Chronique de Concert
M aka Matthieu Chedid
-M- est un personnage incontournable du paysage musical français depuis une quinzaine d'année. Guitariste hyper talentueux, je l'avais repéré lorsqu'il accompagnait Sinclair en concert dans les années 90, ou il enquillait des solos funky avec une facilité et un groove qui forçait l'admiration. Comme tout le monde par la suite, ses chansons les plus populaires sont venues jusqu'à moi par les ondes radiophoniques. Si elles n'étaient pas ma tasse de thé, elles avaient ce petit truc en plus qui fait qu'on les remarque. Ses nombreuses collaborations (NTM, Vanessa Paradis, Amadou et Mariam, Arthur H...), ses BO marquantes (Ne le dis à personne, un monstre à Paris...), sa réputation de bête de scène, son univers singulier et l'ampleur de son succès n'avaient pourtant pas réussi à me convaincre de m'intéresser d'avantage à lui en achetant un de ses albums. C'est donc tout de même avec un bon a priori que je prenais le chemin du Palais Omnisport de Bercy pour découvrir sur pièce ce qu'il en était sur scène.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Matthieu Chedid ne se fout pas de la gueule du monde. Il propose à son public de vraies premières parties (Bazbaz, Winston MmcAnuff, Hollysiz).Il fait preuve d'une vraie générosité sur scène. Il joue plus de deux heures en donnant à son public les tubes (Machistador, Le complexe du cornflake, Je dis aime, Onde sensuelle... ) qu'il était venu chercher. Il lui offre des invités spéciaux intéressants comme Ibrahim malouf, Camille, Arthur H et Toumani Diabate. Il réorchestre ses chansons pour donner des interprétations qui divergent de celles de ses albums. Il enquille des solos de guitares plus brillants les uns que les autres.
Pourtant malgré tout cela, je suis resté au bord de la route. L'une des raisons pourrait être que le gigantisme et l'ambiance glaciale du sinistre Palais Omnisports de Paris Bercy ne se prête pas à l'univers rose bonbon de -M-, qui trouverait d'avantage sa place à l'Olympia ou au Zénith. Il n'y peut malheureusement pas grand-chose puisqu'il est victime de son succès et qu'il faut bien trouver de la place pour tout le monde. De plus après un début glacial -M- a fini par créer une vraie ambiance.
Non, à mes yeux le vrai problème, c'est que la musique de -M- est une musique édulcorée et lisse. On sent que -M- a une vraie culture musicale puisqu'il s'essaie tour à tour à la pop, au reggae, au funk, au rock seventies, au power trio, à la disco, à la musique malienne en les adaptant à son univers. Si, techniquement, ces relectures tiennent la route, l'essentiel n'est pas là !!! Tel un vampire il supprime l'âme des tous ces styles pour en livrer des versions aseptisées. L'urgence, la sueur, la rage, la puissance, la rébellion, l'hypnotisme, ou le côté roots qui fait l'essence même de ces musiques se dilue dans le rose bonbon de -M- pour se transformer en musique de variété. La musique de -M- est au rock et au Funk ce que la musique de Yannick Noah est au reggae roots ou à la musique malienne. Le public est d'ailleurs aussi sage et poli que la musique qui lui est proposée. On ne le sent pas transporté car sa ferveur reste totalement sous contrôle. Si au final celui-ci a l'impression d'avoir vu un concert de rock, ce n'est qu'une illusion, puisque ce concert n'est qu'une soirée de gala qui aurait fait bonne figure dans les emissions de Maritie et Gilbert Carpentier sur l'ORTF.
Ce sentiment de concert pour enfants sages est renforcé dès que Matthieu Chedid ouvre la bouche entre les morceaux pour nous parler, avec sa voix de premier communiant, des grands-mères auxquelles il faut penser, de la toxicité des smartphone, ou de son association qu'il faut soutenir. Tout cela est très bien et d'une sincérité qu'on ne remettra pas en cause, mais totalement convenu car qu'on se le dise on est très loin du célèbre adage : sex and drugs and rock and roll !! On serait plutôt dans Safe Sex, Haribo et variétés !!
Photos extraites du site facebook de -M-, www.facebook.com/MatthieuChedid
Critique écrite le 15 décembre 2013 par Lol
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