Accueil Chronique de concert Prog'sud 2007 : Rough & Ready + Eclat + Quidam
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Chronique de Concert

Prog'sud 2007 : Rough & Ready + Eclat + Quidam

Jas'Rod- Marseille 17 Mai 2007

Critique écrite le par

De retour sur les hauteurs ventées des Pennes-Mirabeau pour ce deuxième soir de Progsud. La salle du JasRod est à nouveau comble et les derniers arrivants sont debout.

Comme la veille c'est un groupe Japonais qui ouvre la soirée.

21h00 Rough and Ready

Guitare acoustique, piano,gazouillis d' oiseaux au bord d'une rivière accompagnent l'arrivée de Hidemi Miura sur through a moonlit forest. La chanteuse aux très longs cheveux noirs qui paraissait le sujet de la naissance de Vénus sur l' affiche du ProgSud semble être sirène ce soir, habillée d'une robe à larges mailles aux formes d' écailles. Flûte et tambourin, les cinq minutes d' ambiance bucolique vont prendre fin sous une tempête de décibels marquant comme une seconde introduction, prologue, électrique cette fois et réunissant la formation complète : Noboru Ttakasugi à la batterie, Hikaru-A-Kobayashi à la basse , Hiroshi Nagashima à la guitare et Ichiro Natsume aux claviers.



Prologue est en fait le premier des nombreux mouvements qui composent le morceau Page one et intitulés paradoxalement chapitre. A l' instar de ce paradoxe, on a l'impression que le groupe joue sur l' ambiguïté du côté "déjà vu" et de la carte de l'originalité. Les morceaux alternent entre rocks énergiques et ballades, voire parfois un peu variété (la dernière partie m'a carrément fait penser à de la chanson italienne) mais sont interprétés en japonais et agrémentés d' instruments atypiques comme l' ocarina (comme dans Albator!), ou d'un violon couché, sorte de steel pedal. Les ambiances des divers mouvements sont différentes mais leur transition, est systématiquement introduite par un passage de piano acoustique après une sorte de fausse fin. Ou encore tout un passage repose sur une simple montée de gamme répétée en boucle mais sur laquelle chaque instrument s'ajoute pour en faire monter l'intensité jusqu'à un solo de batterie.



L' interprétation est de très bonne facture : bonne voix de la chanteuse qui passe des vocalises aigües à des "WHOU" tribaux, bons soli de guitare blues/rock et de claviers et une section rythmique carrée. La balance des instrument est parfaite, si ce n'est que le son est globalement trop fort, mais ça tout le long de la soirée en fait.
Après presque 30 minutes de musique ininterrompue, et beaucoup d' applaudissements, Hidemi Miura prend la parole en anglais. Elle semble un peu tendue pour cette première représentation en japonais en Europe. Elle nous explique son choix du chant en japonais, mais trop émue elle en perd son anglais ! Suite, en version originale donc, avant qu'un spectateur crie un "I love you" de soutien, et qu'elle nous dise en anglais qu'elle n' oubliera pas Marseille et son public.
Deuxième et dernier morceau : free lunch, énergique et pêchu, le riff principal du morceau sonne très hard-FM style Def Leppard. L'occasion pour Ichiro Natsume de se faire remarquer en exécutant un solo tout en faisant le tour de son clavier.



21h40 Salut des musiciens et pas de rappel. Cette fois Alain Chiarazzo ne vient pas pour solliciter le public à rappeler le groupe mais pour expliquer que ce dernier avait prévu un set de deux titres sans rappel.

Aujourd'hui pas d' intermède folklorique. Nous en profitons pour aller voir de plus près cet objet bizarre qui attire chaque soir nombre de curieux devant le stand de son "ressuciteur" : Christian Sciara.
Christian Sciara a.k.a Déci a la passion du transistor. Se défendant bien d' "être un électronicien", il fabrique, entre autres, des amplis dont les heureux acquéreurs vantent la longévité quasi-éternelle, des pédales d' effets dont la finition métal brossé laisse les intéressés pantois...Mais la réalisation dont il est le plus fier, c'est cette boîte en plexiglas, dotée d'une antenne qui hurle lorsqu' on s'y frotte de trop près : le thérémin. Déci nous explique que l'objet doit son nom au russe Léon Theremin qui en fut l' inventeur en 1917 et que son principe repose sur l'effet de capacitance du corps humain sur l'un des deux oscillateurs qui le composent, celui relié à l' antenne . Pour utiliser cet "ancêtre du synthétiseur" il suffit d' approcher sa main de l' antenne : plus la main est proche de l' antenne, plus le son émis est aigü. Une fois que vous y avez goûté, c'est compulsif, vous ne pouvez vous empêchez de faire chanter la boîte, d'essayer si ça marche avec d'autres parties de votre corps...



Le son du thérémin a été utilisé par exemple pour les effets sonores futuristes de film des années 60, comme le jour où la terre s' arrêta, par Jimmy Page sur le solo whole lotta love. C'est d'ailleurs de cette écoute qu'est né le désir de Christian Sciara de refabriquer cet appareil, en y apportant sa touche personnelle, la possibilité de brancher un appareil lumineux dont l'éclairage varie avec la proximité de la main à l' antenne : "la version du thérémin pour les sourds" !
Inventeur, bricoleur, réparateur, Christian Sciara recycle les appareils électroniques usagés (télévisions, magnétoscopes,...) qui, on l' ignore parfois, recèlent de composants quasi-inusables (comme les leds), et lance un appel à qui voudrait s'en débarrasser . A bon entendeurs...

22h00 Éclat
Comme pour chaque édition, les ambassadeurs marseillais du rock progressif au Japon (où le nom du groupe se prononce "é-cou-la") troquent, le temps d'un concert, leur casquette d' organisateur contre celle de participant . Mais cette année passée n'ayant pas laissé beaucoup de places aux répétitions, et le dernier album du groupe remontant à 5 ans comme le soulignera Alain Chiarazzo, la prestation risque d'être sensiblement la même que celle de l'an passé.

Le set débute par une courte composition du claviériste Thierry Massé suivie du cri de la terre et tri-un tirés du dernier album. Deux titres pour se remettre dans l'esprit Éclat : des compositions qui s' articulent autour d'un riff, d'un thème qui au grè des différents mouvements, des mises en place complexes, des chorus de guitare et de clavier, ressurgit et donne toute sa cohérence à la composition. Pour soutenir le tout, une section rythmique de qualité assurée par Fred Schneider à la basse et Marco Fabbri à la batterie.
Alain Chiarazzo vit ses soli les yeux fermés et suit attentivement ceux des ses comparses en quittant parfois son instrument pour mettre les mains dans son dos. Il montre son enthousiasme en lâchant un "c'est l'ambiance ProgSud". Ambiance qui s'assagit avec une composition de Fred Schneider, dont le thème principal de basse est joué en tapping, suivi de Mister Z, hommage à Frank Zappa, inspirateur de la majorité des guitaristes présents au festival.



Un nouveau morceau ce soir, muse et âme qui figure (déjà !) sur l'album de Fred Schneider. On a l'impression que le groupe n'est pas encore à l' aise avec ce titre : la guitare accroche un peu, Thierry Massé
jette sans cesse des regards vers Marco Fabbri comme pour ne pas rater un changement. La fin est nette, un peu abrupte.

Mais le set repart avec les arpèges d'énergies marquant le début des thèmes aux mesures alambiquées dans lesquelles ces musiciens excellent. Le thème accrocheur Mare nostrum version 2005 nous amène vers les chemins de l' Orient au rythme de la ride de Marco Fabbri et des soli effrénés d' Alain Chiarazzo en faisant un détour par un break jazzy de Thierry Massé. La machine termine magnifiquement la série.



Rappelés sur la scène, les musiciens partent sur un tempo "médium" dans un solo de guitare satrianesque, prélude aux présentations. Longue de 20 minutes, elle sera un moment majeur de la prestation où la section rythmique passe à l'avant de la scène. D'abord Marco Fabbri qui tient son jeu de double pédale tout au long de son solo. Puis Fred Schneider qui le rejoint sur un rythme reggae, avant d' envoyer un gros son de slap au manche de sa 5 cordes, qui amène le couple rythmique dans un groove digne du duo Caron-Brochu sur Wake up Call. Un dernier solo d'Alain Chiarazzo et un court bouquet final clôturent la prestation à 23h15.

Pendant la pause, sur scène on change de batterie, on installe des panneaux en plexiglas transparents, sorte de cloisons sonores : devant la batterie et sur le côté gauche de la scène.

23h45 Quidam
Présenté comme un groupe de 15 ans d'expèrience, le groupe polonais au line-up mouvant, compte dans ses rangs de jeunes musiciens à l' instar de son bassiste Mariusz Ziólkowski, 24 ans.
Le groupe arrive sur scène et c'est le numéro 5, capitaine de l'équipe Quidam, Bartek Kossowicz , comme l 'atteste son tee-shirt, qui nous lance un "Bonsoir Marseille" en français dans le texte.



Le riff ravageur de Hands off, dans l'esprit très blackest eyes de Porcupine Tree démarre le set. Après un solo de Zbysek Florek aux claviers, la guitare saturée de Maciek Meller qui arbore un tee-shirt de blue funk is a fact de Keziah Jones, laisse place à une ambiance plus calme portée par la voix de Bartek Kossowicz très Steeve Hogart jusqu'au premier chorus de flûte (en fait jusqu'à ce que le chanteur présente le flûtiste Jacek Zasada après la troisième titre, je suis persuadé que les chorus sont faits par le clavier. En effet, de là où je me trouve celui-ci est carrément invisible, isolé derrière deux panneaux de plexiglas). Après ce chorus de flûte donc, Bartek Kossowicz se transforme en Mark Hollis, chanteur du groupe Talk talk : pour moi la voix est frappante de ressemblance, même si j'ai mis du temps à remettre la main sur le nom de ce chanteur.



Le style de Quidam mélange néo-progressif, pop et de métal et me rappelle le groupe allemand RPWL qui a clôturé le ProgSud l'an passé. Le style musical mais également la présence scénique : la complicité installée entre le guitariste et le bassiste, le charisme du chanteur.
The fifth season (dont le titre et la pochette du DVD live éponyme ne sont pas sans rappeler seasons end de Marillion), et l' inédit don't look back sont d' excellents moments de progressif, de longs morceaux servis par une superbe voix et des chorus des instrumentistes joués avec des tonnes de feeling et parfois très plannants.



Le plus progressif des morceaux est un meddley de compositions du groupe, formant un titre instrumental aux facettes multiples savamment construit, débutant par une excellente partie de batterie et riches de superbes harmonies de guitare,claviers et flûte.
Avec sa reprise de nights_in_white_satin des Moody blues, titre que le groupe a promis de jouer en acceptant son invitation au festival, Quidam déchaîne la ferveur du public dès les première notes jouées à la guitare 12 cordes. Le chant de Bartek Kossowicz est parfait. Fort de cet élan d' enthousiasme collectif, le chanteur essaie d'en tirer partie en invitant chacun à se lever. Mais malgré l' inconfort que procure les chaises pliantes au bout de 4 heures de concert, le fesses retombent avant que ne commence resurvival. Ce titre, au refrain pêchu, souligne une fois de plus, des balances de qualité mais à un volume trop élevé.



Annonçant le dernier morceau, Bartek Kossowicz essaie à nouveau d' haranguer la foule pour l' accompagner sur le "na nanana nanana" de hush de Deep purple que le groupe a habilement glissé au milieu de son titre not so close. Cette fois le public se prête au jeu, et reste debout pour une standing ovation.
Le groupe nous quitte en nous donnant rendez-vous à l'année prochaine avec un nouvel album.



1h20 Le seul "on ne va pas les laisser partir comme ça quand même" de la soirée ramène Quidam sur scène. Bartek Kossowicz nous gronde d'un "You don't want to go home" , mais nous dit qu'il a prévu une autre surprise. Le flûtiste devient alors bassiste qui devient lui-même guitariste acoustique pour interpréter Wish you where des Pink Floyd. La voix n'a pas le timbre auquel on est habitué mais reste fidèle à l' originale lorsqu'il s'agit de doubler le chorus de guitare, ce qui n'est pas pour déplaire à l' auditoire enchanté.

1h30 Fin du deuxième volet de cette 8ème édition du ProgSud, et ce soir ma palme d'or du meilleur groupe rock néo-progressif-popisant est attribuée à Quidam.

Photo Dimitri

 Critique écrite le 28 mai 2007 par Frédéric Bloise


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