Critique d'album
Oai Star : "Oaï Star."
La première chanson, plagiat honteux ou hommage vibrant (?), donne le ton : le riff basique et puissant est à la tonalité près celui de Black Math des White Stripes ! Mais les paroles désamorçent tout de suite la critique : le Oaï Star convoque une liste d'invités trop longue à détailler ici, qui les insulte et les dénigre du début à la fin dans des tirades hilarantes. En parlant de chanson punk-rock, un petit regret en passant : Mets les Watts cousin, certes jouissif mais dont la version est ici plus hip-hop, du coup moins puissante que ce qui était paru en single (avec une guitare quasiment metal). Les paroles, bien dans l'esprit Massilia S.S., détaillent ce plaisir -si marseillais- qui consiste à faire souvent et beaucoup de bruit, histoire de pourrir la vie de ses voisins.
Excellents dans le rap tendance US (C'est une très bonne journée ou Quand on prend le micro, que je serais de IAM, je ferais pas trop le malin, quand ils le prennent !), le reggae des O.S. n'est pas en reste avé Faut que je chante, discrètement engagée pour les intermittents qu'ils sont (j'ai fait la queue avec Lux B aux Assedic une fois !). Bons aussi, ils sont dans le ragga comme sur Voyager intelligent (mais ça on le savait déjà), chanson se foutant gentiment de la gueule des altermondialistes en les provoquant (ils y prétendent aimer le Mc Do de Millau, tirer les palombes, faire chier les occitans... paroles, paroles), ou encore dans le dub mélancolique et classieux de Tête Brulée.
Pour moi le pic de l'album est plutôt Comme un Fumigène, chanson qui rend hommage aux jeunes supporters fadas de Marseille : "condés sur les talons", "tombés du camion", toujours borderline vis-à-vis de la loi mais bon fond. Chanson sur un beat techno à enflammer n'importe quel dènceuflore et appuyé d'un riff de guitare d'une puissance à faie chialer un guitariste punk : une tuerie. Et quand au milieu de la chanson, propulsée depuis le virage De Peretti, s'élève la voix superbe de Manu Théron (leader du mythique Cor de la Plana), pour quelques phrases de provençal qui parlent de ciel rouge et de peuple qui s'embrase... Qui a vu un jour jouer l'Olympique au Vélodrôme ressentira un petit frisson en souvenir de l'extase, certes inexplicable, mais mystique qui peut vous y prendre les tripes !
Album festif et bien barré (citons enfin le ska technoïde It's OK), rencontre du Clash et du Chourmo Football Club, gageons que le duo est bien amené à devenir aussi culte que Raoul Duke et le Dr Gonzo (Las Vegas Parano), à qui ils rendent un hommage photographique appuyé dans l'album, écrivant une nouvelle page dans les déjà très riches oeuvres du Massilia Sound System !
2004 (Adam - Wagram)
Critique écrite le 23 avril 2005 par Philippe
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