Accueil Chronique de concert Goldfrapp + Wagner
Samedi 20 avril 2024 : 6234 concerts, 27081 chroniques de concert, 5410 critiques d'album.

Chronique de Concert

Goldfrapp + Wagner

Goldfrapp + Wagner en concert

L'Aéronef, Lille 28 Septembre 2010

Critique écrite le par

Wladimir, Wagner : les deux premières parties de ce concert faisaient dans le mono-prénom en W. La programmation du premier reste difficile à expliquer : le jeune homme, qui ressemble musicalement et visuellement à Stanislas (décidément, les prénoms...), n'ayant servi que de petites mélodies assez insipides au piano. En revanche, le second a eu l'avantage de faire un peu bouger le public, qui commençait à remplir une Aéronef en configuration réduite, pour ce qui était pourtant le seul concert de Goldfrapp en province cette année. Le jeune Français, passé par New-York pour monter son projet, est seul avec ses machines, et livre une électro teintée de pop et de disco, aux lourdes basses vrombissantes, et aux mélodies accrocheuses. Seulement, la ressemblance avec l'Ecossais Calvin Harris est trop flagrante pour que le plus novice des deux ne souffre pas de la comparaison. Il faut tout de même saluer ce début prometteur.



Le public n'aura ensuite pas eu à attendre trop longtemps avant de découvrir l'arche argentée qui allait servir de décor à la prestation de la troupe d'Alison Goldfrapp. A mi-chemin entre le demi-pneu géant et la soucoupe volante, son inutilité n'a d'égale que sa laideur. C'est pourtant un élément important de la scénographie et celle-ci aura justement été un des points faibles du concert. Mais passons, nous y reviendrons plus bas.

Entourée de quatre musiciens (un bassiste, une batteuse, une claviériste et un multi-instrumentiste passant du synthé à la guitare ou au violon), la quadra blonde aux allures d'éternelle Olivia Newton-John arrive dans un habit pailleté des plus moulants. Après deux titres d'albums plus anciens, le groupe entame une longue série de chansons issues de Head First, leur dernier opus. Le public reste assez mitigé, bouge peu et semble attendre que le concert démarre enfin. C'est l'enchaînement Alive / Rocket / Believer, trois des titres les plus accrocheurs du nouvel album, qui commence à faire se dandiner plus franchement les premiers rangs, mais L'Aéronef reste dans l'expectative. Il faut finalement attendre le classique Train , dixième (!) morceau de la setlist, pour que la magie opère entre la scène et la fosse, qui commence à sauter et à taper des mains. Gratifié d'un final rock boosté à grands renforts de stroboscopes, le single issu de Black Cherry lance enfin les hostilités.

Le combo britannique laisse alors passer I Wanna Life pour faire un peu redescendre la pression avant d'en remettre un (gros) coup avec la pépite Ooh La La, sans doute son titre le plus dansant, qui fait vrombir cette fois jusqu'aux derniers rangs de la salle. La chaleur monte d'un cran, l'ambiance aussi, et c'est le moment que choisit une Alison jusqu'alors peu diserte pour se lâcher enfin, balançant à la foule un "COME ON !" de punkette, qui aura eu le mérite d'ouvrir grand les vannes d'un public encore un peu sur sa réserve et qui se défoule enfin sur une nouvelle outro survoltée.

Laissant la salle à sa torpeur post-orgasmique, la petite troupe s'en va en coulisse un court moment, avant de revenir (changement de costume à la clef pour la chanteuse) enchaîner un mini-set de trois de leurs titres plus calmes : Little Bird, Hunt et puis leur premier titre culte (vieux de dix ans déjà), Lovely Head, aux allures de chant des sirènes époustouflant, avec cette voix, plus saturée d'effets que jamais, qui semble venue d'ailleurs.
Nouvelle sortie de scène, un rappel cette fois chaleureux d'un public lillois enfin retrouvé, et nouveau changement de costume. Alison revient habillée de fanfreluches roses et rouges pour lancer enfin le morceau que tout le monde attendait : Strict Machine. Dans la lignée de Train et Ooh La La, le titre est dopé aux riffs électro-rock saturés et emporte tout le monde pour cet ultime assaut de la soirée, qui conclue avec fracas un concert pourtant en demi-teinte.



A posteriori, force est de reconnaître que la setlist était admirablement bien dosée : bien que lente à démarrer et donc à mettre le public dans le coup, elle a permis de faire peu à peu monter la pression pour finalement terminer en force. Le double-rappel, avec cet intervalle planant, s'avère être un coup de maître, et on ne peut sur ce point que rendre hommage à la science du combo anglais.

En revanche, toutes les paillettes du monde auront beau faire (et on en aura trouvé partout : sur la basse, sur la batterie, sur la plupart des costumes et sur la fameuse arche argentée), la scénographie était pauvre et décevante. Dépourvu de jeu de scène, le groupe avait l'habitude de compenser ce manque par des danseurs et des chorégraphies étudiées. Mais point de jeune femme à tête de cheval ce soir, le groupe est seul sur scène, trop seul et trop statique. Alison elle-même se contente de se pencher en avant, comme soulevée dans l'air propulsé par les deux ventilateurs qui encadrent son micro, effet certes très joli, mais assez lassant au bout d'une heure et demie.



Finalement, on aura donc eu le sentiment d'avoir assisté à un concert un peu au rabais : décor de récup', jeu de scène en option, presque aucun mot pour le public, et plus d'énergie dans la fosse que sur scène. Goldfrapp a toujours joué sur cette image assez distante, presque élitiste, et si leur dernière livrée rétro-pop tente peut-être de briser ce carcan, le problème majeur reste qu'à de rares exceptions près, ils n'ont pas l'air de prendre beaucoup de plaisir sur scène. Alors comment en donner ?



Cela n'enlève rien à la qualité indéniable de leur production, dont certains regretteront le virage pop plus marqué à chaque album, mais qui reste une grande claque de mélodies entêtantes, de lignes de synthés atmosphériques et de basses à vous arracher du sol. Une architecture musicale complexe et vrombissante (composée par Will Gregory, moitié de l'ombre du duo) qui est portée par les frêles vibrations d'une voix, cette voix tellement saturée d'effets qu'on se demande parfois à quoi elle ressemble vraiment. Cette voix venue d'ailleurs, mystique, séductrice et destructrice. Et c'est cette mysticité que le public d'Alison Goldfrapp vient chercher. Indiscutablement, il l'a trouvée ce mardi soir à L'Aéronef.


Photos : Laura Dubois

Merci à Sara-Jane Richardson, Emmanuelle Oddon et Caroline Voisin

Goldfrapp : les dernières chroniques concerts

(mon) Rock en Seine, 2005, 2/2 : Asyl, La Phaze, Goldfrapp, Herman Düne, The Departure, Babyshambles, Feist, Foo Fighters, The Film, Robert Plant, Franz Ferdinand en concert

(mon) Rock en Seine, 2005, 2/2 : Asyl, La Phaze, Goldfrapp, Herman Düne, The Departure, Babyshambles, Feist, Foo Fighters, The Film, Robert Plant, Franz Ferdinand par Philippe
Saint-Cloud, Parc de Saint-Cloud, le 26/08/2005
Pour le premier jour du festival c'était par là ! Avant de rejoindre le site du Parc de Saint-cloud on se fait une grosse balade le nez au vent dans Paris, où l'image du... La suite

Goldfrapp par mm
Ancienne Belgique - Bruxelles, le 19/06/2003
Goldfrapp en forme, la chanteuse toujours aussi jolie, et avec beaucoup de souffle. Le public leur était acquis... 2 rappels, Allison Goldfrapp souriante. Un bon concert... juste peut-être un poil trop court... quoique, 1h20, ça va... en bref, un agréable live de Goldfrapp qui a joué ce que le public voulait entendre. La suite

Goldfrapp par charbo
L'élysée Montmartre, Paris, le 13/05/2003
Une déception majeure parmi tous les concerts que j'ai vus, et encore c'est peu de le dire. D'autant plus décevant que tous ceux qui avaient pris leurs places, l'ont fait bien avant la sortie du désastreux "Black Cherry". Pour résumer : tout ce qui faisait la singularité du groupe, et qui vous faisait l'apprécier, a disparu de ce nouvel opus.... La suite

Goldfrapp par NeolabMusic
Route du rock - Saint-Malo, le 11/08/2001
Le public ne s'est pas trompé sur la qualité de la prestation d'Alison Goldfrapp, dont certains redoutaient que sa musique aérienne ne se prête que difficilement à un concert en plein air. Ils se trompaient : la voix enivrante et délicieusement glamour de la jolie blonde semblait ce soir-là tombée des étoiles et ensorcela toute... La suite

Yan Wagner : les dernières chroniques concerts

Benjamin Biolay (featuring Orelsan, Jeanne Cherhal et Gesa Hansen) + Yan Wagner (Festival Les Inrocks 2012) en concert

Benjamin Biolay (featuring Orelsan, Jeanne Cherhal et Gesa Hansen) + Yan Wagner (Festival Les Inrocks 2012) par Pierre Andrieu
La Cigale, Paris, le 11/11/2012
Dimanche 11 novembre 2012, avant dernier soir à Paris pour le Festival des Inrocks (non, on ne citera pas le sponsor ! ) - il reste encore le grand final avec les géniaux... La suite

The Healthy Boy + Benoît Pioulard + Oh! Tiger Mountain + Cercueil + Wagner en concert

The Healthy Boy + Benoît Pioulard + Oh! Tiger Mountain + Cercueil + Wagner par Reno
La Cave aux poètes - Roubaix, le 18/02/2011
La Cave aux poètes, festival En solo ou presque. Un vendredi à guitare, un samedi tout en machines (enfin presque), pour boucler sa sixième édition à domicile, après être passé par... La suite

L'Aéronef, Lille : les dernières chroniques concerts

Trisomie 21, Guerre Froide, Dageist, DJ Der Gregolini en concert

Trisomie 21, Guerre Froide, Dageist, DJ Der Gregolini par Charliii
L'Aéronef, à Lille, le 24/11/2017
24 novembre 2017, Trisomie 21 fête la sortie de son dernier album, Elegance Never Dies, avec une série de dates françaises. Accompagnés de Dageist et Guerre Froide, T21... La suite

Grandaddy + Amber Arcades en concert

Grandaddy + Amber Arcades par Dissy
L'Aéronef, Lille, le 09/04/2017
C'est sous un soleil quasiment estival en ce début d'avril que j'arrive devant l'Aéronef, ma première fois dans cette belle salle lilloise, pour une soirée tant attendue. Amber... La suite

Dropkick Murphys + Slapshot + Skinny Lister en concert

Dropkick Murphys + Slapshot + Skinny Lister par Benjamin Wozniak
L'Aeronef, à Lille, le 29/01/2017
C'est le dimanche 29 janvier à 17 heures que l'Aéronef nous a donné rendez vous, oui, oui 17 heures, pour un moment riche en convivialité, bonne humeur, bières et légendes... La suite

Thee Oh Sees en concert

Thee Oh Sees par Xavier Averlant
Aéronef, Lille, le 15/09/2016
Pour l'ouverture de la saison de l'Aéronef, nous ne voulions pas manquer le concert de Thee Oh Sees le 15 septembre dernier. Les Magnetix ouvraient la soirée et... La suite