Accueil Chronique de concert Arcade Fire + Final Fantasy
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Chronique de Concert

Arcade Fire + Final Fantasy

Elysée Montmartre - Paris 16 mai 2005

Critique écrite le par

Ce genre d'expression pourrait devenir une banalité, mais sous ma plume il faut la prendre au premier degré, dans toute sa démesure. C'était l'endroit où il fallait être. Des concerts de cette intensité, des groupes comme ça, ça n'apparaît qu'une fois tous les dix ans, et encore.... Ce sont des moments rares, à conserver précieusement dans sa mémoire.

Tout d'abord, si j'ai bien compris c'est Final Fantasy, qui le premier, s'est présenté devant le public. Un grand garçon avec un violon et un sampler pour pouvoir créer des rythmiques sur lesquelles son archet pouvait divaguer. Une bonne mise en bouche. Le public a très bien réagi l'aidant de ses mains pour battre le rythme. Il joua des morceaux à lui ainsi qu'une reprise de Joanna Newsom, sa plus belle chanson, Peach, Plum, Pear.
Il n'eut pas le temps de se faire oublier qu'il revenait avec sept autres personnes en tant que membre d'Arcade Fire.
Régine Chassagne était la plus attendue du groupe, garçons et filles laissant échapper des exclamations d'adoration en la découvrant derrière ses claviers, en bas résille rouge, avec ses longs gants remontants jusqu'aux coudes et son regard espiègle.
Le public n'avait pas besoin d'un tel ordre, mais c'est tout de même avec Wake up, toutes gorges déployées, que les canadiens entamèrent leur concert. Et à partir de ce moment, la magie ne cessa pas jusqu'à que nous quittions tous, contraints et forcés la salle de l'Elysée Montmartre.
C'est un euphémisme de dire que le groupe s'est montré à la hauteur de ses chansons. Le son était moche comme souvent dans ce lieu, dès que plus de deux instruments jouent ensemble, mais le spectacle, l'engagement, la folie d'Arcade Fire ont tout balayé. Cela a commencé par un petit rien, un détail de décoration.
La batterie semblait accueillir une cage et deux oiseaux à l'intérieur de sa grosse caisse. Nous sommes nombreux à être restés longtemps en contemplation devant ces deux perroquets sautant d'un côté à l'autre, alors que le tonnerre du rock'n'roll s'abattait sur leur cage. C'était un trucage évidemment, les Canadiens sont personnes sensibles, mais quelle idée...
Un autre détail nous a chiffonné. Un casque de moto. Il y avait un casque posé au-dessus des claviers. A quel usage ? La réponse ne tarda pas. Dès le deuxième morceau, les Canadiens quittèrent leur allure d'enfants de choeur pour se transformer en tapeurs fous. Baguettes en main, ils étaient trois en plus du batteur à taper sur tout et notamment sur le casque. L'un s'en équipant même quand un autre frappait dessus avec la très nette intention d'assommer son partenaire.
En plusieurs occasions d'ailleurs, les musiciens vont s'affronter physiquement ou même se torturer entre eux. Là aussi, c'est de la blague, du show, nous ne sommes pas à un concert du Brian Jonestown Massacre. Mais toutes ces idées de mise en scène, réfléchie ou non, participe à beauté et à la force du groupe.
Dernier détail, il n'y a pas eu un temps mort, et pourtant, mis à part les deux violonistes, tous les membres changent en permanence d'instruments et de place, du piano à la batterie, de la guitare à la contrebasse, du xylophone à l'accordéon, et du micro... à la fosse quand Win Butler, sans un soupir, sans un geste pour prévenir, se jeta dans le public avec sa guitare.
Il en est ressorti indemne, toujours souriant. Mais si je vous dis qu'ils se sont dépouillés pour donner le meilleur d'eux-mêmes, cette acrobatie en est une preuve supplémentaire. Ils conclurent en rappel avec In the backseat, le dernier morceau de ce réservoir à tubes qu'est Funeral, leur premier album. Ils quittèrent la scène en procession, les uns derrière les autres, pour aussitôt descendre dans la salle et en faire le tour, au milieu d'un public aux anges. Ils poussèrent même la politesse jusqu'à rester bavarder et signer des autographes à tous ceux qui le voulaient. Des amours de rockers.

ps : j'aurais bien mis une cinquième étoile si cela avait été possible

 Critique écrite le 17 mai 2005 par Bertrand Lasseguette


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