Accueil Chronique de concert Big in Japan + The Legendary TigerMan
Jeudi 28 mars 2024 : 6614 concerts, 27064 chroniques de concert, 5409 critiques d'album.

Chronique de Concert

Big in Japan + The Legendary TigerMan

Big in Japan + The Legendary TigerMan en concert

Le Poste à Galène, Marseille (French Shame Day 09

Critique écrite le par

Ce mardi soir, des gens biens et/ou cultivés de notre connaissance se pressent à l'Embobineuse, pour voir le concert de Kid Congo, un grand type qui a joué avec les plus grands de la scène mythique new-yorkaise, patin, coufin, bon pas de panique, c'est la première fois qu'on entend ce nom, alors restons calme et buvons frais, on est toujours un ignorant pour quelqu'un d'autre... De toutes façon, depuis au moins trois mois, il est écrit dans notre agenda, au mardi 21 avril 2009, repassé trois fois au bic et entouré au fluo jaune et au fluo rose : The Legendary Tiger Man ! Yeaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Alors s'il nous tombe pas un bras et que Jon Spencer et Josh Homme sont retenus ailleurs, on a aucune raison envisageable de ne pas assister à l'une des dates les plus attendues de cette saison au Poste à Galène... Les gens les mieux organisés vont d'ailleurs pouvoir voir les deux concerts.



En tout cas bonne nouvelle, non seulement l'Embob' est parait-il pleine à craquer mais le Poste est aussi à moitié plein, il y a donc encore des gens bien élevés dans ce monde qui sortent le mardi soir. Et parmi eux des gens qui savent que cet homme-ci développe un blues envoûtant sur ses propres disque et fait des étincelles avec son groupe festif et groovy Wraygunn, from Coimbra ! Pendant ce temps, le Légendaire Homme Tigre envoie des SMS à la table merchandising, vend son disque, parle à ses fans, bref assure le service avant-vente avec aplomb et bonne humeur, hey, avec un nom pareil s'on attendrait plutôt à un espèce de ch'tarbé qui ne parle à personne ou au contraire qui saoûle tout le monde, à la Anton Newcombe / Tristan-Edern Vaquette.


Ou bien, qui se balade partout avec un masque de tigre (ce qui serait d'ailleurs redondant dans notre bonne ville avec un jeune songwriter qui monte) mais non, le Paulo, ce n'est qu'un gars sympa et disponible, pas fier. Je suis d'ailleurs sûr que Robert Johnson, Hasil Adkins, Seasick Steve, Petit Vodo, The Venus Fly Trap One Girl Band, John Schooley et les autres one-bluesman-band, et peut-être même Bob Log III (sauf qu'on a jamais compris ce qu'il racontait dans son casque, le pauvre) sont, ou étaient pratiquement tous des gars sympas et disponibles (sauf la Venus qui est une fille bien sûr) mais quand même, Paulo a l'air pretty cool.


La première partie, car il y en a une, a une équipe nettement plus fournie que le héros du jour, puisqu'ils sont 4 fois plus que lui. Big in Japan, indéniablement, voilà un nom qui sonne et retient l'attention. En plus ça vous a un faux air de "je suis incompris et je vous emmerde" (puisque je suis Grand au Japon, CQFD...), c'est bien joué ! Bien, on a raté une partie de ce concert, mais on en a vu assez pour avoir une opinion. Le fait que Yvi Slan, l'homme à l'électro exigeante mais puissante (son Bleu nous a pas mal squatté les oreilles à une époque), joue ici de la guitare est complètement anecdotique - dans le sens où ça n'a aucun impact sur le son ni du groupe, ni même de sa guitare. On est bien obligé de le noter mais au fond ce n'est que du name dropping !



Le look général est ici chevelu barbu, des décors forestiers défilent sur l'écran derrière, c'est visuellement agréable. La tonalité est celle d'un rock contondant, un peu gueulard (on y reviendra), vaguement expérimental dans ses meilleurs moments (un T-shirt Zappa à signaler), parfois de faux airs de Nick Cave and co, parfois même un peu funky-jazzy, varié, en somme ! Le batteur, assez groovy, et le bassiste, plutôt spicy, semblent les meilleurs et portent donc allègrement le groupe, et mon amie aime bien - et croyez-moi, c'est plus difficile que ça en a l'air, de lui plaire sans jouer du punk-rock ! Enfin elle est quand même en train de lire Zibeline... Car si les compos ne sont pas désagréables, le chanteur lui va vite cristalliser un peu ou même beaucoup de ressentiment.



Pas très en place, mais pas très appliqué non plus, c'est leur premier concert et il a plein d'amis dans la salle, heureusement - donc l'impression d'être en communion avec tout le monde, surtout quand trois choristes de ses amies le rejoignent, et pourtant ce n'est pas le cas : à la réflexion, il nous gonfle. Il sonne quand même méchamment trop répète en plein air. Au début ça amuse, au bout d'un moment ça agace et ça finit, dommage, par tirer le groupe vers le bas. Après, allez savoir, il était peut-être simplement trop chargé ? Bon, Paulo s'en fout, les gens qui n'écoutent pas tournent autour de sa table, et il vend des disques. Et quand ce brave chanteur revient faire un rappel bonus tout seul, aïe aïe aïe, c'est vraiment pas beau du tout, et même avant que Yvi Slan s'en vienne le chatouiller. C'est quand même pas désagréable que cela s'arrête, ça manque encore de professionnalisme sans doute, peut-être même de cours de chant...


Anyway, quelques minutes plus tard, la grosse caisse et la toute petite sont en place, ses 3 ou 4 Gretsch sont rangées bien en ligne sur leur rack, les deux micros - celui qui sature pour crier et celui pour chanter, et le kazoo en parallèle, et nos verres sont rechargés, tout est prêt : The man comes around. Paulo Furtado est de ces gars qui suintent littéralement le rock'n'roll, qui semblent porter naturellement tout l'héritage du blues à la première personne. Pas besoin d'en rajouter dans l'attitude, qu'il ouvre sa gueule ou qu'il pince une corde, et les dieux du blues sont instantanément convoqués. D'ailleurs il commence par Shooter sa Woman, histoire d'être tranquille et pas déconcentré, avant d'envoyer avec application sa Masquerade chaloupée et encore calme, pas comme les déjà plus salaces I got my night Off et Crawdad Hole.



La tension musicale et peut-être artérielle, monte lentement dans la salle, qui ondule en cadence du menton, dans une écoute assez religieuse : il est vrai que le blues très rock du Legendary Tiger Man, c'est chaud et saignant, crado et sexuel, ça fait onduler lentement du corps, comme les premières notes de son Love Train, la chanson sale par excellence, digne du Rumble de Link Wray que (ça surprend quelqu'un ?) il a aussi reprise sur album. Hey, que voulez-vous, même quand il chante la bigote I Walk the Line de Johnny Cash, on dirait que ça parle de cul, alors... Plus encore avec la tout bonnement jouissive sur scène I got my Night Off - le Pinguin aurait dit viscérale et obsessionnelle, j'imagine.


Bon, on pourrait dérouler toute la setlist, mais elle figure en bas de chronique, alors passons-en quelques-unes, okay ? En tout cas The Mighty Wraygunn Leader cause gentiment au public dans une langue remarquablement proche du français, souligne en passant que son français est meilleur que notre portugais (obrigado, on avait remarqué !). Les gens de l'Embob' arrivent tout essouflés, cependant que le chanteur rugit dans son kazoo en tapant dans son tout premier album que je découvre avec plaisir (Make you Mine), ou envoie au contraire des nouveautés, ce qui fait plus ou moins le même effet - hep, après tout c'est du one-man-band blues, c'est tout le temps un peu pareil... Mais c'est tout le temps assez génial !



Route 66, images à l'appui, inévitable. Au fait à d'autres moments, c'est des femmes nues qui courent sur la plage pendant qu'il croone, mais ça n'étonne personne, il y en a déjà sur tous ses disques, alors ! Quoi qu'il en soit cela complète son imagerie de playboy évadé du middle west : décidément, le Portugal était bien un pays trop étroit et pauvre en gonzesses à poil pour ce mec qui, pépère, déclare en parlant probablement de lui : The Whole world has got his eyes on you. Pas encore, mais ça viendra peut-être ! La suite est une succession de titres saturés, hypnotiques, assez formidables, comme Honey, You're too much ou Big Black Boat... heureusement ponctuée de petites pauses plus calmes comme son Naked blues, qu'on devine assez cochon.


Et puis, en rappel sans trop se faire prier (puisqu'on braille comme des petits diables), la tuerie Your Life is a Lie, qui est un peu son Ace of Spades à lui : inégalable, inégalée à ce jour ! Ensuite, et c'est un moment un peu pénible pour moi, j'apprends de sa bouche que l'auteur de She Said, et le type qui l'a reprise, sont morts tous les deux. Pour Lux Interior ça ne m'avait pas échappé ! Mais je pensais que ce vieux fou bouffeur de poulet de Hasil Adkins, dont la chanson pré-citée et tube unique figure en bonne place sur Out to Hunch (magnifique vinyle orange que je recommande en passant, en vente chez tous les bons disquaires du Cours Lieutaud), bref je pensais qu'il respirait toujours, ce vieux chnoque, eh bien non. Ca fait quand même quelque chose. Enfin au moins c'est quelqu'un de bien qui me l'aura appris. Ouh ! Eh ! Ah, Ah.... Ouh ! Eh ! Ah, Ah.... Wiiiiiiiiiiii !



Bref le Tigre Man chante aussi celle-là, la chanson garage mythique par excellence, en branlant un truc électronique qui fait des bruits bizarres sur sa console, c'est encore plus hystérique que la version d'origine (et donc nettement moins musical que la reprise par les Cramps), en tout cas c'est très amusant et ça fait partie des vidéos livrées aimablement en bonus à la présente chronique ! Le concert se finit sur Lust, hep, bien plaisante et bayouesque aussi, qui nous ramène doucement sur terre, dans un grand dérapage de bottleneck. On réalise que c'était moins blues que prévu, et plus rock, et qu'on a méchamment aimé ça : voilà un concert qui a tenu toutes ses promesses !



The Legendary Tiger Man ayant donc scotché un air béat et repus sur tous les visages, peut aller pointer au local cigarettes et retourner... vendre des disques et parler à ses fans. Bonus qui sera un détail pour vous : il sait qui est Philippe de Concertandco, lui serre la pogne et le remercie pour son travail. D'ailleurs, il lui vend aussi un disque - ça lui apprendra à télécharger. Un tel concert et une vraie reconnaissance d'un cador pareil, voilà de quoi vous redonner l'envie de chroniquer pour quelques années... La soirée se finit, poussés gentiment dehors, entres le gratin des (entendez, les plus gratinées) stars-underground-et-incomprises-de-la-critique-rock : La Marseillaise, Ventilo, LiveinMarseille, une putain d'équipe non ? Non ?

M'en fous, je sais bien que personne ici ne le lit en entier, mais mes textes sont certainement déjà Grands au Japon.




Photos par Pirlouiiiit***, illustrations par Philippe.
Hey, partez pas encore, des Vidéos comme s'il en pleuvait, par là !

*** qui lui a quand même trouvé ça un peu long (voir mini chronique ici)

Setlist, telle que ramassée sur scène (& suspecte...):
Shoot my Woman (red)
I Got my night off
Crawdad Hole
Walkin'Downtown
Love Train
Make you Mine
Route 66
Blue Moon Baby (red)
The whole world's got the Eyes on You (red)
Break my Bones
Naked Blues
Bad Luck R'n'B Machine
Honey, you're too much
& then came the Pain
Big Black Boat
---
Your Life is a Lie
She Said
---
Lust


> Réponse le 24 avril 2009, par Olivier Dépanneur

[Poste à Galène - Marseille - 21 Avril 2009] Bonsoir, Par respect pour le public qui va au concert, pour les artistes qu'ils défendent, il n'y a pas de gens "biens" ou "pas biens". Quand on est critique rock, il est important de ne jamais l'oublier(juste chacun ses goûts). Merci donc de nous épargner de tes humeurs. Enfin, tu dois savoir que Kid Congo aurait dû partager l'affiche avec Tiger Man, et là, tu aurais raconté quoi ? Olivier Dépanneur (cultivé, mal élevé et fier de l'être !) (NdPh : Oups, malentendu, Sir ! Point d'irrespect ici bien au contraire, juste une idiote formule de style pour avouer que si j'étais quelqu'un de bien et de cultivé, j'aurais su qui était Kid Congo !)  Réagir


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