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Chronique de Concert

Depeche Mode

Halle Tony Garnier - Lyon 04 février 2006

Critique écrite le par

La Halle Tony Garnier. Bel édifice, ex-marché aux bestiaux, approprié pour accueillir une fois de plus les Depeche Mode (je ne suis pas en train de dire que les amateurs du groupe sont des bœufs, c'est juste que le côté grand bâtiment de l'ère industrielle va assez bien au groupe je trouve).

"Fanittude" oblige, un petit groupe d'ultras est présent dès le matin devant la Halle, à se geler au pied d'une banderole DM dessinée main. Il faut dire que le temps et la température ont été particulièrement mauvais ce week-end en région lyonnaise. Donc pas de chance pour eux mais bon on va pas pleurer non plus, ils avaient l'air motivés.

Quelques 10 heures plus tard, le concert commence pile à l'heure, sur un gros son grave électronique, mais les cris se taisent une fois que les hurleurs se rendent compte que ... ce n'est pas DM ! Heureusement d'ailleurs, j'aime bien découvrir des premières parties. Là, il s'agit d'un groupe de New York, The Bravery, combo rock électro sur les bords. Assez sympa, énergique, mais les morceaux se suivent et se ressemblent un peu. Entre les chansons, le chanteur raconte des trucs (je suis plutôt naze en Anglo-américain) en citant Dipetshmod à tour de bras, et pendant les chansons, il a une sévère propension à faire joujou avec son micro en le balançant dans tous les sens du terme ; J'espère pour eux qu'ils ont une bonne police d'assurance, parce qu'un micro fracassé par soir, à raison d'une 100aine de dates, ça doit faire cher.

Puis vient l'heure de l'attente, la vraie, la gonflante, avec ses interminables va-et-vient de techniciens et ses mélopées de masse du public destinées à attirer le groupe, illusoires chants de sirènes enrhumées en troupeau (la Halle aux bestiaux, tout ça...). Cet intermède permet néanmoins de découvrir le décor sobre et cosmique du concert, jusque là masqué par de grands draps noirs : 3 grandes consoles circulaires en forme de soucoupes volantes gris métallisé et une énorme boule de la même couleur suspendue en haut à gauche de la scène, séparée en deux hémisphères par des petits écrans longs, et recouverte de 4 mots en relief qui s'allumeront successivement ou en même temps tout au long du spectacle en fonction des thématiques des morceaux, tandis que d'autres mots défileront sur les petits écrans : sex, pain, love, regrets, absolution, celebration, bouchon (lyonnais), etc.

C'est par un majestueux instrumental aux gros sons que commence comme à l'accoutumée le gig. Je ne le connais pas et suppose qu'il s'agit d'un des inédits qu'on trouve sur les nouveaux singles, mais après renseignements il semble que non, qu'il s'agit d'un titre vraiment inconnu, ce serait donc la première fois depuis certains concerts du groupe en 1981 qu'on aurait droit à une intro exclusive ! Mais bon, comme lors de l'escamotage d'Easy Tiger lors de la tournée précédente, l'intro va être courte, et les sirènes de A Pain That I'm Used To ne tardent pas à annoncer le véritable lancement de la grosse machinerie DM. Choix pertinent pour lancer la dynamique, le second single du dernier album Playing the Angel est sublime.
Le chanteur Dave Gahan s'agite en front de scène, devant une micro-caméra qui retransmet son image mouvante (et suante, pas de chiqué il s'économise pas) sur grand écran, tandis que le génie du groupe Martin Gore, en retrait sur la gauche, coiffé d'un étrange chapeau knit-head noir à crête de coq, brandit sa guitare Gretsch des Sixtees. Le 3ème larron Fletcher s'est installé dans une des "soucoupes" (pratique, comme ça on verra pas qu'il joue quasiment rien comme d'hab), ainsi qu'un claviériste recruté pour la tournée, et ces deux sont séparés par la batterie, où officie un autre musicien nouveau.
L'enchaînement direct sur John the Revelator (vont-ils jouer tout l'album dans l'ordre du disque ?), un titre rythmé (rappelant le blindmix de Strangelove) à la partie chant très rock, permet à la foule de s'exciter davantage encore. Mais c'est sans doute avec l'arrivée des samples candencés de voix plaintives d'un vieux tube, à l'intérêt musical moyen mais à la pêche redoutable, A Question of Time, que le public se déchaîne. Lorsque l'excellent Policy of Truth suivra, le ton sera donné : plusieurs époques de DM seront clairement évoquées ce soir, ce ne sera pas un concert avec juste quelques vieux titres en fin de show. On aura droit aux 4 singles de Violator (91), Music for the Masses (87) et Songs of Faith & Devotion (93) seront représentés par 2 titres chacun, et presque tous les autres albums seront représentés par un titre. Agréable pour les vieux fan comme moi (ça manquait un peu lors de la tournée précédente), bien que ce ne soit pas forcément d'excellents titres qui aient été exhumés, notamment ce Just Can't Get Enough gentillet tant entendu et re-entendu. En outre, peu d'efforts de re-orchestration des titres dans l'ensemble, ce qui était peut-être volontaire (pour la première fois depuis longtemps, c'est par exemple à une version d'Enjoy the Silence très proche de l'originale qu'on a eu droit, sans même les murs de guitares pourtant bien vus de la version de Mike Shinoda). Quelques exceptions : Home joué dans une version très proche de celle du fameux remix de Air, Everything Counts à nouveau rebidouillé (ça faisait longtemps) notamment au niveau de la rythmique et avec bonheur, et surtout le génial Shake the Disease chanté par Martin juste accompagné au piano (remplacé par Somebody ou A Question of Lust dans d'autres concerts récents).
Quant aux titres récents, le choix se porte naturellement vers ceux appropriés à la scène : en plus des deux premiers cités, le plus puissant à mon sens des titres qu'aie écrit Dave Gahan, Suffer Well, et Precious, perle néanmoins altérée par le passage en live. On notera l'absence étrange de Lilian, qui aurait pourtant probablement assuré en concert. Mais des titres plus lents sont aussi à l'honneur (il faut bien se reposer de temps en temps !) : I Want it All, The Sinner in Me (avec une accentuation du côté saturation et délire lors du solo) et l'excellent Damaged People (remplacé par Macrovision dans d'autres concerts récents).

En synthèse, un beau concert, beaucoup plus dynamique que ceux de la tournée précédente, sans rupture avec le passé, marqué d'une apparente complicité retrouvée au sein du groupe (la version duo du final Goodnight Lovers, avec accolades et bises en constituant la facette la plus visible). Et quelques bémols : un passé représenté que par des tubes, un visuel plus pauvre qu'à l'accoutumée (en dehors des images en temps réel qui s'affichent avec certes pas mal de variations de styles, peu de choses, quelques rares références comme l'étrange femme-oiseau de Walking in My Shoes ou cette paume de main tendue rappelant la période de Construction Time Again ). Enfin toujours quelques grands absents à mon sens : Stripped, Strangelove ou encore Useless.
Et je conclurai par un point de vue encore plus personnel, qui j'en suis conscient n'a sans doute pas sa place sur un site promouvant la scène : j'ai beau apprécier l'ambiance des concerts de DM, je crois continuer à préférer la richesse musicale et sonore de leurs disques !

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