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Chronique de Concert

Christelle Pereira

Christelle Pereira en concert

Palais des Congrès - Perpignan 6 avril 2010

Critique écrite le par

Régulièrement en vacances à Perpignan, j'avais repéré la programmation du Palais des Congrès local qui propose chaque premier mardi du mois les "rendez-vous jazz du caveau de la Huchette". Dans cette belle salle tout en longueur du 7ème étage, mieux vaut réserver pour être près de la scène. Ma décision tardive me relègue à la quatrième rangée de tables, entourées de chaises dont l'habillage classieux est assorti aux nappes.



Pour ce premier mardi d'avril, Christelle Pereira est présentée ainsi : "la plastique de sa voix de mezzo est bien celle des plus grandes, Ella Fitzgerald, Anita O'Day". L'annonce faite en préambule par le présentateur aux habitués du lieu renforce notre attente : "sa voix va vous magnétiser immédiatement".

En attendais-je trop ? Toujours est-il que ma femme et moi ne fûmes magnétisés ni immédiatement ni au bout d'une heure. Les deux habituées assises à ma table non plus d'ailleurs. Elles m'avaient briefé sur le lieu : "d'habitude il y a plus de monde", elles me briefent rapidement sur la qualité de ceux qui s'y produisent : "d'habitude, c'est mieux".



Cela dit, les standards interprétés sont chargés de nostalgiques images : celle du merveilleux duo Gene Kelly / Cyd Charisse dans Brigadoon pour "Almost Like Being In Love" sont les premières évoquées. Christelle Pereira y effectue un duo très sensuel avec le piano avant que le quatuor ne se mette en mode swing.



Les cinéphiles sont comblés puisque d'autres scènes leur reviennent en mémoire : celle de Liza Minnelli dans New York New York sur The Man I Love, celle de Jessica Rabbit dans Qui Veut La Peau De Roger Rabbit ?dans Why Don't You Do Right ?

Mis à part pendant le duo voix / batterie, exercice ô combien difficile tenté sur Ces Yeux-Là, j'ai passé une bonne soirée. La reprise de standards est une entreprise ardue. L'auditeur ne peut s'empêcher de comparer avec certaines reprises cultes qui en ont été faites. Car on pense inévitablement à la merveilleuse association João Gilberto / Stan Getz sur Só Danço Samba, à Nat King Cole sur The Frim Fram Sauce, à Anita O'Day sur Opus One.



Et puis j'ai vu beaucoup (trop ?) de jazz vocal ces derniers mois et certaines interprétations (The Lady Is A Tramp par Nadia Cambours, Bei Mir Bist Du Schoen par les Puppini Sisters), sans rivaliser avec celles d'Ella Fitzgerald, Shirley Bassey et The Andrew Sisters m'ont davantage ému que celles de ce soir. Si magnétisme il y eut, c'est surtout au piano de Philippe Dervieux, virevoltant sur ces derniers morceaux et déjà remarquable sur The Man I Love qu'on le doit.



Déjà plus d'une heure de concert et ce n'est que la pause. J'ai terminé mon délicieux cocktail surplombé d'une brochette de chamallows. Les seaux de champagne affluent aux tables voisines. La concertation avec ma femme n'aura jamais été aussi rapide : ça nous suffit pour ce soir. Tant pis pour nous si le quatuor avait décidé de garder le meilleur pour la fin.

Christelle Pereira (chant), Philippe Dervieux (piano), Michel Rosciglione (contrebasse), Eric Dervieu (batterie)

Bonus vidéo : Why Don't You Do Right ?