Accueil Chronique de concert The Dead Rocks + The Fatals + The Peels (Ultimo Auto Shop Music Hall 2)
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Chronique de Concert

The Dead Rocks + The Fatals + The Peels (Ultimo Auto Shop Music Hall 2)

Les Abattoirs, Riom (63) 19 novembre 2005

Critique écrite le par





Après une première soirée réussie pour le festival Ultimo Auto Shop Music Hall 2, il faut bien avouer qu'en dépit de la qualité des groupes présentés le lendemain aux Abattoirs de Riom, deux problèmes ont un peu gâché notre plaisir : tout d'abord, un froid polaire dans la salle et ensuite, un ingénieur du son croyant qu'en mettant tout à fond dans un lieu insonorisable (un cube de béton armé), le son va devenir meilleur... Dans ces conditions, il fallait donc une certaine dose d'héroïsme pour rester en face des groupes, et même pour apprécier les bandes son des superbes films passés par The Projectivers pendant les changements de plateau.






The Peels : We're gonna have a real good time together !


Ce sont les The Peels qui commencent dans une atmosphère glaciale (malgré deux danseuses brunes et furieusement sexy au premier rang), avec un son vraiment innommable : c'est un magma sonore inextricable. Au bout d'un morceau relevant presque du supplice, on fait contre mauvaise fortune bon cœur, et le système auditif s'habitue un peu. Il le faut bien, car ce groupe bordelais est excellent : c'est une sorte de Velvet Underground rock ‘n roll, comme annoncé dans le programme. Le chanteur guitariste possède en effet une voix très marquante qui n'est pas sans rappeler son illustre aîné, le génial Lou Reed ; de plus, il a la chance de pouvoir produire des sons de guitares et des riffs propres à fasciner les fans des morceaux les plus bruitistes du Velvet. Comme les acolytes du leader des Peels sont loin d'être maladroits - il s'agit de la batteuse des excellents Magnetix et d'un bassiste qui officie en tant que guitariste dans les non moins excellents, mais très énervants The Wild Bud (cf leur concert égoïstement fort - déjà - en juin à Clermont-Fd) -, on passe quarante minutes très agréables en compagnie des Peels, en bénissant toutefois l'inventeur des bouchons d'oreille. Sans ce saint homme, on n'aurait pu découvrir ce groupe doué n'hésitant pas à reprendre Search and destroy des Stooges en la présentant comme une compo des Sheer Aches (présents dans la salle, comme tous les groupes de la première soirée) et en l'interprétant à la manière du Velvet. Belle découverte de la part des programmateurs.






The Fatals : une dose quasi létale de décibels.


Avec les Bordelais de The Fatals, on rentre de plain pied dans le grand n'importe quoi sonique : là encore, le groupe est excellent et fascinant à voir évoluer sur scène, mais le volume sonore est toujours assourdissant. La plupart des gens cherchent des protections auditives, c'est un signe qui ne trompe pas. Malgré la dose quasi létale de décibels infligée au public, celui-ci s'approche courageusement pour mieux voir qui produit ces hurlements sursaturés et ce mælström sonore hardcore punk garage. Revue des effectifs... Le chanteur de ce combo extrême est une sorte de psychopathe adepte du cri primal ; il a semble-t-il pour but de se détruire définitivement les cordes vocales... Son jeu de guitare supersonique s'ajoute à celui de son partenaire à six cordes : le boucan produit est salement terrifiant ! Mais le meilleur est pour la fin : la section rythmique est composée de deux dangereux aliénés. Tout d'abord, le monstrueux batteur de The Wild Bud (dont le sport favori est de détruire consciencieusement sa batterie, tout en jetant des regards hallucinés) qui ressemble qaund même beaucoup à l'incroyable Hulk quand il enlève sa chemise... Ensuite, un bassiste hurleur ayant un sérieux penchant pour la bouteille : arrivant péniblement à tenir sur ses jambes, il réussit quand même à jouer tout en escaladant les enceintes, en hurlant dans les micros de la batterie (même celui qui est par terre, oui, oui) et en descendant canette de bière sur canette de bière avant de les éclater sur le sol pour faire un tapis de verre pilé. A ce moment là, on se demande si on n'aurait pas mieux fait d'aller voir Moby au Zénith d'Auvergne ; les places assises, la douce chaleur et le son bien réglé (ça, c'est pas sûr), nous font très brièvement fantasmer. Très brièvement, car les Fatals sont des bêtes de scènes à la présence véritablement magnétique : on ne peut détacher le regard de ce spectacle plus de quelques secondes. Leur musique est une sorte de bande son de l'apocalypse, à déconseiller aux âmes trop sensibles. Comme pour The Peels, on se dit à la fin du concert des Fatals que les organisateurs de l'Ultimo Auto Shop Music Hall sont vraiment très forts : ils ont encore réussi à dégotter un groupe hallucinant.






The Dead Rocks : The Sound of surf punk.


Et ce n'est pas fini : les Brésiliens surfeurs de The Dead Rocks vont eux aussi faire très très forte impression, avec un son pourtant exécrablissime, cela va de soit... Ils n'ont pas fait le déplacement pour rien, les bougres ; c'est à une véritable orgie surf punk que le public est convié. Les trois furieux affublés d'accoutrements improbables s'en donnent à cœur joie pour provoquer l'envie de surfer sur leur musique, voire de danser un twist endiablé avec une jeune fille fort bien de sa personne. Et oui, c'est cela la puissance de la musique : ces gars là ne ressemblent vraiment à rien (le batteur évoque une sorte de Philippe Manœuvre sous cortisone, le bassiste est une pub vivante pour le Head & Shoulders sud américain et le guitariste arbore les mêmes lunettes et la même moustache que le sénile Carlos Santana... ), mais ces trois desperados ensemble sur une scène, c'est tout simplement de la dynamite ! Les rythmiques saccadées et les parties de guitares lardées de réverbe s'enchaînent à la vitesse de la lumière, et c'est bon, très bon même. Devant cette vision aussi infernale que paradisiaque, les jeunes filles dansent désormais de manière plutôt suggestive, elles ont même enlevé quelques couches de vêtements, si bien qu'on se croirait dans un Peep show Soft et rock ‘n roll... Alors que notre concentration est mise à rude épreuve, une jeune personne absolument charmante nous signale que le titre sur lequel nous sommes en train de trépigner est signé Simon & Garfunkel, il s'agit d'El condor pasa. Nom d'une pipe en bois, ça troue le cul ! La version high voltage de ce tube folk nous permet d'aboutir à cette conclusion stupéfiante (sans oublier d'être idiote) : si Art Garfunkel et Paul Simon avaient eu des guitares électriques, des amplis brésiliens Meteoro et des micros coupés, ils auraient fait une musique nettement plus jubilatoire. Vous imaginez Paul Simon essayant d'imiter le guitariste des Dead Rocks avec une séance de surf sonique, les deux pieds sur une Fender Stratocaster ? C'est impossible, et c'est bien dommage.
Avoir les oreilles explosées par les cataclysmes déclenchés par The Dead Rocks n'empêche pas le public (désormais chaud) de réclamer un rappel quand le surf trio fait mine de quitter la scène. Comme Hawaï Samouraï, The Dead Rocks ne peut décemment pas conclure son set sans rendre hommage au guitariste culte Dick Dale, c'est à dire en reprenant son mythique titre Misirlou, si bien utilisé dans la Bo de Pulp Fiction. La soirée s'achève donc sur une très bonne note.

On repart ravi d'avoir découvert trois extraordinaires groupes de scène (à voir partout où c'est possible), mais quand on quitte les Abattoirs, une seule envie nous habite : faire reposer nos trompes d'Eustache en écoutant The Sound of silence, et ainsi suivre un conseil de Simon & Garfunkel, une fois n'est pas coutume...




A lire également, une chronique du concert de The Magnetix, Il Fulgurante et Las Vegas Dead Brides lors de la première édition du festival.



Sites Internet : www.rockisdead.org, www.wild-bud.com.


Photo The Peels & The Fatals www.garagesavage.com

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