Accueil Chronique album : Grand Corps Malade - Midi 20, par Philippe
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Critique d'album

Grand Corps Malade : "Midi 20"

Grand Corps Malade :

Autres / MessieduSlam

Critique écrite le 19 juillet 2006 par Philippe

A l'heure où le grand (et sympathique au demeurant) Fabien, alias Grand Corps Malade reçoit tous les honneurs des médias, il convient cependant de remettre une ou deux pendules à l'heure. Car contrairement à ce que veut faire croire sa pub TV actuelle, ce type n'est pas le "premier artiste de slam en France" - le slam-poésie n'est pas soudain tombé du ciel en la personne d'un Messie, un grand type aux yeux bleus, à la voix grave, armé d'une béquille.
Ne doutant pas, même si j'en connais peu, qu'on trouve de tels artistes au confluent du rap et de la poésie, un peu partout en France et depuis longtemps, voici en tout cas le groupe préféré de slam de LiveinMarseille : les excellents vibrion, groupe emmené par Fred Nevchehirilian, charismatique slammeur au corps plus petit (mais mieux portant). vibrion dont Pirlouiiiit chroniqua le disque (pourtant honoré en juillet 2006 en tant que "suiveur" de GCM dans un grand hebdo dit 'culturel') dès ... 2003 (en l'an 2 avant GCM), et qui furent même honorés au Printemps de Bourges en 2005. Sans parler des multiples expériences sur scène de vibrion : voix charismatique, textes envoûtants, hypnotiques voire dérangeants, musique expérimentale qui peut rappeler Young Gods ou Aardvarck.
Tout cela pour dire que Grand Corps Malade, arrivé (et tant mieux pour lui) au bon endroit et au bon moment, souffre quand même de la comparaison. Musiques agréables mais souvent anodines (piano et cordes inoffensives), textes sympas à la première écoute mais souvent transparents à la rime et donc un peu lassants à terme. En impro, oui ce serait assez fort ! C'est vrai, Saint-Denis est un beau texte quand on le découvre, Les voyages en train amusent l'oreille la première fois, Ma Tête, mon coeur (et mes c...) fait rire par sa virtuosité textuelle que n'aurait pas renié Raymond Devos... La réflexion de Sixième Sens sur le handicap et une autre souffrance réelle, celle du regard des valides, est aussi touchante que dérangeante. Et puis la voix gravissime a un effet, il est vrai, décontractant, voire soporifique. Pour autant, cet album n'est pas révolutionnaire, je dirais même : peut mieux faire.
Mais alors direz-vous, un chef d'oeuvre du slam, ça existerait donc déjà dans notre pays - où le slam vient de tomber du ciel ? Ecoutez donc On croit qu'on s'en est sorti de Serge Teyssot-Gay (sorti en l'an 5 avant GCM, soit en 2000), et si ce slam-là ne vous a pas pris aux tripes, ou si au contraire ce voyage en wagon à bestiaux vous a un peu trop secoué, vous pourrez toujours reprendre le T.E.R. en compagnie de Grand Corps Malade et ses rimes de gentil garçon bien consensuel. Dommage d'autant plus, que ne figure pas sur ce disque certains de ses slams aux paroles bien plus trash et moins gentilles (un exemple ? ici...) Prochain album peut-être ?
(2006)
PS de retour de Rock en Seine, 2006 : énorme présence sur scène, voix qui fait rire, qui berce et ensorcelle, qui vous colle la chair de poule : le slam de Grand Corps Malade, c'est sur scène, à Paris ou Marseille, que ça se passe !
Vignette Philippe

 Critique écrite le 19 juillet 2006 par Philippe
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