Chronique de Concert
Lucky Peterson + The Hofmann Family Blues Experience
Soirée Blues hier soir à l'Usine, Istres. Bon vieux blues, à la fois roots et rhythm' & blues, du bon gros blues qui tâche. La sympathique Julie nous accueille :
"Lucky Peterson a annulé, mal à la voix...
- Non !!!!!!!!!!!!
- Ben oui, ça nous est tombé dessus...
- aaargghhh !!!!
- Euh, pardon, je voulais dire Charlie Winston a annulé...
- pppfffffffffffffffff....................."
On se marre tous les trois, mais il faut quand même une mousse pression pour faire passer l'émotion. A nos âges...
Première partie, c'est The Hofmann Family Blues Experience qui chauffe l'ambiance très honorablement avec des reprises, des compos.
David 'Jimi Destroy' Hofmann : guitare
Florent Milloux : basse, harmonica
Fred Diego Alfonsi : batterie
Authentique bluesman (je ne saurai dire pourquoi, ça se reconnaît d'un coup), plutôt du sud, amateur de pentatonique, ami des douze-mesures-sinon-rien, le chanteur guitariste Vincent Hofmann, figure bien connue du Blues local arbore une barbe qui le ferait aisément passer pour le cousin de Billy Gibbons -ZZ Top- Belle voix, qui râcle et nasille juste ce qu'il faut pour voir défiler les rues de Nashville, la 'road 66' et autres images d'Epinal dès qu'on ferme les yeux. Ses acolytes ne sont pas en reste.
Le jeune bassiste Florent Milloux, tendance rock, est habité, son espace mesure ce soir deux mètres de long, il l'arpente en un va-et-vient continu, le regard levé vers la ligne bleue (non... pas des Vosges), tout en marquant le rythme de sautillements compulsifs. Il ne posera sa basse que pour la troquer contre un harmonica, sur lequel il excelle tout autant. Nul doute, il est tombé dedans quand il était petit. Avec le fils guitariste David Hofmann, le récent batteur Fred Diego Alfonsi, ex-compagnon de scène de Michael Jones, un peu lointain au fond de la scène, ils assurent trois contreforts solides à ce Blues qui ne file pas le blues.
Le changement de plateau est très rapide. Un spectateur échaudé appelle Vincent 'Big Daddy' Hofmann à revenir sur scène. Un rappel esseulé, désespéré, que quiconque aurait interrompu à la première virgule, rouge de confusion ; mais pas lui. C'est un rappeleur zélé qui ne lâche pas le morceau. Il gueule, tout seul. Ça tourne à la caricature : "Je t'en prie, reviens !... N'écoute pas ton agent !... C'est tous des vendus !... Allez, reviens !... Pitié, ne me force pas à venir te chercher !... et évidemment, comme toute la salle se marre, il fait durer son show, sympa.
Pas le temps d'aller écluser un gorgeon qu'un guitariste attaque sur scène. C'est Shawn Kellerman, l'accompagnateur de Lucky Peterson qui déplie sa panoplie et effectue un morceau façon Guitar Hero assez impressionnant. Lucky Peterson fait ensuite son entrée et le groupe est presque au complet.
Raul Valses : batterie
Shawn Kellerman : guitare
Timothy Waites : basse
Pas de mise en chauffe progressive, façon diesel, on est immédiatement dans du gros, du lourd. Lucky Peterson se pose d'entrée comme une bête de scène avec sa voix chaude et basse, sa manière d'interpeller le public, sa façon de balancer son grand corps ventripotent et sa tête en arrière, tout en gardant les mains plaquées sur le clavier de son orgue, qui a l'air d'époque. Ça déménage et ça secoue. Tout le début de son programme s'effectue aux claviers.
Puis il se place au centre de la scène après avoir enfilé une de ses nombreuses guitares : c'est son instrument d'origine, il est autant à l'aise et virtuose qu'à l'orgue. Le voilà qui descend dans la fosse et entame un tour de piste, un bain de foule, une randonnée, un circuit qui va durer plus de dix minutes et le mènera jusqu'à l'avant-salle, le bar, avec des pauses à plusieurs étapes-relais (quand même pas pour boire un coup, il est trop occupé à tricoter sur sa guitare). Impressionnant : des amas de public se forment et se disloquent qui l'accompagnent, l'escortent tout au long de son périple.
Je fais évidemment partie, appareil photo/vidéo en main (voir vidéo ci-dessus) des adeptes de son prêche, qui se termine sur un Johnny B. Goode musclé comme il se doit.
Après ce tour de force, Lucky Peterson remonte sur scène et enchaîne avec un "Are you ready ?" incongru qui nous fait nous marrer. Et bien qu'il soit revenu bredouille de sa croisade dans le public, c'est Tamara Peterson, son épouse, qui fera office de 'Holy Graal' avec son entrée surprise (pas vraiment en fait, mais on joue le jeu) sur scène. Les premiers morceaux avec elle au chant sont très bien. J'apprécie particulièrement un duo vocal de Tamara et son Lucky de mari au clavier qui produit une troisième voix (son imitant les chœurs, avec lequel le bluesman semble beaucoup s'amuser).
Par la suite, le show s'essouffle un peu : les musiciens font durer les plages en mode 'pause', maintenant la base rythmique en fond d'accompagnement, pendant que Tamara Peterson chante, parle et tente difficilement de faire chanter ces dames. Et ça dure un peu trop longtemps. C'est le seul petit défaut de cette soirée chaude, excellente et dynamisante à foison. Mon premier passage à l'Usine d'Istres est une réussite.
Plus de photos de McYavell : Hofmann Family Blues Experience et Lucky Peterson.
Des extraits vidéos de Mardal par là.
Critique écrite le 31 mars 2012 par Mardal
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