Chronique de Concert
Jazz des Cinq Continents (FJ5C 2012) 2/7 : Ibrahim Maalouf + Avishai Cohen Trio
Jardins du Palais Longchamp - Marseille 19 juillet 2012
Critique écrite le 22 juillet 2012 par Pirlouiiiit
Ce soir pas le temps de profiter du before sur la terrasse des Martin pour une sombre histoire de travaux de terrasse (la mienne cette fois) qui s'éternisent. C'est donc au pas de course que j'arrive sur le plateau du Parc Longchamp, le souffle court, les jambes coupées et la chemise trempée.
Heureusement pour moi (plus précisément pour l'apprenti photographe que je suis) les premiers morceaux de Ibrahim Maalouf (et/ou la présentation de Jean Pelle) sont suffisamment longs et lorsque je parviens à l'entrée du crash il me reste 1,5 morceau pendant lequel j'ai l'autorisation d'encombrer la vue des premiers rangs qui sont ce soir assis (sauf sur la droite).
Ibrahim Maalouf c'est pour moi avant tout un sublime concert au théâtre de la Sucrière il y a quelques années (dont je n'avais pas retrouvé la magie il y a 2 ans ici même). Lors de ce concert mémorable il nous avait présenté un audacieux répertoire mélangeant musique traditionnel libanaise et jazz. Dans mon souvenir il s'agissait d'un des premiers volumes d'une série sur ce thème.
Ce soir il est accompagné de François Delporte à la guitare, Youenn Lecam à la flute, trompette et même biniou, Xavier Rogé à la batterie, Laurent David à la basse et Franck Woeste au piano. Un rapide coup d'œil au guitariste et au bassiste nous indique que le set risque d'être musclé ....
... et en effet dès les premiers morceaux leur jazz part dans des envolées rock (voire métal) qui me rappellent inévitablement le très bon concert de Jannick Top et Eric Lelann il y a 3 ans. Ce n'est pas pour me déplaire même si ça ne m'émeut pas autant que la première fois. Les morceaux se suivent et ne se ressemblent tellement pas que je finis un peu par m'y perdre.
Jazz, rock, musique celtique lors des rappels, ... j'ai beau aimer chacun de ces styles au bout d'un moment je finis par avoir l'impression d 'écouter une compil et je décroche un petit peu. Malgré cela je me surprends plusieurs fois à battre la mesure avec le pied ou la tête alors que je suis en conversation avec Gilles Suzanne et Michel Samson venus présenter leur livre A fond de Cale
Un des trucs qui contribuera au fait que je décroche un peu prématurément sera les interventions d'Ibrahim entre les morceaux. Si sa première, celle où il justifie sa tenue (un survet' noir d'une marque connue de sport) par le fait qu'il voulait faire cette tournée en pyjama, me fait sourire les suivantes sont un peu longues / sonnent un peu forcées et viennent casser le rythme.
Peut-être est-ce le fait d'avoir accompagné beaucoup d'artistes de variété en tournée (comme Vincent Delerm ce qu'il soulignera) qui lui donne l'impression qu'il faut forcément interagir de la sorte avec le public ... Personnellement il me touche beaucoup plus par son jeu de trompette.
Après quelques rappels pendant lesquels j'ai eu un peu de mal à retrouver les personnes que je cherchais (il y avait ce soir beaucoup plus de monde que d'habitude à voir jusqu'où les gens étaient assis !) ce sera au tour du fameux Avishai Cohen, dont je craignais un peu d'être déçu vu le buzz qui s'amplifiait autour de lui depuis quelques temps.
Ce soir il était en trio, accompagné de Omri Mor au piano (qu'on avait pu découvrir ici même il y a deux ans, et Amir Bresler à la batterie. En le voyant j'ai compris rien qu'à son physique qu'il ne pouvait pas laisser indifférent. J'ai pensé à un mélange de Jean-Paul Gaultier et Mickey Rourke (cette précision peut paraître sans lien avec la musique, mais quand vous avez cela en tête la perception de la musique en est forcement affectée).
En plus il gesticule énormément derrière sa contrebasse ... Cramponné à son manche il bondit même parfois, il se couche dessus, se cache derrière, l'embrasse (au sens premier), la maltraite ... et avec son visage, il fait tout un tas de grimaces qui, commençant dès la première note, me paraissent, je dois l'avouer ,un peu exagérées.
En tout cas c'est sûr qu'ils ne sont pas nombreux les groupes où la contrebasse occupe une place aussi centrale ! Certes il y a bien Fantazio ou Merakhaazan mais contrairement au premier Avishai ne raconte pas des trucs délirants en même temps, et contrairement au second il n'utilise pas de boucles et très peu son archet.
Même s'il ne s'adresse pas trop au public, nous aurons quand même l'occasion d'entendre le son de sa voix sur un morceau où il chantera ...quelque chose d'assez mystique (en apparence au moins). Pendant tout le temps où je serai assez près pour voir leurs visages, Omri (à gauche) et Amir (à droite) ne lèveront pas les yeux de la star qu'ils accompagneront avec brio une seconde.
On sentait même un profond respect (voire de l'admiration) de la part de Omri particulièrement effacé par rapport à la dernière fois. Amir tout aussi attentif m'impressionnera par son jeu sec et parfaitement dosé !
Bref encore une belle soirée** sous les étoiles que j'apprécierai autant que celle de la veille, même si je ne resterai pas attentif tout le set, profitant de la deuxième partie pour aller boire une bière à la buvette, découvrir les tracts programme du festival Jazz Sur la Ville qui aura lieu comme chaque année à la rentrée (en octobre)
Ayant rdv à Bayonne le lendemain matin, je m'éclipserai un peu avant la fin, histoire de ne pas rester coincé une demi heure dans le goulet d'étranglement dû aux travaux. Pas d'after non plus au Radisson (pour cela je vous renvoie aux chroniques de McYavell à venir) malgré les bons échos de celui de la veille ...
** seule ombre au tableau, le deuxième épisode de la guéguerre entre les assis et debout fera que des gens (situés dans les premiers rangs) en viendront cette fois aux mains faisant mentir le vieil adage " la musique adoucit les mœurs " et montrant à quel point l'amateur de jazz peut, lui aussi, être égoïste et imbécile.
Plus de photos de cette soirée par Pirlouiiiit en cliquant ici.
et une petite de Ibrahim Maalouf en cliquant ici
Critique écrite le 22 juillet 2012 par Pirlouiiiit
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> Réponse le 23 juillet 2012, par Lomuse
Je claque et me voilà sur le net avant le Pinguin et Pirlouit qui étaient eux aussi dans les jardins du Palais Longchamp ce soir... Voilà que j'ai pu écouter en live Ibrahim Maalouf, que j'ai découvert sur FIP cet hiver avec son dernier album Diagnostic, que je recommande. Un concert où il se sent à l'aise et nous annonce que c'est aussi parce qu'il est en pyjama ce soir qu'il se sent si décontracté ! 6 musiciens sur scène, un solo de batterie génial, un de guitare et un de basse aussi. Nous avons chanté, plutôt fredonné des lalala, à sa demande sur Lili et Will soon be a woman. Les morceaux se sont enchaînés pendant plus d'une heure. Puis une jolie ballade dans Beirut pour terminer sur un final plus rock. Avishai Cohen contrebassiste en seconde partie, et son trio, c'était la partie... La suite | Réagir
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