Accueil Chronique album : Marvin Jouno - Intérieur Nuit, par Philippe
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Critique d'album

Marvin Jouno : "Intérieur Nuit"

Marvin Jouno :

Pop - Rock

Critique écrite le 31 mars 2016 par Philippe

"Intérieur, nuit", c'est juste une didascalie parmi toutes les autres : il y en a, en fait, avant chacun des morceaux de ce premier disque de Marvin Jouno, artiste revenu déçu du cinéma et qui, au vu de sa belle gueule (un faux air de Magimel), pourrait quand même bien y être rappelé un de ces quatre... En attendant, il propose ici un premier album mélancolique, cinématographique en effet et globalement très élégant, certes sous forte influence Biolay (période La Superbe), que la belle Avalanche introductive, et plus encore le superbe Quitte à me quitter rappellent presque douloureusement [chanson où passe d'ailleurs une phrase prémonitoire, et émouvante après coup au vu d'une actualité récente : "J'ai cru Bruxelles plus belle, et ma peine Capitale"...]
Car le jeune homme est adepte des jeux de mots (parmi tant et tant d'autres, relevons aussi les jolis "j'ai décidé noir / les cerisiers sont en pleurs / mon coeur occis gène / le passé oppressant", etc.) et du détournement de citations artistiques, chanson ou cinéma ("plus rien ne s'oppose à l'ennui", "plage arrière d'une berline", "Va, vis mais reviens", etc), tout en écrivant aussi des textes joliment énigmatiques (Les Chers Leaders et ses seuls indices, des cerisiers et un prénom japonais) ou des carnets de voyages (le berlinois Est-ce l'est ?) qu'un parolier de Bashung aurait fort bien pu signer.
Et surtout, il distille ses pastilles de vie et de spleen sur des orchestrations complètement ... décomplexées ! Tantôt minimales piano-voix (la poignante Panorama), parfois joliment orchestrales (l'assez bouleversante et très Biolesque Antoine de 7 à 9, l'originale Exode 81), ou encore à vocation dansante-l'air-de-rien (on pourrait se dandiner sur l'Avalanche et sa belle guitare roborative), quitte à flirter avec le kitsch (Love Later, Si le vous vous plait, dont les textes n'ont pas à rougir par ailleurs !). Ou enfin, variante intéressante, il peut commencer en balade de rupture assez poignante (Larme Blanche et son mantra "je vais bien", ô combien désespéré) et finit, après un acte radical, en envol électronique...
On l'aura compris, à part quelques clins d'oeil un peu appuyés au mainstream voire - horreur ! - à la variété française pour un ou deux textes plus faibles (Le Grand Sommeil, un peu Lavoine sur les bords...), ce premier effort est aussi beau sur le fond qu'original et parfois même assez jouissif sur la forme, et l'album Intérieur Nuit s'impose donc naturellement comme l'un de ceux qui reviennent avec insistance à vos oreilles. Nul doute que Marvin Jouno, beau gosse à belle voix et belles chansons - un artiste presque agaçant par l'avalanche de ses dons, en somme - saura trouver le chemin du succès....
(Un Plan Simple, 2015)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 31 mars 2016 par Philippe
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