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Interview de Randy Weston lors de Jazz In Marciac

Interview de <i>Randy Weston</i> lors de <i>Jazz In Marciac</i> en concert

Jazz In Marciac 4 août 2010

Interview réalisée le 20 septembre 2010 par Vilay

Randy Weston : "  j'ai été victime de racisme et ressenti les ravages de l'esclavage ".

Quand on rencontre un musicien aussi mystique que Randy Weston et qu'on est obligé de lever les yeux au ciel pour voir son visage, on l'écoute et on est content de le voir souriant plutôt qu'énervé.

Vilay : Vous dites parfois que votre premier prof de musique c'est le ventre de votre mère... Considérez- vous la musique comme un don?

Randy Weston : Ma mère allait souvent dans les églises noires donc j'entendais déjà beaucoup de musique avant d'arriver au monde. Elle m'a donné le côté spirituel qui me caractérise.. Sinon, je pense que le don pour la musique me vient plus de mon père qui avait des origines jamaïcaines.

Vilay : Vous dites souvent qu'aux USA, les médias boycottent votre musique. Ça s'explique comment selon vous?

Randy Weston : Je suis un africain né aux USA et il y a cette histoire d'esclavage qui fait que les états-unis nous laissent encore de côté. La musique africaine ne les intéresse pas plus que ça.

Vilay : Vous étiez voisin avec Max Roach et il y avait des retrouvailles chez lui avec de grands musiciens comme Charlie Parker... des anecdotes à nous raconter?

Randy Weston : On a grandi ensemble avec Max, Roach, Charlie Parker mais aussi Eroll Garner... Toute cette bande d'artistes ayant grandi à Brooklyn se retrouvait chez mon père car il adorait la musique. Il tenait un restaurant et les invitait souvent. On avait pas le droit de fréquenter la communauté blanche donc le jazz, le blues... Tout se passait dans mon quartier!

Vilay : Je suppose que pour vous, musique et nourriture sont deux choses qui riment ensemble ?

Randy Weston : La nourriture EST la musique! La musique est un des fondements de mère nature, tu ne peux pas la toucher. La musique c'est la voix de dieu. C'est un langage qu'on peut parler dans le monde entier. Je ne parle pas allemand, ni chinois, mais la musique si! C'est le langage de l'humanité.

Vilay :Maintenant, beaucoup de musiciens se rencontrent via myspace ou ce genre de réseaux sociaux. Est ce une démarche que vous avez eu pour rencontrer des musiciens?

Randy Weston : Je pense qu'on doit être fier de ce que nous a donné la nature, autant qu'on le peut, il faut se passer des ordinateurs et profiter de ce pouvoir qu'on a car avoir l'occasion de toucher ou regarder quelqu'un est quelque chose de bien plus puissant qu'une machine. Les contacts humains disparaissent avec l'arrivée de toutes les technologies. C'est comme la musique assistée par ordinateur, c'est impersonnel et on ne prend plus le temps de faire de la musique soit même... C'est dommage.

Vilay :Vous avez dit que le hip-hop était un style de musique comparable au jazz et au blues. Pensez-vous vous tourner vers ce mouvement?

Randy Weston : Le hip-hop est né aux USA. Les gens bénéficient d'un enseignement moins riche qu'avant où on apprenait par exemple un instrument de musique à l'école. Maintenant les programmes éducatifs sont tellement réduits que vous demandez à un américain où se trouve l'Afrique et il n'est même pas capable de vous répondre. Le hip-hop résulte de ce constat. Comme les gens n'ont pas appris la musique de façon scolaire, ils l'ont fabriqué eux mêmes hors des chemins académiques... On peut faire un parallèle entre le hip-hop et le blues ou le jazz qui sont des styles qui ont émergé en Afrique hors des systèmes académiques. Mais moi, je suis très occupé. Mon moteur principal ce sont les musiques africaines, je n'ai pas le temps de faire autre chose.

Vilay : Après plus de 50 ans de carrière et la découverte d'horizons musicaux divers... Où avez-vous envie d'aller à présent?

Randy Weston : J'aimerai voir chaque pays d'Afrique et j'aimerai entendre chaque musique traditionnelle qui y est née car elle reflète l'âme des gens. Mes racines sont ici. Je viens de ce continent et indirectement j'ai été victime de racisme et ressenti les ravages de l'esclavage et j'aimerai que les gens révisent leur opinion sur l'humanité. La musique aide à considérer les gens pour ce qu'ils sont et non pour leur couleur. C'est pour ça que le concert de ce soir me tient à cœur. Rendre hommage à James Reese en relatant son histoire, c'est important.



Propos recueillis par Vilay pour le journal "Jazz au Coeur" du 4 août 2010

> Réponse le 05 novembre 2010, par Jazz in Marciac

Avec le lien de la source copyrighté, c'est mieux : https://www.benejim.info/article-1499-2010-08-04-randy-weston-version-longue-de-l-interview  Réagir


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