli talent elliptique dans les paroles. Dénoncer la mocheté du monde sans jamais être moraliste, c'est bien le seul point de pertinence que peuvent atteindre de simples musiciens dans le meilleur des cas, et c'est précisément le positionnement des Conger! Conger!.
Après bien sûr, on peut tout aussi bien passer outre et ne retenir que leur son démentiel, le tout étant emballé non pas dans du papier journal, mais dans ses chansons foutrement bien torchées, pleines de ruptures de ton, de rythme et d'intensité, comme toujours. S'enfonçant par exemple dans le hurlement barbare en fin de face A, et rebondissant dans un groove contondant en ouverture de la face B. D'un style à peine un peu plus homogène que le précédent (on pourrait aussi dire, moins exubérant... si c'était le terme approprié pour l'ensemble de leur oeuvre globalement très sombre), ce disque est un nouvel opus noir et pessimiste, dont certains titres provoquent un effet de fascination durable, renforcé par des pointes de saxophones piquantes comme des aiguilles. A découvrir sur disque bien sûr (conseil : très fort et/ou au casque !), mais aussi et plutôt d'abord sur scène, où la présence énorme du groupe, son chanteur-batteur en tête, rend le tout encore plus passionnant et hypnotique, ce que chacun est invité à aller vérifier dès que possible !
(Bandcamp! Bandcamp! - Katatak, 2013)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 04 mars 2014 par Philippe
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