Chronique de Concert
Los Bankalos + Moon Ra
La petite salle du Jam, anciennement le Lounge, ouvre à nouveau ses portes après quelques mois de fermeture. Deux formations phocéennes très différentes vont y jouer ce soir : Los Bankalos et Moon Ra.
Los Bankalos est une formation d' à peine quelques mois à peine d'existence qui joue un garage rock tendance 60's. Comme chez les Cramps, il n y a pas de bassiste. Le groupe est constitué de deux guitaristes (un qui assure les riffs et l'autre plutôt les solos ou ce qui ferait office de ligne de basse) un batteur et une chanteuse. Le jeu du batteur est minimaliste à souhait mais très efficace, sa batterie est constituée seulement d'une caisse claire et d'un tom-basse sur lequel du carton a été scotché afin qu'il sonne comme une grosse caisse.
Il martèle des rythmes répétitif et tribaux tel une Moe Tucker garage. Le son des Bankalos est très lo-fi et assez dissonant, les guitares " twanguent ", mais tout cela donne au groupe une identité et une originalité qui le distingue des formations garage revivalistes lambda. Leur répertoire est composé majoritairement de reprises de standards des 60's comme Waiting for my man du Velvet Underground, Real cool time des Stooges ou You're donna miss me 13h Floor Elevator. Des titres, certes entendus des milliers de fois, mais Los Bankalos les revisitent de manière assez inattendue. Bon, on sent quand même les limites techniques comme de nombreux garage band mais peu importe, Los Bankalos font justement de ces limites un style et leur mot d'ordre semble être l'amusement avant tout.
Le parti pris du chant en français sur certains titres, dans l'esprit des groupes garage / freakbeat français des 60's, est franchement à exploiter. La voix de la chanteuse n'est pas toujours très assurée et manque peut-être encore un peu de folie mais la présence scénique est là.
On change radicalement de registre avec Moon Ra, quintet instrumental déjà actif depuis plus de deux ans sur les scène phocéennes, et qui pratique un heavy psyche qui associe motifs Krautrock à la puissance du Stoner. Les titres commencent souvent par des arpèges de guitares hypnotiques et acides, pour ensuite nous faire décoller dans l'espace direct grâce à une section rythmique puissante. Ces musiciens savent torcher de bons thèmes mélodiques portés par des nappes de claviers planantes. Si les titres sont longs, ils ne tombent jamais dans la démonstration instrumentale pénible.
Bien sûr, il faut aimer le parti pris purement instrumental, les titres de Moon Ra doivent plus aux longues plages du Krautrock tendance Amon Düll 2 ou au Space Rock d'Hawkwind qu'au format chanson traditionnel. La musique de Moon Ra est somme toute assez cinématographique et sollicite l'imagination. Les musiciens sont plutôt statiques sur scène mais on les sent concentrés sur leurs instruments dont ils ont une bonne maîtrise. La structure complexe, voire progressive, de certains titres demandant quand même justement une certaine concentration. Le son, clair et aéré, est également bien maîtrisé. Les musiciens sont dans un créneau bien défini mais exploitent et revitalisent très bien l'héritage des musiques les plus aventureuses des 70's.
La salle n'était malheureusement pas pleine, frénésie de la rentrée oblige, mais ces deux groupes sont bien représentatifs de l'éclectique et effervescente scène marseillaise qui offre toujours de bonnes surprises en matières de sensations électriques, et dont on aura pu avoir un large aperçu lors de l'événement " La Rue du Rock ", organisé par l'association Phocéa Rocks, ce mois de septembre.
Plus de photos par Pirlouiiiit par ici
et une petite de Moon Ra là
Critique écrite le 20 septembre 2015 par phil2guy
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