Chronique de Concert
Unaesthetic Vertigo
Bon ok avec un titre pareil " Vertige inesthétique " j'aurais du me méfier ... mais bon maintenant que j'y suis allé j'assume et je vais essayer de mettre en forme les sentiments souvent contradictoires que j'ai eu ce soir là. Ayant eu un mal fou à partir de la traditionnelle soirée Japan Gourmet Machin Chose de Lollipop j'arrive avec un poil de retard à la Meson. A priori ça n'a commencé qu'il y a un quart d'heure. L'écran étant situé sur le mur de la sortie j'ai l'impression de pénétrer dans le spectacle à l'envers : une partie du public (celle qui a les yeux tournés vers l'écran) me regardent alors que les musiciens que je vois (en fait un peintre et une cameraman) eux me tournent le dos.
Mais reprenons dans l'ordre ... Unaesthetic Vertigo est un projet à l'initiative du très prolifique et pléiotrope David Merlo regroupant Thomas Barrière (guitares et objets) Marc Hernandez (peinture, dessin, vidéo), David Merlo (basse) et Bastien Pelenc (claviers, violons, objets). Et comme le prévenait le communiqué du Bureau Détonnant : " Membres actifs de l'Unmarked Icons Company, Thomas Barrière, Bastien Pelenc, Marc Hernandez et David Merlo, suite à de nombreux tests en laboratoire, grottes et autres tipis en tous genres, procèderont aux sacrifices et incantations dignes à honorer les Sains Sens parallèles afin de vous offrir un cinéma pictural à la renverse. Avec une louche d'icônes et une pincée d'idoles, entre deux couches d'éditoriaux et trois de couleurs primaires, les chants grégoriens y passent à la disto, et la souris verte à la moulinette. "
Ciné concert plastique donc ... de loin le ciné concert dans lequel j'ai eu le plus de mal à rentrer (parmi les religions sauvages, ceux de Uli Wolters, de Fantazio, de Akosh & Gildas ou plus récemment celui de Imbert / Fenichel ou le Concert animé de Quaisoir). Visuellement (c'est la première chose à laquelle je me suis intéressé) c'était plutôt sympa ... Marc dont j'avais déjà vu quelques trucs au sein de la Force Molle (à un Musique Rebelle et à un festival POC) a commencé par peindre sur des modèles sur des pubs de magazine ... le tout retransmis en direct bien sûr ... puis à la peinture est venu s'ajouter les découpages (ou arrachages), puis ont est passé sur des œuvres classiques / religieuses avec des mélanges amusants (dans le bon sens du terme).
A cela est venu s'ajouter des effets de videos (replay en accéléré notamment), un tenaille et ses photocopies qu'il repeignait au fur et à mesure ... bref de tout et de n'importe quoi, sous le " contrôle " d'un drôle de bonhomme en grande chemise et au casque anti-bruit posé sur les épaules. Plus au fond David et Thomas avaient les yeux en général rivés sur l'écran ce qui leur donnait un côté un peu absent, renforcé par le fait qu'ils faisaient abstraction des deux camera(wo)men qui collaient leurs objectifs sur leurs instruments. Je suis tout à fait sensible à l'envie de vouloir garder une trace d'une performance artistique (sinon pourquoi est ce que perdrais mon temps à photographier et chroniquer tous les concerts qu'ai vu depuis une quinzaine d'années ?) mais je pense qu'il faut faire attention à ce que ce ne soit pas au détriment de la performance elle même ou du public présent en vrai.
C'est déjà ce qui m'avait chiffonnait lorsque David avait assuré la première partie de Chokebore lors du festival Chhhhhut. Déjà que ce n'est pas forcement évident de rentrer dedans. Bref ça n'a surement pas gêné grand monde mais moi ça a contribué à installer plus de distance et donné un côté plus artificiel / non spontané sinon en tout cas à tuer un partie de la magie du concert. Revenons à la musique et aux instruments ... David joue de la basse, de face ou de dos, avec un visage relativement impassible / concentré, il en joue de toutes les façon possible notamment en y coinçant des trucs (règles) dedans.
A côté de lui Thomas et sa guitare 2 manches, ou devrais je dire sa guitare-ukulélé semble dans la même approche, avec encore plus d'ustensiles ... au moment où j'arrive il a d'ailleurs une sorte de corne dans la bouche dans laquelle il souffle. C'est assez déstructuré vous l'aurez compris. Au centre Bastien passe du violon aux machines tout en utilisant différents sifflets lui aussi. De temps en temps il se met à s'agiter comme si coincé entre les images et les deux autres musiciens il tentait de s'arracher à son siège.
S'il y aura quelques moments plus nerveux que d'autres, l'ensemble est quand même relativement calme si bien qu'on a les yeux le plus souvent braqués sur l'écran nous aussi. En fait sur scène il est clair qu'ils étaient vraiment dedans (tellement que cela entrainera quelques mini problèmes techniques rapidement surmontés) Bastien et surtout Marc paraissant complètement galvanisés pour ne pas dire "stratosphérisés" par leur performance ...Les regards qu'ils échangeaient entre eux (à défaut de les échanger avec le public) étaient pétillants de complicités.
Au bout du compte j'avais l'impression d'avoir été invité à une fin de résidence où à une sesssion de travail (particulièrement aboutie) ... Après " le clou du spectacle " la musique cessera, les musiciens se présenteront sous les applaudissement fournis d'un public très expressif, dont pas mal de personnes que je croise plutôt / surtout à l'Embobineuse (qui (co)organisait le concert d'ailleurs). Le temps que je range mon appareil, les 3 camera(wo)men dont il n'a pas été fait mention oralement avaient disparues ... peut être les avais rêvées ?
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Critique écrite le 04 décembre 2011 par Pirlouiiiit
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