Accueil Chronique album : Fantomas (Mike Patton) - Delirium Cordia, par Philippe
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Critique d'album

Fantomas (Mike Patton) : "Delirium Cordia"

Fantomas (Mike Patton) :

Autres / Inécoutable

Critique écrite le 17 janvier 2006 par Philippe

Mike Patton est un génial touche-à-tout mais adulé... de peu de gens qu'on peut qualifier de "pointus", tant ce qu'il produit est généralement à la limite de l'écoutabilité (dans le genre, voir ici une chronique par le courageux Pierre Andrieu). Ex-chanteur du groupe de hard Faith No More, ce qui devient de plus en plus anecdotique au vu de la dimension du personnage, il est surtout le leader de plusieurs projets : Mr Bungle (soit en gros, la discographie de Franck Sinatra, Goran Bregovic et de System of a Down moulinées toutes ensemble), Tomahawk (du rock expérimental bruyant, mais en comparaison presque grand public) où il joue avec le leader des Melvins, et enfin le projet le plus barré de tous à ma connaissance, Fantomas ici présent, dont je viens enfin de me procurer l'oeuvre maîtresse : Delirium Cordia.
En mettant l'album dans la platine je m'attendais à peu près à tout et ça n'a pas loupé : 74 minutes... 1 seule plage (sachant que j'ai déjà eu un disque avec ces chiffres inversés, du même auteur) ! Après un début en chants choraux presque rassurants, à la cinquième minute on est déjà tombé dans le borborygme inquiétant. Ensuite et tout au long de cet inquiétant (et disons-là, éprouvant) voyage sonique, on traversera des ambiances vaudou, des manoirs anglais hantés, des plaines battues par des bises glaciales, les décors de Texas Chainsaw Massacre comme ceux de Resident Evil, bref l'ambiance générale est assez sombre... comme ces images de chirurgie qui décorent le livert.
Le tout à coup de triturages de sons étranges, de guitares défigurées, de notes de pianos, de sifflements, de souffles d'instruments à vent, de bruit blanc, de carillons flippants, de cris et autres bruits de bouche (Björk a d'ailleurs invité Mike Patton sur son dernier album pour ce talent particulier). L'un des principes de base, pour ainsi dire le seul auquel se raccrocher, est hélas que jamais une ambiance ne reste assez longtemps pour qu'on puisse s'y habituer (c'est comme chez Mr Bungle par exemple). Un seul exemple : ce qui ressemble à un début de morceau trash électro, qui monte, qui monte et s'annonce excellent, est zappé sans pitié par les musiciens (à t= 28'37" précisément) pour tomber sur deux notes de piano répétées et un battement de coeur.
Ce trip gothico-expérimental se finit par vingt minutes de craquements de vinyle ininterrompus et cinq secondes à hurler de rage (mais à ce moment-là vous aurez en principe déjà perdu connaissance ou fait une crise d'épilepsie). On l'aura compris, ce groupe ne s'adresse qu'à une minorité de gens, ceux qui veulent tout connaître et tout essayer. Mais attention, pour les autres qui se rassureront en le qualifiant fourbement de "taré" : il n'est pas exclu que Mike Patton ait simplement... 30 ans d'avance sur ce que nous (ou nos enfants) écouterons tous un jour.
(Ipecac/Caroline, 2004).
Vignette Philippe

 Critique écrite le 17 janvier 2006 par Philippe
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