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Chronique de Concert

GoGo Penguin

GoGo Penguin en concert

La Gare - Maubec 10 avril 2015

Critique écrite le par



Vendredi dernier, La Gare du Coustellet ouvrait ses bras à un trio de jazz au nom improbable de Gogo Penguin.

Les trois musiciens monteront sur scène pratiquement sans un bruit, après avoir été d'une incroyable discrétion durant les quelques heures qui ont précédé le concert et le repas regroupant, comme à l'accoutumée, artistes, membres de l'équipes et bénévoles, ainsi que quelques membres du public qui le désirent.

Originaires de Manchester, les trois (très) jeunes musiciens, Chris Illingworth (piano), Nick Blacka (contrebasse) et Rob Turner (batterie), semblent encore peu connus sous nos latitudes. Pour avoir questionné quelques personnes juste avant, toutes m'ont répondu dans le même sens, mais qu'après avoir écouté un peu [sur le net], ça semblait être bien.

Ils s'installeront sans un bruit, toujours avec cette même discrétion qu'on n'ose qualifier de toute britannique, et démarreront rapidement leur set. A partir de ce moment-là, le temps va s'arrêter pour le public de La Gare.

Car le trio Gogo Penguin va tenir bouche bée le public nombreux et hétéroclite pendant une grosse heure et quelques que durera le concert. Un son impressionnant, une rythmique redoutable, des mélodies hypnotiques, le groupe est d'une efficacité redoutable. La musique offerte est une sorte de neo-jazz mélodieux, aux influences extrêmement variées et d'une approche aisée. Vraisemblablement armés de solides bases classiques, les GoGo Penguin se décrivent eux-mêmes comme nourris à des sources aussi contemporaines et variées que Brian Eno, John Cage, Massive Attack ou Aphex Twin. Vu de l'extérieur, on les rapproche assez volontiers d'E.S.T. (Esbjörn Svensson Trio) pour leur énergie, d'un Brad Mehldau, pour ses réinterprétations envoûtantes de standards du rock indé, voire d'un Nils Petter Molvær pour certaines de ses ambiances atmosphériques.

Même si par nature, le piano semble le plus en avant, l'équilibre entre les trois musiciens est particulièrement maîtrisé, au point qu'il n'est pas concevable de définir un instrument principal ou un soliste particulier. Le piano de Chris Illingworth, même s'il assume naturellement une bonne partie des lignes mélodiques, est très souvent en soutien des autres instruments sous la forme de riffs entêtants, syncopés ou lancinants (Hopopono, Kamaloka). La contrebasse assume un place très particulière, tant par l'interprétation parfois mordante (Fort) de Nick Blacka ou par les ambiances développées par un pincement rythmique, l'usage de l'archet ou par le jeu d'effets multiples mais subtils (Murmuration). Quant à la batterie de Rob Turner, elle impressionne tant par sa technicité réellement métronomique, que par les multiples variations tirées de l'instrument, avec ou sans appendices de percussion complémentaires (Murmuration).


Le flegme des trois musiciens sera pratiquement inébranlable tout au long du set, et ce, malgré les ovations du public dès les premiers morceaux. Mais malgré cette placidité tout à la fois étrange et imperturbable (mais finalement assez captivante d'une certaine manière), la performance même des membres du trio, la beauté de la mise en place et des instruments (une très belle contrebasse moderne aux courbes organiques), ainsi que les multiples subtilités d'interprétations (croisement de mains sur le claviers, usage des ustensiles de percussions additionnels, ...) font que l'oeil est autant séduit que l'oreille.

Les aficionados de jazz plus classiques pourront bien entendu bouder cette musique. On pourra également regretter par moments, quelques lignes mélodiques (un peu trop) répétitives, ou, ça et là, quelques combinaisons aux accords très centrés sur le clavier du piano électrique, associées à un jeu concentré sur les caisses claires, et qui frôlent l'entêtement. On aimerait bien entendu revivre tout ça dès la semaine suivante sur des instruments plus classiques (vrai piano droit, contrebasse acoustique, ...).

Il n'en demeure pas moins que le résultat est totalement bluffant d'énergie et de rythme, truffé de surprises et de pas de côté inattendus, à l'image de ces multiples breaks à couper le souffle, et que l'on croirait être le fruit d'un mixage studio fantasque si on n'y assistait pas en personne. Le morceau Garden Dog Barbecue, réellement jubilatoire, même s'il ne résume pas la musique du trio à lui seul (loin de là), est le parfait exemple de la maîtrise rythmique et du savant dosage d'influences contemporaines, offertes par le trio.

Des danseurs en devant de scène sur Garden Dog Barbecue ; une banane sur tous les visages toutes générations confondues (quand ils n'exprimaient pas la stupéfaction) ; ajoutons à cela une reprise de Teardrop de Massive Attack devant l'ovation nourrie, et une insistance du public pour un rappel à la limite de la prise d'otage (amicale, mais qui finira par arracher un sourire aux trois membres). On est sans doute loin des salons feutrés, ou des caves aux écoutes religieuses. Mais ce brassage moderne, trans-générationnel et débridé a été réellement jouissif.

PS : malheureusement, pas d'images de ce concert ; la diffusion des photos prises pendant la soirée étant refusée a posteriori par le manager du groupe. On se contentera donc de la classique photo de presse.

> Réponse le 16 avril 2015, par Catherine Laugier

Comme photos et vidéos n'ont pas été autorisées sur le concert, on peut se référer aux enregistrements noir et blanc Live et officiels sur YT, qui témoignent bien de l'osmose du groupe et de son flegme relevés par Flag. Ils sont envoûtants.  Réagir


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