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Chronique de Concert

Progsud 2007 : Double Face + Guillermo Cides +Oxygene 8 + Kotebel

Jas'Rod - Marseille 19 Mai 2007

Critique écrite le par

Quatrième et dernier soir du festival ProgSud. Un ultime volet, un peu plus chargé que les précédents puisque quatre groupes doivent se succéder sur la scène du Jas'Rod. Pourtant Alain Chiarazzo annonce que la soirée ne sera pas plus longue. Pour arriver à cela, les organisateurs entendent réduire le temps passé à l'installation du matériel entre chaque groupe en pré-installant le maximum de matériel sur scène. C'est donc dans un décor encombré que prennent place les premiers protagonistes.

21h05 Double face
Deuxième apparition pour Fred Schneider dans cette 8ème édition du festival. Deux jours plus tôt dans les rangs du groupe Éclat, il revient ce soir accompagné de Kathrin Sinistra au piano, toujours à la basse mais cette fois dans un rôle de premier plan.



Pour cette première apparition en public le duo est un peu tendu, et c'est Fred Schneider en solo qui commence la prestation assurant accompagnement et chorus, avec des arpèges et tappings à deux mains, deux mains de maître (on retrouve dans ce premier morceau le style Victor Wooten et des morceaux comme the vision).
La participation du piano se fait de façon progressive au fil des titres suivants : doublement de l' accompagnement sur ka-1, court chorus sur Anoë, harmonie des thèmes et des descentes et appui du slap sur kawana.
Avec pour toi et son introduction un peu sonate au clair de lune, le rôle de piano devient enfin un peu plus prépondérant, et on appréciera des harmonisations piano/basses originales et quelques notes de voix de Fred Schneider.



Rappelés pour un ultime morceau, alors qu'ils "commençaient à peine à destresser", les deux instrumentistes, reviennent interpréter une seconde composition de Kathrin Sinistra où l'on retrouve également des harmonisations originales et des chorus de la pianiste et du bassiste. Ce dernier morceau conclut un set relativement court de 30 minutes, en laissant apparaître un peu tardivement une réelle "double face" de la formation. En effet, passé la première impression de l' indiscutable talent des instrumentistes, on peut rester un peu perplexe sur la formule piano/basse sur les compostions jouées. Piano timide et parfois redondant, que ce soit sur la sonorité ou sur les mélodies, sur les compositions du bassiste; il semble prendre sa revanche sur les compositions de la pianiste. Plus qu'une collaboration sur scène, on aurait peut-être souhaité une collaboration plus en amont sur les compositions.


21h45 Guillermo Cides
"Double face" est un qualificatif qui conviendrait à l' instrument de l' argentin Guillermo Cides. Le stick chapman qui se présente comme un énorme manche de guitare, se compose d'un jeu de cordes divisé un deux parties : une partie mélodique et une partie basse. Ainsi, comme pour un piano, la main gauche joue généralement les basses pendant que la main droite joue les mélodies. On avait déjà pu apprécier la sonorité de cet instrument dans l'édition de l'an passé au sein du groupe Lazuli, où il y assurait en partie un rôle de basse.
Il est seul sur scène, et à lui seul c'est tout une orchestration qu'il met en place sur chaque morceau. Mais comme il s'en défend, il n'utilise pas une bande son (je ne sais pas si il faut y voir là une allusion à ce qui suivra dans la soirée), mais une technique d' enregistrements en temps réel qu'il fait répéter en boucle (cette technique est assez en vogue ces dernières années et notamment chez les musiciens français comme Vincent Segal de Bumcello ou David Walter ). Illustration avec le premier morceau : il tape les cordes de son stick créant un pattern de batterie première couche de la boucle; dans un tapping à deux mains il joue un arpège de la main droite et une ligne de basse de la main gauche, deuxième couche de la boucle; il ajoute des thèmes sur les couches suivantes avant de se lancer dans un chorus accompagné de ce flot de notes et de sons qui vit derrière lui maintenant de façon autonome. Guillermo Cides varie les sons et les styles musicaux : des nappes de Vangélis, au chorus jazz-rock en passant par les clavecins J.-S. Bach.



J' entends derrière moi des voix qui s' émerveillent devant le stick chapman le décrivant comme un instrument tout-en-un. Ce n'est sans considérer le tapis de pédales, les racks de multi-effets et l' incroyable dextérité de l' instrumentiste. Guillermo Cides fait courir ses dix doigts sur le manche de son stick, pendant que ses pieds déclenchent, stoppent l'enregistrement, actionnent une pédale d' expression, une distorsion. Véritable numéro d' équilibriste, il soigne le moindre détail comme des flas de batterie, des fins de morceaux au millimètre.
En plus de son talent, l' instrumentiste affiche un tempérament chaleureux qu'il exprime de préférence en espagnol avec des remerciements répétés à son invitation à "ce grand festival" et à son public "venu écouter la musique avec le coeur".
Une reprise de King Crimson marque le sommet de la prestation, avec un groove presque funky, des sons de cuivres, et des barrissements de sticks. Sur le titre suivant il commence en gratter des accords comme sur une guitare, première strate de son accompagnement, et termine par un chorus doublé par un harmonizer. Et tel le docteur Frankeinstein, il abandonne sa création vivante sur scène, et s'en va par le devant de la scène, sous les yeux stupéfaits des organisateurs qui se lancent des regards pour savoir qui doit ou ne doit pas débrancher le "monstre".
Ovationné , Guillermo Cides revient sur scène pour interprèter sa première composition : primitivo. Il explique que "primitif", c'est comme ça qu'il s'est senti lorsqu'il a découvert le stick chapman, un peu comme l'homme devant la découverte du feu. Le son de distorsion et le jeu à deux mains nous ramènent à lord of hocus ou endless four hoursemen de Satriani.
22h25 Les dernières notes du stick chapman s' éteignent dans une fin une fois de plus impeccable.

22h40 Oxygene8
Avec son gros riff métal de guitare, son chant presque parlé, son break déjanté à la wha-wha, et son jeu en taping à deux mains, le premier titre stand pourrait être sorti tout droit d'un album de Primus.
Amené par Linda Cushman au stick chapman, le groupe joue également en trio. A la batterie Kiko King, même stature et frappe, voire plus puissante, que le nouveau ex-batteur de Primus, Tim Alexander (qui soit dit en passant figure parmi les musiciens du dernier album d'Oxygene8). Et à la guitare Claudio Cordero, affichant un tee-shirt de Frank Zappa, idole du guitariste Larry Lalonde dont il est l'auteur d'une compilation. Bref, beaucoup de points communs avec Primus. Du Primus, et j'ai envie du dire, presqu'en mieux, puisque d'une part Oxygene8 se produit en France, contrairement au sus-nommé dont la dernière apparition remonte à plus de 10 ans pour le brown album, et d'autre part son guitariste nous scotche littéralement dès son premier solo de guitare.
Le premier riff plutôt dans la veine DMV du premier titre laisse place à un thème plus groove style Army of me, appuyé par une batterie puissante et sur lequel se posent quelques notes de guitare tenues. Après un refrain très aérien et un break de guitare qui rappelle les samples de Clawfinger suit un nouveau solo vertigineux. Sur le thème asymétrique de Cathedral, le batteur fait la démonstration de sa frappe puissante et subtile, un peu comme celle de Dennis Chamber (allez, plus puissante et moins subtile peut-être !). Jeu au toms sur le morceau suivant, pendant que Linda Cushman joue des arpèges et des violonings dans son jeu à deux mains.



Les musiciens se retirent et seul Claudio Cordero reste sous les feux des projecteurs. Assis en tailleur, médiator à la bouche, il exécute sunset tiré de son album solo, dans un jeu à deux mains à la Stanley Jordan. Changement de tempo et de tempérament pour le morceau suivant. Soutenu par une bande son (revoir un peu plus haut la remarque de Guillermo Cides), il se livre à une vraie démonstration de guitar hero, alliant vélocité et technicité, sur un premier morceau plutôt Steve Vaï et un second plus Joe Satriani.
Kiko King le rejoint sur une reprise du vol du bourdon, sur lequel s'était illustré en son temps Nuno Bettencourt, effectuant des variations sur le même thème.



Linda Cushman revient à son tour accompagnée de Guillermo Cides pour un morceau groove voire disco sur le refrain, à l' issue duquel se déroule une présentation un peu confuse des musiciens, du fait que Claudio Cordero ne semble plus vouloir arrêter de chorusser.



Rappelé par le public, le maintenant quartet revient pour heart to weep. Kiko King s'est muni de deux percussions et s'est assis devant la scène, pour ce morceau plus calme où Linda Cushman a laissé son stick pour un chant moins parlé accompagné des arpèges de Guillermo Cides et des violonings de Claudio Cordero.



22h45 Guillermo Cides, invite ses comparses à quitter la scène et à traverser la salle du Jas'Rod pendant que la musique continue seule sur scène.

0h15 Kotebel
Pour clôturer cette huitième édition du festival, le ProgSud nous présente un groupe espagnol des plus singuliers. Après à peine quelques minutes d' écoute, on est frappés par l'originalité et la complexité des morceaux composés par le pianiste (en fait multi-instrumentiste) Carlos Plaza. On est quelque peu déroutés, mal-menés et la seule façon de rentrer dans l'univers de Kotebel c'est de s' abandonner à sa musique sans concession. D'ailleurs, pour la seule fois depuis le début de ce festival, je referme mon bloc-notes pour ne me consacrer qu'à l'écoute de la prestation.



La musique de Kotebel est à l'image du titre de son dernier album Omphalos dont sont issus les quatre premiers morceaux joués ce soir. Omphalos, pierre symbolisant le centre du monde, le point de rencontre de la diversité. Le classique, le jazz, le rock et le métal se rencontrent et se côtoient chez Kotebel, grâce à ses musiciens hors-norme. La chanteuse Carolina Prieto et le bassiste Jaime Pascual marquent les deux extrêmes des influences de Kotebel. D'un côté le chant lyrique et apaisant de Carolina Prieto, de l'autre la basse métallique et énergique de Jaime Pascual.



Pour lier le classique au métal,Carlos Plaza assis derrière un clavier au son souvent acoustique, avec des mélodies classiques et des chorus parfois plus jazz. Sa fille Adriana Plaza, également aux claviers, debout lui tournant le dos, joue des gimmicks rapides aux tonalités modernes, dans des mouvement très amples de la main. Carlos Franco alterne un jeu très subtil, très en l'air typique du jazz et un jeu plus appuyé, issu du rock. Enfin, César Garcia passe allègrement par tous ces styles, avec de magnifiques thèmes classiques à la guitare acoustique, des soli rock exécutés au bottleneck, des longs chorus aux limites de l' improvisation jazz, et des riffs saturés aux tendances métal.



Au début du set c'est la basse qui marque le plus, déjà du fait de son volume un peu élevé, qui cache parfois les chorus de guitare, et surtout par son abondance de notes qui l' emmène au-delà de son rôle de soutien rythmique. C'est une tendance que l'on retrouve dans des groupes de métal progressif comme Spiral Architect ou Gordian Knot, avec des bassistes qui ont poussé l' héritage de Jaco Pastorius vers le monde du métal.Emergent de Gordian Knot pourrait d'ailleurs s' approcher des interprétations de Kotebel par le jeu de son guitariste Steve Hackett et les compositions du bassiste Sean Malone.



Ensuite on se laisse happer dans le maelstrom de Kotebel, tantôt bercés par la voix de Carolina Prieto tantôt ballottés par de longs passages instrumentaux, vers des horizons inédits, à la fois hétéroclites et incroyablement harmonieux.
Au terme de 6 titres et d'un rappel qui n'aura pas eu besoin des sollications d'Alain Chiarazzo, le voyage prend fin. Mais la musique de Kotebel qui est quelque part aux antipodes du easy-listening demande à être écoutée, et ré-écoutée avec attention, riche trop riche pour qu'on puisse l' apprécier en une seule écoute.



01h50 Le public ne s'est pas complètement retiré, l'espoir de gagner une guitare Lag étant suspendu aux quelques minutes qui nous séparent du tirage de la tombola. Le grand vainqueur n'est pas là ce soir, mais quelques "un peu moins chanceux" repartent avec un tee-shirt, comme l'un des musiciens de Lazuli.
La huitième édition du ProgSud s' achève. Ce soir, pas de palme d'or pour un groupe (tout le monde a 10 comme chez Jacques Martin), mais pour les organisateurs du festival. Une fois de plus ils ont réussi à réunir des groupes incroyables, venus défendre une même cause, celle du rock progressif. Des groupes à propos desquels on se dit que l'on aurait pu passer à côté si ce festival n' existait pas. Et c'est évidemment avec impatience que l'on attend la neuvième édition du ProgSud.

 Critique écrite le 12 juin 2007 par Frédéric Bloise


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