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Chronique de Concert

Badtzmaru, Agripon, Arrington de Dionysos

Atelier Tampon, 14 rue Jules Vallès, Paris 11 18 janvier 2005

Critique écrite le par

Compte-rendu Badtzmaru, Agripon, Arrington de Dionyso

Badtzmaru est le nom, au Japon, d'un petit animal à l'allure de pingouin, qui figure sur toute une panoplie d'objets à destination des garçons... Mardi soir, c'était le nom d'un groupe de deux garçons issus, pour l'un de Glen or Glenda, pour l'autre de Steack from Delta. L'un est debout avec une guitare. L'autre est assis devant une batterie, mais son instrument est un clavier d'ordinateur. Ses touches délivrent du rythme et des riffs de guitare. Badtzmaru, c'est surtout de la rigolade, le genre de groupe qui se constitue uniquement pour assurer des première partie, un amuse gueule musical. Et il est plaisant de s'amuser la gueule. Les deux comparses l'ouvrent pour pousser quelques cris stridents avec des voix de dessins animés japonais. Cela sonne comme de la pure décadence enfantine. Ils invoquent un Charlie, moquent les amateurs de tuning, "Qu'est-ce que t'as ta caisse", aboient, "Waf, waf", revisite le folklore roumain, "Dracula minijupe", et, en compagnie d'un invité invisible, réalise une improvisation dodécaphonique consistant pour la partie dansée à se taper dans les mains et dans la figure.
Agripon m'avait déçu la première fois que je les avais vu. Deux morceaux et puis "psschit", comme dirait Jacques Chirac. Ce soir le courant passe dans la galerie Tampon, pas de coupure en vue. Le batteur finit une mandarine, le guitariste, paré, oscille d'une jambe à l'autre, puis sans crier aéroport, c'est le crash sonore. C'est le premier assaut. Du rock bruitiste instrumental. On tape, on serre les doigts, on respire, on en remet un coup et ainsi de suite jusqu'à épuisement de la setlist. Je vois ça comme de la musique de violeur du dimanche, vous savez, celui qui à la fin de son match de rugby, explique, sous la douche, le principe du mâle pénétrant à son demi de mêlée.
Je m'excuse pour ce verbe crû, mais c'est l'influence du décor qui m'entoure alors. Nous sommes dans le sous-sol d'une galerie d'art et plusieurs des œuvres accrochées aux murs représentent des sexes en érection. Parmi elles, toute une série de dessins de la main d'Arrington de Dionyso. Arrington est le leader d'Old Time Relijun, un groupe de rock'n'roll basé aux Etats-Unis. Ce soir, il est venu seul pour nous montrer une autre facette de son travail : la performance vocale. Cela demande un peu d'attention et il attend le silence de l'assistance avant de se lancer. Il commence avec un saxophone alto, dont il a retiré l'extrémité pour la remplacer par une théière. Il sort quelques notes, tout à fait normales, il souffle à nouveau, ces doigts s'agitent sur les touches de l'instrument, là rien ne sort pendant un moment, jusqu'à que ne résonne un rugissement. On dirait le ventre malade d'un alien qui aurait abusé d'astronautes. Personne n'applaudit à la fin de ce premier morceau. Aussi affûté que soit le public, l'expérience est inédite pour la plupart d'entre nous. Très sereinement, Arrington enchaîne. Il saisit le bout de son saxophone comme s'il s'agissait d'un cor de chasse. Ce qui en sort ne ferait dresser l'oreille d'aucun chien, mais on n'est pas très éloigné de l'univers de la campagne. Je crois reconnaître le son des naseaux d'un cheval ou un cochon en train de remuer la terre à la recherche de glands. Ca s'accélère et je revois en souvenir des films d'animation avec des personnages en pâte à modeler. Arrington en retranscrit les dialogues. Cela peut paraître comique, dit comme ça, mais l'exercice, s'approche plus de la méditation que de la plaisanterie. Arrington est sérieux comme un pape. On voit qu'il doit plonger profond en son corps pour en ressortir ces bourdonnements. Et puis pour le spectateur c'est aussi un effort de concentration, de recherche poétique. Le bizarre nous entoure. Un didgeridoo ? Un avion télécommandé ? Un taille bordure ? Une alarme sur un croiseur de guerre ? Le big bang ? Les sons et les images se succèdent au grès des combinaisons du soliste. Dans sa boîte à malice, il a toute une collection de guimbardes, ces petits instruments constitués d'une lamelle en acier qui vibre au contact de la bouche. Il est aussi capable d'improviser avec du papier et un peu de salive ou, encore, avec juste ses deux mains ramenées sur la bouche en un masque effrayant. La performance prend là presque des allures de concours d'éloquence. Ca n'est pas dangereux, c'est à la portée de tout le monde, il suffit d'un peu d'imagination et l'on peut trouver là effectivement un moyen efficace de clore certaines disputes inutiles.

 Critique écrite le 19 janvier 2005 par Bertrand Lasseguette


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