Accueil Chronique de concert Brian Jonestown Massacre, Powers
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Chronique de Concert

Brian Jonestown Massacre, Powers

Tourcoing Le grand mix 17 novembre 2006

Critique écrite le par

C'est toujours excitant d'aller voir un mythe. J'étais comme un fou dans ma tête quand j'ai vu Guided by Voices, pareil pour The Fall, pareil pour Ian Mac Kaye. Pour de très bonnes raisons car ces artistes ont tous apporté à leur époque, des idées, des styles, des disques. Avec The Brian Jonestown Massacre, l'affaire se complique. Ce groupe n'a rien apporté de neuf et on peut prédire qu'il n'apportera rien de neuf à l'avenir. Et pourtant, c'est un mythe.
Par la grâce, d'un leader très agité et d'une documentariste, The Brian Jonestown Massacre est devenu un mythe. Pour ceux qui n'ont pas encore eu l'occasion de le voir ou même d'en entendre parler. Ecoutez-bien. Il faut d'urgence que vous regardiez Dig !(2004), le film dans lequel Ondi Timoner fait le portrait croisé des Dandy Warhols et du Brian Jonestown Massacre. Peu importe que vous ne connaissiez ni l'un, ni l'autre de ces groupes, peu importe que vous les connaissiez et que vous ne les appréciez pas. Si vous vous intéressez aux musiciens et au rock'n'roll, il faut voir ce film. Dig ! est un monument. Un truc qui parait indépassable. Une légende se bâtit en direct devant la caméra. La légende d'un groupe prétendument génial, mais surtout réellement drogué, réellement incontrôlable, réellement maudit, réellement productif de musique aussi, faut pas déconner. La musique reste la base. Mais soyons honnête et surtout exact, la musique du Brian Jonestown Massacre n'est pas à la hauteur de la folie d'Anton Newcombe, son leader et chanteur.
Leur musique est inspirée. Des Byrds, des Rolling Stones, du Velvet Underground, de Ride, de My Bloody Valentine, des Jesus and Mary Chain. Du resucage, ni plus, ni moins. Et sur scène....



D'abord, nous eûmes le déplaisir d'accueillir une première partie. Powers. Un trio d'allemands, deux garçons et une fille, guitare, batterie et un orgue. Powers est la chose la plus mauvaise et pathétique que j'ai vu de ma vie de spectateur. Je me suis même demandé s'il ne s'agissait pas d'une blague. Trois non-musiciens sur lesquels Anton Newcombe aurait exercé un chantage pour les forcer à ouvrir pour lui, afin de s'assurer d'être accueilli avec soulagement par le public quand ce serait le tour de son groupe. Et j'ai toujours un doute.
Ce fut une vraie souffrance pour nous, comme pour eux. Très étrange. D'une part, il y avait le batteur, qui semblait motivé, heureux d'être là et qui tapait, tapait, tapait. Puis, deux endives, le guitariste qui tournait le dos au public, baissait la tête et jouait une suite de notes distordues transformées en bouillie informe, et sa copine, une pâlichonne accrochée à son clavier, sans expression, qui tirait des sons lugubres de ses touches et chantait, faux, à l'occasion. A aucun moment, ils n'ont joué ensemble. A aucun moment, je n'ai entendu une chanson ou un morceau. C'était plutôt comme s'ils étaient dans un magasin de musique et essayaient chacun un instrument dans son coin.



La barre placée si bas, le Brian Jonestown Massacre n'a pas eu de mal à passer pour un authentique groupe de génie. Et, après dix minutes d'une inutile introduction via des effets sonores pénibles, le groupe fit enfin son entrée sur scène. Ils étaient sept. Trois guitares dont Anton, une basse, une batterie, un orgue et Joel Gion, le fameux tambourine-man. C'est l'un des personnages clés de Dig ! où il apparait dans le rôle du sympathique bouffon. On pourrait croire sa présence totalement superflue au premier abord. Son sourire de camé, ses poses de folle n'aide pas à le prendre au sérieux. Mais, son tambourin et ses maracas sont d'une importance cruciale dans l'organisation musicale de Brian Jonestown Massacre, un métronome infaillible, très utile et même beau quand le reste du groupe s'enfonce dans des couches de larsens.
Ce soir, le groupe a essentiellement joué des titres figurant sur la double-compilation rouge Tepid Peppermint Wonderland et parmi ces-derniers plutôt ceux qui démontrent son goût pour la noisy-pop britannique des années 90. Des chansons pleines de mélancolie et de notes cristalines. Pas de guitare claire. Anton prenait la plupart des solos, les deux autres guitaristes jouaient les mêmes notes en rythmiques, l'un sur six cordes, l'autre sur douze, ce qui donne une sacrée ampleur aux morceaux. On a ainsi eu droit à de magnifiques versions de Hide and seek, Swallowtail et That girl suicide, étirées à l'infini dans un entrelacs de guitares cotonneuses. Dans ces moments-là, je me sentais bien, comme si j'étais pelotonné dans mon lit, bien au chaud, tout en dérivant au milieu de la banquise, escorté par des orques souriants.

Le concert a duré deux heures et quart d'où on peut retrancher au moins une demi-heure de parlottes entre les morceaux. Les musiciens étaient affûtés prêts à enchaîner le tout de manière professionnelle, mais Anton Newcombe se comportait en vrai chieur molasson. Planqué sur la gauche de la scène, il a joué les premiers morceaux appuyé contre le mur avec sur les épaules une immonde parka au col en fourrure. La setlist s'improvisait au fur et à mesure suivant la fantaisie du leader, ses compagnons le guettant de l'œil pour éviter de se tromper. Vu son caractère violent et ombrageux vaut mieux filer droit. A un moment, l'un des guitaristes s'est pris une volée d'insultes, on ne sait trop pourquoi, lui non plus, qui jusqu'à la fin s'est demandé ce qu'il avait pu faire de mal. Plus tard, Anton demanda au bassiste de venir raconter une blague au public. Il s'exécuta, mais en allemand. Nous protestâmes, pensant que pris dans le tourbillon de leur tournée mondiale, ils ne savaient plus où ils étaient. Et le bassiste de nous expliquer que cela faisait partie du défi que lui avait lancé son patron: dire une blague en allemand. Anton nous gratifia lui-même de quelques paroles, à propos du mariage de Tom Cruise, de la télévision, concluant le tout d'un philosophique : let's be happy today because tomorrow may be worse.

PS: c'était à guichets fermés.



 Critique écrite le 22 novembre 2006 par Bertrand Lasseguette


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