Chronique de Concert
Patti Smith
Comme lors du show auquel nous avions assisté à l'occasion de sa tournée 2007, le bon concert de Patti Smith à l'Olympia de Paris le 21 novembre 2011 a le défaut de laisser au final un petit arrière goût d'inachevé et de déception - la faute a un groupe sonnant un peu trop "propre" et à un choix de set list parfois discutable -, et ce malgré de très beaux passages (Dancing Barefoot, Because The Night, Gloria, People Have The Power, Rock 'n Roll Nigger... ) où font merveille le charisme incroyable et la voix bouleversante de la maitresse de cérémonie. Compte rendu :
20h15, la salle de l'Olympia est comble et attend patiemment son idole, qui arrive sur scène quelques instants après, savamment mal fagotée en jean, veste et t-shirt à tête de mort stylisée, souriante, visiblement heureuse d'être là et déjà habitée sur le premier morceau, l'exceptionnel Dancing Barefoot. La troupe emmenée par le guitariste canal historique Lenny Kaye, enchaine ensuite avec un reggae de fort bon aloi, Redondo Beach... Le public, très chaleureux et démonstratif (et même parfois trop "fan de"), a ensuite droit à un mélange entre de poignantes chansons pop 'n folk superbement chantées (My Blackean Year, Ghost Dance, Beneath the Southern Cross... ), de la pop rock avec refrains hyper fédérateurs repris en chœur par tout le public (Because the Night, People Have the Power, Gloria... ) et quelques passages trop mielleux et mous (une reprise d'un morceau peu marquant de Neil Young, It's a Dream... ). Le spectacle gagnerait en intensité si certaines plages étaient mises de côté ou enchainées avec des titres forts et si Lenny Kaye évitait les solos de guitare évoquant Mark Knopfler. Le guitariste de Patti Smith essaye bien de se rattraper un peu plus tard avec un medley rock 'n roll où il officie au chant principal ; Night Time, Born To Lose et Pushin' Too Hard sont interprétées avec foi, mais il manque un peu de " gnak " et de punk rock attitude au groupe, trop bon techniquement parlant.
Tout n'est donc pas parfait mais les bons moments sont tellement réussis qu'ils rattrapent assez vite les petites faiblesses évoquées plus haut. Et puis l'aura incroyable de Patti Smith fonctionne à plein, quand elle parle au public pour évoquer la création de Because the Night, rend hommage à Robert Maplethorpe et Fred " Sonic " Smith, se lance dans de courts poèmes... et surtout quand elle chante, que ce soit d'une voix masculine et énervée (voire exaspérée sur la fin du set) ou en prenant des intonations douces et poétiques, comme sur ce magistral titre joué en la seule compagnie d'une jeune accordéoniste très inspirée. A l'instar de l'excellent violoniste - lui aussi moins âgé que le reste du combo - convoqué de temps à autres pour rendre le son plus aérien. Mais ce qui permet de repartir comblé (enfin presque), c'est la fin du set, positivement jouissive : l'immense People Have the Power (prétexte à un discours hurlé sur la nécessité de s'engager pour faire changer les choses et d'éviter de " chier chaque jour sur notre Terre "), le cultissime Gloria de Them et le diptyque Babelogue/Rock 'n' Roll Nigger - ce dernier n'est-il pas son meilleur titre ? - en rappel thermonucléaire, même si Patti vient de déclarer que " nous n'avons pas besoin de nucléaire, on a juste besoin de ROCK 'N ROLL ! ". C'est certes un peu démago de hurler cette phrase mais ça fait quand même du bien à entendre ! Patti Smith pourrait d'ailleurs s'en inspirer pour muscler ses concerts et rajeunir son groupe avec de jeunes loups rock et roll.
A lire, la chronique de excellente autobiographie de Patti Smith, Just Kids...
Liens : www.pattismith.net, www.facebook.com/pages/Patti-Smith...
Photos du concert par Robert Gil. Retrouvez plus de photos sur son site www.photosconcerts.com/patti-smith-paris-olympia
Critique écrite le 23 novembre 2011 par Pierre Andrieu
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> Réponse le 24 novembre 2011, par Blufock
Même si, globalement, je suis d'accord avec vous il reste quelques critiques que je ne partage pas. De mon point de vue la setlist était excellente. Débuter par un " Dancing Barefoot ", enchaîner ses classiques, reprendre magistralement Neil Young avec " It's a dream ", rendre un hommage touchant à Mapplethorpe et terminer (je ne l'attendais plus !) par " Rock'n roll nigger "... à couper le souffle. Contrairement à vous le moment qui me restera de ce concert est, justement, la reprise de Neil Young. C'est déjà une des chansons que je préfère mais, là, chantée avec autant de sincérité et d'intensité c'était très prenant. La présence scénique de Patti Smith est réellement incroyable, son charisme hors du commun. Pour le reste je suis également déçu de la " propreté " des musiciens... La suite | Réagir
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