Accueil Chronique de concert Body/Head + Das Simple
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Chronique de Concert

Body/Head + Das Simple

Body/Head + Das Simple en concert

Akwaba - Châteauneuf de Gadagne 23 septembre 2012

Critique écrite le par

Des autres on a jamais cessé d'entendre parler. On savait Thurston Moore de nouveau aux prises avec ses délires adolescentesques, Lee Ranaldo libéré de Sonic Youth, plus présent que jamais sur le devant de la scène, Steve Shelley embauché chez Disappears, mais de Kim Gordon, pas trop de nouvelles, musicales en tout cas (cf. son exposition d'art contemporain et sa participation à une collection couture).
 
On ne s'inquiétait pas vraiment pour elle, malgré un divorce (mais comment avez-vous pu nous faire çà!!?!) et la fin annoncée de Sonic Youth (mais comment avez-vous pu etc... !!?!) mais tout de même ! Quand elle revient avec un projet Body/Head " inspiré de Syd Barrett et de l'œuvre de Catherine Breillat ", en tournée à Tourcoing, Bourg en Bresse et Châteauneuf de Gadagne (vous ne savez pas où c'est, moi non plus), on ne peut s'empêcher d'être à la fois dubitatif et curieux, ni de penser que soit elle est devenue folle, soit elle se prend pour une missionnaire, s'en allant prêcher la bonne parole (noise et expérimentale) dans les contrées les plus reculées... ce qui revient au même.
 
C'est donc à l'Akwaba, coopérative culturelle indisciplinaire et artistique, à Châteauneuf de Gadagne (84) le 23 septembre 2012, un dimanche à 18h00 que diable ! que Body/Head a choisi de se produire et d'inviter, pour assurer sa première partie Das Simple, groupe originaire de Marseille, et c'est bien la seule chose dont on soit à peu près sûr les concernant, le reste ne relevant que de conjectures et d'interprétations, tant trouver une case où ranger Das Simple et mettre des mots sur leur musique s'avère être une tâche ardue et redoutable.
 


A 18h30, Das Simple se risque d'entrée sur le bizarre, Alllleeez ! Salve de cris flippants et çà dépote déjà sévère.
 


En version quatuor improbable, batterie, basse et deux guitares - imaginez Raoul Duke, short de bain, marcel, chaussettes remontées à mi mollets, chapeau vissé sur la tête et lunettes de soleil, partageant la scène avec Sepultura (le bassiste) sous le regard figé d'un petit chien empaillé (en peluche peut-être, on aimerait mieux)... - Das Simple livre un spectacle musclé, noisy, un ultra métal ironique et décadent, au volume insoutenable.
 


Das Simple brouille les pistes et bouscule les attentes, alternant les passages rock distordus, les envolées psychédéliques et les attaques métalliques avec une audace et une énergie presque épuisantes. Même les accalmies sont trompeuses... c'est que çà finit toujours par dégénérer !!
 


Le groupe enchaîne les combinaisons, duo basse batterie robuste et saccadé, solo de basse ahurissant, dialogue entre les guitares, le tout ponctué de chants, cris et temps morts savamment orchestrés, avec une bonne dose d'humour et d'autodérision.



Un concert de Das Simple, pour les non-avertis, c'est comme écouter du free jazz mais en puissante version noise/métal. Cà pourrait être du grand n'importe quoi. On ne sait pas à quoi s'attendre. On appréhende la tournure que vont prendre les évènements. On ne sait plus trop qui suit qui, qui mène quoi, mais on se rend bien compte que les musiciens sont brillants, que tout est hyper maîtrisé et que l'à peu près n'existe tout bonnement pas chez eux. Ajoutez à cela une puissance sonore extrême... et vous comprendrez pourquoi mon cerveau est entré en résonance et j'ai manqué de m'évanouir (véridique!). " In girum imus nocte et consumimur igni", j'ai été consumée par le feu.
 
Alors que tout le monde sort dans le patio, Kim Gordon monte sur scène pour faire ses réglages, en petit short noir et chemise d'écolière, frange dans les yeux, égale à elle-même. C'est chouette de la voir, comme une bonne copine qu'on aurait perdue de vue depuis longtemps.



Vers 20h00, alors que la salle est encore vide, elle prend le micro et murmure, avec classe (il ne saurait en être autrement), un " Happy Birthday John Coltrane " en guise de bonjour. Elle a troqué sa basse contre une guitare électrique. A ses côtés, Bill Nace, guitariste free noise de Boston.



Dans leur dos, sur un écran, est projeté un plan-séquence en noir et blanc et au ralenti d'un couple. La femme s'assoit sur un canapé et fume. Un grand miroir reflète l'image de l'homme assis en face d'elle. Il boit un verre. La scène se répétera encore et encore jusqu'à évoluer très lentement tout au long du concert, plaçant le spectateur dans une situation d'attente et d'interrogations quant au dénouement et créant un sentiment de voyeurisme presque dérangeant.



Kim Gordon chante doucement, de sa voix monocorde reconnaissable entre mille, un peu comme sur le premier EP de Sonic Youth. Elle frappe de petits coups de poings sur le manche de sa guitare pour faire trembler les cordes. Elle et Bill Nace produisent des sons torturés, vibrants et obsessionnels, toujours dans la lenteur et dans les aigus.





Body/Head est en quête d'absolu et à la poursuite de l'intime, Elle joue avec le son, ses micros, déraille, glisse sa guitare au milieu du couple et s'immisce dans le public, frottant les cordes de sa guitare contre la tête des spectateurs un peu médusés... et matérialisant là certainement l'influence de Catherine Breillat... je montre facilement mon visage mais ne touchez pas à mon corps. Body. Head.



Body/Head va jouer une heure. Une heure de distorsions couinantes, lancinantes, saturées parfois psychédéliques, dans l'instant, improvisées, pures, minimalistes, extrêmes et exacerbées par l'absence de toute section rythmique.

Sans mode d'emploi ni gps, la performance (il s'agit en réalité plus d'un happening que d'un concert), s'avère terriblement difficile d'accès, nous n'étions pas beaucoup plus qu'une petite cinquantaine dans le public et il y a eu quelques désertions, mais n'est pas Kim Gordon qui veut.

De l'entendre faire ce qui lui plaît comme il lui plaît, j'ai acquis la conviction, que je n'avais pas forcément auparavant, qu'elle était l'âme et le fil conducteur de Sonic Youth. Les explorations personnelles de Kim Gordon sont un voyage et des remises en question que nous n'avons pas fini d'analyser...

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