Accueil Chronique album : Karen Elson - The Ghost Who Walks, par Philippe
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Critique d'album

Karen Elson : "The Ghost Who Walks"

Karen Elson :

Pop - Rock / Folk/Country/Americana

Critique écrite le 13 août 2010 par Philippe

Pas facile d'exister artistiquement quand on est ancien mannequin, et que votre mari est un guitariste vénéré, un batteur reconnu et même, un producteur avisé. Karen Elson, also known as Mrs Jack White, a pourtant de fort beaux arguments à faire valoir, qui dépassent de loin son physique intriguant de créature diaphane, à mi-chemin entre une héroïne gothique de Tim Burton et une belle plante rousse de couverture de magazines. Et notamment un vrai univers artistique, encore en recherche mais tout à fait charmant, affichant des influences folk et country bien digérées sur la forme, et un romantisme à base de roses sauvages et de petites filles sur le fond. Son premier album s'ouvre avec sa chanson-titre, The Ghost who walks, balade jouée délicatement sur des instruments dont on devine l'énorme puissance de feu, tout comme le titre suivant, The Truth is in the Dirt, zébrée de gros riffs tout droits échappés des White Stripes.
Pour le reste, le disque comporte des chansons d'americana assez délicates, d'une voix claire et malheureusement pas d'une folle originalité, tout comme certains compositions sous influence perceptible. Par exemple Stolen Roses, heureusement impeccablement jouée, semble un reboot par Joan Baez de l'indépassable Where the Wild Roses Grow de Nick Cave... On lui préfèrera Cruel Summer, rappelant plus subtilement le même auteur dans ses périodes pop avec toujours, une pointe de country et quelques grosses guitares. Ou la montée vers le rock plombé d'A Thief at my door et d'A Mouth to Feed, titres prometteurs d'un style potentiellement original, à défaut d'être révolutionnaire.
Heureusement, la jolie Karen a aussi un amour sincère pour le vintage des années 30 (elle a travaillé dans un cabaret) : la charmante A hundred years from now semble avoir 80 ans d'âge, production comprise. Mais aussi pour le folk intemporel de l'Amérique profonde : des violons country viennent colorer l'affaire, d'abord pour un joyeux début de bal où les garçons de ferme zieutent les jolies jeunes filles apprêtées avant de les inviter (Garden), puis un slow/balade pour les aider à se rapprocher et à conclure (Lunasa). Mais aussi pour la fin du bal, avec une chanson douce pour les derniers cowboys restés sur le carreau, et qui chialent dans leur bière : l'émouvante The Last Laugh est une petite merveille qu'aurait sûrement aimé chanter le vieux Johnny Cash. Sans toujours atteindre (à part à ce moment-là) une grande profondeur émotionnelle, cet album révèle donc un talent encore un peu timide mais qui ne demande qu'à s'épanouir.
Ô dure vie en tout cas que celle de Jack White qui, après avoir observé pendant des tournées entières la chute de rein en jean slim de la tigresse Allison Mosshart qui se déhanche en hurlant, rejoint chez lui une créature presque aussi troublante, quoique dans un style radicalement opposé, qui lui joue de belles balades dans sa robe à fleur, assise dans un rocking chair... Rock star is a dirty job, but somebody's got to do it...
(2010)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 13 août 2010 par Philippe
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