Chronique album : Troy Von Balthazar - Troy Von Balthazar, par Pierre Andrieu

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Critique d'album

Troy Von Balthazar : "Troy Von Balthazar"

Rock

Critique écrite le 31 décembre 2005 par Pierre Andrieu

Certains artistes sont en état de grâce ; quel que soit le projet qu'ils décident de monter, ils le transforment en or (on ne parle pas de ventes ici)... Troy Von Balthazar est de cette trempe là : torturé, introverti, sensible, fragile à l'extrême, bouillonnant d'inspiration, il réussit à faire passer ses états d'âme dans ses compositions, en leur donnant des atours captivants... Que ce soit sur un lit de guitares punk hardcore avec des hurlements déchirants (le groupe Chokebore et ses concerts furieux) ou avec ses travaux d'obédience électro folk pop, en solo et sous son propre nom. Là où les disques de Chokebore étaient un déchaînement de violence avec une tendresse sous jacente, le premier disque homonyme de Troy Von Balthazar est un miracle musical gorgé de mélodies poignantes, joué calmement sur une guitare et chanté aussi doucement que passionnément. L'écriture de Von Balthazar se rapproche du style aussi épuré que riche de Leonard Cohen, d'un Jeff Buckley débarrassé de ses travers vocaux grandiloquents, des Beatles folk et de leur brillant disciple Elliott Smith... Pour les ambiances aussi lumineuses qu'apocalyptiques et cette capacité à émouvoir avec peu d'accords (saturés ou non), on pense également à Kurt Cobain, un songwriter surdoué qui avait été séduit par les morceaux de Chokebore, au point de convoquer le combo hawaïen pour quelques dates de la tragique dernière tournée de Nirvana. Plus de dix ans après ces concerts mythiques, le premier album solo de Troy Von Balthazar est une pure merveille, qu'on ne se lasse pas d'écouter en boucle. Il y a à cela de multiples raisons : les chansons sont saisissantes, la voix est sidérante de beauté, les arrangements sont aussi minimalistes qu'audacieux, les duos avec Adeline Fargier sont renversants... Toutes ces qualités inestimables confèrent à cet album - enregistré entre Los Angeles, Leipzig, Hawaï, Berlin et le nord de la France - le statut de disque intemporel, qu'on pourra écouter avec la même émotion dans une dizaine d'années.

A lire également, les comptes rendus de concerts de Troy Von Balthazar à la Guinguette Pirate, en avril 2005, et de Chokebore à la Coopérative de Mai, en octobre 2002.

Sites Internet : www.troyvonbalthazar.net, www.vonbalthazar.com, www.olympicdisk.fr.

Octobre 2005 (Olympic Disk / Wagram)

Critique écrite le 31 décembre 2005 par Pierre Andrieu
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