Accueil Chronique album : Rodrigo y Gabriela - Live In Japan 2008, par Philippe
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Critique d'album

Rodrigo y Gabriela : "Live In Japan 2008"

Rodrigo y Gabriela :

Autres / jazz-flamenco-trash

Critique écrite le 13 mars 2010 par Philippe

Si vous aimez la guitare, le flamenco et même le metal, vous n'avez pas pu passer complètement à côté d'une sensation d'il y a déjà quelque temps, le duo formé par les incroyables chicanos Rodrigo Sánchez y Gabriela Quintero ! Jouant du flamenco avec l'énergie la plus puissante du heavy metal, et du heavy metal avec la technique la plus aboutie du flamenco... Le plus dur étant finalement de croire, à l'oreille (et même à l'oeil d'ailleurs), qu'il n'y a bien sur scène que 2 guitares acoustiques, et pas 3 ou 4, et aucune section rythmique, et que tout ce qu'on entend sort donc de deux boites en bois et de 12 cordes, pas plus : madame assure la rythmique (cordes et percussions impressionnantes) et monsieur paganinise sur sa guitare, tel un improbable croisement entre Django et Jimi...
Bien sûr pour parler de Rodrigo y Gabriela, l'actualité voudrait de parler du dernier disque en date, 11:11, enfin, on est sur Internet quand même ! Mais le problème est qu'il est tellement technique qu'il tourne un peu à l'exercice de style, voire par moments aux expériences hasardeuses (bâton de pluie, piano et même - horreur ! - un peu de guitare électrique), et qu'il s'avère finalement peu marquant, à quelques mélodies et gimmicks près. Ou alors, de commencer par Rodrigo y Gabriela, premier disque international du duo (2006), celui à la chouette pochette "oeil de serpent".
Mais voilà, la totalité des chansons (sauf une), et beaucoup d'autres en plus, figurent sur le live ici représenté, capté en 2008 au Pays du Public Hurlant. Certes les titres y sont parfois un peu moins chiadés, avec moins de digressions enluminées, mais avec plus de feeling et de folie, de sueur qui coule dans les yeux et de doigts qui saignent sur les cordes (bien sûr, que ça s'entend, tout ça !), et en ajoutant en outre les exclamations de surprise et de joie du public japonais, qui est comme Anvil sait l'un des meilleurs du monde...
Et puis la reverb d'une salle de concert (même moyenne, 500 personnes à vue d'oreille) va mieux, c'est un fait, aux exploits guitaristiques de Rodrigo y Gabriela que le calme du studio ! D'autant que l'excitation aidant, les titres sont parfois joués encore plus vite - c'est notamment le cas flagrant d'Orion, leur reprise de Metallica - c'est avec elle, et celle non moins flamboyante de One qui se finit par un incroyable duel entre les deux performers, qu'ils se sont fait connaître...
En vrai guitar heroes, ils ont droit chacun à leur solo : celui de Gabriela est très rythmique, arabo-andalou avec un poil de wah-wah, celui de Rodrigo est un patchwork d'intro scans de riffs célèbres, qui hystérisent à juste titre le public (Hendrix, White Stripes, Metallica encore...) avant une digression jazz et un enchaînement avec l'inévitable ("please, no") Stairway to Heaven de Led Zeppelin - mais le fait est que la reprise en mode arpèges/jazz est construite en une fulgurante ascension qui se finit sur un terrifiant riff flamenco. Tout comme leur variation sur le mythique Take Five de Dave Brubeck : deux pépites d'or !
Mais au final, ce qui fait la force de l'enthousiasmant duo et l'empêche de n'être que deux bêtes curieuses "satrianiques", c'est sa capacité à fabriquer des morceaux superbes, composés de mélodies immédiatement marquantes, appuyées sur des riffs et des beats à vous foutre une pêche de tous les diables ! Impossible de résister aux magnifiques tricots jazz manouche de Juan Loco et Satori, à la mini-symphonie déjantée flamenco-trash Foc, aux foudroyants riff gipsies de Ok Tokyo, Diablo Rojo et Ixtapa, ou encore à Tamacun que l'auditeur finit pratiquement en headbang... Et pour couronner le tout, les deux phénomènes finissent d'exciter leurs auditeurs en leur parlant japonais entre les titres, et en les faisant participer activement au show... C'est pourquoi il devient rapidement évident, à l'écoute de ce Live in Japan 2008, qu'il est urgentissime de les (re)voir enfin en concert.
Ça tombe bien, ils tourneront un peu partout en France en avril 2010 !
(2008)
PS : magnifique sur scène, comme prévu !
Vignette Philippe

 Critique écrite le 13 mars 2010 par Philippe
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