Accueil Chronique de concert Rufus Wainwright + Leopold Skin
Vendredi 19 avril 2024 : 6344 concerts, 27081 chroniques de concert, 5410 critiques d'album.

Chronique de Concert

Rufus Wainwright + Leopold Skin

La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand 16 novembre 2005

Critique écrite le par

Soirée de rêve à la Coopérative de Mai pour les fans de pop n' folk : débutée de manière intimiste avec la folk music du jeune Clermontois Leopold Skin, la soirée s'est poursuivie, après moult péripéties, avec la pop sobrement exubérante d'un Canadien attendu comme le messie, le très doué Rufus Wainwright...





Beautiful child


Tout commence avec une demi-heure de retard car, son avion étant bloqué par le brouillard à Madrid, Rufus Wainwright ne pourra être sur scène qu'à partir de 22 H 30. Tant mieux pour Leopold Skin, qui se voit attribuer 45 minutes de set pour sa première apparition à la Coopé... Même si le très jeune - 18 ans - musicien blond comme les blés s'en sort très bien dès le début, on sent qu'il est mort de trouille. Et ça peut se comprendre aisément : affronter 400 personnes qui attendent impatiemment un artiste phare (et en retard) avec une guitare en bois, un harmonica et une voix pour seules armes, ce n'est pas une sinécure ! Mais Leopold Skin possède tous les atouts pour séduire le public : une voix évoquant Dylan, des morceaux bien troussés influencés par Robert Zimmerman, Nick Drake et Devendra Banhart, des textes en anglais, un jeu de guitare folk efficace, des parties d'harmonica bien exécutées, sans oublier une présence simple et humble. Le temps imparti à la première partie s'écoule donc très vite : les titres sont efficaces et souvent marquants, la reprise d'Herman Düne - une autre influence importante visiblement - étant l'ultime touche de classe venant couronner un set très prometteur.







Gay messiah


Comme annoncé, Rufus Wainwright et ses musiciens arrivent sur scène à 22 H 30 précises, c'est-à-dire cinq minutes à peine après l'arrivée du songwriter/chanteur à la Coopé. On se dit que le concert va être moyen ou tout au moins pas aussi réussi que la prestation solo très brillante de l'auteur de Want two au dernier Printemps de Bourges. Et bien, on a tort ! C'est parti pour un show à la Canadienne, mêlant avec un rare talent, folk, pop, influences cabaret glam kitsch et références imparables (Leonard Cohen, Jeff Buckley, Edith Piaf, Radiohead... ).

Spotlight on Christmas

Malgré les heures d'attentes à l'aéroport - onze, nous apprend t-il - et le stress inhérent à ce genre de problème, la voix est sublime dès le premier morceau ; tout le public - sauf les invités blasés qui conchient la pop - est scotché dès les premiers mots chantés dans un micro qui semble miraculeux. Ce qui est encore plus fort, c'est que notre homme reste sobre et n'en fait pas des tonnes, ce qu'on pouvait lui reprocher au début de sa carrière... Les parties vocales - qui pourraient être celle d'un fils caché de Jeff Buckley et Thom Yorke - habitent littéralement des titres bien écrits (avec une plume audacieuse, corrosive et revendicative) joués avec une classe peu commune par un impeccable groupe : deux choristes/ guitaristes, un contrebassiste, un batteur, un claviériste et un guitariste électrique. Tout le monde se met au niveau - hallucinant - du leader de ce combo rêvé, en restant discret et au service des chansons. Quand la troupe quitte brièvement la scène pour permettre à son chanteur de jouer deux morceaux au piano (This love affair et Little sister), c'est tout simplement un moment à part faisant s'arrêter la course du temps. En solo ou en groupe, le show est donc d'une qualité assez incroyable jusque-là, et ce n'est pas fini ! Après une chanson de Noël, Spotlight on Christmas, fort à propos pour cette soirée riche en cadeaux musicaux féeriques, Rufus Wainwright se met à jouer une chanson majestueuse de Leonard Cohen, Chelsea hotel, écrite pour Janis Joplin, et qui détaille crûment leur relation. C'est tellement beau qu'on se dit que le public vient de vivre l'acmé du concert. Et bien non, mesdames et messieurs...

Jesus is in the house

L'assistance éberluée à tout d'abord le privilège de voir la troupe (sortie précipitamment de scène en laissant les instruments jouer seuls) revenir habillée en apôtres tout de blanc vêtus. Tout ce beau monde se lance dans une chorégraphie improbable, mais fort drôle. Et là c'est le happening : des roadies déguisés en soldats romains avec lunettes de soleil installent une croix et crucifient Rufus Wainwright sur celle-ci, puis lui mettent un masque, pendant qu'il interprète Gay messiah sous bonne garde... Ce moment digne d'une comédie musicale mise en scène par le médiocrissime Elie Chouraqui est aussi volontairement hilarant (ce qui n'est pas le cas des Dix Commandements), que bref. On se demande si on n'a pas rêvé, voire si quelqu'un n'aurait pas mis à notre insu du LSD dans notre verre.

Hallelujah

Après avoir quasiment vu Jésus en vrai, un nouveau miracle se produit : M. Wainwright revient jouer deux titres magnifiques. Chantée en français dans le texte, La complainte de la butte (une chanson popularisée par Cora Vaucaire en 1954, enregistrée par la vedette du soir pour le BO de Moulin Rouge de Baz Luhrman) nous plonge dans une félicité tout bonnement magique. Quand le refrain - Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux, les ailes des moulins protègent les amoureux - est interprété d'une voix sidérante de beauté, on a très envie de fondre en larmes, de joie. On fait bien de se retenir car sinon on se serait carrément roulé par terre en pleurant juste après ; c'est au tour du mythique morceau de Cohen, Hallelujah, d'être magnifié en compagnie des deux choristes, elles aussi en grande forme vocale. Après de telles merveilles, le dernier titre du concert, Beautiful child, parait un peu fade, malgré ses qualités. On ressort de la Coopé totalement converti par ce messie gay extraterreste, avec l'envie de hurler "Hallelujah !" sous la pleine lune.


Sites Internet : www.rufuswainwright.com, www.lacoope.com.

Leopold Skin : les dernières chroniques concerts

Evening Hymns + Leopold Skin + Summer camp en concert

Evening Hymns + Leopold Skin + Summer camp par Pierre Andrieu
Point Ephémère, Paris, le 14/09/2010
Soirée BimBamBoom plutôt réussie au Point Éphémère à Paris, avec à l'affiche la très belle folk rock pop de Leopold Skin, l'excellentissime duo folk canadien Evening Hymns et... La suite

Christina Antipa + Leopold Skin + June Madrona en concert

Christina Antipa + Leopold Skin + June Madrona par Pierre Andrieu
Le Rat Pack, Clermont-Ferrand, le 18/05/2010
Réunion improvisée d'une secte de hippies en goguette à Clermont-Ferrand ? Soirée pour préparer une randonnée escalade dans le Parc Régional des Volcans d'Auvergne ?... La suite

Frànçois & The Atlas Mountains  + Leopold Skin en concert

Frànçois & The Atlas Mountains + Leopold Skin par Pierre Andrieu
Le Rat Pack, Clermont-Ferrand, le 13/02/2010
Ahhh, la réjouissante soirée pop folk world que voilà ! Au programme, deux excellents groupes : Leopold Skin, en première partie, et Frànçois & The Atlas Mountains, en tête... La suite

The Delano Orchestra + Leopold Skin + St. Augustine + Pastry Case en concert

The Delano Orchestra + Leopold Skin + St. Augustine + Pastry Case par Pierre Andrieu
La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand, le 19/09/2009
Nuit magiiiiique dans les murs de la Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand avec les concerts des artistes du label Kutu Folk, St. Augustine, Leopold Skin, Pastry Case et The... La suite

Rufus Wainwright : les dernières chroniques concerts

Rufus Wainwright par Eric B
Espace Julien - Marseille, le 14/11/2007
avant toute chose je tiens à présenter mes plus plates excuses, auprès de internautes et de l espace Julien, pour tant de retard dans la rédaction de cette chronique. Mais bon fallait bien que je rende compte de mon retard - déjà - le soir du concert.. .pas du manquer grand chose non plus ( 2 chansons au grand maxi )... La salle est comble et... La suite

Rufus Wainwright par Sami
Espace Julien - Marseille, le 14/11/2007
Heureuse surprise de voir Rufus Wainwright à Marseille, c'est typiquement le genre d'artiste qu'on adore à ne faire que quelques dates en France tous les deux ans, en évitant systématiquement le sud. D'emblée évacuons le seul bémol de ce mémorable concert, fan inconditionnel de son premier album éponyme (paru en 1998) je fus au final un peu déçu... La suite

Keane + Rufus Wainwright par Marc
Olympia, Paris, le 22/03/2005
D'entrée de jeu, laissez-moi vous dire que ce 22 mars 2005 restera une date importante de l'année 2005 des concerts parisiens, et ce à plusieurs titres. Tout d'abord, parce que Keane est sans doute le groupe révélation de la "saison 2004-2005" sur la scène pop-rock internationale. Ensuite, parce que ce concert tant attendu (sold out depuis 3 mois,... La suite

La Coopérative de Mai, Clermont-Ferrand : les dernières chroniques concerts

Mass Hysteria + In Der Welt en concert

Mass Hysteria + In Der Welt par Jérôme Justine
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 16/03/2024
Les cathos vont à Rome, les musulmans à la Mecque, les gros chez Mc Do, et les rockeurs, eux vont dans une salle de concert lorsqu'ils veulent faire un pèlerinage. C'est un peu... La suite

Interview de Peter Doherty et Frédéric Lo en concert

Interview de Peter Doherty et Frédéric Lo par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 15/04/2024
Juste avant leur concert mémorable à la Coopérative de mai, Peter Doherty et Frédéric Lo nous ont accordé un long entretien au catering de la salle clermontoise pour parler du... La suite

Peter Doherty & Frédéric Lo en concert

Peter Doherty & Frédéric Lo par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 22/10/2023
"Bonsoir France profonde !"Grand concert de Peter Doherty & Frédéric Lo à La Coopé dans le cadre de leur tournée commune pour promouvoir le magistral album The Fantasy Life of... La suite

Pomme en concert

Pomme par Pierre Andrieu
La Coopérative de mai, Clermont-Ferrand, le 17/03/2023
Triomphal concert de Pomme dans la grande salle de La Coopé, bondée, à l'occasion du "Consolation Tour", la tournée organisée pour présenter son dernier album en date, très réussi,... La suite