Accueil Chronique album : Seasick Steve - Dog House Music, par Philippe
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Critique d'album

Seasick Steve : "Dog House Music"

Seasick Steve :

Jazz - Blues

Critique écrite le 20 janvier 2009 par Philippe

A l'heure où un jeune homme appelé Charlie Winston s'apprête à faire fortune avec la sympathique chanson Like a Hobo (l'avenir nous dira s'il en a un ou si c'est un one hit wonder), il convient de rendre justice à un vrai hobo historique - selon la définition du mot, un travailleur saisonnier vagabond aux USA... Seasick Steve, bluesman barbu sexagénaire en salopette, furieusement sympathique et drôle de son état ! Découvert par hasard aux Eurocks 2008 où il avait absolument charmé son assistance pourtant crevée et sous une pluie hargneuse, le bonhomme représente une occasion historique au nom de tous les siens : voici un bluesman oublié ou méconnu, en tout cas à réhabiliter, qui est encore assez jeune pour jouir d'un succès qui mérite de ne pas être posthume !
Dont ceci est certes l'avant dernier album, mais avec au moins un titre authentique (a priori plus que le pré-cité, écrit par un anglais) et un tube potentiel : Hobo Low, où il raconte précisément la vie de vagabond qu'il fut dans sa jeunesse ! Autre tube potentiel, la séminale et remuante Dog House Boogie, jouée à n'en pas douter avec sa "3 Strings Trance Wonder", bricolage maison de pedal steel certifié "diy". Non pas qu'il ait un talent particulièrement marquant : il sait simplement tirer des blues authentiques et classes d'instruments improbables qu'il qualifie avec raisons d'old pieces of shit. Guitares pourraves, ou objets approchants à base de planches et de fils de fer, qui sonnent à peine comme des poële à frire tendus de boyaux de chat (Save me). Mais dont il tire toute l'essence du blues de la Louisiane, des mélodies sans chichis tout juste parsemées, accidentellement, de quelques beats pour emballer les chansons (sur scène, il est accompagné d'un batteur).
Non pas qu'il ait une voix furieusement éraillée, à vrai dire elle est même plutôt claire quoique grave, un peu dans le genre Lou Reed en somme : en s'accrochant un peu on arrive même à comprendre de quoi il parle. Non pas davantage que ses chansons soient incroyables : Seasick Steve chante juste sa jeunesse envolée, sa vie souvent merdique, ses chiens disparus, les hauts et les bas (Things go Up), l'amour pour des garces (Shirley Lou)... Lymphatique ou gentiment groovy (My Donny, digne du Ben Harper des débuts), selon l'humeur. Sans haine contre le sort mais pour l'exorciser : la définition du blues en somme !
Le vrai, le plus simple et le plus dépaysant (aller simple pour le bayou, et le noir et blanc), celui du prophète Robert Johnson, bluesman noir mort à 27 ans pour avoir vendu son âme au diable, tel certain prophète mort à 33 ans et qui lui aussi, avait réussi à lancer une religion, mais en venant son âme à dieu... Le blues de tous les one men band du monde, celui du Petit Vaudou ou du Légendaire Homme Tigre ! La production de Dog House Music est à l'image du personnage, nonchalante et agréable : pas mal de digressions comme cette émouvante histoire de clébard finale de près de 10 minutes - le chien est le meilleur ami du clochard céleste... Une vraie tranche de vie qui vous donnera immanquablement l'envie de vous asseoir sous un arbre, au bord de la rivière, une bière éventée à la main, pour laisser courir le monde à sa perte. Car comme disait Oscar, le travail acharné n'est que le refuge des gens qui n'ont rien d'autre à faire...
(2009)
Vignette Philippe

 Critique écrite le 20 janvier 2009 par Philippe
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