Accueil Marseille - Aix Newletter Live In Marseille 16 Octobre 2017 : Chroniquer
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Newletter Live In Marseille 16 Octobre 2017

Chroniquer

Le monde merveilleux des chroniqueurs de concerts

Le Mystic Punk Pinguin a coutume de dire que si on écrit 50 chroniques positives et 1 seule négative, c'est celle-là qui va rester. Avouons qu'à de très rares occasions, on revient tellement ulcéré d'un concert qu'on peut avoir envie de tirer sur l'ambulance, en ne doutant pas que les fans vont nous agonir d'insultes. J'ai ainsi illustré un concert entier avec des images de caca, par le passé : j'ai donc reçu un tombereau de merde en retour et ok, je l'avais bien cherché... Bien plus souvent, on ressort juste d'un concert avec l'impression d'être passé à côté, de ne pas comprendre pourquoi tout le monde était si à fond dans la salle et pas vous (exemple : Magma). Ou encore, on est allé voir ou revoir quelqu'un avec qui on a un rapport ambigu, pour s'en moquer gentiment (exemple : Johnny). Dans ces cas-là, tout est question de dosage : avec un max de subtilité dans le rendu, il y a une (très faible) chance que le chroniqueur en réchappe sans le goudron et les plumes. Mais attention : vous croirez peut-être avoir quitté la ville vivant et avec vos bottes, et il y aura presque toujours un dernier sniper, pour vous abattre symboliquement d'une balle dans le dos. Et parfois même, des années après !

Le même Pinguin (décidément un grand penseur de l'Internet moderne) a longtemps répété aussi que les écrits sur le web étaient révélateurs de nos névroses. Oser exposer un avis différent d'un spectateur sur un concert, fait ressortir directement ses petits et grands travers ! Et la paranoïa est le plus fréquent d'entre eux... Dire que l'artiste qu'il a choisi de payer pour aller voir, n'est pas si génial en live, est bizarrement vécu comme un jugement de valeur émis contre le parano ! Et même, dire que le concert qu'il a pu aller voir n'était pas le meilleur de cet artiste, est aussi curieusement interprété comme un attaque personnelle - comme s'il y pouvait quelque chose ! Récemment, une réaction assez violente à une chronique (ancienne) d'un concert objectivement pourri de Tricky - il est de notoriété publique que ce mec peut être génial certains soirs, et mériter des coups de pied au c.. certains autres ! Mais comme toujours dans ce cas-là, le fan courroucé n'a pas pris la peine de cliquer sur le lien où je rappelais une autre chronique, d'une date où il fut proprement fabuleux... A ces yeux, je suis donc un Hater patenté et il me déteste, à tout jamais... Alors que, comme lui, j'adore Tricky ! Faut le faire, quand même, non ? Mais bon, pour paraphraser le proverbe hollywoodien : "You're only as good as your last... chronique !"

Quant au mal-luné, vous le connaissez forcément ? Lui n'est pas spécialement parano, non, c'est juste qu'il n'attendait que vous, pour pouvoir traiter quelqu'un de quelque chose. L'anonymat du pseudo, idéalement du salon FB confortable entre potes, se prête très bien à de l'insulte sans conséquence. Et puis c'est tellement plaisant de rabaisser quelqu'un tous ensemble, façon tête de Turc, pour se sentir exister, au chaud dans un groupe. On l'a tous bien fait à l'école primaire, pas vrai ? A noter qu'une phrase de trop dans une chronique, une comparaison même négative peut parfois suffire. "J'ai pas trop aimé ce concert de XXX mais c'était quand même mieux que le concert de YYY..." Ho ho ! Formule à proscrire absolument, malheureux ! Car l'amoureux de (...tout à fait au hasard...) Godspeed You ! Black Emperor, qui n'a pas lu à l'époque la page où vous expliquiez en détail pourquoi vous aviez détesté un de leurs concerts, ne la lira pas davantage cette fois, et vous classera lui aussi ad vitam aeternam en tant que candidat au goulag ou à la crucifixion, selon ses goûts.

La formule préférée du mal-luné est d'ailleurs facile à repérer : "Retourne donc écouter Trucmuche !", Trucmuche étant un nom d'un artiste (variante, d'une radio), supposé bien dégradant par l'auteur de la phrase. Procédé totalement malhonnête, évidemment ! La plupart du temps, c'est tellement débile que ça en devient cocasse. Par un fan de Magma : "Retourne donc écouter Black M !" (...que j'ai quand même du googler, pour vérifier qui c'était...). Certes c'est une tournure de phrase de trolling bien connue et usuelle dans pas mal de domaines. "Tu ne veux plus du nucléaire ? Retourne donc t'éclairer à la bougie !". Le Point Godwin, lui-même n'est d'ailleurs pas autre chose, quand on y pense, que de proposer à l'interlocuteur de retourner vivre, en grand uniforme, dans le IIIe Reich ! Bref, le mal-luné, lui, avait juste un peu les nerfs et c'est tombé sur vous : avec un peu de chance, ça va suffisamment le défouler après une journée de travail merdique, pour qu'il passe une bonne soirée en famille. Pour ma part je suis tout à fait ok pour qu'on lui serve de punching-ball (dans la limite de la bienséance), si après il est soulagé et donc plus agréable avec les autres : voilà qui nous donne au moins une vraie utilité sociale !

Dernier type de spectateur pénible, et pas le moindre : l'encyclopédiste d'un groupe, ce groupe que vous chérissez pourtant vous aussi ! Vous avez vanté le mérite de ses idoles (qui sont donc un peu les vôtres, aussi) en live ? Oui, mais en fait non, pauvre cave ! Vous n'avez rien compris ! Lui, va vous pourrir de ne pas avoir reconnu un titre ou deux, sur toute une setlist de Nick Cave (authentique !) ou pire, d'avoir oublié le nom de son ancien guitariste, le célébrissime Blixa Bargeld (ben oui, le type des Einstürzende Neubauten, bien sûr) ! Vous aurez beau avoir adoré le concert, tout comme lui, il restera ulcéré que vous ne soyez pas assez connaisseur... Vous avez aimé, oui, d'accord, mais pas pour les bonnes raisons au final, puisque vous ne saviez pas tout ce que lui sait de fondamental sur cet artiste ! Etant devenu miro à force de lire depuis 1983 toutes les notes de pochette de ses bootlegs sortis en vinyle (et importés d'Autriche) - cherchez pas, vous êtes un ignorant, un inculte, un mécréant ! La confusion récurrente : ce monomaniaque vous prend, à tort, pour un journaliste professionnel de Rock'n'Folk, et ne comprend donc pas que vous ne connaissiez pas le Dictionnaire du Rock de Michka Assayas sur le bout des doigts...

Et si vous êtes là en curieux, l'ensemble du trio (le parano, le mal-luné & l'encyclopédiste) sera d'accord pour vous reprocher de découvrir leur groupe en live (ce qui fait généralement écrire pas mal d'approximations, mais de bonne foi et généralement en prévenant !). "Tu pourrais au moins écouter le groupe, avant d'oser le chroniquer" ! Comme si la chronique muscido-sodomitale d'un fanatique décortiquant titre après titre comme un entomologiste, était forcément plus agréable à lire que la fraicheur d'une note d'ambiance, écrite par un béotien ! La confusion récurrente : ces gens vous prennent, à tort, pour un journaliste professionnel de La Provence, et ne comprennent donc pas que vous n'ayez pas au moins lu le dossier de presse, écouté le dernier album et même les trois tubes historiques, avant d'oser écrire quelque chose... Pour résumer, on est donc JAMAIS assez fan, pour des fans ! Ô fanatiques d'un groupe, sachez-le une bonne fois pour toutes : vous êtes vraiment, mais VRAIMENT très chiants ! Parmi vous, je sauve toutefois volontiers les gens qui écrivent l'également célèbre formule : "Tu m'as bien fait rire, avec ta chronique !", avant d'exposer le pourquoi de ce rire : en terme de tolérance, c'est tout ce que je vous demande, restons zen, ce n'est qu'une p....n de chronique de concert, enfin !

Et enfin, dans un registre certes bien moins violent (mais avouons-le, quand même agaçant), la plus belle lapalissade du circuit, celle que tous les chroniqueurs connaissent : "On a pas du voir le même concert !". Euh, comment te dire, l'ami.e ... Faut-il vraiment développer ? Des fois, c'est juste ... géographiquement vrai (par chance j'ai vu un bon concert de Renaud l'an passé à Marseille, quand il semble avoir foiré la plupart des autres ailleurs). D'autres fois, c'est juste ... physiquement vrai. On est pas la même personne, on était pas placé au même endroit, etc, etc. Evidemment, que personne ne voit le même concert, eh, banane ! La science ne peut même pas encore nous dire si mon bleu n'est pas en fait ton vert, et inversement...

Tout ça pour dire qu'il faut vraiment être très masochiste ou très candide, accro au clavier ou écrivain raté, pour oser écrire des chroniques de concert à l'ère d'Internet ! N'est-ce pas Orelsan qui avait raison, au final, il ya déjà plusieurs années : "J'suis plus assez naïf, pour avoir un point de vue !" ?... Mais non, rassure-toi, ô petite chroniqueuse, petit chroniqueur, perdu dans ce monde virtuel sauvage, globalement idiot et agressif : il y aura toujours une couverture et un bol de soupe chaud qui t'attendront sur Concertandco et les quelques brontosaures que nous sommes là-bas, au cuir très épais, pour faire cercle autour de toi ...
Philippe

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Cette semaine à Marseille

toute la programmation de la semaine (et d'après) c'est par là
https://www.concertandco.com/ville/marseille-aix/billet-concert-3.htm

 
A noter le festival de Jazz is the Answer au JAM avec quelques talentueux franco-americains , les 3 soirs de la Fiesta des Suds, les 2 (fois n'est pas coutume) showcases au Lollipop et le retour des ex Toads (pour ceux à qui ça parle encore ... cf chronique de disque)
 
Si votre date manque n'hésitez pas à la rajouter via ce lien ici : https://www.concertandco.com/annonce.php
 
 
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Cadeaux

En cadeau les chroniques (comme si vous y étiez) de :

* la chronique de Rescue Rangers au Lollipop Music Store par Philippe à lire ici

extrait : " Pas découragé par la sortie de cet album, Join Hate, qui lui a pris 5 ans (!), et comme pour conjurer le mauvais sort, Pascal M. fait jouer ses nouveaux Rescue Rangers un vendredi 13, au Lollipop Music Store ! Et pour que ce ne soit pas trop facile (comprenez, en jouant "juste" les nouveaux titres de façon électrifiée, comme sur l'album), ils ont choisi de se remettre en danger avec un son acoustique, exercice déjà réalisé assez brillamment ici-même il y a déjà quelques années. Ce qui a quelques avantages, comme de pouvoir jouer un peu moins fort - à condition de ne pas craquer sur le volume bien sûr, disons qu'ici c'était juste bien, une fois les enfants casqués.[...] "

(pas avancé sur celles promises la semaine dernière)

Le disque de la semaine

Dictature Et Mendicité de Casse-Gueule (en concert cette semaine à la Machine) écouté par Phil2Guy

Casse Gueule, trio basé à Niort et fondé sous le quinquennat Sarkozy (m'a-t-on révélé), a sorti en K7 l'année dernière ce Dictature et Mendicité, un album de chansons electro en français, totalement cintré et percutant, qui depuis a attiré l'attention et suscité la curiosité de pas mal de gens, comme ceux de La Souterraine ou de Gonzaï. Ces chansons sont ressorties en format CD au printemps dernier, ce qui a permis au groupe une meilleure exposition et un heureux prétexte à une nouvelle tournée.
Ce trio est donc constitué de l'excentrique chanteur Jonn Toad, et de Pierre le Dentiste et Mathieu Philippe de L'Isle, manipulateurs de synthétiseurs Moog et Korg. Ce qui est absolument étonnant, et l'on ne s'en rend pas compte tout de suite, est que la musique de Casse Gueule, sous son habillage très "electro vintage", est totalement référencée au hard rock des années 70. Déjà, le titre choc de ce disque est une allusion (et un hommage) à celui d'un des plus célèbres albums du Blue Oyster Cult, Tyranny and Mutation (dont les membres de Casse Gueule ont récupéré et colorisé la pochette). La plupart des titres sont des détournements habiles ou des reprises plus ou moins fidèles de certains classiques du genre cité plus haut : Soit, qui ouvre l'album, est un amusant clin d'oeil au Let There Be Rock d'AC/DC, Le Chant du Migrant est une relecture de l'Immigrant Song de Led Zeppelin, Né comme ça, l'un des titres les plus accrocheurs, est une surprenante reprise (ou un pastiche, on ne sait plus vraiment) à la sauce electro punk, du Born to be Wild de Steppenwolf. Mais on ne va pas tout dévoiler et il n'est pas besoin de (re)connaître toutes ces chansons pour apprécier à sa juste valeur la musique de Casse Gueule. Le trio les revisite à la manière de Suicide, D.A.F ou du Front 242 des origines et réussit à les faire sonner comme des véritables petites bombes synth punk totalement déjantées. Le son de l'album est la fois très abouti et parfois volontairement sale, les musiciens faisant subir différents outrages sonores à leurs synthétiseurs à grands coups de pédales d'effet. Le chant de Jonn Toad évoque celui d'un Philippe Katerine sous acide ou d'un Jean-Louis Costes sous camisole chimique (pas totalement calmé quand même). Il chante et feule de manière spasmodique, passe des aigus (pas toujours justes mais on s'en fout) au grave et déclame comme un possédé des textes hallucinés et expressionnistes mais toujours chiadés, et tout cela avec un sens du premier degré et demi franchement plaisant. Leur musique va également puiser dans d'autres sources : on reconnaît parfois les synthétiseurs horrifiques de John Carpenter sur les titres un peu plus lents comme Le Chant du Migrant ou La Triste Vérité. Ce grand raout électro pop et expérimental, toujours inventif et énergique, donne également une envie irrépressible de se lancer dans une danse de Saint Guy frénétique, car les chansons de Casse Gueule sont dans leur grande majorité une invitation à la danse.Dictature et Mendicité dure à peine plus de trente-cinq minutes, le trio a misé sur une concision et une urgence toute punk. Les chansons défilent et à toute allure telles des bolides Mad Maxien et laissent à la fin l'auditeur sur les fesses. Dans un genre et une formule quand même actuellement très en vogue (synthétiseurs-chant) et maintes fois exploités, on a vraiment le sentiment d'avoir entendu avec cet album de Casse Gueule une des choses les plus cinglées, vitales et réjouissantes de ce pays depuis bien longtemps.

2017 (CG)

Le livre de la semaine

Les textes (pas si) à l'arrache (que ça) quasi quotidiens de l'ami Vincent Palacio (je cite : "Depressif, parano, en colère, tête de con. Niveau de frustration artistique : hitlerien. Heureux proprietaire d'une sclérose en plaque. Né en 1979. Techniquement mort sans l'être. Habite à Marseille. En Enfer.") ont trouvé un écrin numérique plus décent que facebook ... vous les trouverez désormais ici : https://130decuy.com/

Ci dessous (avec sa permission) le #247 :

Tout de suite, les marseillais contre les guaranis !

Vous qui vous vous complaisez à reluquer la stupidité et la souffrance des autres, parce que vous êtes cons et malheureux, tressaillez d'allégresse !

Ils ont tous été triés sur le volet pour leur bêtise crasse : Quyliant, Briant, Aristide, Gwinolia, Jennicuivre, Pomalo et Joseph-Adolph. Des cas-sociaux aux physiques de rêve.

En face, Tùpa, Ñanderuguasu, Ayvú, Neguaka, Karai, Mba'ekuá, et Dominique vont essayer de faire face à l'éradication.

Gwinolia rendrait raciste n'importe qui, en echange du privilège de carresser sa poitrine améliorée, ou de cambrer la courbure insolente de sa chute de rein. Car si elle est désirable, elle n'en est pas moins une facho de première catégorie. Les petits indiens basanés, elle les trouve repoussant. Des rides de dégoût balafrent ses sourires mécaniques.

Au milieu de la jungle, les phocéens sont hideux. Leur accent déchire les feuillages et effraie les perroquets, qui s'enfuient en essaims multicolores à leur passage. Pour les guaranis, ils sont l'incarnation des sept monstres légendaires.

"Vazy comme c'est tarpin dégueu", dit Quyliant, auto-proclamé maitre du swag, c'est a dire expert en crétinerie décomplexée. Torse-nu et bariolé, ses tatouages, comme ceux des autres, en font une cible à sarbacane idéale.

Rapidement, les guaranis se rendent compte que le seul point commun que ces blancs partagent avec les dieux, c'est leur monstruosité. Lassés d'être bousculé par le raffut des civilisés, les sauvages décident de passer à l'action. Ils en ont marre des rires idiots de ces grandes bringues à peau fine, qui ne voient et n'entendent rien.

Túpa, le chef de chasse, demande à Ñanderuguasu, dernier dépositaire en date du savoir de six-cent dix-sept générations de sorciers, de procéder aux rituels de circonstance. Rarement les marseillais se sont marrés autant, devant ces petits hommes peinturlurés, en train de trépigner en rang, culs nus sur la terre battue.

La nuit venue, les jeunes gens sont enlevés de force. Les muscles des garçons sont impuissants contre la poigne de pierre de leurs ravissseurs. Baillonnés, saucissonés, ils sont transportés à la perche, comme des tapirs, jusqu'à la clairière sacrée attenante au village. On les bourre de liane hallucinogène.

Chacun leur tour, ils sont disloqués membres par membres, à la force des bras. Les hurlements déments sont avalés par le tintamarre des sistres, des calebasses, et des chants. Un danseur s'assoit tour à tour sur les victimes, s'appliquant à faire jaillir le sang de leur jointures violées. Le liquide noir est recueuilli dans des jarres.

Une fois le dernier débile expiré, les guaranis s'enivrent du jus écalarte, qu'ils se servent dans de grandes coupes. Tout le monde en boit et s'amuse. Les morceaux sont recouverts de crachats et d'urine, avant d'être laissé aux charognards de la forêt. La danse se poursuit jusqu'à l'aube, tout est bien qui finit bien.

La semaine prochaine, les chtis contre les bantous !