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Chronique de Concert

The Magpie Salute

The Magpie Salute en concert

Espace Julien Marseille 15 novembre 2018

Critique écrite le par


Amorica's First !

Préquelle :
"Prenez du plaisir, il en restera toujours quelque chose !", disait le grand Lao Tseu (ou bien était-ce son cousin Cheng Leu? Son voisin Pan Yuliang ? Sa... femme de chambre Mexicaine ?) ; peu importe, lorsque le gars parlait "d'or" à ses nombreux disciples, il leur recommandait tout spécialement de "s'éclater au max dans la vie !", avant que celle-ci ne se venge et ne vous éclate pour de "vrai", à son tour et à jamais...
Une belle maxime indexée sur la vie (et rien d'autre ?) que les visiteurs du soir auront manifestement faîte leur : tellement ils semblent décidés à ne surtout pas se prendre au sérieux et régaler leur auditoire en revisitant chaque soir leur patrimoine musical perso et celui d'un pays tout entier : "America's First, !", en la musicale matière, certes, oui, bien sûr, mais, pas que...
Il aura suffi pour cela, de s'attarder sur le contenu des concerts donnés depuis la sortie de leur premier disque capté "Live" et sobrement nommé, The Magpie Salute, (pas banal, de nos jours, que de commencer une discographie officielle en privilégiant des "reprises", face à un public toujours en attente de "nouveauté" ou "exclusivité"). Des concerts variés du contenu à l'extrême, laissant une belle part aux duels de guitares et instrumentales improvisations. Une tâche musicale originelle, donc, qui les aura vu par la suite s'atteler d'envie à l'enregistrement, puis la parution, du très abouti et recommandable : High Water (2018).
Là encore, rien de bien nouveau sous le rural soleil de la "Country Rock Folk Baignée d'Effluves 60's et Parsemée de Petites Envolées Psyché !" : une "non" catégorie déjà popularisée par leurs illustres grands anciens au fil des décennies et siècles, tour à tour nommés : The Charlatans, Jefferson Airplane, Crosby, Stills, Nash & Young, The Byrds, Allman Brothers, Grateful Dead, The Band, The Flying Burrito Brothers, Little Feat, Poco, Jayhawks, Counting Crows, Wilco, ou, tant et tant (d'autres) encore ; tous pétris à la fois, de talent, d'"histoire US et tradition", d'une envie exponentielle de faire à chaque fois avancer le "truc" un peu plus sans jamais omettre de rappeler d'où ils sont issus ni de remercier leurs prédécesseurs à grands coups de reprises, saluts malins ou clins d'œil malicieux. Rien que du très prometteur, donc, in fine, à l'orée de cette future belle soirée à passer aux abords du, toujours un rien trop bondé d'"individus imbibés de degrés", Cours Julien.


Séquelles...
D'entrée, le rideau noir posté, barrant/coupant la salle en deux parties inégales, s'en vient nous rappeler à quel point ce style musical peine à faire puis drainer de l'adhérent par chez-nous ; pas une réelle nouveauté, soit, mais toujours une (amère) déception. Les gars qui se préparent visiblement à entrer sur scène - l'encens se consume en avant-scène et les instruments vintage sont d'ores et déjà en place - risquent de l'avoir "mauvaise", vu qu'ils sortent tout juste d'une série de concerts donnés en Espagne devant des foules animées, épaisses et conquises.
Lorsque la lumière s'éclipse elle aussi - pour aller boire un coup en terrasse, dehors ? Là où la plus grande partie de la ville semble s'adonner à SA vision très personnelle de la culture, en mode "pastis et bière"... - l'on respire mieux en se disant qu'ils n'y verront peut-être ainsi que du "feu", rayon faible assistance.


Une (courte) respiration plus loin, l'entrée placide et discrète du sextet d'outre atlantique pose illico le décor de la future soirée : l'ensemble se lançant dans une belle version étirée de l'emballant High Water : "Je me sens dès le matin, léger tel un papillon / puis redescend lentement vers le soir / sent le blues monter, une fois la nuit venue... ". Dès les premiers mesures, l'on sent que l'ensemble tourne rond et huilé, pas besoin de longue mise en place, les gars tournent en de dates rapprochées depuis quelques mois et la cohésion n'est plus à faire, ni démontrer. C'est du solide, et ça s'entend. La connexion Black Crowes aura d'ores et déjà posé les bases depuis la lointaine 1990, et la "bouteille" (et la technique individuelle) des autres musicos, achève d'audible de cimenter l'ensemble : d'où cette version plutôt "carrée", qui s'étire bientôt en mode "Grateful versus Allman versus Gov't Mule", le tout parsemé de belles parties de slide guitare, made in Mr Robinson... Rich !


Plus sèche et hargneuse, Mary The Gypsy vient à point nommé nous rappeler que le susnommé Robinson était déjà LE compositeur attitré des déclarés défunts Black Crowes, ainsi que du désormais plombé/plumé de l'aile, Brothers Of A Feather, puisque, ayant suivi en la matière, le sombre exemple des lointains Adam et Caïn, Jacob et Esaü, Polynice et Étéocle, Rémus et Romulus, des Frères Karamazov, "Beach Boys" Wilson ou Gallagher, ils ne se risquent plus à s'approcher à moins de dix mètres, l'un de l'autre - "musicalement" parlant, bien entendu... - sous peine de risquer de déclencher sur le champ (de mines très personnelles) un conflit violent et généralisé...
Occasion nous est donc donnée, ici, de s'attarder un tantinet sur le nouveau venu au chant, justement, le dénommé John Hogg. Sous de faux airs de Adam Duritz (chanteur charismatique des autres Crows US, les Counting, en l'occurrence) l'ex Hooka Brown dégage une certaine joie de vivre et chanter, ainsi qu'une voix chaude, dotée d'une réelle émotion (sur le mélodieux For The Wind, notamment) ; problème majeur, en dehors de l'impromptu "intermède" acoustique sur lequel nous reviendrons sous peu, celle-ci peine à surnager, voire même parfois à exister, tant le mur du son distillé par le quintet disséminé tout autour, mange parfois tout l'espace ; L'Espace (Julien) quant à lui, semblant également trop "petit" pour bénéficier d'un tel déluge sonique/sonore : l'ensemble joue donc très fort et cela nuit parfois pleinement à son efficacité/volonté première : nous régaler ! Omission (l'une de ses compositions) sera d'ailleurs passée à la moulinette à décibels, sans que la qualité intrinsèque de l'interprétation ne soit pour autant responsable du brouhaha généré, d'autant que le section rythmique, formée du "Corbeau" Sven Pipien (Basse) et de Joe Magistro (batterie), propulse ou soutien l'ensemble de façon "carrée", énergique ou précise.


Tout du long de cette Européenne tournée, les gars s'amusent à reprendre tour à tour des chansons de Echo & The Bunnymen (The Killing Moon), Blind Faith (Had To Cry Today), du Band, de Crosby, Stills & Nash (You Don't Have To Cry), de James Brown, des Byrds (Eight Miles High), du Velvet Underground, ou de Dylan, Bob (Girl Fron The North Country) ; cette fois, c'est au tour du Canada d'être mis à l'honneur, à l'aide du magistral, du mythique, Everybody Knows This Is Nowhere. Une version envoyée à l'"ancienne", dans l'esprit du Loner, nantie d'un solo pris sur superbe Gretsch crème, à peine moins dépenaillé (en apparence) que ceux que Neil Young aura délivrés toute sa vie de scène, durant. Cette judicieuse reprise, envoyée de savoir - de quoi renvoyer à l'oubli pour toujours ces nombreux groupes "Tribute À" qui envahissent trop souvent nos salles sombres et campagnes - v'la que Black Coffee, œuvre du sombre et controversé, mais génial, Ike Turner, se pointe au crachoir à notes, portée par une Fender Esquire qui défouraille, qui guide le navire, façon proue...


À peine le temps de noter qu'ils sont cinq porteurs de barbe, pour un unique (et minoritaire) moustachu assis derrière ses fûts et cymbales, c'est au tour de Marc Ford de squatter la voix principale à l'aide de son Shalimar Dreams ; opportunité nous est alors donnée de vérifier, une fois de plus, à quel point les deux guitares semblent souvent n'en faire qu'une : se suivre, se croiser, s'épauler, s'épouser ou se soutenir, sans chercher aucunement pour autant à tirer la couverture à soi (ou à l'autre "soi") et ce, même si le gars Rich dirige manifestement l'ensemble, décidant à la fois de la longueur des morceaux et des billets ou tours gratuits à allouer aux autres, tous les autres. Il suffira de l'observer durant Down The Road, pour s'en convaincre.


Dès la fin du superbe Seven Chinese Brothers, joué en duo (John & Rich) - délicatement nimbé d'arpèges, notes et vocalises inspirées - Rich annonce curieusement qu'il s'agissait d'une "reprise de Blue Oyster Cult !", puis s'excuse, en attribuant sa paternité à 38 Special : étrange, puisque icelle est née des neurones créatifs du groupe phare d'Athens, Georgia, REM ! Désormais rejoints par la "sèche" de Marc Ford, ils se fendent d'une très belle interprétation de LEUR You Found Me, durant laquelle la voix de Hogg, parfaitement captée, cette fois, fait merveille. Dommage, dommage, qu'une voix mâle provençale bien grasse, n'ait crue bon de tenter de s'y mesurer, ou bien tenter de la couvrir, rejointe en cours de route par celle de sa femelle : tous deux réunis de vide autour de leur téléphone mobile, un peu plus loin derrière, sans égards aucuns pour les musiciens présents sur scène ou les spectateurs conquis par la délicatesse du moment. Retournez donc fissa brailler au bar du coin, dans les tribunes du stade, là où votre véritable place se trouve - il aura alors suffi d'un regard affligé, lancé d'interrogation vers leur direction, depuis la scène, par le sieur Robinson, pour comprendre que notre (re)sentiment était malheureusement partagé...
Un passage "débranché" (capté uniquement par des micros additionnels dirigés vers eux et leurs instruments) qui donna l'impression de partager un réel moment d'intimité avec eux (hors quelques malotrus et gros lourds sus cités) et qui donna l'opportunité à Marc Ford de se rappeler au bon souvenir de toutes et tous : l'homme sait y faire, à l'image du solo inspiré de Bring On, Bring On, des... Crowes (Black !).


Placé en guise d'ultime morceau de High Water (sur vinyle et CD) Open Up - le genre de mid tempo, qui, mine de rien, "envoie sa race US" et fait monter la température du lieu d'un cran supplémentaire - tombe à point nommé pour rappeler à tout un chacun, pourquoi "America's First !" signifie bien plus qu'il n'y paraît (lorsque ce slogan des campagnes n'est pas utilisé pour exclure uniquement, mettre l'autre à l'index, en lieu et place de rassembler) ; sur ce type de morceau, rien à faire, c'est dans leurs gènes, ils sont tombés dans la marmite étant enfants, et jamais nous ne saurons/pourrons, comme eux, le faire sonner. Rien à faire, non, que nenni, enfin, plutôt... Nope !


Durant I'm Free, les sourires partagés à la fois sur scène, et dans la salle, en auront dit long sur le pourquoi du comment de leur présence, ce soir, céans. Présence quasi "fantomatique" par contre, du pauv' gars installé de biais derrière ses claviers, qui jamais ne sera véritablement "audible" ou bien mis en exergue : difficile, donc, d'en retirer quoi que ce soit de marquant, a posteriori, que ce fût positif... ou pas.


Pourtant "sous mixé" tout du long, vocalement parlant, John Hogg, se place, hilare, devant le micro, afin d'y annoncer la prochaine : "celle-ci a été écrite par Richie, enfin... elles le sont toutes, ou presque, bref... celle-ci s'appelle Shipwreck !".
Dès la fin de Can You See - rêche et mélodieuse à la fois, énergique mais travaillée au cordeau, d'accords, riffs et enluminures, de parties de slide entrecroisées, le gars porteur d'un tee-shirt à "Banane très underground, reviens vers le micro pour (se ?) nous demander, si "tout va bien ? Parce que, vous semblez calmes !" (forcément, après la probable exubérance/ferveur Espagnole des jours précédents, ça doit interpeller et/ou inquiéter d'autant).
(En partie) rassuré par la réponse des "présents", il se fend (la poire) d'un "Voici une autre chanson composée par Richie !" et tous se lancent à l'abordage du champ des Corbeaux Noirs d'antan : une trilogie hargneuse, bourrée d'urgence et bave, composée de Bad Luck Blue Eyes, Hotel Illness et Sometimes Salvation, destinée à faire bouger et se lâcher la salle, soit, mais également à signifier à tous, en particulier aux humains lambdas dotés d'une mémoire courte ET sélective, à quel point les Black Crowes auront été importants au cours des (pas si) lointaines années 90 ; que nombre de leurs albums sonnent toujours d'actualité et gagnent à êtres connus/joués, ou simplement... découverts (pour les retardataires, les futurs nouveaux adhérents).


J'en profite, par ailleurs, ci-après, pour glisser d'envie une courte sélection de leurs principaux "méfaits musicaux" commis au fil des ans et décennies sur bandes : Shake Your Money Maker (1990), The Southern Harmony & Musical Companion (1992), Three Snakes & One Charm (1996), Live (2002), Before The Frost... Until The Freeze (2009), Croweology (2010), ou bien Amorica (1994), enfin, "Amorica's First !", parce que mon préféré... que je m'en vais tout de go réécouter une bonne paire de fois, afin de me souvenir au mieux, de cette bien belle soirée !

PS :
Attentif et bonhomme, le gars Rich fera don de plusieurs de ses médiators à deux gamines installées de passion au premier rang ; vu la moyenne d'âge globale du lieu, plus proche des rides creusées de mathusalem que des membres actifs de la génération "Y", ça aura dû le rassurer ET le soulager à la fois. Enfin, un peu. Les techniciens et membres de l'entourage du groupe suivrons alors son exemple en distribuant moult médiators et setlist du soir aux fans manifestement en attente : classieux !!!!


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