Accueil Chronique album : Apple Jelly - HOME, par Guy
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Critique d'album

Apple Jelly : "HOME"

Autres / pop

Critique écrite le 24 mai 2003 par Guy

Fauteuil, cigarette, casque confortablement calé sur les oreilles, téléphone débranché, calme absolu : dixième écoute du nouvel ouvrage d'Apple Jelly... Toujours la même agréable sensation d'écouter enfin un vrai album avec un début, un développement et une fin. Un album construit à l'ancienne et qui au fil des titres vous entraîne pour un périple dans l'infiniment grand (ou l'infiniment petit, c'est selon...). Un voyage en apesanteur, jalonné de découvertes étonnantes et cependant tellement familières, celles de nos songes (cauchemars ?!) et plus particulièrement ceux du côté sombre, ceux que baigne la "lumière noire". Malgré cela, la musique d'Apple Jelly n'est jamais lourde ni oppressante. Au contraire, l'atmosphère de ce disque est légère, de cette légèreté un peu floue et irréelle que seul le rêve peut traduire. Les plages de l'album s'enchaînent sans heurt et les moments plus sombres et électroniques sont éclairés par de fabuleux instants de pure magie pop.
Le travail des voix y est alors de toute beauté et les fantômes de Lennon & Mc Cartney ou des frères Wilson planent religieusement aux dessus de l'auditeur "voyageur". Des titres telles que "The return of the apes" ou "Clockwork song" confirment le potentiel mélodique d'Apple Jelly. Les arrangements vocaux d'une évidente simplicité nous plongent dans une excitation qui ne trouve de répit qu'en pressant la touche "Repeat" de la platine CD. Parfois même le groupe convoque à la fête l'esprit des grands "songwriters" et explorateurs de l'âme humaine qu'étaient les Nick Drake ou Tim Hardin. La chanson "Early" en est une émouvante démonstration. Mais Apple Jelly n'est pas qu'un groupe pop de plus. Apple Jelly sait aussi faire chanter les machines.
Les synthés, claviers et autres samplers deviennent tout simplement dans leurs mains des instruments "organiques" et chargés de "feeling". Voir pour s'en convaincre : "Tired and wired" ou "The fly and the glass", compositions casse-gueules et pourtant réussies, prise de risque maxi pour un rétablissement impeccable, instants de mise en abîme avant le retour à la lumière. "Home" est un disque pop. Pop, dans l'acception "sixties" du terme. Pop, comme "expérimental", "libre d'esprit", "mis à nu". Pop, comme "rock" mais sans la frime. Apple Jelly flirte avec les grands (Syd et son Floyd, Robert et ses Machines Molles, Peter et son Générateur...) Ceux qui, en ces temps oubliés, ne construisaient pas une carrière, mais essayaient de changer le monde (en commençant d'abord dans leurs têtes). Pourtant Apple Jelly n'est pas un groupe nostalgique. Les références sont là, digérées, assimilées. Apple Jelly est un groupe d'aujourd'hui avec les ambitions et les envies des grands groupes d'hier. Et quelle bouffée d'air frais en ses temps où un courant d'air passe pour une tempête et où les pseudos stars ont une Académie. Apple Jelly construit un univers chaleureux, humain, dans lequel il fait bon se nicher et rares sont ceux qui aujourd'hui y parviennent (Eels...). "Home" renferme des perles que seul le temps et de multiples autres écoutes dévoileront peu à peu. "Home" est un disque qui se mérite. "Home" abrite plusieurs tubes (Hello, Clockwork, Return...). "Home" est un disque où l'on se sent... chez soi.

 Critique écrite le 24 mai 2003 par Guy