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Chronique de Concert

Renaud

Le Summum, Grenoble 14 décembre 2002

Critique écrite le par

La première grande surprise de cette bonne soirée fut tout d'abord la présence en première partie de notre José Bové national !! Non, non il ne nous a pas poussé la chansonnette (quoiqu'un petit "Ou c'est qu'j'ai mis mon flingue" ou "Hexagone" lui serait allé à merveille !!) mais a tenu, sur invitation de Renaud himself (qui a promis une part de son cachet pour leur cause) , à défendre par un petit speech d'une dizaine de minutes un groupe de militants anti-OGM de Valence qui ont écopé tout récemment de lourdes peines pour avoir protégé nos assiettes de quelques toxines génétiquement ajoutées...
Son discours fut bref mais percutant... Pas besoin d'en faire des tonnes, le public était acquit à sa cause !! Quant à Renaud, il nous avait promis dans une de ces nouvelles chansons qu'on ne le reprendrait plus à soutenir quelques causes que ce soit à part peut-être José Bové... Et bien voilà, c'est fait.... Et oui : difficile de ne pas défendre les nobles gens pour notre Misteur Renaud qui a donc largement pris le dessus sur Docteur Renard en ce tout début de soirée...
On découvre aussi une scène vraiment magnifique : les instruments sont placés sur une place de village reconstituée avec une mairie-école (filles à gauche, garçon à droite !) sur la gauche, le bien nommé "Hôtel de la nuit" au centre et bien sur le bistrot "Chez Renard" sur la droite...
Lorsque les lumières s'éteignent, les sept musiciens rejoignent (sous les hurlements des 5000 fans présents ce soir!) le centre de la place et commencent le désormais symbolique "Docteur Renaud, Mister Renard", pendant que l'homme que tout le monde attend sirote un verre dans son bar et sorte enfin pour retrouver le devant de la scène... Tout en noir vêtu avec une veste rouge, Renaud est donc là devant nous et entame donc "comme y'a eu Gainsbourg et Gainsbarre, y'a le Renaud et le renard..." Première frayeur (de courte durée heureusement !): le son est assez approximatif et surtout sa voix ne passe vraiment pas bien. Le morceau restera donc vraiment en dedans de ce qu'il aurait du être... Renaud remercie les bravos de la foule fait quelques confidences (sa fille a fait le déplacement et est ici ce soir !) et démarre le vivifiant "Si t'es mon pote" qu'on attendait pas forcément dans la play-list de ce soir ! On commence alors à être rassuré car les réglages se peaufinent et les (nombreux instruments) ressortent tous bien... Mieux vaut quand même connaître les paroles de ce deuxième morceau (issu de "Mistral Gagnant") pour pleinement en profiter !
Avant d'attaquer (au propre comme au figuré!) "L'entarté", Renaud nous gratifie d'un petit "speech-intro de chansons" dont il a le secret (prend ça dans ta gueule BHL (ou V au choix!) !) et rassure les 5000 personnes sur un point : il n'a rien perdu de sa verve légendaire et bien au contraire et puis surtout il est ravi d'être là !! Cette remarque sera valable de la première à la dernière chanson de ce concert et ce fut vraiment un plaisir que de partager ça !! Le morceau d'après est déterminant pour comprendre l'état d'esprit de Renaud sur scène en cette fin d'année 2002 : lorsqu'il nous annonce une chanson représentative de ce qu'il a enduré pendant sa dépression alcoolisée, nombreux sont les fans qui ont du attendre un morceau style "Boucan d'enfer" ou "Tout arrêter" et bien non !! Renaud prend sa gratte et nous sort un "Pochtron" de derrière les fagots ! On comprend alors toute l'ambiguïté de ses paroles qui prêtent souvent à rire à la première écoute ("le Picon bière c'est redoutable, même les belges s'y aventurent pas, ça vous fait glisser sous la table comme un rat!") et qui cache toujours une profonde mélancolie voire une infinie tristesse ("pis j'ai voulu repeupler la France, même que la France était pas d'ac, j'me suis endormi dans mon pieu comme un sac"). C'est donc ainsi toute l'histoire de Renaud : un clown triste ou bien un dépressif rigolard au choix : en tout cas, on prend encore un peu plus conscience de l'extraordinaire parolier qu'il est lorsqu'on est face à ses chansons en live...
Il annonce ensuite deux anciens morceaux qui feront monter d'un cran le rapport émotionnel entre lui et le public : "En cloque" suivie de "La pèche à la ligne"... la voix est enfin bien mixée et on la découvre parfaitement en place... un bonheur...
Il profite de la fin de la chanson précédente ("j'ai perdu mon amour et j'ai perdu ma vie" paroles prémonitoires écrites il y a 15 ans) pour enchaîner avec ses difficultés actuelles dans "Coeur Perdu".. Retour ensuite à du plus léger avec peut-etre la chanson du nouvel album qui a le mieux passée l'épreuve de la scène : "Mon nain de jardin" ; en plus, une fan avait apporté un vrai nain de jardin et l'a refilée à Renaud pendant le morceau.. Ovation du public !!
Pour le plus grand bonheur des anciens fans il enchaîne alors "Laisse béton" (impérial) et "Germaine" qui fera danser toute l'assistance (on se serait cru à un balloche sympa au beau milieu de Pitiviers-les-prés..). Puis vient le tour de la chanson qui lui a redonné goût à l'écriture ("Petit Pédé") et ensuite celle hommage au chien de Mitterrand "Baltique" (seulement accompagnée d'un piano). Les lumières sont vraiment magnifiques puisque quasiment toute la scène est éclairée en indirect par les différentes pièces de l'hôtel et de l'école qui s'allument et s'éteignent avec des teintes différentes sur chaque chanson...
Lorsqu'on entend alors Big Ben au clavier, on sait que voici venir le tour de "Miss Maggie" ... des années après, la Thatcher en prend donc encore plein la gueule et ça passe toujours aussi bien... Deuxième grosse surprise (dans le choix des morceaux) avec le péchu et rigolard, "500 connards sur la ligne de départ" hymne indispensable à quelques jours d'un nouveau "Paris-Dakar" qui verra "un max de blaires aux portes du désert, un paquet d'enfoiré aux portes du Ténéré" !
"La ballade nord-irlandaise" prend le relais après que Renaud nous ait vivement conseillé la vision du film "Bloody Sunday", expliquant la délicate situation irlandaise.
Vient ensuite pour lui un gros dilemme: comment remplacer la voix d'Axel Red sur le tube de l'année "Mannathan-Kaboul"! Il nous dit franchement: "bien sur je pourrai prendre une fan du premier rang pour venir chanter avec moi, mais si elle chante comme un boeuf je suis dans la merde!"... Après avoir refusé les demandes du public de voir Lolita chanter en duo avec son père ("elle chante encore plus mal que moi!"), il nous annonce que la voix d'Axelle sera en play-back (huée de la foule) mais que attention, les instruments sont bien en direct ce soir ("On est pas à la star academy ici!")... La chanson en elle-même rendra moyennement et le public chantait tellement les paroles d'Axelle qu'il aurait bien pu s'en passer de son play-back !!!
La très moyenne "Mal barrés" (nouvel album) précède l'excellente "It is not because you are" et la sombre "Morts les enfants" qui se révèle toujours aussi touchante...
"Marche à l'ombre" électrise la foule mais Renaud et son groupe se retire déjà après le poignant "Manu" (durant lequel l'hôtel de la nuit voit un pensionnaire fumer tranquillement sa clope puis fermer la fenêtre en guise d'au revoir).
Le rappel ne tardera pas à venir puisque Renaud s'installe en terrasse du "Chez Renard" et entame très logiquement "le bistrot des copains"... Ensuite, fini les surprises mais que de tubes !!!! On se rend alors compte à quel point Renaud a contribué à laisser des petites perles à la chanson française depuis toutes ces années: "Marchand de Cailloux" réveille la foule et "Dès que le vent soufflera" la fait chavirer... Puis deuxième rappel sans commentaires : "Mistral Gagnant", "Morgane de toi" et enfin "Mon HLM" qui clôture ce concert...
Alors c'est sur que j'aurai aimé personnellement que son groupe de musicos prennent un peu plus de distance avec les chansons originales car quand on connaît tout les morceaux joués ce soir, on peut trouver l'interprétation musicale un peu monotone... Et puis c'est toujours trop court et chacun aurait sans doute aimé remplacé une chanson par une autre (y'avait pas "Hexagone".... ni "Chanson pour Pierrot" ni...) mais bon : il a BIEN chanté ce soir et c'était quand même là l'essentiel...
Finalement, ce Renaud peut se confondre avec l'hôtel de la nuit trônant derrière lui sur la scène : il ne paye pas de mine de loin mais quand on s'y arrête, c'est un quatre étoile...

 Critique écrite le 16 décembre 2002 par MUSeIC


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