Accueil Chronique album : Films Lim 081-100 - Films Lim 081-100, par Philippe
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Critique d'album

Films Lim 081-100 : "Films Lim 081-100"

Films Lim 081-100 :

Pop - Rock

Critique écrite le 22 avril 2008 par Philippe

Indigènes, un film de Rachid Bouchareb

Voilà donc enfin Indigènes, le film qui fit sensation l'été dernier à Cannes. On se rappelle Jamel, Roshdy et les deux Sami entonnant le chant des combattants africains dans un silence ému au Palais des Festivals, et raflant un Prix d'Interprétation collectif. Celui-ci était-il affectif, culturel... politique ? Peut-être, mais il n'est pas volé ! Car chacun des quatre incarne superbement l'une des motivations qui pouvaient pousser, il y a soixante ans, de pauvres gars à quitter leur pays pour venir se faire trouer la peau en France : la quête de reconnaissance, l'émancipation, l'envie de défendre la liberté... ou l'appât du gain.

L'histoire commence donc en 1943, quand la France Libre réalisa qu'elle avait là de la chair à canon bon marché, naïve et malléable, à faire partir en première ligne pour libérer l'Europe. Encadrés par un sergent pied-noir ambigü mais intéressant (méprisant les arabes mais toujours loyal avec eux), on suit les troupes, et principalement ces quatre personnages dont certains sont illettrés, en Italie, en Provence, dans la vallée du Rhône, dans les vosges et jusqu'en Alsace - bien loin de chez eux.

Certains plans sont assez démonstratifs, comme cette séquence ou des noirs plantent le drapeau français au sommet d'une colline conquise de haute lutte, ou quand tous chantent parfaitement la Marseillaise - on ne peut cependant qu'être touché. Par ailleurs, avec des personnages crédibles car humains et faillibles, le film évite les clichés qui auraient affaibli le message - Sami Bouajila est peut-être le plus touchant, dans sa quête éperdue de reconnaissance militaire et d'égalité des droits. Mais Jamel Debbouze recherchant l'intérêt des autres, Roshdy Zem essayant de rejoindre cette belle française qui s'est donnée à lui, Sami Naceri renonçant à piller le tronc d'une église par peur de blasphème, ne sont pas moins intéressants, sans parler du fameux sergent Martinez...

Le film flâne et s'égare un peu en route - mais aussi, leur campagne fut interminable... Cependant la dernière partie en fait un vrai film de guerre, âpre et flippant, sombre et violent, digne de Spielberg dont il rappelle nettement Saving Private Ryan. Cachés dans un petit village d'Alsace (où ils arrivèrent parmi les premiers), chargés de tenir une position intenable, on tremble avec eux dans l'attente de l'arrivée de l'ennemi, et le moins qu'on puisse dire est que le combat qui va s'engager est un moment d'anthologie.

Petite histoire nous apprenant la Grande, réhabilitation d'une vérité historique, réparation d'une injustice ignoble (notre bien-aimé Président aurait décidé après le film de réhausser les pensions des anciens combattants), Indigènes est non seulement une oeuvre de salubrité publique, mais aussi un grand film épique, au sens hollywoodien. De quoi redonner de la fierté à des générations d'enfants qui, espérons-le, iront le voir avec leur école.

En attendant, n'hésitez pas un instant, et si vous connaissez des gens qui utilisent le mot "bougnoule" ou ont simplement des idées borderline en matière d'immigration, ils doivent plus encore, absolument y aller. Le petit alsacien que je suis a en tout cas été ému aux larmes par la foudroyante séquence finale - mes amis me traitent parfois d'allemand pour rigoler mais, si je n'en suis pas un, c'est aussi et peut-être d'abord à cause d'une bande d'indigènes pouilleux mais vaillants, qui ont eu le courage d'ouvrir la voie aux libérateurs américains, bien plus nombreux et qui ont été célébrés à leur place...









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La Raison du Plus faible, un film de Lucas Belvaux, avec Rémy Belvaux, Eric Caravaca

On sait que celle du plus fort est toujours la meilleure. Mais qu'en est-il de celle du plus faible ? A Liège, ville minière de Belgique, deux anciens ouvriers en pré-retraite, amochés par la mine, l'un alcoolique, l'autre paralysé, quittés il y a bien longtemps par leurs femmes, tuent l'ennui en jouant aux cartes avec un jeune chômeur sur-diplômé mais désespéré (Eric Caravaca, touchant). S'ajoute au trio un repris de justice qui leur avouera, un soir pourtant plus joyeux que les autres, être tombé pour un braquage (Rémy Belvaux, impeccable en écorché vif).

Devant l'impossibilité, pour le plus jeune, de remplacer la mobylette dont sa femme a pourtant besoin pour aller travailler à l'usine (Natacha Régnier, attachante comme toujours), une idée fait peu à peu son chemin... pourquoi ne pas essayer de braquer un des convoyeurs de ces grosses sommes d'argent liquide que génère l'envoi de trains de ferraille vers la Pologne ? Ce serait comme un juste retour, de la part de cette mine qui leur a tout pris, et si peu donné.

Les deux vieux sont pour, ils n'ont rien à perdre. Le braqueur, à peine sorti de prison, est contre mais rien n'y fera, même pas une séance très pénible de quasi-hypnose où il essayera de générer dans l'esprit de son ami la terreur liée à un moment de braquage. Sachant les risques que les autres veulent prendre, le chômeur voudra évidemment en être, malgré sa femme et son gamin.

Le problème, c'est qu'une attaque à main armée, c'est dix ans, et que si on tue quelqu'un c'est plus encore... Tout au long des préparatifs, sur une musique stressante de contrebasse sinistre, on se sent donc saisi d'angoisse et de trac pour cette opération de la dernière chance, préparée au petit bonheur avec des armes d'occasion. Les acteurs étant tous excellents, on ne peut que s'identifier à eux et les accompagner au bout de ce suspense éprouvant. Au final, ce film est un vrai thriller social de grande tenue, et un coup de maître pour Lucas Belvaux.









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La Science des Rêves, un film de Michel Gondry


Cellophane. Ciseaux. Rêve. Gaël. Feutrine. Garcia. Coming from Mexico. Bernal. Le numéro de Zoé ? Obsédé sexuel. Calendriers. Affreux cheval. Stéphane. Invention. Somnambulisme. Rigolo. Forêt sur un bateau. Miroux. Cotton clouds. Big hands ? Big penis. Galop. Barjo. Femmes à poil. Palier. Feutrine. Voisine. Copine. Disastrology. Little sausage. Mezzanine. The White Stripes. Charlotte Gainsbourg. 3 Vallées. Bricolo. Seconde d'une Temps le remonter à Machine. Alain Chabat. Rasoir vivant.

Optical illusions. Cheval électronique. Stephane TV. Paper town. Rêve. Inventeur. Cheap. Poétique. Rigolo. Controlling my dreams. Boîte à oeuf. Cops playing piano. Femmes à poil. Magie. Cellophane. Goat on the Hill (sexual position). Imagination. Emma de Caunes non ? Charlotte Gainsbourg, si. Jolie. Poney. Disastrology. Single. Talented. Girl next door. Ciseaux. Instinct blues. Rouleaux de PQ. Speak english ? Falling piano. Miou Miou. Worst job in my life. Cotton clouds. Drôle. Machine mach M Machrmtltpdnsconde. En version portable. Paper town. Rêve. Stephane TV. Mexico. Voisine. Loco. Narco. Volcano. Numéro. Zoé. Illusions d'optique. Rêve. Calendrier. Cellophane.

Stephane Miroux. Bricolo. Magie. Stephane TV. Dans ta tête. En la tua cabeza. In your head. Français, spanish, english. Feutrine. Mezzanine. Dragueur. Inventeur. Muffle. Claque. Cheap. Poétique. Rigolo. Cellophane. Back to Mexico ? Eternal Sunshine of the spotless Mind ? No, non, niet. La Science des Rêves. The Science of Sleep. Pas aussi émouvant, mais... Crazyer. Funnyer. Cheaper. Stranger. And by the way, es la nueva pelicula de Michel Gondry et le film le plus barré of this year.









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Le Labyrinthe de Pan / El Laberinto del Fauno, un film de Guillermo del Toro

Après un détour (réussi) par les super-héros (Hellboy), le nouveau film de Guillermo del Toro revient, dans l'esprit de l'Echine du Diable, au conte morbide enfantin qu'il affectionne. Le cadre en est à nouveau la traumatisante guerre d'Espagne. Une mère seule a été obligée de se marier pour subvenir à ses besoins, et vient rejoindre son mari, capitaine cruel de l'amrée franquiste (Sergi Lopez, excellent en pervers sadique), dans une propriétée isolé en forêt, d'où ses soldats traquent les maquisards.

Sa petite fille, héroïne du film, suit un étrange insecte dans la forêt, qui s'avère être une sorte de fée. Celle ci lui fait découvrir à proximité un labyrinthe, ouverture vers un monde onirique et ancien, dont le passeur est un Faune, être légendaire mi-humain, mi-arbre, mi-chêvre (d'où l'imparfaite traduction en "Pan").

Il lui apprend que c'est un monde dont elle serait originaire et qu'elle pourrait rejoindre, si elle réussit à passer un certain nombre d'épreuves initiatiques. S'ensuit une histoire assez étrange, où la monstruosité des bêtes fantastiques qu'affronte la jeune Ophelia est mise en parallèle avec celle des soldats franquistes, qu'affrontent des résistants et la gouvernante de la propriété, infiltrée au péril de sa vie auprès du capitaine....

Un moment balloté dans ce scénario un peu capillotracté, on finit pourtant par s'y faire - les effets spéciaux et les créatures sont très convaincants, le suspense se fait prenant, une ou deux séquences sont même franchement flippantes (ah, cette immonde créature sans yeux). Les deux mondes finissent par se toucher dans un final allégorique assez émouvant et qui prête à des nombreuses interprétations. Conte d'enfants innocents face à des adultes cruels, qui peut rappeler Tim Burton dans ses meilleurs moments, Le labyrinthe de Pan peut vous emmener loin, très loin, si votre regard se perd dans celui, très étrange, du Faune, tour à tour amical et terrifiant.









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Les Bronzés III - Amis pour la Vie, un film de J-M Poiré

Les Bronzés, Amis pour la Vie, 3ièmes du nom, donc. De quoi se méfier : deux films totalement mythiques, quasiment des monuments historiques, et là comme ça, une suite ? Bon après tout ça se tente, un soir de perdition. Bonne nouvelle : les sbires du Splendid ne sont pas devenus plus intelligents, ni moins. Leurs blagues ne sont pas plus drôles, ni moins. Ce troisième opus ne dénature donc pas les deux premiers, même trente ans après !

Des changements substantiels évitent la paresse scénaristique (le loser n'est plus forcément celui qu'on croyait, le cocu non plus), des clins d'oeil sans lourdeur au passé, des acteurs qui excellent dans un cabotinage qui reste supportable (par exemple, qui l'eut crû, Christian Clavier n'a aucune difficulté à jouer un gros con, ni Thierry Lhermitte un vieux beau...).

Des gens qui sont capables de se moquer d'eux-même à ce point et avec tant de méchanceté, ne peuvent pas être devenus complètement pourris... leur mauvais esprit légendaire est intact ! Vous aviez ri ? vous rirez encore. Vous l'aviez vu à la télé ? Vous pourrez encore le voir à la télé. Mais si vous avez eu une journée merdique, ne boudez pas votre plaisir - vraiment, c'est le spectacle idéal pour décompresser.









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Les Infiltrés, un film de Martin Scorsese, avec Jack Nicholson, Leo Di Caprio, Matt Damon

Evidemment parler à un cinéphile d'un nouveau Scorsese est inutile - il VA voir les nouveaux Scorsese. Pour faire au plus simple sur une filmogaphie impossible à résumer, disons que Leo di Caprio a déjà joué avec lui dans le très bon Aviator, où il a tenu un de ses meilleurs rôles, et avant dans l'outrancier mais burlesque Gangs of New York. Pour les autres, sauf erreur c'est une première. Heureusement Jack Nicholson n'a plus à prouver son talent à jouer des vraies ordures (en gros, c'est l'ensemble de son oeuvre), ni Matt Damon des sales petits faux-jetons (Talented Mr Ripley).

Le pitch est simple : deux jeunes types entrent dans la police en même temps. L'un est venu l'infilter, pour le compte de la mafia irlandaise du Massachussetts, l'autre s'en fait blackbouler directement pour aller infiltrer... la mafia irlandaise du Massachussetts. Autant dire un truc bien tordu, voire too much, on croirait un scénario à la Beat Takeshi Kitano ! Mais il faut dire que Scorsese a tant fait pour le film de mafia depuis Mean Streets, qu'il ne lui reste plus d'autre choix que de s'auto-parodier et de grossir toujours davantage le trait.

Et il y arrive fort bien ! Il ruse même pendant les scènes de gunfight (qui à force semblent presque l'ennuyer) : il y fourre d'étranges arrêts sur image, les gens y meurent de façon moche et comique à la fois. Il se concentre au contraire sur des dialogues au cordeau, une intrigue palpitante, des visages rongés par l'angoisse des deux jeunes gens "undercover" et qui risquent à tout moment de se faire qui enfermer, qui torturer. Excellents tous les deux, Matt et Leo finissent par se ressembler (d'autant qu'ils vonte rencontrer la même femme, la peu connue et ô combien élégante Vera Farmiga), et le spectateur perd assez vite la trace des concepts (jamais très intéressants pour Scorsese) de Bien et de Mal, mais aussi de gentil et de méchant !

Car un tel jeu de dupe ne peut durer qu'un temps sans se salir les mains. ET puis au fil des petites imprudences de l'un et de l'autre, la tragédie se met inexorablement en place. Dès le début on se doute qu'ils vont finir par être repérés. On le lit déjà dans le regard de ceux qu'ils croient pouvoir tromper, ceux qui tirent les ficelles : l'ignoble et brillantissime Jack Nicholson d'un côté, le presque trop gentil Martin Sheen (heureusement secondé par son affreux adjoint Mark Wahlberg) de l'autre. Après avoir dit que Les Infiltrés est finalement un GRAND CRU du rital préféré d'Hollywood, je n'ai plus qu'une chose à dire pour conclure et vous donner envie d'y aller (une chose qui au moins ne déflore pas trop le suspense pour ce cinéaste) : CA VA SAIGNER.









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Lord of War, un film de Andrew Niccol avec Nicolas Cage, Ethan hawke, Ian Holm

Ce film semble bien parti pour être la grosse entrée 'off' de ce début d'année : sa plus solide caution étant qu'il est signé Andrew Niccol (auteur du mythique Bienvenue à Gattaca, soit l'un des moins chers et des tous meilleurs films de S.F. de tous les temps), et aussi qu'il n'a pas trouvé de producteur aux USA tant il y fut jugé subversif ! Comme on peut s'en douter au vu de la bande annonce, Lord of War raconte l'ascension d'un immigré ukrainien devenu un tycoon du trafic d'armes aux USA. Basé sur des personnages et des faits réels, il montre de façon virtuose, presque documentaire, comment la chute de l'URSS a transformé les pays de l'est en un vaste hypermarché des armes (rien que l'Ukraine s'est fait subtiliser pour 32 milliards de dollars d'armes !), et comment l'Afrique et ses conflits armés permanents en sont devenu les meilleurs clients.

Yuri Orlov est donc l'un de ces quelques très gros trafiquants qui font l'interface, suffisamment culotté et malin pour tirer son épingle du jeu sans jamais avoir été zigouillé par sa propre marchandise, capables de changer le nom d'un navire ou de faire disparaître une cargaison en quelques minutes grâce à une imagination débridée (ce qui donne lieu à des séquences hallucinantes), finissant par tutoyer tous les dictateurs d'Afrique et les généraux russes en retraite.

Incarné par un Nicolas Cage correct mais sans génie, Yuri nous raconte donc en voix off comment il a conquis le monde, en jouant au chat et à la souris avec un policier toujours dépassé (Ethan Hawke), en taillant des croupières à son concurrent paradoxalement trop moral (Ian Holm), comment il a séduit et épousé un mannequin en lui mentant sur ses activités, comment il fréquente un dictateur libérien qui rappelle fortement Charles Taylor. On le regarde évoluer au milieu des requins et on finit, bien malgré soi, par s'identifier à lui et se demander combien de temps lui et sa famille vont pouvoir s'en sortir.

Ce film présente donc en visite guidée un monde souterrain et moult pratiques abjectes, génératrices de fortunes colossales... hélas de façon souvent très contestable et équivoque. Outre une certains complaisance vis-à-vis du "héros" (qui en plus d'être plutôt classe voire "cool", incarne malgré tout une forme de rêve américain), le réalisateur ne cache pas une fascination certaine pour les armes (une séquence très "sexy" de présentation de l'AK 47 kalaschnikov). De plus certains passages paraissent à la limite du racisme : les africains hommes, femmes et enfants, seraient en gros tous fascinés par les armes (en plus d'être des voleurs, bien sûr !).

Pire, le film véhicule l'idée que le trafiquant d'armes ne serait qu'un commerçant comme les autres, un "mal nécessaire" puisque les hommes ont selon lui forcément "besoin d'armes pour se défendre". Le bouleversant Cauchemar de Darwin a pourtant démontré, au contraire, qu'en matière d'armes en Afrique c'est plutôt l'offre qui crée la demande... Il me paraît au mieux réducteur, au pire malhonnête de prétendre que ce sont les guerres qui ont besoin d'armes et non le contraire. Andrew Niccol répondrait probablement par ce à quoi se raccroche son héros : "Oui, mais ce n'est pas moi le vrai méchant", il n'empêche.

Certes le film, grâce à son aspect "sexy" de thriller chic, touchera bien plus de gens que le documentaire en question, ce qui justifie peut-être quelques entorses à l'honnêteté et à l'objectivité (à la manière de Michael Moore touchant bien plus de monde que William Karel, en parlant pourtant moins bien de la politique de G.W. Bush). Cela étant si vous ne travaillez pas chez Thompson, Giat, Thales, EADS, Eurocopter ou d'autres ordures du genre (et bien sûr si votre portable n'est ni un Motorola, ni un Nokia, ni un Samsung... tous impliqués de près ou de loin dans de la fabrication d'armes), vous pouvez peut-être vous dispenser d'aller cautionner cette entreprises un peu malsaine. Et si vous y allez quand même, dinez léger : en plus du malaise que distille cette façon de présenter les choses, les quelques chiffres qu'on apprend au générique de fin devraient vous donner, comme à moi, une sacrée envie de dégueuler sur notre drapeau national et sur notre belle industrie de la défense.









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Munich, un film de Steven Spielberg avec Eric Bana, Daniel Craig, Mathieu Kassovitz

Quelques mois à peine après avoir réalisé La Guerre des Mondes, le meilleur film d'invasion extra-terrestre depuis 50 ans, Steven Spielberg décidément hyperactif depuis quelques années revient en force avec Munich, un film qui a déclenché de violentes polémiques outre Atlantique (rappelons un dogme de base du cinéphile européen : "un film qui fait polémique aux USA ne peut pas être foncièrement mauvais, il est au moins intéressant").

München (en VO) est donc la ville où se produisit en 1972 le premier attentat moderne (cad télévisé) de l'histoire : le commando palestinien Septembre Noir tenta de capturer des athlètes israéliens comme monnaie d'échange pour des prisonniers. Opération mal préparée par les agresseurs et/ou mal gérée par les agressés allemands, et qui se finit donc par la mort de tous les otages. Ces J.O. qui se voulaient ceux de la réconciliation furent au contraire une humiliation et un traumatisme atroce : des juifs tués à nouveau en Allemagne ... La première ministre israélienne Golda Meir prit alors une décision difficile et lourde de conséquence : punir de mort les 11 commanditaires de Munich partout sur terre : le film raconte l'histoire des exécuteurs de cette mission au long cours.

Le commando ainsi formé, dirigé par un certain Avner (Eric Bana qui joue quand même mieux que dans Hulk), regroupe divers personnages plus ou moins conscients de ce qu'ils font : Mathieu Kassovitz (très bon) incarne un artificier un peu paumé mais pas franchement traumatisé, Daniel Craig (futur James bond) un vrai barbouze sans remords, tandis que les plus vieux se posent plein de questions. Avner, en tant que héros du film, est montré avec ses certitudes puis avec ses doutes, sa femme et sa fille qui l'attendent aux USA... humain et pourtant assassin (ou le contraire), personnage qui déclenche donc des sentiments ambigüs un peu comme celui de Yuri Orlov dans Lord of War.

Spielberg a eu l'intelligence de faire rencontrer divers points de vue : les terroristes palestiniens aussi sont de pauvres types dont on peut imaginer femmes et enfants (trop humains même, selon les détracteurs), le héros se retouve d'ailleurs dans une scène surréaliste à discuter géopolitique avec un agent palestinien, occasion de montrer l'autre point de vue, celui de l'agresseur qui se perçoit comme résistant et qui peut faire vaciller ses certitudes... Alors qu'à un moment où il rentre au pays, accueilli comme un héros par de jeunes soldats et sa mère, la conviction qu'il fait quelque chose de bien se renforce au contraire, effaçant des scènes de violence traumatisantes qu'on vit avec lui lors des assassinats ciblés.

La question de fond du film, (la forme étant de savoir si la mission va réussir), est donc la thématique de la vengeance, de son utilité, de son efficacité, de ses proportions (doit-on tuer aussi le remplaçant de celui qu'on visait, ou encore un sous-traitant du camp adverse ?). A travers le prisme de cette "petite" histoire de quelques années, tout se transpose à la grande et aux décennies (une image des Twin Towers vise clairement à mettre le tout en perspective). En conclusion ce film plutôt sombre pose donc de bonnes questions et se garde d'y apporter de mauvaises réponses. Quant à savoir s'il peut aider faire le deuil de cet épisode, donc faire progresser le rapprochement entre les peuples (et donc finalement servir à quelque chose), je vous invite à vous faire votre propre idée si ma réponse - non - ne vous suffit pas.









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Renaissance, un film de Christian Volckman et Marc Miance

Vous avez peut-être été intrigué par la bande-annonce de cet objet filmique non identifié, tout en noir et blanc, dont la meilleure description possible est une "bande dessinée animée". L'effet dégagé par le travail de plusieurs années de ces artistes et animateurs est en effet tout à fait surprenant et très esthétique, comme un remix de plusieurs talents... Pour les amateurs : on dirait des personnages de Van Hamme (XIII) évoluant dans le monde de Schuiten (les Cités Interdites), colorié par Frank Miller (Sin City), et le tout animé, c'est peu dire que le résultat est bluffant !

L'histoire se passe à Paris en 2054, prétexte à l'invention d'une ville futuriste très surprenante et tout à fait magnifique, toute en verticalité, dont les limites auraient été repoussées à la fois vers le haut (appartements-bulle montés sur des vérins) et ... vers le bas (ville-basse connectée avec les sous-terrains du métro). Ville où les voitures évoluent dans des galeries fermées et translucides, au dessus desquelles se promènent les piétons (voilà une gestion de l'urbanisme qui ferait - fera - peut-être l'unanimité ?). Il y a un énorme travail sur les transparences et les reflets dans cette ville toute en vitres, ainsi que sur l'ombre et la lumière.

Le scénario assez classique met en scène Carras, robuste et taciturne policier enquêteur à la recherche d'une jeune scientifique disparue. Celle-ci travaillait pour la toute-puissante société cosmétique Avalon (nom qui résonne très fort chez les amateurs de science-fiction). Il sera donc aux prises avec la sulfureuse soeur de celle-ci, des scientifiques mystérieux, des magnats de la finance et les petites frappes qui exécutent leurs basses oeuvres, et un mystère de la recherche que personne ne doit découvrir. Travellings aériens sur la cité, séquences de gunfight futuristes contre des méchants translucides, poursuite en voiture et même à pied, tous les éléments sont réunis pour exploiter à fond le potentiel artistique de cette création.

Mais la partie qui est la plus surprenante pour un film d'animation informatisée est le travail sur les visages et les textures. Car animer un visage en motion capture est très casse-gueule si on est pas milliardaire et même avec du talent : Bilal et son Immortel s'y sont cassés les dents. Or ici le parti-pris noir et blanc, qui a du simplifier les calculs, a par contre permis d'explorer toute la palette des mouvements et expressions du visage, pour un résultat assez stupéfiant, disons-le simplement, vivant ! On voit aussi le grain de la peau, la texture du cuir ou du tissu des vêtements, fruit du travail acharné d'une énorme équipe (on apprend par exemple au générique que 5 personnes se sont consacrées au travail de l'oeil et une dizaine aux textures !).

Alors en conclusion, à défaut d'avoir une intrigue révolutionnaire (quoique la fin est assez inattendue, un côté immoral qui ne peut que réjouir), Renaissance reste une expérience à voir : aucun dessinateur, architecte, urbaniste, bédéphile ou amateur de science-fiction ne peut décemment manquer ce film !









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Snakes on a Plane / des Serpents dans l'Avion, un film de D.R. Ellis, avec Samuel L.Jackson, Julianna Margulies

Evidemment, quand on annonce un film au titre aussi débile, le cinéphile (doublé d'un crétin congénital) que je suis ne peut décemment pas rater l'événement. Un avion donc, (un gros, forcément), et à son bord Samuel L. Jackson (qui a quand même un peu morflé depuis qu'il déclamait du Ezékiel dans Pulp fiction) en flic courageux, chargé de défendre un témoin à charge contre le plus méchant mafieux d'Hawaïï. Qui lui de son côté a chargé l'avion d'une cargaison de serpents multicolores pour le faire s'écraser (mais sans monter à bord, courageux mais pas téméraire, le mec).

Avion qui contient aussi un échantillon représentatif de passagers stéréotypés à mort, et une charmante hôtesse (ancienne doctoresse dans Urgences), histoire de stimuler le grand Sam quand il devra aller rebrancher la clim' de l'avion au fond de la soute toute sombre, pleine de truc rampants et sifflants. Et donc, un tas de serpents de tailles et de toxicités diverses, bien décidés à se faire les dents dans de la graisse d'américain moyen. Fait nouveau en cinéma, les rumeurs de tournage de ce film (autrement dit, le scénario qui EST à peu de choses près le titre du film, et réciproquement) ont déclenché une folle excitation sur la toile, chacun proposant des scènes et des répliques en plus - le tournage en a été rallongé de plusieurs jours.

En effet, l'apport des internautes est assez crucial à la nullité revendiquée du film : à un certain moment, on est en plein brainstorm sur toutes les façons de se faire mordre ou bouffer par un serpent selon ce qu'on est en train de faire (dormir, manger, furer...), et selon qu'on est une fille ou un garçon (un peu d'imagination, que diable). Conformément à mes espoirs, le chihuahua hurleur finira certes gobé par le boa, mais hélas pas la blonde qui va avec. Et Samuel réussira, avec l'aide de la belle hôtesse, à occire la plus grande partie de la cargaison, mais sans l'embrasser quand même, elle est blanche, faut pas pousser, c'est pas du cinéma indé non plus.

Bref l'ensemble est assez consternant : pas franchement effrayant (aucun bond dans le fauteuil à signaler malgré un placement au 3e rang), pas franchement drôle (ouais, d'accord, j'ai souri une fois ou deux), juste un peu dégueu (notez que les sacs à vomi ne sont pas fournis). Bref ce n'est pas l'événement de l'année hélas : ca ne vaut Freddy vs Jason ou Zombie, encore moins Atomik Circus ou Bad Taste... Mon panthéon du gore de série Z n'est donc pas bousculé, j'imagine que celui des 6959 autres abonnés de cette lettre (ouaouh !) ne le sera pas non plus. Plutôt déconseillé donc, sauf aux crétins congénitaux aggravés.









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Une Vérité qui Dérange, un film de D. Guggenheim, avec Al Gore

Bon, tout le monde a entendu parler de ce film alors on va pouvoir la faire courte. Le principe : Al Gore, ancien candidat à l'élection des USA, s'est (re)converti dans ce qu'il présente comme sa marotte de toujours : le changement climatique. Il sillonne ainsi le monde (50 états américains mais aussi la Chine, l'Europe etc) pour répandre la bonne parole, ou plutôt l'avertissement (que chacun connaît ou devrait connaître dans un pays aussi "évolué" que la France) : que nos enfants vont vraiment finir par nous en vouloir si on leur transmet un tas de merde toxique, là où nous on avait trouvé ... une planète.

Il faut reconnaître que la leçon est très pédagogique : de beaux graphiques (augmentation de la T° et du CO2), des images parlantes (fonte des glaciers etc), et un bon prof : faisant même un peu rire parfois pour faire passer la pilule, je dirais qu'il arrive à alerter sans affoler (la meilleure méthode), et n'oublie aucun des arguments les plus percutants sur le sujet... sans être simpliste non plus !

En filigrane, un peu de sa vie est rappelé, en tout cas ce qui selon lui l'a poussé dans cette voie. Je ne vais pas faire le type pernicieux, demander pourquoi il ne parlait pas davantage de tout ça quand il était candidat, rappeler que le même Al Gore a présidé, dans les années 80, une bien vilaine commission toute maccarthyste pour auditionner les très dangereux agitateurs (généralement machistes, satanistes et zoophiles) que sont les chanteurs de hard rock (c'est à lui et sa femme Tippy qu'on doit la mention "Parental Advisory"). Après tout, s'il aime les idées pures et l'air pur, ce n'est pas incompatible.

Quant à vous, si vous voulez une bonne leçon sur le sujet (je n'ai rien repéré de malhonnête ni même de pro-USA dans le propos, à part la comparaison du fléau climatique avec le communisme), le film en est une excellente, et ça peut toujours être utile : le générique de fin est très positif et montre tout ce qu'on peut faire (assez facilement) pour commencer à changer.

Cela dit, visiblement l'enjeu aux USA est quand même encore de convaincre les sceptiques. Alors si vous avez déjà un peu compris le truc, que vous n'avez ni 4x4 ni cafetière Nespresso, que vous triez vos déchets et que vous ne prenez pas la bagnole pour un oui ou pour un non, eh bien continuez comme ça. Bon, soit dit en passant, il souligne aussi l'importance de ne plus voter, à partir de maintenant, que pour des candidat(e)s qui prennent ce sujet au sérieux et s'engagent dessus. Ca mérite réflexion, ça aussi.









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"V" for Vendetta, un film de J. Teigue & des Frères Wachowski, avec Natalie Portman, Hugo Weaving

Pas en avance pour chroniquer ce film, mais puisqu'il passe encore ... Voilà déjà quelques semaines que des affiches moches, mais intriguantes (grises et barrées d'un grand "v" rouge) ont été placardées dans les rues, provoquant ma curiosité au moment où j'ignorais l'existence de ce film. L'histoire se passe dans une Angleterre d'un futur proche, qui serait tombée aux mains d'un dictateur fasciste (Adam Sutler, son patronyme est facile à resituer). Celui-ci officie à la fois à l'ancienne (enlèvements, internements et disparitions de personnes au visage systématiquement recouvert d'une cagoule noire) et à la moderne (méthodes toutes berlusconiennes de contrôle des médias et d'endormissement des masses).

Un terroriste poète appelé "V" résiste, à peu près seul. Tout de noir vêtu, il porte un masque de Gary Fawkes, anarchiste qui essaya de faire sauter le Parlement anglais 5 siècles auparavant. Et il se donne le même objectif tout en tentant de rallier la population à sa cause (de façon assez fine et ludique). Evidemment il y a dans le film des affiches de propagande grises, et évidemment ses sympathisants les barrent d'un grand V rouge, voilà donc l'explication... Une jeune fille ayant un terrain fertile (ses parents ont été eux aussi enlevés) tombe involontairement sous sa coupe : en lui sauvant la mise à la fin d'un happening télévisuel, elle se compromet et il est obligé de la cacher chez lui.

Adapté d'une bédé culte d'Alan Moore (pas lue), le scénario ellipse sans doute pas mal de choses. Il faut croire à cette dictature localisée à l'Angleterre et à l'apathie des populations sans trop se poser de questions, pour se concentrer sur la relation d'attraction/répulsion qui unit "V" et Evey ; la jeune fille n'est pas résistante dans l'âme et elle est embarquée de force, d'autant que "V" a fixé un rendez-vous à la population de Londres, un an après, pour dynamiter ses institutions... Va-t-il la convertir ou va-t-elle le convaincre de renoncer ? Le héros terroriste, voilà bien un sujet de controverse dans le monde actuel et ici ça n'a pas raté, bien sûr.

Si les emprunts à 1984 sont incessants (contrôle des médias, construction artificielle de conflits et de maladies planétaires pour rendre la population docile, écran géant où s'affiche le Big Brother tout puissant), ce n'est pas gênant puisque sur le fond la dictature exercée est fondamentalement différente (fasciste au lieu d'être communiste). Par ailleurs l'histoire, sans être haletante, se suit avec intérêt et l'on est tout étonné que le film dépasse deux heures... La mise en scène est assez sage, avec quand même quelques séquences "matrixiennes" assez classieuses, dûes à la présence des frères Wachowsky dans le projet.

Par ailleurs la jolie Natalie Portman retrouve enfin un rôle à sa mesure (fini de faire la princesse nunuche dans des Star Wars interminables). D'abord fragile et touchante, on voit son endurcissement tout au long de l'histoire, restant fleur bleue malgré tout, face à ce super-héros atypique et anonyme. Quant à lui, beaucoup du charme indéniable du personnage masqué tient à la voix chaleureuse et grave de Hugo Weaving (l'ancien Agent Smith de Matrix qui était déjà sans expressions, ça le poursuit le pauvre) ! La V.O. est donc recommandée pour profiter au mieux de ce bon film d'anticipation, qui donne en plus très envie de découvrir la bande dessinée.









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Volver, una pelicula de Almodòvar, con Penelope Cruz, Carmen Maura, Lola Dueñas

Certes une certaine Karine a déjà ici comme qui dirait incendié ce film. J'espère d'ailleurs que quelqu'un lui a écrit pour lui reprocher d'avoir dévoilé une information cruciale et tue-suspense - je me suis souvent fait pourrir pour moins que ça (non, ne relisez pas surtout)... Bref. Pour autant, son argument principal ne tenait pas - à mon sens : l'"émotion imposée", c'est précisément la marque de fabrique d'Almodovar !

C'est toujours pareil avec lui : il y a au moins un moment du film où l'on se retrouve malgré soi avec une boule dans la gorge, la larme à l'oeil, devant le destin absurdo-tragique des personnages principaux, le plus souvent des femmes sublimes en pleurs qu'on aimerait pouvoir prendre dans ses bras (Marisa Paredes, Victoria Abril, Cecilia Roth, etc)... Et dix minutes après le film l'on se dit : et m..., cabron !, il m'a encore eu avec ses chicas bonitas, son scénario ultramélo et capilloctracté !

Eh oui. Almodovar ne fait que du soap opera amélioré, c'est un fait. Mais c'est en Espagne et en espagnol, et les personnages sont irrémédiablement attachants, et il a cette façon de filmer les femmes (et les hommes d'ailleurs) qui les rend sublimes. Bon pour Penelope Cruz évidemment, c'est plus facile que pour Carmen Maura (correcte et intriguante en maman revenante) ou Lola Dueñas (très touchante, déjà repérée dans le bouleversant Mar Adentro) : la Cruz, il suffit de la filmer (et si possible en plongée-décolleté) pour que l'image soit belle. Mais si en plus elle réussit à mouiller de l'oeil sur commande et à faire croire que c'est elle qui chante la sublime chanson Volver, pourquoi vouloir lui résister ?

Son histoire vous emportera, elle vous emportent toujours. Quant à dire que Penelope pour ce film, et plus encore toutes les actrices, méritaient une Palme d'Interprétation groupée, il est vrai qu'on pourrait en discuter : elles sont toutes très vraies, sans forcément époustoufler. Cette histoire de maman revenant finir des choses et des relations inachevées avec ses filles (fantôme, illusion, rêve ?) est cependant très attachante, un Almodovar mineur (comme d'ailleurs la Mala Educacion), peut-être ? Mais qu'aucun aficionado ne peut rater. Car personne qui aime le cinéma ne rate un Almodovar...









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Walk the Line, un film de J. Mangold avec Joaquin Phoenix et Reese Witherspoon

But I shot a man in Reno, just to watch him die (Folsom prison blues). Aujourd'hui ce genre de paroles est courant dans le rap. Mais chantées dans les années 60's, elles étaient d'une rare violence et vous définissaient d'entrée comme un personnage de marginal. Johnny Cash fut donc d'abord le héros des paumés, des ploucs, et en particulier des taulards pour qui il a souvent joué (c'est le meilleur public qui soit) et enregistré deux concerts mythiques, aux pénitenciers de St Quentin et de Folsom. Si vous n'écoutez qu'un disque de lui dans votre vie, prenez l'un des deux...

Ce film est une biographie paraît-il légèrement romancée du chanteur de folk/rockabilly/country à la voix fascinante, dont l'essentiel est quand même véridique ! Le chanteur a bien eu des parents merdiques, un frère mort à l'adolescence dont le souvenir l'a hanté toute sa vie, une femme qu'il n'a jamais aimé, un vrai problème avec l'alcool et les pilules - il a bien passé des années à se languir de June carter, chanteuse délurée et femme émancipée...

Il a commencé sa carrière dans des tournées en car dans des salles improbables avec d'illustres inconnus appelés Elvis, Buddy, Jerry Lee, Carl (qu'on voit pour la plupart jouer ici sur scène, un pur bonheur), pour finir par remplir ses propres salles, dans une carrière menée tambour battant et toujours en dehors des modes. Image du Commandeur de la chanson américaine (un peu comme mettons, Bashung en France), il fut pourtant un peu oublié du grand public avant une redécouverte tardive (il reprit par exemple Hurt de Trent Reznor dans une version belle à en mourir en 2003, peu avant d'avaler son propre bulletin de naissance).

Alors peu importe que Joaquin Phoenix ne ressemble pas (même de loin) à Johnny cash puisqu'il l'incarne magnifiquement, dégage un charisme incroyable sur scène, chante le menton en l'air et porte la guitare très haut comme lui. Peu importe que la superbe Reese Witherspoon ne ressemble pas à June Carter, la femme de sa vie, puisqu'elle aussi l'incarne incroyablement bien. Même Elvis Presley et Jerry Lee Lewis (que Johnny Cash refusa de suivre dans la veine "facile" du rock'n'roll) ne sont pas ressemblants mais ils sont furieusement rock-n-roll - le choix se défend : il vaut mieux de bons acteurs que de mauvais sosies...

Ce film raconte donc de façon certes académique, une magnifique histoire d'amour contrarié entre deux artistes à une période charnière de la musique (au moment précis où les Beatles enflammaient l'Europe), il est la meilleure occasion de (re)découvrir Johnny Cash, nous menant de sa première chanson, gospel chanté avec son frère, jusqu'au concert mythique du Folsom Penitenriary. Croyez-moi, 15 % au moins du patrimoine génétique du rock'n'roll made in USA vient de là... alors si vous aimez cette musique autant que moi, vous aimerez le film.









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10 Canoës, 150 lances et 3 épouses / Ten Canoes, un film de Rolf de Heer

Voici un film qui est certainement le plus dépaysant que j'aie vue de puis Atanarjuat (chez les Inuit). Comme celui-ci, il conte une histoire ancienne chez une peuplade de nous méconnue : les aborigènes du bush australien. Un conteur rigolard qui accompagnera tout le film, nous prend en main avec une image en noir et blanc et présente les personnages, qui vivent dans une vaste savane arborée. Dans cette tribu, le jeune Dayindi est amoureux d'une des 3 femmes de son grand frère Ridjimaril, belle comme le jour (enfin, selon les canons aborigènes). Celui-ci, pour le raisonner, va lui conter une longue histoire, pendant qu'ils partent en groupe à la chasse aux oies semi-palmées. Cette histoire se met elle-même en images, en couleur (alors qu'elle est beaucoup plus ancienne) et avec des acteurs en commun - comme une façon de montrer un mode de vie immémoriel et immuable.

Le rythme est tranquille, voire un peu languide, mais il y a pas mal d'humour, et la plupart des acteurs (qu'on prendrait facilement pour de vrais "sauvages" tant ils sont naturels), ont des gueules vraiment amusantes. D'autant plus que la réalisation de Rolf de Heer en joue pas mal avec force gros plans. Il y a aussi un petit côté documentaire puisqu'on les voit chasser, fabriquer des pirogues et pratiquer divers rituels aborigènes - la magie noire n'est jamais loin. L'histoire racontée par Ridjimaril grandit comme un arbre, on en suit chaque ramification (comme autant de digressions) avec des allers-retours vers le groupe de chasseurs... Ca parle d'amour et de haine, de convoitise et d'amitié, c'est donc universel, mais dans un monde par ailleurs tout à fait étranger. Pour les amateurs de films exotiques et les curieux, 10 Canoes est donc à découvrir sans fautes.

Sinon pour les retardataires, il y a toujours possibilité de voir (avec ou sans enfants) Azur et Azmar, conte enchanteur de Michel Ocelot. L'histoire de deux garçons, ayant grandi ensemble dans une Europe médiévale et un peu féérique, avant de se retrouver plus tard à la recherche d'une princesse des elfes enfermée en Afrique. Images somptueuses d'un Maghreb multicolore à l'architecture superbe, visages doux et expressifs : un enchantement pour les yeux, tout autant que Kirikou et la sorcière. Comme celui-ci, Azur et Azmar s'apprécie autant à 30 ans ou plus, qu'à 3 ans (si j'en crois les rires joyeux des minuscules qui composent une bonne moitié du public). En plus d'une très belle histoire, une véritable ode à la tolérance et au mélange des cultures. Là-aussi un must-see pour bien commencer l'année !









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Azur & Asmar, un film de Michel Ocelot

Voici un film qui est certainement le plus dépaysant que j'aie vue de puis Atanarjuat (chez les Inuit). Comme celui-ci, il conte une histoire ancienne chez une peuplade de nous méconnue : les aborigènes du bush australien. Un conteur rigolard qui accompagnera tout le film, nous prend en main avec une image en noir et blanc et présente les personnages, qui vivent dans une vaste savane arborée. Dans cette tribu, le jeune Dayindi est amoureux d'une des 3 femmes de son grand frère Ridjimaril, belle comme le jour (enfin, selon les canons aborigènes). Celui-ci, pour le raisonner, va lui conter une longue histoire, pendant qu'ils partent en groupe à la chasse aux oies semi-palmées. Cette histoire se met elle-même en images, en couleur (alors qu'elle est beaucoup plus ancienne) et avec des acteurs en commun - comme une façon de montrer un mode de vie immémoriel et immuable.

Le rythme est tranquille, voire un peu languide, mais il y a pas mal d'humour, et la plupart des acteurs (qu'on prendrait facilement pour de vrais "sauvages" tant ils sont naturels), ont des gueules vraiment amusantes. D'autant plus que la réalisation de Rolf de Heer en joue pas mal avec force gros plans. Il y a aussi un petit côté documentaire puisqu'on les voit chasser, fabriquer des pirogues et pratiquer divers rituels aborigènes - la magie noire n'est jamais loin. L'histoire racontée par Ridjimaril grandit comme un arbre, on en suit chaque ramification (comme autant de digressions) avec des allers-retours vers le groupe de chasseurs... Ca parle d'amour et de haine, de convoitise et d'amitié, c'est donc universel, mais dans un monde par ailleurs tout à fait étranger. Pour les amateurs de films exotiques et les curieux, 10 Canoes est donc à découvrir sans fautes.

Sinon pour les retardataires, il y a toujours possibilité de voir (avec ou sans enfants) Azur et Azmar, conte enchanteur de Michel Ocelot. L'histoire de deux garçons, ayant grandi ensemble dans une Europe médiévale et un peu féérique, avant de se retrouver plus tard à la recherche d'une princesse des elfes enfermée en Afrique. Images somptueuses d'un Maghreb multicolore à l'architecture superbe, visages doux et expressifs : un enchantement pour les yeux, tout autant que Kirikou et la sorcière. Comme celui-ci, Azur et Azmar s'apprécie autant à 30 ans ou plus, qu'à 3 ans (si j'en crois les rires joyeux des minuscules qui composent une bonne moitié du public). En plus d'une très belle histoire, une véritable ode à la tolérance et au mélange des cultures. Là-aussi un must-see pour bien commencer l'année !









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28 semaines plus tard, un film de Juan Carlos Fresnadillo, avec Robert Carlyle

Plus tard que quoi ? Ben, que les 28 jours de Danny Boyle ! Rappel du pitch : un virus est libéré en Grande-Bretagne, du genre rage, qui zombifie les gens en quelques secondes et se transmet dans l'air et le sang, d'où apocalypse. Le premier volet où l'on suivait un jeune homme se réveillant seul à l'hopital après cette (possible) fin du monde était assez malin et dérangeant à la fois, avec une sorte de faux rythme, et des rencontres étranges qui entretenaient une sourde angoisse : un très bon "survivor" en somme.

Ce volet-ci met en scène une famille dont les enfants anglais sont ramenés de vacances pour participer, 28 semaines plus tard, à la recolonisation de l'Angleterre supposément purifiée, sous haute surveillance des USA. Et comme de bien entendu un détail va merder et la zone de haute sécurité, être livrée au chaos (zombies en bas, snipers en haut...). PAr contre, le rythme est ici frénétique, à la fois clipesque et archi-gore... Très belle image mais degré zéro de réflexion conceptuelle sur le statut de zombi (l'un des postulats de la crédibilité d'un tel film Romeroïde est de décider si oui ou non ils sont doués d'intelligence, et ici ce n'est pas tranché). Ah au fait, Robert Carlyle, d'abord héros, poursuit ensuite ses propres enfants pour les bouffer - du coup ça devient eux les héros. A réserver aux aficionados les plus "à crocs". Pour l'anecdote, dernier film vu par nous à l'UGC Capitole de la Canebière, que nous regrettons déjà amèrement - comme les dix personnes qui y ont perdu leur emploi d'ailleurs... merci encore de la part de tous les marseillais du premier arrondissement à l'Union des Gros C... mais je m'égare.









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7 h 58 ce samedi-là, un film de Sidney Lumet, avec Philip Seymouyr Hoffman, Ethan Hawke

Encore un titre à caractère chronologique, et également un film de genre mais un poil plus léger et moins charcutier, ce film-ci met en scène un braquage de bijouterie qui tourne au désastre - c'est la scène inaugurale. On remonte ensuite le temps pour reconstituer les jours précédents pour les divers protagonistes. Ethan Hawke y est plutôt bon en loser (il est décidément abonné quasiment depuis le coincé des Poètes disparus ...), Albert Finney est aussi excellent et effrayant que d'habitude, et Philip Seymour Hoffman est comme à l'accoutumée, assez formidable de présence en cadre qui semble tout contrôler mais dont on découvre les failles et les vices au fur et à mesure.

L'histoire s'appuye sur un scénario assez malin que n'auraient pas renié les frères Coen (un peu dans le genre Fargo) : un plan sans histoire et sans risques, qui dérape et part de plus en plus loin dans les emmerdes les plus incroyables... On pourra trouver la fatalité qui poursuit les personnages un peu appuyée, et ses conséquences un peu trop sordides : il manque la touche d'humour (ce que n'a certes jamais eu Sidney Lumet) pour en faire une tragi-comédie qui aurait pu être géniale. Reste un bon petit thriller, que ses interprètes assez savoureux sauvent de la banalité.









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Congorama, un film de Philippe Falardeau

Dans Congorama, il y a le Congo, la Belgique, le Canada.
Dans Congorama, il y a Olivier Gourmet, ce type toujours un peu angoissé et loser (mais qui choisit décidément bien ses rôles depuis Nationale 7), son petit garçon qui est noir comme sa femme, qui est congolaise, il y a son papa tout déglingué et vieux qui est Jean-Pierre Cassel mais qui est émouvant dans son silence, il y a ce canadien sans sourcils qui ressemble un peu à Poolvoerde et sa maman qui a un bras dans le plâtre.
Dans Congorama, il y a une tondeuse à énergie solaire, une invention à dégivrer des câbles électrique mais aussi des batteries révolutionnaires, et divers autres prototypes improbables de véhicules électriques.
Dans Congorama, il y a un émeu (et non pas une autruche), et il est très important !
Dans Congorama, il y a une promesse, une vieille histoire pleine de non-dits qui a commencé à l'exposition universelle de Bruxelles en 1967, aucune mièvrerie mais parfois de l'émotion brute, de l'humour juste comme il faut, de l'incongruité, un scénario complètement incroyable mais... crédible.
Dans Congorama il y a un film que vous devriez aller voir, ça devrait vous étonner, comme nous.











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Control, un film d'Anton Corbijn

Deuxième très beau film sur la mort précoce d'une rock-star en à peine 2 ans, après le superbe Last Days : voici une évocation du destin de Ian Curtis, chanteur de Joy Division, qui n'est pas moins tragique que celui de Kurt Cobain, d'autant qu'il a vécu encore 4 ans de moins. Si son succès a surtout été postérieur, le groupe a lui-même un héritage plus grand encore que Nirvana, en ayant lancé un style qu'on peut appeler indifféremment cold wave ou post-punk, et qui inspire aujourd'hui encore des dizaines de groupes (citons Sisters of Mercy, Interpol, Editors...).

L'histoire est connue : sa passion pour David Bowie époque berlinoise plus que pour ses études (on le voit mimer le Duke presque comme le faisait le héros du génial C.R.A.Z.Y.), son mariage précoce avec la première fille à qui il s'attache (avec enfant non souhaité à la clé), son boulot merdique de fonctionnaire, sa maladie terrible (l'épilepsie), l'esclavage et la camisole chimique qui vont avec. Et puis sa possible rédemption ou sa damnation : la musique de Joy Division, un écrin pour sa voix spectrale en forme de son venu de nulle part qui semble dépasser les musiciens eux-même. Des morceaux de rock hypnotiques et des balades bouleversantes, des paroles qui font directement écho à la vie du chanteur. Les enregistrements, les tournées et l'autre fille qu'il y rencontre, la bonne, quand il est déjà trop tard. L'échec final à mettre en scène sa propre vie qui mène à l'impasse qu'on connaît, à la veille exacte du succès annoncé outre-atlantique.

Bref, la courte histoire d'adulte de Ian Curtis, personnage très sombre en qui le chanteur Sam Riley s'est étonnamment fondu. Avec l'avantage immense d'être chanteur : les séquences live sont donc réinterprétées, et bien, avec toutes les gesticulations robotiques de son modèle. Elles n'en sont que plus bouleversantes, comme l'était déjà la courte évocation de Joy Division dans le film 24 Hour Party People. L'histoire est en plus mise en scène par un témoin cohérent et compétente : Anton Corbijn, le photographe qui les avait shootés à l'époque de leur explosion (soit en 1979 près de Manchester). Et ce point de vue imprègne le film : le héros est filmé à la distance exacte du photographe, sans jugement mais aussi sans empathie (contraitement à la caméra plutôt tendre de Gus Van Sant). Et qui plus est en noir et blanc, avec une lumière constamment travaillée au scalpel.

(Interlude Eric B) : On ne pouvait rendre meilleur hommage par cette mise en scène qui nous présente avec force un décor mancunien déprimant, enfer de craie et de charbon fait de noir et de blanc, comme la noirceur hantée du regard intense de Curtis, comme la blancheur spectrale du vide -le vide et la peur du vide, les grandes angoisses de Ian -, comme le noir et blanc des pochettes de Joy Division, sinusoïdes d'Unknown Pleasures ou gisant affligé de Closer. le réalisateur rend compte de l'esprit musical, du minimalisme cold wave qui palpite et vacille sur scène, le garçon cassable derrière le mythe 80's. (merci Eric !)

Sur inspiration d'un livre de Debbie Curtis, son ex-femme, le réalisateur choisit l'amour comme cause létale unique, c'est discutable mais c'est son droit. Il choisit aussi comme on l'a dit une distance qui évite de détourner les faits, très fidèles à ce que l'on en sait, et sans pathos aucun. Rendant difficile un réel apitoiement pour un héros malgré lui, en rien courageux et constamment dépassé par les événements. Non-héros finalement bouleversant quand même, par sa simple faiblesse et sa peur de grandir. Ce qui est sûr c'est que le film vous fera (ré)écouter instantanément les oeuvres complètes de Joy Division, la gorge serrée.










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Vignette Philippe

 Critique écrite le 22 avril 2008 par Philippe
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