Accueil Chronique de concert Roger Waters : The Wall Live 2011
Jeudi 18 avril 2024 : 6298 concerts, 27081 chroniques de concert, 5410 critiques d'album.

Chronique de Concert

Roger Waters : The Wall Live 2011

Roger Waters : The Wall Live 2011 en concert

Bercy, Paris 30 mai 2011

Critique écrite le par




Le concert de Roger Waters était un événement. Jouer The Wall en intégralité en 2011 représentait pour les fans du Floyd une sorte de graal et d'aboutissement tant cet album mythique a nourrit les fantasmes et les hallucinations de plusieurs générations d'auditeur.

En ce qui me concerne, The Wall est clairement l'un des plus grands chocs musicaux de ma vie. A l'aube de de l'adolescence, à la fin des années 80 la découverte de cet album avait considérablement élargi un univers musical et psychologique, qui se limitait jusqu'alors à la bonne ou mauvaise fortune des radio de la bande FM.
En quelques mois , j'étais devenu un spécialiste du Floyd et je m'étais procuré des billets pour la tournée Delicate sound of thunder qui s'arrêtait elle aussi à Bercy en juin 1989. J'avais 15 ans, c'était mon premier concert. Il y en a plus de 500 depuis.

L'annonce de cette tournée 2011 était dans l'air depuis 4 à 5 ans. Les passages de Waters en 2004 pour la tournée In the Flesh et pour la Tournée Dark Side of the Moon de 2007 avaient dissipé toutes inquiétudes quand à la qualité des Show. Ils étaient pharaoniques, exceptionnels d'un point de vue de la mise en scène et du point de vue musical. Waters jouait un best of de plus de deux heures avec l'intégralité de Dark Side, les meilleurs moments de The Wall, Animals, Wish you were here et se frottait même à des titres plus anciens comme Set the control of the heart of the sun. C'était exceptionnel et clairement supérieur aux tournées Solo de David Gilmour et deux dernières de Pink floyd (sans Waters).

La reformation éphémère du Floyd au live 8 suivi de la mort de l'organiste Richard Wright avaient clairement anéanti les espoirs de revoir le Floyd au grand complet sur une scène. L'annonce de cette tournée The wall étaient donc un aboutissement. Un aboutissement pour le public qui allait enfin découvrir cet album sur scène dans de bonnes conditions. A sa sortie, il n' avait été que peu joué car l'ampleur délirante du show ne permettait pas de le rentabiliser. Le fameux concert de Berlin avec une ribambelle de guest stars ne laissa pas un souvenir musical impénétrable.

Cette tournée est aussi celle de l'aboutissement pour Roger Waters. A près de 70 ans rejouer The Wall à guichets fermés dans le monde entier était l'acte ultime de reconnaissance de son œuvre et de sa carrière. Il ne pourra rien faire de plus par la suite qui n'ait la même ampleur. C'est donc avec une impatience d'un fan que cette date du 30 mai était gravée dans mon agenda.





Nous entrâmes dans la salle à 20H15 et stupeur, le concert venait de commencer à l'heure pile, nous venions de rater les deux premières minutes. Passée cette légère amertume, le premier constat positif est la qualité du son . Comme à chaque fois qu'il est venu la qualité sonore de Waters est exceptionnelle. On comprend du coup difficilement pourquoi de très grands groupes (Muse, Neil Young) ont pu jouer dans cette même salle avec des sono aussi désastreuses.

Mais au delà du son c'est surtout la mise en scène qui est exceptionnelle. Un grand mur de plus de 60 mètres de haut est construit au fur et à mesure du show. Ce décor en construction permanente sert d'écran géant pour des supports visuels en 3 D complètement délirants, qui mélangent animation, film, laser...
C'est du très très lourd !!!! Mais clairement ça tire le spectacle vers le Haut.

D'un point de vue strictement musical, le spectacle ne réserve que peu de surprise . Il s'agit de interprétation de The Wall et rien d'autre. Mais on le savait en y allant. Cela étant l'interprétation est magistrale pour ne pas dire chirurgicale. On sent que Waters est un chef d'orchestre et un metteur en scène de génie. Le public en a clairement pour son argent car c'est un show de son et lumière unique en son genre qu'il nous ait donner de voir. Les concerts des Rolling Stones, AC/DC, Muse et autres U2 semblent être des fêtes de village en comparaison du rouleau compresseur The Wall de 2011. Les grandes chansons comme Hey You, another brick in the wall, Confortably numb sont étincelantes. Bring the boys back home nous prend aux tripes, Run like Hell nous emmène très loin.

Cependant la mise en lumière de The Wall sur scène nous rappelle aussi à quel point cet album est complexe et extrêmement sombre. Les obsessions mégalomaniaques et inquiétantes de Waters y atteignent leur paroxysme. La perte de son père durant la deuxième guerre mondiale conjuguées aux spasmes dépressifs d'une star du rock mégalo des années 70 et un fascination préoccupante pour l'esthétisme totalitaire font de cette fresque fascinante un pensum glacial et oppressant.

On sort donc de la salle époustouflé par la qualité et le gigantisme du show mais aussi un peu abasourdi par la noirceur de l'entreprise. On n'avait pas eu cette impression lors des tournées précédentes. La noirceur glaciale de the Wall était diluée dans les voyages cosmiques et apesanteur des titres de Dark side of the Moon ou de Wish you were Here. Quitte à choisir, la tournée 2007 était plus complète pour le fan du Floyd que je suis.

Mais quel tour de force. On conseillera quand même aux neurasthéniques, dépressifs de s'abstenir. Les fans de Funk, de reggae, de soul risquent de ne pas y trouver leur compte. La musique de Waters étant clairement vide de groove au profit d'une architecture symphonique digne de la Rome Antique.

 Critique écrite le 31 mai 2011 par lol

> Réponse le 01 juin 2011, par Gruigrui

[Paris Bercy - 31 mai 2011] Je ne sais pas si nous sommes allés voir le même concert : moi aussi j'ai été très marqué par The Wall qui est sorti lorsque j'avais 15 ans. Depuis lors, Pink Floyd est toujours resté mon groupe préféré et j'ai également suivi la carrière de Roger Waters en solo, qui a sortir de très bons albums. Je me réjouissais donc de voir ce spectacle. Et je dois dire, et cela me coûte, que j'ai été très déçu. Pourquoi cela ? Comme rédigé dans la critique à laquelle je réponds : tout est chirurgical. Pas une note de musique en trop. Ecoutez le cd : c'est pareil. Les images : bon, ok, des effets assez spectaculaires. Mais beaucoup de réchauffé depuis 30 ans : les images sont toujours les mêmes. Un petit coup de laser histoire de tout remettre au goût du jour, et hop. Le tour est joué. Le côté noir...  La suite | Réagir

> Réponse le 08 janvier 2012, par Gilles

[POPB, Paris - 30 Mai 2011] Jamais on ne fera mieux !! Un professionnalisme pareil n'a pas d'égal. J'étais devant Bercy à 9 h 00 du matin car ce concert doit se voir appuyé sur la barrière au premier rang. Les premières secondes de l'entrée en scène font oublier la longue attente de 10h00 devant la porte assis par terre ! Mais c'est à ce prix que le premier se paie. Personnellement je n'envisageais même pas d'être ne serait-ce qu'à 20 m de la scène ! Roger était à 3 mètres de moi, et les croisements de regards que seuls les habitués des premiers rangs connaissent laissent de glace, il y a toujours communion entre les premiers rangs et les artistes, raison pour laquelle, il est inconcevable pour moi de ne pas être au premier rang contre la barrière. C'est avec grande amertume que je réalise que ce fabuleux concert...  La suite | Réagir


Roger Waters : les dernières chroniques concerts

Roger Waters (This is not a drill) en concert

Roger Waters (This is not a drill) par Philippe
Stade Pierre Mauroy, le 12/05/2023
Roger Waters, ex-Pink Floyd singer, born in 1943... voilà qui ne rajeunit personne ! Le mec se traîne en plus une réputation de vieux barbon ronchon, un poil trop virulent dans son... La suite

Roger Waters par lol
Accor Arena, Paris, le 04/05/2023
"This is not a drill", c'est le nom de la tournée d'adieux de Roger Waters qui faisait escale à l'Accor Arena les 3 et 4 mai derniers. Le co-fondateur et principal compositeur de Pink Floyd est désormais âgé de près de 80 ans. Cela fait plus de 40 ans qu'il a quitté le groupe à la suite de querelles d'égo et qu'il fait vivre, à sa manière, le... La suite

Nick Mason's Saucerful of Secrets (The Echoes Tour) en concert

Nick Mason's Saucerful of Secrets (The Echoes Tour) par lol
Le Grand Rex, Paris, le 22/06/2022
Quatre ans après un concert assez époustouflant à l'Olympia, Nick Mason revenait à Paris pour faire revivre le Pink Floyd des premières années, celles d'avant "Dark side of the... La suite

Roger Waters - Us And Them Tour 2018 en concert

Roger Waters - Us And Them Tour 2018 par lol
U Arena, Nanterre, le 08/06/2018
Après le triomphe de la tournée "The Wall" qui s'était achevée au Stade de France en 2013, on pensait que Roger Waters allait jouir d'une confortable retraite. Mais en 2018, à... La suite

Bercy, Paris : les dernières chroniques concerts

Depeche Mode en concert

Depeche Mode par Sébastien Lopez
Accor Arena Paris, le 03/03/2024
Depeche Mode fait partie de ces groupes qui m'accompagnent depuis toujours. Enfin, depuis le milieu des années 80 où je vais passer mes années de Collège à Saint-Martin-de-Ré à... La suite

Benjamin Biolay en concert

Benjamin Biolay par Sébastien Lopez
Accor Arena, Paris Bercy, le 12/12/2023
Un concert de Benjamin Biolay à l'Accor Arena, cela pouvait surprendre, d'ailleurs l'auteur de l'album Saint-Clair lui-même semblait autant surpris que nous de partager ce moment... La suite

Queens of the Stone Age en concert

Queens of the Stone Age par Philippe
Bercy, Paris, le 07/11/2023
... "Et moi, je suis Monsieur Homme !" clama alors Joshua en français, hilare et les bras en croix, vers le milieu du concert, dans un Bercy évidemment rempli et fou de joie, à la... La suite

Roger Waters par lol
Accor Arena, Paris, le 04/05/2023
"This is not a drill", c'est le nom de la tournée d'adieux de Roger Waters qui faisait escale à l'Accor Arena les 3 et 4 mai derniers. Le co-fondateur et principal compositeur de Pink Floyd est désormais âgé de près de 80 ans. Cela fait plus de 40 ans qu'il a quitté le groupe à la suite de querelles d'égo et qu'il fait vivre, à sa manière, le... La suite