Chronique de Concert
Toru + Batiment
Leda Atomica Musique, Marseille 24 mars 2023
Critique écrite le 25 mars 2023 par Mystic Punk Pinguin
Le trio instrumental (2 guitares et 1 batterie) Toru débute les hostilités avec sa free noise. Leur set oscille entre passages où les guitares ultra saturées bousculent la tectonique du Leda et d'autres où le batteur désarticulé multiplie les cassures rythmiques. Ce dernier illustre bien la maxime "I have a drum" de Sébastien B. (sinistre personnage qui gonzoïse les concerts marseillais).
Il focalisera pas mal l'attention avec son jeu, passant de frappes sauvages à des caresses freejazzesques et de la trituration de cymbales, jouant littéralement du coude avec ou en en juchant une sur une baguette. Il est de bon ton dans la noise d'utiliser le terme "maelstrom" mais ici il s'agit d'un chaos organisé, les musicien.ne.s maitrisant leur sujet.
Le contempltif succède à a violence, dans des cycles asynchrones. Triturant ses multiples pédales, la guitariste installe une transe flirtant avec un shamanisme drone, tandis que son comparse torture ses cordes dans les aigus et que, rappelant un spectacle d'ombres chinoises, le batteur jongle entre ses fûts.
Tout cela avant d'entrer dans une explosion sonique libératrice, mêlant calme et tempête à la fois. Le set se termine, le public remercie les Toru comme il se doit.
De calme il ne sera point question lors du set de Bâtiment. Vu il y a quelques mois lors de leur premier concert, bien bloquant, à la Salle Gueule, on avait hâte de retrouver la bande à Sam Vortex, d'autant que leur premier album est sorti depuis. S'il faut une étiquette, on dira que Bâtiment flirte avec le post hardcore. Violente, leur musque l'est assurément, le frontman hurlant d'une rage somme toute contenue. Mais à l'image de son chant qui se fait parfois plus groove, me rappelant celui des fabuleux et mésestimés Death de Detroit, les ouvriers du Bâtiment ont plus d'une corde à leur répertoire.
Après un passage de déflégration sonique qui pourrait servir de bande son à une émeute urbaine, ils peuvent enchaîner avec des moments plus plombés où la guitare hache et tranche et la basse et la batterie pilonent la rythmique tandis que la voix se transforme en aboiements teintés d'un noir cynisme.
Ou partir sur des motifs répétitfs tendance math rock pas chiant accompagné d'un chant sarcastique, avant d'appuyer sur le détonateur hardcore pour déclencher la claque dans la gueule et le mur de son dans ta face (sans oublier un côté dissonant à la gratte pour distiller de la folie dans tout ça). Bâtiment ça t'empoigne par le colbac, te secoue bien fort et te repose titubant mais heureux. Ovation méritée à la fin, je ne m'attarde pas pour les papouilles, traçant à la Salle Gueule pour la suite de la soirée.
Plus de photos et vidéos de Toru par Pirlouiiiit (échappé à la pause direction la Maison Hantée) par ici et de Toru et Batiment par Philippe par là
Critique écrite le 25 mars 2023 par Mystic Punk Pinguin
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