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Chronique de Concert

Arcade Fire

Arcade Fire en concert

Zénith, Lille 11 septembre 2022

Critique écrite le par

Arcade Fire, septembre 2022...

Nous nous sommes tant aimés, sur scène et sur album, au soleil et sous la pluie... Nous nous sommes tant revus (au moins 5 fois a priori depuis Rock en Seine ... 2005 !) Et pourtant, voilà un groupe qu'on a pas recroisé depuis 5 ans aux Eurocks (et qui n'était pas au top ce soir-là). Un peu sorti des radars, du coup. Avec un avant-dernier album à oublier très vite, et un dernier (WE) dont on a pas encore pu se faire un avis définitif, mis à part qu'il ne nous a pas scotché au plafond dès la première écoute.

Et pire, avec une sérieuse alerte #MeToo collée au cul de Win Butler, chanteur/leader, qu'on a entendue seulement la veille du concert : il est accusé de comportement sexuels déplacés avec 4 personnes, majeures et faisant partie des fans du groupe. Ceci pour le dire le plus factuellement possible (évitons notamment le sexiste "groupie", qui jette toujours une ombre sur le discernement mutuel des protagonistes). Donc, oui évidemment c'est un problème, et évidemment ça jette une petite ombre. Cela dit, il y a la présomption d'innocence, et au moins 5 autres personnes sur scène donc, pas de quoi annuler notre présence à priori. Surtout à l'autre bout de la France (pour nous), à l'occasion d'un chouette (et ensoleillé, si, si !) week-end chez les Ch'ti, organisé autour de ce concert.

Arrivés au Zénith, on se rappelle à quel point on aime peu ces salles. A Lille en l'occurrence : circulations difficiles et mal pensées, en particulier. On le constatera surtout à la fin du concert, avec en gros deux portes ouvertes pour la totalité du public, encombrement maximal et portes de secours bloquées - nom de Zeus, une telle incompétence est inconcevable en 2022 ! Un mouvement de panique là-dedans, c'est des morts assurées et oui, on espère bien qu'une des personnes ayant "pensé" les évacuations de cette salle nous lira et sera furax... A signaler aussi, une queue de la mort des rats pour le bar mais bon, offre variée, personnel sympa et qui mouille la chemise, bières qui se remplissent toutes seules par le fond et donc, à part réclamer un bar en plus (qui ne serait vraiment pas du luxe), pas grand chose à faire...

Place à la musique. Sautons l'avant-groupe : Feist a déprogrammé (rapport à #MeToo, n'attendez pas de jugement ici), on nous a donc collé un groupe afro gueulard, que nous haïssons instantanément. C'est clairement se foutre des fans de rock mais bon, on a occupé ce temps à attendre au bar, donc... On écoutera toutefois avec plaisir la Rhapsody in Blue de Gershwin (oui, en entier et jouée à fond sur une sono de Zénith, c'est pas mal !) Et ensuite par contre, on a revécu ici une sensation rare (éprouvée par exemple aux Rolling Stones en 2018) : aller à un concert un peu à reculons et, dès les premières secondes, se prendre un formidable coup de pied au cul de la part du groupe, qui nous rappelle instantanément pourquoi on les aimait, et pourquoi on est là, et pourquoi ce soir-là, on ne voudrait être nulle part ailleurs !

Le concert d'Arcade Fire ayant commencé près de nous (sur la petite scène en mode 'gang', située dans la fosse), la vibrante We Used to Wait aura suffi, et plus encore l'irrésistible Ready to Start, qui nous tape agréablement dans le bide (le son, c'est à préciser, est génial ce soir - un bon point pour la salle et ses techniciens !). Suit une visite de leur album souvent mal-aimé qu'on adore, via ses 2 tubes : Afterlife & Reflektor, somptueuses toutes les deux... Alors évidemment, enchaîné avec Neighborhood #3 (Power Out) qui nous rajeunit de 17 ans - et nous a de toutes façons toujours foutu les poils en l'air, sur disque comme sur scène ... cela donne une fantastique première partie de concert, faite de jouissance quasiment pure.

A l'exception de Rabbit Hole, un putain de tube en live, la suite redescend un peu dans les tours, mais les lumières, lasers, vidéos et autres boules à facettes ne faibliront jamais, eux (et sont particulièrement soignés !). Ca plus les écrans géants, la vue est particulièrement confortable (autre bon point pour la salle !). C'est l'heure d'aller faire un premier tour en banlieue (on y reviendra un peu plus tard pour The Suburbs en 2 parties)
: jolie Rococo qu'on avait oubliée, avec une curieuse incise sur 'Smells like teen spirit'... The Lightning I, qui sonne comme un air fédérateur et réconfortant (on va peut-être pas tous crever dessuite, finalement ?), idéalement suivi par la partie II, qui semble inviter à se relever le poing levé, justement.

Et puis encore, plusieurs bombes à fragmentation à signaler : bien malin qui résisterait à l'hymne Rebellion (lies), que le live transcende en plus (alors oui, on fait les choeurs à la demande, inutile de résister). On sait que le groupe et ses fans sont très attachés à Haïti et à la finale Wake Up, pas nos préférées mais qui soulèvent une belle ferveur... Quant à la Blondie-ssime Sprawl II (ou comment faire une chanson bouleversante sur un air disco), difficile de ne pas onduler au rythme de la belle Régine, qui l'anime telle une Disco Queen sous l'immense boule à facettes...

Après une durée déjà conséquente, le "Encore" (comme on dit en bon anglais) débute lui aussi sur la petite scène (à chaque fois, gagnée en traversant le public !). Et ceci avec les très délicates End of the Empire, qui nous font soudainement et fortement penser à du Mercury Rev, grosse référence donc... Le concert s'achève comme de coutume avec une Wake Up étirée, avec balade dans le public qui chante à pleins poumons, et nous repartons heureux et comblés. Alors tant pis si Win Butler a un look de skater d'ex-RDA et Régine Chassagne de bonbon fluorescent, ils restent clairement un couple de tueurs (au sens musical du terme, par leurs voix et leurs présences), qui plus est secondé par un gang qui semble parfaitement soudé autour d'eux.

Oui, même avec le temps passé et les nuages sombres accumulés (le chanteur y fera d'ailleurs une allusion tout en délicatesse en milieu de concert, en nous remerciant d'être venus), et en attendant ce que le futur pourrait lui réserver, Arcade Fire est toujours un groupe de division 1 mondiale, manifestement toujours solidaire et surtout, toujours habité jusqu'au bout de la kératine par ses chansons ! Notre conseil final à leurs fans qui pourraient douter, sera donc d'aller voir cette tournée, sans fautes !

Photos à venir, peut-être, pas fameuses... Si un photographe moins amateur que nous veut illustrer ce texte et être crédité, avec plaisir.

Setlist :
We Used to Wait
Age of Anxiety I
Ready to Start
Afterlife
Reflektor
Neighborhood #3 (Power Out)
Rococo
Rabbit Hole
The Lightning I
The Lightning II
Rebellion (Lies)
The Suburbs
The Suburbs (Continued)
WE
Unconditional I (Lookout Kid)
Haïti
Sprawl II
Everything Now

Encore :
End of the Empire I-III
End of the Empire IV (Sagittarius A*)
Wake Up

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