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Chronique de Concert

Daniel Darc

Daniel Darc en concert

Le Cargo de nuit - Arles 12 avril 2008

Critique écrite le par

Voyage en Mer Noire ce soir pour le Cargo de nuit, le vénérable Capitaine Darc tenant la barre d'une main ferme et expérimentée, même si son équipage était manifestement monté à bord en plusieurs fois et à l'occasion d'escales bien différentes.

Effectivement, aux côtés du mythe Daniel Darc, dont l'apparition renvoie malgré lui à un passé déjà un peu lointain, un désormais compagnon de route guitariste (puisqu'il était déjà présent sur la dernière tournée), très rock'n'roll attitude dans le sens le plus classique du terme : Yves Botté, plus connu sous le nom d'Alice Botté (qui a entre autres joué avec Charlélie Couture et Jad Wio).





Alice Botté


Egalement un claviériste de qualité, Rémy Bousseau aka Kalim B (du groupe nu-jazz Kalimbe dans lequel il officie en tant que multi-instrumentiste et dont il est - on s'en doute- le leader), mais trop peu présent à mon goût, sans que ça vienne de lui puisque de toute façon il était difficile de l'entendre jouer, même quand il jouait beaucoup !


Daniel Darc et Kalim B


Et enfin un véritable groupe dans le groupe, trois jeunes énergiques instrumentistes de la formation punk Asyl (Benjamin et Nicolas Freidline, respectivement à la batterie et à la guitare, et Antoine de St-Antoine à la basse), auxquels Daniel ne manqua pas de manifester son respect voire sa dévotion, semblant (re)découvrir toute la mesure de leur technique et de leur dextérité, s'agenouillant à leurs pieds ou encore prodiguant caresses de cheveux ou grosse pelle.



Une configuration gage de diversité donc, mais hélas un peu déséquilibrée, l'influence d'Asyl éclipsant un peu les autres, y compris le chanteur, voire l'originalité et la subtilité des musiques et arrangements de certains titres (notamment le travail de qualité du compositeur Frédéric Lo) transformés en gros rock bruyant et parfois un peu caricatural.
Ceci dit, beaucoup étaient choisis parmi ceux s'adaptant très bien à une configuration rock, et le résultat était donc excellent dans ces cas.
Et globalement, une bonne impression.

L'excellente salle y fut aussi pour beaucoup, car je trouve toujours appréciable de pouvoir me retrouver si près des artistes, dans une ambiance intimiste.



La scène du Cargo de nuit, vue du plateau à l'étage


Ce n'est pas que ça ait permis de donner beaucoup plus de chaleur à la relation Daniel Darc / public, le terme n'étant pas le plus approprié, mais au moins une plus grande proximité, dans tous les sens du terme. Et malgré la noirceur toujours dominante (que ce soit dans les textes, le regard ou les nombreux et ténébreux tatouages), on a pu sentir une certaine légèreté, voire un semblant de lumière poindre. Daniel s'est exprimé entre les titres. Et si pour les méridionaux au gros accent du Midi dont je suis, ce n'est pas toujours évident de saisir le sens de tout ce qu'il raconte, avec son accent parisien et son mode de diction si singulier, c'était très appréciable de l'entendre. Même quand il se moquait gentiment du public. A ceux qui avaient levé la main après qu'il ait demandé qui avait voté aux municipales : "Cette chanson est pour vous : Remords !". Ou encore : "Prends la porte et casse-toi" à quelqu'un ayant demandé en criant sa reprise de Comment te dire adieu ? de Gainsbourg.



Niveau chansons, une très forte volonté d'ancrer le concert dans le récent, avec une dominance des deux derniers albums, Crève-Cœur (2004) et Amours suprêmes (2008), chacun étant représenté par sept titres. Un choix très compréhensible, bien que tout amateur des périodes précédentes de Daniel Darc reste forcément un peu sur sa faim. Taxi Girl ne fut ravivé que le temps de deux titres. N'importe quel soir d'abord, servi par un jeu très très énergique (un des rares extraits de Seppuku dont je ne suis pas fan puisque je ne l'avais même pas reconnu au début, mais il faut reconnaître qu'il est toujours efficace en live, a fortiori avec un combo punk-rock). Puis en rappel Cherchez le garçon, dans une version là aussi plus rock mais cette fois sans perte du côté un peu naïf (donc très bien vue), titre indispensable mais pas acquis puisque à l'époque du groupe il n'était pas toujours joué en live, pour prendre volontairement à contre-pied ceux qui ne connaissaient d'eux que ce tube !



Des premiers opus en solo de Daniel Rozoum sous son nom de Darc, seuls trois titres des années 90, de l'album Nijinski, dont le titre éponyme consacré au grand danseur russe, très appréciable bien que chanté d'une façon plus monocorde que dans les versions studio, Haute surveillance en ouverture de concert, et Il y a des moments, eurent droit de cité.
Certains autres auraient été les bienvenus, comme, pour la période Eighties, l'une des perles noires de Seppuku ou encore Cette fille est une erreur. Pour les années 90, j'aurais bien aimé entendre Le feu-follet ou le sympathique dernier titre avant Crève-Cœur, 18/12.
Bref, V2 sur mes souvenirs ! (autre bombe que j'aurais fortement apprécié) mais après tout nous étions au Cargo résolument dans les années 2000 !



Parmi les autres titres joués, un choix plutôt judicieux, avec quelques valeurs sûres, les deux meilleurs singles de Crève-Cœur : Je me souviens, je me rappelle et surtout le magnifique La pluie qui tombe (très bon mais l'exemple type du titre à la musicalité amoindrie en live), ainsi que le premier issu de Amours suprêmes : J'irai au Paradis.

Une petite video de J'irai au Paradis d'ailleurs :




D'excellents titres également comme La main au coeur (assez proche de l'original), Un an et un jour ou La seule fille sur Terre, magnifique dans la musique ou dans le texte, écho revenu 20 ans après très amplifié et bonifié de Le seul garçon sur Terre.
Je retiens aussi l'adaptation scénique réussie de Elegie #2, épurée de ce son répétitif de voix féminine entêtant jusqu'à l'obsession et finalement renforcée dans sa force.

Et des bonnes surprises niveau "orchestration", avec les prestations de Daniel sur ses 5 harmonicas (pas en même temps quand même, je vous rassure), ou quelques rares titres chantés avec pour seul accompagnement M Botté à la guitare ou Kalim B au piano.




De l'inattendu et de l'audacieux aussi, avec ces cover totalement a cappella et un peu hasardeuses du Redemption Song de Bob Marley et du grand standard du jazz My Funny Valentine de Richard Rodgers, ou encore cette inspiration religieuse l'amenant à jouer une version plus lourde de son Psaume 23 (psaume de David) ou à lire un autre passage de la Bible (D'Arc aurait-il entendu des voix ?). Pas une complète surprise pour autant, l'empreinte religieuse étant présente depuis quelques années et en filigrane depuis longtemps (son premier album ne s'appelait-il pas, sous forme de semi-boutade Sous influence divine ?).



Bref, à la fois prévisible et surprenant, mais toujours prenant, en tout cas un superbe moment passé en la compagnie de Daniel Darc, à qui on souhaite de continuer à suivre sa route, toute sinueuse et trouée d'ornières qu'elle puisse être, en espérant égoïstement qu'il pourra encore nous offrir de beaux albums.



Un grand merci à Chloro Phil pour ses belles photos, sa petite video, ses compléments d'infos sur le groupe et sa mise à contribution pour la distribution de flyers Lim...

Je vous renvoie aussi à l'interview très bien mené et sympa de Stéphane : ICI

Photos : Chloro Phil

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