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Chronique de Concert

The Posies + Cheap Star + Coco

Nouveau Casino, Paris 18 juillet 2005

Critique écrite le par

Stéphanie est interne en psychiatrie, elle est venue de Lille. François est journaliste, il vient spécialement de Limoges. Tout deux sont des fans des Posies. De longue date. Au moins depuis 1993 et l'album Frosting on the beater qui avait rencontré un succès certain en France. Je me rappelle avoir alors enregistré une black session de cet autre groupe de Seattle. Bernard Lenoir n'en revenait pas. Les américains ne voulaient pas s'arrêter. Ils continuaient à aligner les titres après la fin des 45 minutes de direct. Je me souviens d'une reprise échevelée de Black Knight de Deep Purple, "et aussi Wiggly world de Devo", complète Stéphanie. Nous sommes au Café Charbon, le bar attenant au Nouveau Casino. La tension monte avant le concert. La peur d'être déçus. "Et s'ils ne jouaient pas Solar sister. Et s'ils ne sautaient pas dans tous les sens." Jusqu'ici, leur groupe fétiche n'a pas eu l'occasion de les décevoir. François a quand même taper le bœuf avec eux au Chesterfield Café ! C'était vers 1995, le groupe s'était produit pendant une semaine d'affilée dans ce bar rebaptisé depuis le House of live. Des soirées d'anthologie où les spectateurs d'alors avaient pu voir Ken Stringfellow jouer en robe avec les cheveux teints en rose. Et François, donc, un de ces soirs avait fini sur scène une basse en main pour soutenir la guitare de Mick Jones, oui le Mick Jones des Clash !! Mais tout ça est loin. François avait encore des cheveux à cette époque. Depuis, les Posies ont publié d'autres disques sans que le succès de Frosting on the beater ne se répète. Leur dernier album ironiquement intitulé Success en écho à leur tout premier, Failure, n'a même pas fait l'objet d'une tournée de promotion. Le groupe s'est mis en sommeil. Ken a sorti deux albums solos. Jon Auer, l'autre pilier des Posies, s'est reconverti dans la production. L'histoire aurait pu se terminer ainsi. Dans l'oubli. Mais comme tant d'autres groupes vétérans (Mission of Burma, Pixies, Dinosaur Jr, Stooges, Television...), ils ont décidé de se reformer. Un nouveau disque est même paru le mois dernier, Every kind of light. Et chez nos deux fans, c'est l'angoisse. Les Posies sont-ils toujours les Posies ? Le dernier concert parisien en formation complète remonte à 1996. Ils s'étaient rabattus sur l'Arapaho, au lieu du Bataclan, faute de réservations. Aujourd'hui, c'est le Nouveau Casino... à quitte ou double ? L'angoisse fait perdre à François son sens de l'idolâtrie : "Jon Auer c'est pas un poète. Il a une écriture assez légère. C'est bien simple, ses chansons, ce sont les impaires sur Amazing Disgrace, celles que l'on saute." Il faut dire que pour François et Stéphanie le Posies en chef, c'est Ken Stringfellow. Il le cherche du regard dans le bar, en vain. Ils croient reconnaître le bassiste...
Bon... nous avons avalé nos bières, il est temps de voir ce qu'il se passe dans la salle. C'est l'heure des premières parties. Je m'approche de la scène. Mes camarades, eux s'assoient à l'étage au milieu de la fumée et à côté de Keeen !!



J'avais fait mon malin en annonçant Coco, comme étant un duo américain basse-batterie. Mais les Coco qui s'avancent sur la scène n'ont pas du tout le look du groupe de K records. Et pour un duo, ils sont même cinq. Deux guitares, une basse, un synthé et une batterie. Je suis déçu de ne pas voir Chris Sutton et Olivia Ness, mais les imposteurs parisiens proposent une musique pas du tout inintéressante. La basse est sautillante, les claviers me rappelle le XTC première période, en moins syncopé, avec des guitares plus grasses et bien énervées.



Le groupe semble prêt à quelque compromission pour se faire connaître puisqu'ils font défiler une blonde, cousine de Lova Moor, pour nous donner leurs coordonnées.



La température redescend rapidement avec Cheap Star, un autre groupe français. Ca commence mal. Je n'entends pas la voix du chanteur, le son est mauvais. Ca s'arrange à partir du troisième morceau. L'intro est assez dynamique. De la power-pop dans la veine de Guided by Voices ou des Posies. Mais cette power-pop manque singulièrement de power. Le chanteur-guitariste semble plus guitariste que chanteur. Il plaque de jolis accords, se fend d'un solo par chanson, mais son chant est trop faible et ses "babe, babe" sonnent vraiment gnan-gnan.



Globalement, cela manque de vie, tous les morceaux obéissent à la même formule. Je m'ennuie. Je me tourne alors vers le public. Et là, aussitôt, je reconnais Arrington de Dionyso, le leader d'Old Time Relijun. Lui ne semble pas du tout de mon avis. Il ne boude pas son plaisir et bouge comme un beau diable.



Il ne s'arrêtera de danser que pour aller saluer Jon Auer, avant que celui-ci ne monte sur scène avec Ken pour prêter main forte à Cheap Star sur leur dernier morceau, signe de la disponibilité et de la gentillesse des deux musiciens américains.



Voyant les choses se préciser avec leurs idoles sur la scène, François et Stéphanie sont descendus et se glissent maintenant dans les premiers rangs du public. Encore quelques minutes d'attente. Le temps pour eux de me signaler que Ken vit en France et que sa femme s'appelle Dominique, que le roadie est le même depuis le début et qu'il a ainsi monté les fûts des trois batteurs successifs, que Ken, encore lui, accompagne R.E.M. sur leurs tournées comme second guitariste, que Stéphanie leur a écrit et qu'ils lui ont répondu... Je profite d'ailleurs des compétences de Stéphanie en psychiatrie pour lui parler de mes collègues de travail quand celle-ci m'interrompt : "Hé, mais c'est l'intro d'I can dream all day (leur tube), ils vont la jouer en premier pour s'en débarasser".



Pas tout de suite cependant, c'est le bassiste qui a vendu la mèche en gratouillant sur ses cordes, mais Ken, toujours lui, n'est pas prêt, il doit régler quelque souci technique. Les autres improvisent de la bossa-nova pendant ce temps. Juste quelques mesures, puis en effet, I can dream all day, en ouverture d'un set fougueux où les musiciens n'ont guère eu le temps de reprendre leur souffle.
Toutes les appréhensions des fans ont fondu devant ce torrent de décibels.



Ken a sauté dans tous les sens, ils ont joué Solar Sister, ils ont très bien interprété Love letter boxes et Jon, bien que sérieusement empâté a fait des trucs extraordinaires avec sa guitare démontrant une parfaite maîtrise du larsen.



J'ai reconnu les principaux morceaux de leur fameux album de 1993, qui effectivement sont plus efficaces que les autres. Ils ne m'ont cependant pas impressionné plus que ça. Trop classiques. Pour moi, le roi du genre reste Robert Pollard et Guided by Voices, son défunt groupe (depuis le 31/12/2004). Cependant, GBV s'est toujours montré incapable d'une telle maestria en concert. La faute, vraisemblablement, à la glacière rempli de bières et aux bouteilles de whisky présentes systématiquement sur scène.



Ce soir, les Posies ont, eux, réalisé une performance qui les classe parmi les plus grands groupes de scène. Ils ont joué des versions bien plus sauvages que sur leurs albums dévoyant leur power-pop sur les sentiers du punk-rock.



Le concert n'a pas duré très longtemps. Nos deux fans ont eu leur juste dose, pas plus, pas moins. Le groupe a joué surtout des morceaux de ses deux derniers albums et quatre seulement du dernier.
"C'est notre tout premier concert depuis l'enregistrement d'Every kind of light, demain nous serons en Suisse.



On est un peu fatigué, mais les choses se passent bien. On devrait revenir en octobre pour plusieurs dates en France", nous a confié Darius Minwalla, le batteur. Juste après ce petit échange, François approche Jon Auer pour lui dire à quel point il est content de les avoir vus ce soir. Ah s'il savait ce que le petit traître a osé dire sur son compte plus tôt dans la soirée ! Il profite de ma présence, ainsi que de celle de mon appareil pour prendre la pose à côté du Posies : "Si j'existe, si j'existe..."

 Critique écrite le 21 juillet 2005 par Bertrand Lasseguette


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