Accueil Chronique de concert The Rusty Bells + My Little Cheap Dictaphone [MLCD] + Ghinzu
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Chronique de Concert

The Rusty Bells + My Little Cheap Dictaphone [MLCD] + Ghinzu

The Rusty Bells + My Little Cheap Dictaphone [MLCD] + Ghinzu en concert

Bikini - Ramonville 13 Avril 2011

Critique écrite le 19 avril 2011 par Stephanie K

From good to best.

Le Bikini commence à peine à se remplir lorsque les trois toulousains de The Rusty Bells investissent la scène, sous quelques rares ovations. Les lumières s'éteignent, les derniers retardataires prennent place, bière à la main, un peu sceptiques. Pas du tout préparés à recevoir les douze mille volts de ce groupe au rock rouillé, au folk souillé et au lexique universel. La jeune femme au synthétiseur, cheveux longs et d'une beauté très pure, surfera sur une vague d'instruments à la perfection; n'hésitant pas à abandonner sa basse pour un simple harmonica. The Rusty Bells, ce sont aussi des jeux de lumière à couper le souffle, qui susciteront l'intérêt des derniers dissipés.



Un leader capillairement fourni et très inspiré qui manipulera ses cordes comme un magicien, entonnant des riffs que l'on pourrait catégoriser vulgairement aux côtés de ceux de Metallica et des Raconteurs, le tout saupoudrée d'un peu de Bob Dylan.
Le public est captivé, les Rusty Bells ne sont maintenant plus une première partie mais une découverte sensuelle et téméraire. N'hésitant pas à décliner leurs atouts dans une ballade qui aurait pu faire partie de la bande originale de Kill Bill, pour mieux rassembler autour d'un post-punk des plus entraînants, épaulés par une batterie à paillettes dorées complètement démente.
The Rusty Bells a tenu le pari. Plus personne ne siffle de bières à la buvette, la salle est comble, prête à recevoir ce que MLCD leur réserve, sans vraiment réaliser ce dans quoi ils s'embarquent.

(Not so) Tragic Tale of MLCD.

En ouverture, Mr Sandman des Chordettes annonce la couleur. Sur scène, d'étranges écrans verts empilés, un clavier rouge vif et un micro vintage certainement piqué à Elvis Presley. Portés par des vidéos diffusant des images minimalistes de silhouettes tourbillonnantes ou autres buildings en construction, tous vêtus d'un costume noir impeccable, les cinq liégeois de My Little Cheap Dictaphone [MLCD] gagneront le respect d'un Bikini émerveillé pendant près d'une heure.



L'intégralité de l'album The Tragic Tale of a Genius sera jouée, racontant l'histoire d'un homme ordinaire, son ascension sous les projecteurs; la gloire d'un génie puis sa descente aux enfers.

Il s'agit donc d'un spectacle musical animé, pas simplement d'une récitation de texte. Les images appuient chaque note, qui rebondit sur chaque mot. Le tout s'emboîte comme des poupées russes. Il y a quelque chose d'intemporel dans leur manière de vivre leur musique. Impossible de catégoriser leurs sonorités. MLCD réussit l'exploit de ne ressembler à rien de déjà fait auparavant.

A cette originalité s'ajoute une très jolie surprise que la présence de "cordes" sur scène. Une prestation poignante du violoniste Damien Chierici qui maîtrise suffisamment bien son instrument pour sortir de la trame des versions studios et s'offrir de vives improvisations pour un rendu bluffant. Un charisme digne des plus grands, même si il n'a rien à envier à personne question centimètres !



Redboy au chant, bien que tenu de cadrer ses mots sur les vidéos (réalisées par Bubble Duchesse), n'en est pas moins très proche de son public, n'hésitant pas à plonger dedans la tête la première pour y chuchoter des secrets à l'oreille des jeunes filles ou nager au milieu des requins en fond de fosse.

L'absence des quelques invités de l'album passera inaperçue, grâce à un Xavier (basse) qui donne la réplique à Redboy avec aisance, allant même jusqu'à caler leurs deux pas dans une presque-chorégraphie sur une interprétation de Shine On tridimensionnelle.



MLCD, même si peu reconnus en France, s'est forgé une réputation dans les salles de leur Belgique natale. Du concert le plus intimiste à des scènes grandioses, accompagnés de guests prestigieux (Hollywood Porn Stars) ou d'un gigantesque orchestre symphonique, ils ont su imposer leurs sonorités avec fierté. On leur souhaite la même notoriété en France, des centaines de dates à chaque bout de l'hexagone, des milliers de groupies bien méritées. Même si j'aimerais bien garder ce secret plein de talent pour moi toute seule !


Cheveux longs, cheveux courts, barbe de huit jours, veste en cuir, débardeur à licornes.

John Stargasm s'installe au clavier. Ténébreux, lunettes de soleil chaussées, démarche particulière et moue sexy vissée sur le visage. Suivi de près par son crew qui s'éparpille sur scène. Jean Montevideo aux claviers complémentaires, Tony Babyface derrière ses caisses et autres cymbales, Mika Nagazaki à la basse et Greg Remy à la guitare.

Scène plongée dans l'obscurité, les premières notes de Mother Allegra, aux sons d'orgue religieux, forcent au recueillement et rassemblent l'attention des derniers étourdis par le set de MLCD. Un morceau court, empli d'échos, bercé par des lumières vertes qui nous présente le groupe en ombres chinoises. Ouverture parfaite. Couplée à une montée en puissance de la basse sur 42 tours signée Mika, elle se transforme en fondu parfait avec Mirror Mirror.



Tony tambourine fermement, Jean fusionne avec sa guitare, le show est lancé. John, déjà à dix mille années lumières, nous lance un "Try me, I'm beautiful". Je n'ai trouvé personne pour le contredire, à ce jour. Les propos sentent le sexe (et non la politique !). Ce titre très dur sera reçu dans un brouhaha d'applaudissements.

Au premier égrènement de Dream Maker, dans ce "Come Right !" comme pour nous prévenir que Ghinzu n'hésitera jamais à monter dans les aiguës; Jean répond à John qui est maintenant aux limites du rap. Il nous demande "You wanna get more ?"; et comment !

Nous sommes maintenant analogiquement invités à être "Ready for love" par une voix synthétisée, pendant que l'absence des néons (seuls décors scéniques que le groupe nous offre habituellement pour sublimer leurs sets) se fait sentir sur l'intro de Cold Love. Ghinzu, ce charisme incarné, cette voix si différente. Ils imposent leurs vérités universelles avec audace. "I know my tongue will make your mind". Chaque acteur du groupe s'attèle à faire prendre son pied à chaque spectateur, jusqu'au dernier. Pas un seul corps immobile. Mission accomplie.

John quitte enfin son clavier. Il nous invite à Take it easy, tout en douceur. Et si ça ne nous convient pas... "Let it go." Simple et efficace.

"La prochaine chanson s'appelle Dragon." Le seul morceau tiré de leur premier opus, Electronic Jaccuzzi. Pas des plus accessibles avec son rythme entrecoupé de silences, ses lyrics denses et pourtant, ils créent une atmosphère feutrée, feutrine, agrémentée de lumières rouges puis de flashs sur les crescendos des refrains. John s'élance dans ce swing qui lui est propre. Ça jure, ça monte, juste assez pour donner très envie. Comme des préliminaires auditifs.



Dragster Wave. Très sobre, pleine de poésie. Montée en flèche sous les riffs d'un Jean aux yeux mi-clos, aux lèvres entre-ouvertes. Greg allume une cigarette de rigueur. Les loups sont lâchés. La pression monte. La bouilloire siffle. BOOM. "And we crash." Ils hurlent maintenant à l'unisson dans un récit poignant de justesse.

Do You Read Me sonnera le climax de ce set. Une chorale de près d'un millier de personnes s'époumone, s'essouffle et s'agite sous le regard surpris du groupe. John semble très fier de cet effet et renvoie la balle avec un déhanché démesuré, rassemblant la foule en délire dans une communion festive et bon-enfant comme seuls des belges savent le faire.

C'est avec The End of the World qu'ils mettront les choses au clair : "It's not too late, it's not tomorrow yet." Le show est loin d'être terminé et il va falloir donner les quelques graines d'énergie qu'il nous reste, au milieu des vapeurs étouffantes d'un Bikini survolté.

Une intro digne d'un slow de George Michael laisse les derniers novices perplexes, alors que Tony torture sa grosse caisse. Chocolate Tube. Mes voisins de fosse s'interrogent. Vous avez bien entendu. "Ah qu'est-ce que c'est ? C'est toi ou c'est du chocolat ?" Parce que Ghinzu, c'est aussi une très grosse dose d'humour et d'autodérision. Le micro de Greg terminera face à la foule qui scandera des "Awww awww", sous le regard bienveillant de Mika et les applaudissements de Jean. Sans artifices.

Mine annonce la fin du set officiel. Sur laquelle les cinq belges jouent aux statues vivantes pendant plusieurs secondes.

Rappel doux entamé avec This Light, un long piano/voix rapidement rejoint par Greg qui prendra toute la place pour une petite minute enflammée.



Blow. Un final digne des plus grands que Ghinzu nous offre. Les yeux s'humidifient dans le public. Vite séchés par une dernière bizarrerie. John grimpe sur son clavier à la fin de Kill the Surfers, dos au public, balançant ses derniers mots.

Ils quitteront ensuite la scène un par un. John balance son micro à terre, lançant un dernier regard à la masse, comme pour immortaliser ce moment, suivi par Mika qui nous porte un toast au vin rouge. Tony déserte ses caisses discrètement, tout sourire. Jean salue longuement la salle. Il ne reste plus que Greg, qui trifouille un clavier, très concentré, et qui rejoindra les coulisses dans une révérence de princesse, nous abandonnant à un son assourdissant et des flashs qui entament la redescente pas bien évidente d'un après-Ghinzu dont chacun gardera un fragment de fraîcheur.

Les visages ont un air conquis et ravagés. Rodés par plus de deux ans de tournée, pas une seule fausse note ne viendra salir ce set magistral offert par ce que la Belgique a produit de plus agréable depuis bien longtemps. Un son pur et une rigueur extraordinaire.

Plus de clichés par Zys ici : https://www.flickr.com/photos/zys_/sets/72157626519681988/

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