Accueil Chronique album : Films Lim 041-060 - Films Lim 041-060, par Philippe
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Critique d'album

Films Lim 041-060 : "Films Lim 041-060"

Films Lim 041-060 :

Pop - Rock

Critique écrite le 15 avril 2008 par Philippe

Shrek II, un film des studios Dreamworks

Avis à la population : Shrek est de retour et il n'est pas content ! Toujours aussi vert, crado et flatulent, flanqué de son petit âne gonflant et de sa jolie ogresse de princesse. Après son mariage (qui concluait la première partie), le voilà obligé d'aller rencontrer sa belle famille.

Evidemment ils ne connaissent pas sa vraie nature, et ignorent que leur fille a choisi de devenir une ogresse. Par ailleurs sa tante, vieille fée virevoltante et gonflante, prend assez mal ce mariage puisqu'elle voulait caser la princesse Fiona avec son blondinet de fils un peu benêt, le prince charmant.

La grande nouveauté est la présence d'un chat, le chat Potté, petite frappe tchatcheuse et hypocrite, engagé par le roi pour zigouiller Shrek, et qui use sans vergogne de ses ruses et de ses charmes de châton pour combattre ses ennemis, un petit salopard tout à fait irrésistible, quoi !

Comme dans le premier épisode, les auteurs multiplient les clins d'oeil à des lieux (Hollywood revisité en royaume kistch et glamour), ou à des films récents. Ils prennent toujours le même plaisir à tourner en ridicule les poncifs du conte de fée.

Par exemple, botté ou pas, un chat reste un chat : il est bien obligé de se nettoyer les parties de temps en temps et évidemment, il va se faire prendre en flag'...

C'est franchement marrant, enlevé, parfois assez jouissif, même si l'effet de surprise du premier film a disparu et que le scénario est un poil plus convenu. Ca vaut quand même le coup d'y aller pour rigoler un bon coup et pour découvrir comment l'ogre va pouvoir se dépatouiller de cette bande d'humains machiavéliques et ogrophobes.

Attention, comme toujours avec Dreamworks, il y a un petit supplément pendant le générique de fin.









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Tarnation, un film de et avec Jonathan Caouette

Ca devait arriver. A l'ère où tout le monde peut monter son propre film avec un iMac, un certain Jonathan Caouette, artiste de son état et qui se filme depuis tout petit, a monté toute l'histoire de sa vie, et pour moins de 300 euros ! Il a ainsi fait un collage hétéroclite de photos, films personnels (du super-8 des 70's au DV actuel), messages de répondeur etc., qui nous mène de sa naissance à aujourd'hui.

Il met ainsi toute sa vie en image et en sons, et c'est vrai qu'elle n'a pas été facile. Sa mère a
été bousillée dans sa jeunesse par des électrochocs : il voue malgré tout à cette femme un peu maniaco-dépressive un amour filial immense. Son père a disparu dans la nature au moment de sa naissance : il s'est découvert homosexuel et émet lui-même l'hypothèse que c'est à cause de ça.

Il a du se contruire sur une famille en ruines, se sortir de la drogue qui lui tendait les bras et sa caméra l'a souvent aidé à exorciser ce qui ne tournait pas rond dans sa tête (il y a une scène hallucinante où il joue à 12 ans une prostituée enceinte). Il veut en effet tout réparer à la force de la caméra, et parvient ainsi à faire s'asseoir ses deux parents sur le même canapé et discuter ensemble.

Pour le reste, si la démarche est originale, on peut ne pas être touché par sa vie et par ses problèmes (ça n'engage que moi) et s'ennuyer un peu devant cet étalage, éminemment narcissique et parfois voyeuriste. Une hypothèse : un spectateur homosexuel sera probablement davantage touché par la relation complexe de Jonathan avec sa mère... je suggère aux lecteurs concernés de ne pas rater ce film, pour l'instant hors de l'ordinaire (avant que tout le monde fasse le sien !).

Pour les autres rappelons qu'Eternal Sunshine of the Spotless mind est un film extraordinaire (et lui, aux deux sens du terme) et qu'il ne faut plus trop traîner ! Un sondage exclusif LIM sur environ 7 personnes a montré que 80 % des gens qui sont allés le voir ont adoré ce film (et que les autres l'ont bien aimé), c'est bien la preuve.









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Wonderful Days, un manga (quoique ?) de Kim Moon-Saeng

Ce titre ironique fait référence à une époque future, probablement post-apocalyptique, où parmi les survivants, quelques happy few vivent dans une cité surprotégée, Ecoban, en tirant leur énergie des déchets, en tenant à l'écart et en esclavage la multitude des déshérités, qui elle vit dans la merde ainsi générée.

Bien sûr la parabole avec les rapports entre le Nord et le Sud est évidente. Bien sûr on prend le parti des pauvres pollués. Mais le propos n'est pas de renverser le régime en place, ni de prendre la place des riches ! Chez les résistants, on veut simplement revenir à l'utilisation d'énergies renouvelables "comme au 21ème siècle" : des panneaux solaires, et ces champs d'éoliennes désaffectées que parcourent les héros (les écolos pacifistes seront évidemment émus par ce discours).

Ainsi Shua, ancien élu passé aux rebelles, se retrouve dans ses opérations d'infiltration nez-à-nez avec Jay, son amour d'enfance devenue policière, le tout étant compliqué par un troisième larron, Simon, ancien ami de Shua qu'amoureux de Jay. Autant les personnages ne sont pas franchement beaux, autant les décors sont extraordinaires, mi synthèse mi-images réelles (à côté même les immeubles d'Immortel de Bilal prennent déjà un coup de vieux).

Il y a des références marquées à Akira (avec les sublimes rides en moto dans des paysages dévastés), mais aussi une sensibilité écolo à la Miyasaki, et une esthétique très jeu-video (genre saut de plate-formes en plate-formes). Enfin il y a cette très jolie histoire d'amour avec flash-backs, qui verse sans complexes dans la fleur bleue la plus contondante.

Wonderful Days est un objet certes imparfait, certes très influencé (mi-Mad Max,mi-Akira,mi-Total Recall, mi-Ghost in the Shell). Son imperfection le rend très attachant, il doit donc absolument être vu de qui s'intéresse au genre des grands mangas futuristes, et sans traîner d'ailleurs (je lui donne encore une semaine d'espérance de projection au maximum).









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La Vie est un miracle, un film d'Emir Kusturica

Un chronique courte pour finir : si vous n'avez jamais vu un Kusturica, je suis bien triste pour vous, je suppose que vous n'allez pas commencer maintenant ? En plus c'est le premier où personne n'essaye de se pendre ! Ben alors Emir tu perds tes fondamentaux ou quoi ?

Sinon sachez que celui-ci est aussi bon que les autres, carrément plus gai qu'Underground (qui traitait pourtant du même thème, la guerre en Yougoslavie) et quand même un peu moins burlesque effréné que Chat Noir, Chat Blanc qui partait vraiment dans tous les sens. Vous n'avez aucune bonne raison de ne pas y aller, sauf si vous n'aimez pas les animaux, qui y jouent extrêmement bien !

Drôle, émouvant, poétique, impossible de ne pas enfoncer les portes ouvertes quand on parle de Kusturica !









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A History of Violence, un film de David Cronenberg, La Boite Noire, un film de Richard Berry

Cette semaine, petit match entre 2 thrillers sans génie. Mon collègue et ami Eric B. a décrit la semaine dernière sans passion excessive le film A History of violence. En effet je partage son diagnostic mitigé, sur cette histoire qui n'est pas originale du tout (un homme rangé est rattrapé par son passé enfoui de gangster, pffff), et qui véhicule des messages discutables (la violence du père engendrerait celle de son ado de fils - on ne se contruirait donc pas en opposition à ses parents, aux USA ?)

Je serai même plus dur que lui : ce film n'est vraiment pas digne du génial et dérangeant David Cronenberg ; comme par hasard, j'ai appris après coup que c'était une commande pour se remettre à flot après le très étrange - mais plutôt réussi, lui ! - Spider. J'ajouterai que, impressionné moi aussi par la superbe Maria Bello, je n'ai pas été convaincu outre mesure par le jeu de Viggo Mortensen, que j'ai toujours du mal à trouver plus charismatique qu'une rascasse, avec un flingue comme avec une épée.

Aussi il me paraît finalement opportun de chroniquer rapido un petit thriller, car lui au moins est bien de chez nous : La Boite Noire de Richard Berry. Adapté d'une nouvelle de Tonino Benacquista, auteur que tout amateur de polar connaît certainement, elle met en scène un homme, José Garcia, qui se réveillant après un coma dû à un accident de voiture, se retrouve perdu et complètement déphasé : des images de son enfance lui reviennent tout le temps, ainsi que de son très mystérieux accident, son frère a disparu sans laisser d'adresse, et surtout, tous les gens qu'il rencontre sont retrouvés mystérieusement assassinés.

Ce qui donne lieu à une débauche d'effets spéciaux et de cadrage, qui font parfois un peu gadget comme lors d'une séance où, drogué, il tente d'affronter ses démons pour les comprendre. Par contre, le scénario fait agréablement repenser, toutes proportions gardées, à Mullholland Drive, puisque Arthur Seligman va se réveiller... une deuxième fois, donc dans un autre plan de la réalité, ce qui remet évidemment en cause toute la première partie du film ; un monde où il aurait provoqué un très grave accident étant enfant, ayant généré une telle culpabilité qu'il aurait été profondément enfoui. Aussi désorienté que lui, on ne sait plus que croire... Amnésie, folie, schyzophrénie ??

Comme pour l'autre film, cette plongée dans l'inconscient reste parfois un peu linéaire. Mais au moins personne ne crie au génie ; les seconds rôles sont très bons, de l'inquiétant docteur (Bernard Lecoq, impeccable) à la petite copine (Marion Cotillard, charmante), on est tout à fait pris dans le suspense, surpris par les rebondissements (il y en a plein d'autres !) et le dénouement où le puzzle se complète enfin...

Pour conclure, question polar, entre ce qu'un réalisateur français appliqué peut faire de mieux et ce qu'un réalisateur américain désinvolte peut faire de pire, pourquoi hésiter ? Crions donc "Vive l'exception culturelle" puisque cette fois-ci, ça nous arrange !









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A History of Violence vs La Boite Noire , un film de David Cronenberg avec Viggo Mortensen, un film avec José Garcia


Cette semaine, petit match entre 2 thrillers sans génie. Mon collègue et ami Eric B. a décrit la semaine dernière sans passion excessive le film A History of violence. En effet je partage son diagnostic mitigé, sur cette histoire qui n'est pas originale du tout (un homme rangé est rattrapé par son passé enfoui de gangster, pffff), et qui véhicule des messages discutables (la violence du père engendrerait celle de son ado de fils - on ne se contruirait donc pas en opposition à ses parents, aux USA ?)

Je serai même plus dur que lui : ce film n'est vraiment pas digne du génial et dérangeant David Cronenberg ; comme par hasard, j'ai appris après coup que c'était une commande pour se remettre à flot après le très étrange - mais plutôt réussi, lui ! - Spider. J'ajouterai que, impressionné moi aussi par la superbe Maria Bello, je n'ai pas été convaincu outre mesure par le jeu de Viggo Mortensen, que j'ai toujours du mal à trouver plus charismatique qu'une rascasse, avec un flingue comme avec une épée.

Aussi il me paraît finalement opportun de chroniquer rapido un petit thriller, car lui au moins est bien de chez nous : La Boite Noire de Richard Berry. Adapté d'une nouvelle de Tonino Benacquista, auteur que tout amateur de polar connaît certainement, elle met en scène un homme, José Garcia, qui se réveillant après un coma dû à un accident de voiture, se retrouve perdu et complètement déphasé : des images de son enfance lui reviennent tout le temps, ainsi que de son très mystérieux accident, son frère a disparu sans laisser d'adresse, et surtout, tous les gens qu'il rencontre sont retrouvés mystérieusement assassinés.

Ce qui donne lieu à une débauche d'effets spéciaux et de cadrage, qui font parfois un peu gadget comme lors d'une séance où, drogué, il tente d'affronter ses démons pour les comprendre. Par contre, le scénario fait agréablement repenser, toutes proportions gardées, à Mullholland Drive, puisque Arthur Seligman va se réveiller... une deuxième fois, donc dans un autre plan de la réalité, ce qui remet évidemment en cause toute la première partie du film ; un monde où il aurait provoqué un très grave accident étant enfant, ayant généré une telle culpabilité qu'il aurait été profondément enfoui. Aussi désorienté que lui, on ne sait plus que croire... Amnésie, folie, schyzophrénie ??

Comme pour l'autre film, cette plongée dans l'inconscient reste parfois un peu linéaire. Mais au moins personne ne crie au génie ; les seconds rôles sont très bons, de l'inquiétant docteur (Bernard Lecoq, impeccable) à la petite copine (Marion Cotillard, charmante), on est tout à fait pris dans le suspense, surpris par les rebondissements (il y en a plein d'autres !) et le dénouement où le puzzle se complète enfin...

Pour conclure, question polar, entre ce qu'un réalisateur français appliqué peut faire de mieux et ce qu'un réalisateur américain désinvolte peut faire de pire, pourquoi hésiter ? Crions donc "Vive l'exception culturelle" puisque cette fois-ci, ça nous arrange !









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Broken Flowers, un film de Jim Jarmush avec Bill Murray, Sharon Stone, Julie Delpy

Après quelques années d'un trou créatif qui dure depuis l'incroyable enchaînement Dead Man / Ghost Dog (deux films dont chacun justifierait certes une existence de réalisateur), et n'ayant pas donné de nouvelles depuis Coffee and Cigarettes, ensemble de sketches sympas mais inégaux qu'on avait chroniqué sans passion ici, Big Jim revient enfin pour ses fans nombreux, avec un film, un vrai.

Il y met en scène Don, Don Juan pour ses ex et Don Johnston au civil (Johnston with a "T", dit-il sans frémir à tous ses interlocutrices qui pouffent à chaque fois). Jeune retraité et ancien dragueur, largué par sa dernière femme et qui apprend par un mystérieux (et rose) courrier qu'il a un fils de 20 ans qui vient de partir à sa rencontre. L'impavide Bill Murray(encore plus fatigué que dans le sublime Lost In Translation) ne consacre à cette nouvelle qu'un imperceptible mouvement de sourcil, signe d'intérêt somme toute limité pour ce type que rien ne semble pouvoir atteindre, même l'ennui.

Heureusement poussé au cul par son dynamique voisin Winston, policier en herbe qui organise maniaquement toute son enquête, il part à la rencontre de ses ex' de l'époque pour trouver celle qui lui a écrit. Le choc est rude et le décalage énorme, vingt ans après, avec chacune d'elles (de la sympa un peu paumée à la maniaque de propreté, en passant par la new-age et la destroy, voire la disparue), toutes très bien incarnées par de grandes actrices (Sharon Stone, Jessica Lange, Tilda Swinton...).

On suit avec intérêt cette enquête (et les très diverses saynettes de rencontre), même menée à 2 à l'heure par l'inspecteur 'Droopy' Murray. Comme lui, on est d'abord relativement indifférent à l'enjeu, avant de finir par s'y sentir totalement investi. On s'intègre naturellement dans son cerveau, à la recherche d'indices de la présence d'un garçon, d'une machine à écrire, de papier rose... on ressent avec lui par moments le découragement et la vanité de la quête, ou bien la petite poussée de libido (causée par quelque rencontre fort troublante). Bref, on ressent une très grande empathie avec ce type très attachant, et l'on passe un agréable moment en sa compagnie, par ailleurs assez désopilante dans son minimalime.

Et enfin, "ce qui va lui arriver" (non, on est pas dans Télérama, je ne peux pas tout raconter hélas) permettra des interprétations très diverses, alors si vous y allez, allez-y à plusieurs !









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Caché, un film de Michael Haneke, avec Daniel Auteuil et Juliette Binoche

Les Laurent sont un couple de bobos parisiens sans histoires : il est chroniqueur littéraire à la télé, elle est éditrice. Un jour, ils se mettent à recevoir des cassettes VHS de films bizarres : de longs plans de la façade de leur maison cosy et confortable. Emballées dans du papier dessiné avec des images sinistres : têtes d'enfant ou de poulet égorgés. Se sentant épiés et face à cette menace diffuse, leur équilibre vacille, puis leur couple. Immergés avec eux dans cette maison qui n'est plus un sanctuaire, on ressent la peur du cambriolage, puis du kidnapping de leur garçon de 12 ans, ou peut-être de quelque chose de pire encore.

Car il s'avère que tout ceci est lié au lointain passé du père, Daniel Auteuil, idéalement angoissé et angoissant : une faute lourde qu'il aurait commis tout petit mais qu'il n'est toujours pas prêt à assumer. Ni à raconter à sa femme, Juliette Binoche et donc à nous qui, comme elle, ne la comprenons pas. Même face à la preuve vivante de ce qu'il a voulu "cacher", il s'obstine, nie en bloc sa culpabilité, s'enfonce dans sa solitude. Au risque de déclencher d'autres catastrophes et de mettre les siens en danger.

Admirablement joué, le film est réalisé selon de très longs plans-séquence et une mise en scène minimaliste (et sans musique) qui, outre une grande place aux jeux d'acteur, laisse idéalement grandir notre malaise et la névrose des personnages. Fond de commerce habituel il est vrai, de Michael Haneke qui a déjà fait pire en la matière (la Pianiste était un sommet du genre malsain).

Ce film tout à fait flippant pose au moins deux questions, une de fond et une de forme : sur le fond, jusqu'à quoi est-on prêt pour protéger ce que l'on a, jusqu'à quelle lâcheté ou quelle violence ? A celle-ci on peut répondre facilement en voyant se débattre le personnage principal, auquel il est hélas facile de s'identifier au moins partiellement. Mais c'est bien la question de forme qui est la plus effrayante, la plus intéressante, la plus vertigineuse même : que nous montre-t-on donc, que l'on arrive pas à voir, et surtout... QUI tient cette putain de caméra ?









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De battre mon coeur s'est arrêté, un film de Jacques Audiard, avec Romain Duris, Niels Arestrup

Jacques Audiard continue son oeuvre, faite de films beaux et violents où les acteurs qui acceptent d'écorner leur image se voient offrir de très grands rôles. Après Un héros très discret où Matthieu Kassovitz explosait en menteur pathétique, après Sur Mes Lèvres où Vincent Cassel irradiait de talent en brute simplette, voici De Battre mon coeur ..., où Romain Duris aura enfin l'occasion de briser son image de beau gosse et de gendre idéal puisqu'il sera ici, en toute simplicité, une ordure.

Agent immobilier mais surtout marchand de sommeil, du genre qui cogne les payeurs en retard, qui saccage un de ses immeubles plutôt que de laisser le DAL l'investir, qui traite les filles comme des matelas et les hommes comme des obstacles. Hyper-nerveux, fumant clope sur clope, écoutant à fond The Kills et Soulwax sur son walkman plutôt que ce que les gens lui racontent, il est absolument ignoble, archétype de la petite frappe prétentieuse et arrogante.

Dans le vacarme de sa vie, le silence ne se fait qu'au moment où son coeur s'arrête de battre : il aperçoit son ancien professeur de piano. Celui-ci lui renvoie violemment l'image du jeune pianiste de conservatoire qu'il a été (comme sa mère disparue), celui qui aurait pu devenir concertiste, une personne sensible et accomplie... un artiste. Le professeur, qui est aussi producteur de concerts de piano, le reconnait et lui propose de l'entendre en audition.

Tel un conducteur inconscient tirant le frein à main sur l'autoroute au dernier instant pour prendre une sortie, il décide alors de changer de vie, et de reprendre le piano. Mais coincé entre un père tyrannique, truand violent et alcoolique (répugnant et terrifiant Niels Arestrup) et les mafieux russes qui en veulent à sa vie, harcelé par ses collègues flambeurs et brutaux comme lui, il ne trouve refuge que chez une pianiste chinoise, qui accepte d'être son professeur.

Moment où le film bascule dans la grâce : Romain Duris joue du piano, d'abord brutalement, avec désespoir... littéralement, il joue sa vie, diamant brut qui ne demande qu'à être taillé. La délicate jeune fille qui l'écoute est incompréhensible et mystérieuse, comme cette nouvelle passion qui emporte le héros. Mais peut-on ainsi changer de vie en se jouant du destin ? Se sortir sans encombres d'une vie pleine d'ennemis et d'embûches ?

Finira-t-il ovationné sur la scène de la salle Pleyel ou égorgé dans un caniveau en banlieue ? J'espère vous avoir donné envie de le savoir...













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Garden State, un film de Zach Braff, avec Zach Braff, Natalie Portman

Un jeune acteur surnommé "Large", un type mou et apathique mais sympathique, revient dans le New Jersey (dit l'état jardin') de son enfance, pour enterrer sa mère. Parti dix ans plus tôt sans se retourner, il retombe sur des amis d'enfance, un peu déjantés et ploucs, mais sympathiques.

Il doit aussi reprendre une relation plutôt complexe avec son père, vieux et un peu triste mais sympathique, qui lui reproche un terrible accident qu'il a provoqué étant enfant. Et enfin il y rencontre une jeune fille un peu fofolle et menteuse compulsive, mais sympathique (Natalie Portman, qui crève l'écran une fois de plus).

Les critiques en veulent, on ne sait pourquoi, à ce film indépendant fait par un jeune acteur-réalisateur doué, Zach Braff (dont on reparlera certainement), film qualifié un peu vite de "générationnel", car il parle surtout, en filigrane, de deuil de l'enfance pour les trentenaires. Nous dirons juste que ce film, à l'image de sa bande originale branchée, est inégal, parfois maladroit ... mais sympathique.











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Keane, un film Un film de Lodge Kerrigan, avec Damian Lewis

Keane est un type perdu dans New York. Il cherche sa petite fille qui a été enlevée il y a quatre mois dans une gare routière alors qu'il l'avait laissée sans surveillance quelques minutes. Il erre en montrant sa photo, interroge des gens, les agresse parfois, s'imagine suivant le kidnappeur ou étant suivi par lui. Il parle tout seul, ravale des sanglots, panique, se bourre la gueule de vodka et le nez de coke, se clochardise presque, rongé par la culpabilité.

Toujours à l'affut du même bus, au départ de la même heure, où serait monté le ravisseur de sa fille, il devient manifestement fou d'angoisse et de douleur sous nos yeux, au milieu de la ville au mieux indifférente, au pire hostile aux individus en rupture comme lui. A moins qu'il ne le fut déjà, fou... car un doute raisonnable apparaît très rapidement : a-t-il tout inventé ? Pourquoi son ex-femme ne veut-elle plus lui parler ?

Est-il alors mythomane, fou au sens clinique du terme, et du coup ne faut-il pas le voir comme un pervers, un kidnappeur lui-même... un pédophile ? Et dans ces conditions, que peut-il advenir de cette rencontre qu'il fait à l'hôtel avec une jeune femme et sa petite fille, elles aussi un peu larguées, et à qui il propose de l'argent ? Que va-t-il se passer quand la femme, inconsciente du danger, lui confiera la fillette pendant une journée entière ?

A la lecture d'une publicité, on s'apercevait que l'ensemble des médias criait au film bouleversant. Tout dépendra alors de votre point de vue. L'histoire est en effet poignante si ce qu'il dit lui être arrivé, est réellement arrivé. Dans le cas contraire, elle est "seulement" terrifiante pour les gens qui rencontrent Keane. Quoi qu'il en soit le problème est le même : le fragile équilibre qu'il semble essayer de reconstruire avec une femme et une fille d'emprunt (mais pas libres) peut-il le conduire ailleurs qu'à une rupture définitive, qu'il s'agisse d'un suicide social ou du basculement définitif dans la folie ? Au contraire, peut-il en advenir une forme de rédemption, une sortie de la boucle narrative où il paraît être coincé ?

Le problème, c'est que la caméra, à l'épaule, ne lâche pas un seul instant le visage angoissé de Keane, incarné par le presque inconnu Damian Lewis (une performance d'acteur en bloc de souffrance, branché en courant continu et sans cesse au bord du pétage de plombs). Elle ne nous donne donc aucun espace de réflexion pour décider s'il est une victime ou un bourreau... on est bien obligé de le suivre dans sa folle embardée jusqu'où il voudra, jusqu'où il pourra bien nous mener. C'est donc un film éprouvant, oppressant, pas le genre à aller voir pour se détendre bien sûr, mais une vraie expérience de cinéma borderline...









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King Kong, un film de Peter Jackson avec Naomi Watts, Jack Black, Adrian Brody

S'attaquer au mythe de Cooper et Shoedsack (1933) nécessitait un solide aplomb dont n'a jamais manqué Peter Jackson. Par respect pour ce réalisateur néozélandais (auteur en 2002 d'un assez formidable Seigneur des Anneaux) et n'écoutant que mon courage, je m'en fus donc tester pour vous le dernier blockbuster de l'année, installé au milieu d'une horde de téléphoneurs/papoteurs/bouffeurs de pop corn, histoire d'en prendre plein la gueule en stéréo.

Le pitch : pendant la Grande Dépression, un réalisateur de films fauchés, un scénariste, une actrice et une équipe de matelots se retrouvent sur une île inexplorée à la recherche d'images d'exception. Et tombent sur une sorte de Jurassic Park, où quelques sauvages indigènes vouent un culte sacrificiel à une Bête contre laquelle ils ont construit une immense clotûre, un gorille géant appelé Kong. Et se défendent également comme ils peuvent contre un beau vivarium de bestioles préhistoriques, allant des classiques diplodocus/tyrannosaures à de plus inattendus cafards d'un mètre de long et autres chauve-souris géantes qui semblent tout droit sorties du Mordor.

Le tout permet au réalisateur de Bad Taste de se livrer à sa marotte : quelques belles saillies presque gore, qui ont même réussi à fermer la gueule de mes bruyants voisins - soudain très effrayés. Le style du film hésite par contre entre la franche épouvante dans laquelle il est plutôt bon, et une dose d'humour souvent mal distillée qui gâche un peu l'affaire - personnellement je suis incapable de rire et d'avoir peur en même temps.

Les acteurs sont corrects sans plus : si Jack Black est pas mal en opportuniste visionnaire, la belle Naomi Watts peine à mettre une dose de sensualité dans son personnage trop lisse (qui souffre de la comparaison avec l'atomique Jessica Lange du remake des années 80). Thomas Krestchmann, déjà très mauvais dans Immortel, est peu crédible en capitaine courage ; quant à Adrian Brody on a beaucoup de mal à s'intéresser à sa soi-disant intrépidité. Ceci alors qu'une relation à trois avec la notion de jalousie homme-gorille aurait pu être très troublante.

Il y a dans ce film de 3 heures, de terribles longueurs, heureusement émaillées de très beaux morceaux de bravoure : l'arrivée sur l'Ile, l'attaque des insectes géants, une course-poursuite dans les pattes de dinosaures paniqués... et bien sûr plus tard, la fuite de Kong dans les rues de New York qui culmine (à tous les sens du terme) avec une très attendue "Scène de l'Empire State Building" tout à fait épique, à la fois fidèle à l'originale et magnifiée par les effets spéciaux modernes.

Il y a même de vrais moments de cinéma, où tout ralentit, l'image devient sublime et les acteurs expressifs (notamment King Kong, très réussi !), comme ce moment tout à fait magique où l'héroïne comprend que l'équipe de matelots veut kidnapper le singe. Ou quelques moments d'échanges entre la Belle et la Bête (une séance de patinage artistique inattendue) qui arrivent à faire exister sentimentalement ce couple improbable.

Au final ce King Kong est un grand divertissement assez réussi, qui plaira à un large public avide de sensations fortes et pas trop regardant sur les performances d'acteurs qui ne sont pas, il est vrai, l'intérêt premier d'un tel film. Pour ce qui est de l'ultime chef d'oeuvre de Peter Jackson, il n'est pas encore tourné, mais, promis, je vous tiendrai au courant.










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La Chute, un film d'Oliver Hierschbiegel avec Bruno Ganz

Ecrire une chronique sur ce film est d'autant plus casse-gueule que tout a déjà été dit à son sujet. Les passions se sont déchaînées pour savoir si le film reflétait la vérité historique, s'il était bon ou non de montrer les derniers instants d'Adolf Hitler, ou encore si sa propre secrétaire (l'héroïne du film) pouvait réellement ignorer à quelles horreurs se livrait le IIIe Reich. Si vous regardez ou lisez les infos vous n'avez pas pu manquer ces polémiques alors je ne les rouvrirai pas.

D'un point de vue cinématographique ce n'est certes pas un grand film. Par contre les acteurs sont excellents, et Bruno Ganz en tête. La question n'est pas de savoir si l'acteur fétiche de Wenders (Les Ailes du Désir) et inspirateur de Bilal (la trilogie Nikopol) est ressemblant à Hitler, avec ses mimiques et ses tremblements. Peu de gens peuvent encore en témoigner et finalement on s'en fout. L'important c'est qu'il est é-mou-vant. Eh oui.

Parce que, précisément, il joue un Hitler acculé, désespéré et aux portes de la folie, un homme à qui tout le monde ment et que ses généraux trahissent les uns après les autres, et malgré tout humain, parfois gentil et attentionné. Malgré ses tirades furibardes qui nous rappellent sans ambiguïté son antisémitisme et son nihilisme fondamental. Et du coup on éprouve une sale sensation : de la compassion pour cet être (que chacun de nous a appris à l'école à refouler comme étant une anomalie de la nature).

De même, je n'ai pas pu m'empêcher d'éprouver une forme ... d'admiration pour ces gens qui ont jugé qu'ils ne pourraient pas vivre dans un monde sans nazisme, et ont suivi un Führer qui n'exigeait même pas leur mort. Cette femme qui tue chacun de ses enfants, ces officiers qui se donnent la mort en apprenant que l'Allemagne a capitulé, ces enfants fanatiques, soldats et infirmières, qui veulent y croire encore... Il est effrayant aussi de voir combien des gens si "courageux" peuvent ainsi être conduits dans la pire des erreurs et des lâchetés.

Pour ces gens perdus aussi, et qui vont mourir, le cinéaste inspire de la compassion. Qu'on se prend en pleine gueule. Ce serait trop facile de penser qu'Hitler était un monstre, une anomalie, finalement un extraterrestre. C'est là tout le message du film et il est parfaitement univoque : le danger est que cet individu était un humain et qu'il pourrait donc revenir, comme les gens qui l'ont suivi.

C'est une façon suffisamment efficace et originale d'alerter les générations actuelles pour justifier ce film, même imparfait ou complaisant, au moment ou les extrémistes reprennent du poil de la Bête presque partout en Europe.









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La Guerre des Mondes, un film de Steven Spielberg, avec Tom Cruise

Nom de Dieu de fan de tentacule d'envahisseur, quel choc ! Depuis quand n'avions nous pas vu un VRAI film d'invasion extra-terrestre ? Je veux dire, un film qui fasse VRAIMENT peur ? Comme dans les années cinquante, comme dans la Quatrième Dimension ?! Un film où l'envahisseur ne soit pas un nain hydrocéphale et sympathique, ni une créature dégénérée que peut zigouiller le premier Will Smith venu, ni même un crétin en scaphandre que l'on tue en lui faisant écouter de la country... mais un vrai prédateur invincible, un qui a tout prémédité, un qui élimine l'homme telle une vermine, méthodiquement et presque ... sans haine ?

"Il n'y a pas de lutte entre eux et nous, comme il n'y en a pas entre l'homme et l'asticot" dit ici un personnage effaré : Ils viennent habiter sur Terre, c'était prévu de longue date, on les gêne donc ils nous effacent, c'est l'idée maîtresse de La Guerre des Mondes. Un livre mythique de SF de HG Wells vieux de plus d'un siècle que, coup de bol, j'ai lu il n'y a pas très longtemps et que Steven Spielberg a ici adapté librement mais en respectant l'essentiel : toutes les images frappantes qui restaient en mémoire du lecteur (tripodes, rayon de la mort, tentacules, fuite, apocalypse et plantes rouges, cave... et surtout grosse frousse), ainsi que la trame (somme toute assez crédible) de l'histoire, son début et sa fin étonnante, en bref : le meilleur !

Entre les deux, il a simplement ajouté, à part un siècle : un Tom Cruise excellent, flippé et animal, père raté qui se transforme en instinctif prêt à tout pour sauver sa progéniture. Des séquences d'invasion/destruction d'un réalisme hallucinant, où ce que l'on voit semble ne pas pouvoir avoir été fait ni en numérique, ni en effets spéciaux mais seulement ... en vrai. Des moments d'une poésie morbide et gothique, comme une apocalypse traduite en métaphores : une pluie de vêtements, un train en flammes lancé à pleine vitesse... La fin de notre monde vue dans les yeux d'une enfant qui regarde pleurer son père. Dans le regard au delà de la frayeur de cette fillette qui finit dans une séquence dantesque par se retrouver seule devant l'Autre, immense, vrombissant, noir et destructeur.

Et enfin Spielberg a franchi le Rubicond en passant outre le Commandement Numéro 1 du Film Hollywoodien (si vous n'avez pas compris de quoi je parle après le film écrivez-moi, c'est tellement énorme que l'on peut ne pas s'en apercevoir !). Preuve -s'il en fallait encore une- que ce type, dont je renonce à retracer la filmographie par manque de place, est réellement génial et ne s'interdit plus aucune démesure. Après coup même Minority Report, son précédent film du genre, semble une aimable série télé à côté de ce film de science-fiction terrifiant, énorme et flippant, les mots me manquent hélas, inutile de résister, allez-y !

Pour conclure je m'adresserai aux plus retors et cause-toujours d'entre vous : si vous n'êtes pas allé voir un film de fin du monde depuis Docteur Folamour, une superproduction américaine depuis Ben Hur ou un film d'extraterrestres depuis Earth vs Flying Saucers, j'ai une bonne nouvelle pour vous : allez voir War of the Worlds et vous n'aurez (presque) rien raté : ce film est le meilleur du genre depuis cinquante ans.









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La Marche de l'Empereur, un film de Luc Jacquet avec les voix de C. Berling, R Bohringer, J.Sitruk

Ce film animalier tient plutôt bien les promesses de sa B.O.F. splendide signée Emilie Simon (voir la chronique ici). Il conte, sur des images superbes, l'histoire cruelle de la reproduction des Manchots Empereurs, qui se fait envers et contre tous les éléments : prédateurs marins et aériens, froid polaire, faim et même maladresse de ces pauvres volatiles patauds et beaux. On est béats d'admiration devant les sacrifices consentis et les risques acceptés par chaque couple, pour transmettre la vie à un seul oeuf...

Ayant cédé à l'anthropomorphie à la mode, Luc Jacquet a donné voix humaine à une famille, ce que la critique lui a injustement reproché : c'est pourtant une très jolie façon de nous aider à nous identifier, trembler avec eux, et à ressentir avec émotion le miracle, dans des conditions si extrêmes, de la transmission de la vie. Un très beau spectacle pour tous les publics.









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Land of the Dead, un film de George A. Romero

Certes ce film n'est pas le "chef d'oeuvre de George Romero" comme le vante l'affiche (et comme c'est d'ailleurs écrit sur tous les films qu'il a sortis en DVD). Il n'en reste pas moins que la sortie d'un film de ce cinéaste culte, tricard à Hollywood depuis 15 ans, est un mini-événement. D'autant plus que ce quatrième volet de ses films de zombies finit par donner une sorte de cohérence finale à l'ensemble. La nuit des morts-vivants montrait leur apparition, Zombie et Le jour des morts-vivants, leur dissémination... et celui-ci, Le pays des morts est celui de la conclusion (enfin espérons-le) où les zombies contrôlent le monde et attaquent le dernier bastion humain !

Car oui, à force qu'ils bouffent les bras et les jambes des héros des films précédents, le monde entier est désormais habité par ces créatures mal-mortes. On en suivra une triste bande qui erre, avec une vacuité d'expression qui n'est pas sans rappeler un casting de la Star Academy, jusqu'à ce qu'un de ses membres développe un semblant d'intelligence et se révolte contre les derniers humains, qui vivent là-bas en haut de leur magnifique tour de verre sur-protégée.

Une communauté de privilégiés conduite par un Denis Hopper cynique et abject (en ancien Easy rider, il s'est inspiré de Donald Rumsfeld), réussit en effet à maintenir son mode de vie, en envoyant des petites mains faire les courses dans les villes zombifiées. Les mercenaires parviennent à s'infiltrer en zombie-land, en massacrant les zombies ou en éblouissant ceux-ci à coups de feux d'artifice pour détourner leur attention et vider les anciens magasins.

Le message politique est évident : les USA contre le reste du monde où ils se servent, l'image du feu d'artifice qui endort les foules (politique chère à Gaudin par exemple), la prise de conscience des masses laborieuses, c'est la lutte finale, groupons-nous et dem... pouf, pouf. Bref comme souvent en Amérique c'est parfois à la limite du balourd mais bon, le message a le mérite d'exister et qui plus est, dans un film de genre.

Celui sur la société de consommation de Zombie (et son convaincant remake Army of the Dead de l'an passé) était quand même plus rigolo : une fois décervelés les zombies continuaient à errer dans le centre commercial et ses escalators tel un "marcel-iais" le dimanche à Plan-de-Campagne.

Il reste toutefois un très bon divertissement, film convaincant pour les amateurs, qui ne sera cependant pas le rôle de sa vie d'Asia Argento (qui manque de peu de se faire bouffer son joli minois et le reste), avec cette idée troublante que le camp des méchants n'est plus nécessairement celui des zombies ! Reste à savoir qui va l'emporter, et encore une fois les amateurs ou les curieux peuvent largement faire le déplacement.









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Last Days, un film de Gus van Sant, avec Michael Pitt

Ce film a une fin si évidente que c'est son début qu'on a pas envie de raconter. La fin, évidemment, tout le monde le sait, c'est une carabine qui va la dire, elle laisse d'ailleurs un étrange message à Blake dès le début du film. Car Blake est un jeune homme au bout du rouleau. Blake se traîne, comme écrasé sous son poids, dans la forêt et dans sa grande maison triste...

Blake est une star, échappée d'un centre de désintoxication, qu'un tas de gens essayent de joindre (producteurs et femme inquiets, inquiets surtout pour leur argent semble-t-il). Des gens squattent dans sa maison, acceptant de le cacher mais le voyant à peine, de trop anciens amis ou de trop nouveaux, en tout cas pas des vrais, pas du genre qui vous écoutent.

De toutes façons Blake n'est déjà plus vraiment là, et quand il parle c'est à lui-même (ou à un vrai ami absent). 2 ans après sa Palme avec Elephant, autopsie clinique d'un massacre adolescent, Gus Van Sant retrouve un peu d'humanité en mettant en scène une fiction sur ce qu'auraient pu être les derniers jours de Kurt Cobain, héros d'une génération d'ados (moi y compris), mais ici déjà au delà du phénomène Nirvana, star revenue de tout sauf de son caractère dépressif et autodestructeur, et de ses problèmes de santé : il ne mange plus vraiment, ne dort plus vraiment non plus.

De l'humanité, il y en a, parce que cette fois-ci on souffre, avec lui, ça fait mal de ne pas pouvoir l'aider, de le voir refuser la seule main tendue, celle de Kim Gordon, de Sonic Youth, dans son propre rôle de l'amie de Kurt qu'elle fut, évidemment. Mal de voir ces parasites qui l'entourent mais s'intéressent, qui à son argent, qui à son avis artistique, qui à lui vendre de la drogue quand enfin il a réussi à s'échapper au dehors. Mal de le voir jouer avec les chaussons de sa fille avant de parler à un châton (comme une image de sa paternité) pour lui dire un mot unique, simple et lumineux, celui qu'il ne pourra pas dire à sa fille.

Blake n'a l'air d'être bien qu'enfermé dans une petite remise de jardin, ou entouré d'instruments dans son grand salon. Hors du monde, dans les deux cas. Il y a deux plans séquence hallucinants, où il fait de la musique, dernière choses où il puisse s'exprimer d'une voix encore intelligible, bouleversante, où le fan cherchera (et trouvera) l'intonation et le style du leader de Nirvana, à travers une chanson écrite par l'acteur du film, Michael Pitt, sobre et juste dans son rôle, un ange ou un zombie... une star lui-aussi.

Last Days est un hommage lent et magnifique et, de toutes façons, un film d'une grande beauté formelle, qui rouvrira peut-être de mauvais souvenirs aux fans, mais émeuvra aussi bien les non-fans par sa portée, et son discours finalement universel sur la difficulté de grandir.









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Le cauchemar de Darwin, un documentaire de Hubert Sauper

Ce documentaire jouit à juste titre d'un fort bouche-à-oreille. En ce point de la planète, les bords du Lac Victoria, berceau supposé de l'Humanité, se trouve en effet un condensé éblouissant de mondialisation perverse : cynisme des pays du Nord et détresse des pays du Sud. Car le lac abrite la perche du Nil (espèce introduite - j'oubliais, cet endroit est aussi un condensé de catastrophe écologique bien sûr), poisson dont les filets se vendent bien, et cher, partout où l'on a de l'argent c'est-à-dire pas en Afrique.

Ces perches partent chaque jour en avion, dans un fracas infernal, au dessus des têtes des habitants de bidonvilles infects. Et comme il faut rentabiliser les avions, pourquoi ne pas amener d'autres marchandises à l'aller (et qu'est-ce qui se vendrait bien en Afrique, à des régimes corrompus et bellicistes ? Allez quoi, un peu d'imagination !) Et comme les pilotes russes et australiens s'ennuient, pourquoi ne pas leur proposer des prostituées pas chères et pas encore toute contaminées par le SIDA ? Et comme seul le filet est gardé dans ces poissons, pourquoi ne pas faire bouffer (je ne vois pas d'autre mot vu l'aspect) aux indigènes les carcasses de poisson, séchées au soleil et bouffées aux vers ?

De toutes façons si le SIDA ne les emporte pas, ni la maladie liée à ce qu'ils mangent, ni la famine parce qu'il n'y en a même pas assez, c'est la prochaine guerre qui fera le ménage. A moins que l'extinction de la perche du Nil programmée pour dans quelques années (le film nous l'épargne, mais cela aussi paraît fatal), finisse par faire crever tout le monde dans une belle harmonie ?

Le FMI et l'Union Européenne, qui financent les usines de traitement de la perche du Nil, ne trouvent-ils pas que la Tanzanie a fait un bond économique depuis l'introduction de ce prédateur dans le plus grand lac du monde (...alors elle est pas belle l'Union Européenne de Bolkestein et consorts ?!)

Ce film se termine dans un silence assourdissant où chacun voudrait disparaître sous terre. A voir pour illustrer magistralement, s'il en était besoin, l'horreur économique dont nous parlent V. Forrester et les altermondialistes : si des fois vous aviez encore du mal à voir clair dans ce concept, ce film est le parfait contre-exemple du développement durable !










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Le Chateau Ambulant (Howl's Moving Castle), un film de Hayao Miyasaki - Studios Ghibli

Un mois après le nouvel aboutissement d'Oshii San (Ghost in the Shell 2), voici le dernier spectacle du seul dessinateur japonais que j'admire encore plus : Miyasaki San, le p'tit vieux barbu aux yeux malicieux, co-fondateur du mythique studio Ghibli. Je n'ose plus dire 'le nouveau chef d'oeuvre', chez ces deux génies cela tient du pléonasme... On est gâtés en tout cas.

A l'usage de ceux qui penseraient encore qu'il s'agit de dessins animés japonais, rappelons que les films de Miyasaki sont régulièrement présentés en festival et primés : Le Voyage de Chihiro à Berlin en 2002, Le Chateau Ambulant à Venise en 2004... Princess Mononoke dans mon panthéon personnel (et j'espère dans le vôtre) depuis 2000, en tant que plus bel anime de tous les temps.

On a aussi chroniqué ici en 2003 la sortie française du très beau Château dans le ciel pourtant daté de 1986. Sans parler du cucul mais très joli dessin animé Heidi qui vous rendait déjà si jovial(e) quand vous aviez 5 ans... eh oui, déjà l'oeuvre de Miyasaki San ! Il a heureusement claqué, il y a vingt ans et pour cause de gauchisme avéré, la porte des impérialistes studios Toei Animation (Goldorak, Dragonball Z et consorts), pour fonder Studio Ghibli avec son compère Takahata (l'auteur du splendide Tombeau des Lucioles).

La vision d'un film de Miyasaki m'a toujours mis dans un état extatique. Au début j'ai cru être le seul jusqu'à cette reconnaissance un peu tardive du grand public, qui est venue avec les aventures merveilleuses de la petite Chihiro, exaltant les thèmes phares de Miyasaki : Ecologie et non-violence, animisme et onirisme, dualité des personnages (personne n'est jamais complètement gentil ou méchant, on n'est pas chez Disney !), spiritualité orientale et ludique... et surtout beauté fulgurante des décors et des ambiances !

Ce film-ci conte les aventures d'une jeune fille, Sophie, transformée par un mauvais sort de la sorcière des Landes en vieille femme, pour avoir approché le jeune et beau magicien Hauru. Celui-ci habite dans un énorme chateau monté sur pattes, machine fumante et brinquebalante qui voyage tout le temps, et dont les portes s'ouvrent sur une infinité de mondes.

Comme à chaque fois, le scénario est drôle et déconcertant (plus touffu encore que dans les précédents films) ; le dessin des villages alsaciens, bourgades écossaises et autres lacs japonais où débouche la porte magique est délicieux, la poésie et le merveilleux y sont présents à tous les instants ! La beauté est partout et chaque être est attachant : même une vieille dame obèse, un démon du feu, un roquet asthmatique, un épouvantail...

Evidemment on remarque que les allusions aux oeuvres précédentes de Miyasaki sont nombreuses (chateaux mobiles, créatures warholiennes, dualité du héros masculin) et semblent parfois cacher un manque de nouvelles idées : ayant adapté un roman anglais, il semble y avoir plaqué son univers en se reposant sur une histoire déjà foisonnante. C'est donc un peu l'équivalent d'un album remixé, que les fans verront avec le plaisir de la connivence, tandis que les néophytes brûleront ensuite, j'en suis sûr, de connaître tous ses films précédents.











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Tim Burton's Corpse Bride (Les Noces Funèbres de), un film de

Ce titre en VO, en gros la Fiancée-Corps, traduit bien mieux l'ambiance et le sujet du nouveau Tim Burton que sa traduction française sinistre ! De même que pour l'onirique, cucul et au fond excellent Big Fish, c'est par pur acquis de conscience que je parlerai rapidement de ce film. Qui aime ce réalisateur exceptionnel (donc presque tout le monde) va l'adorer, c'est une évidence, ne devrait pas hésiter et même pas lire ce qui suit avant d'y foncer.

Surtout ceux qui ont aimé son précédent film d'animation, fondateur en la matière, The Day Before Christmas et son cultissime Mr Jack, que certains ont aimé au point de se le faire tatouer sur le bras (vu à Marseille !). Car l'animation est une fois encore sublime : il s'agit de marionnettes filmées en images par images, et avec des mécanismes compliqués à l'intérieur pour les rendre vivantes (autant dire un boulot à peu près aussi effarant que celui de Wallace et Gromit et un résultat, à mon goût beaucoup plus beau car plus ... aérien).

Un mot du pitch ? Le jeune héros, romantique et gothique à la Chateaubriand/Vincent Price, doit faire un mariage de raison décidé par ses parents commerçants pour s'allier à une famille noble... mais en répétant son mariage en forêt, il passe accidentellement la bague au doigt d'une jeune femme, fiancée abandonnée et enterrée là, qui revient à la vie, ensorcelée et amoureuse de lui. Il se retrouve donc le cul entre deux chaises, ou plutôt entre deux mondes : les vivants (vieilles batisses victoriennes, couleurs sinistres, culs pincés, hypocrisie) et les morts (cavernes en forme de boites de jazz, couleurs chatoyantes, franc-parler et rigolade). L'histoire est néanmoins assez subtile pour que les deux prétendantes soient charmantes et intelligentes, pour ne pas tomber dans la caricature et compliquer la vie au héros !

Les voix (et si on le sait,les figures un peu aussi) sont celles de Johnny Depp (méconnaissable) pour le jeune héros pâle et effacé, Emily Watson pour sa promise (typique), douce et timide comme lui, et... Helena Bonham Carter, chaude comme la braise, pour la fiancée d'outre-tombe, voix diabolique pour le plus beau zombie qui ait jamais été créé, fiancée dont même le tibia à nu, l'avant-bras où l'oeil qu'elle perd tout le temps sont sensuels ! Du rire et des larmes (j'en ai écrasé une grosse), du grand spectacle et des mélodies au poil de Danny Elfman comme d'hab, de la beauté et de la poésie, du Tim Burton quoi ! Pffff... des fois j'ai vraiment l'impression d'enfoncer des portes ouvertes, moi.











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Vignette Philippe

 Critique écrite le 15 avril 2008 par Philippe
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