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Dieu, le Rock et le Mysticisme : l'interview exclusive de Dieu !

Dieu, le Rock et le Mysticisme : l'interview exclusive de Dieu ! en concert

(in a secret place...) 26 septembre 2010

Interview réalisée le 16 décembre 2012 par Philippe

(Interview initialement parue dans le magazine On the Rocks #2, Novembre 2010)

Qui dit mysticisme, dit croyance, et qui dit croyance, dit Dieu, s'est dit notre reporter (votre serviteur). Et comme dit le proverbe, mieux vaut s'adresser au bon Dieu qu'à ses saints. Avec un brin de culot, je me suis donc adressé à son service Presse et, ô divine surprise, Dieu avait un créneau à m'accorder. Interview à bâtons rompus, dans un lieu tenu secret à Sa demande (les voies impénétrables, tout ça) : Nous avons donc rendez-vous dans un petit bar donnant sur un parc arboré - le tout dans un quartier excentré où je n'avais jamais mis les pieds.

On y boit des Vendanges Tardives sur des nappes à carreaux, et la cigarette y est évidemment autorisée. Pas grand monde en ce mardi après-midi : un pochard anonyme et un barman moustachu en gilet noir, le plus souvent invisible. Dieu est déjà là, attablée à un guéridon. Suprise, pour l'occasion, Dieu ne ressemble à aucune femme en particulier : juste une grande brune, avec de grosses lunettes de soleil vissées sur le nez. Elle me fait signe de m'asseoir. Un peu intimidé au début - on le serait à moins ! - je me lance.




On the Rocks : Bonjour, euh... Comment faut-il vous appeler ? Mon Dieu, ça va ?

Dieu : (grand sourire, peut-être un peu ironique) Salut ! Comme vous voudrez, aucune importance.

OTR : Okay, euh... Tout d'abord Dieu merci, d'avoir accepté cette interview !

Dieu : (Elle soupire) Oh, ce n'est rien, vous savez, les gens en font tout un plat et tout un cérémonial pour me parler, alors qu'il suffit parfois de demander simplement, comme vous.

OTR : On imagine pourtant que Votre temps est précieux...

Dieu : Oui certes, mais enfin Je peux très bien être ici et là en même temps, ça n'est pas un problème pour Moi. Et puis J'aime bien parler français, cette langue compliquée qu'a inventé votre peuple de prétentieux. Il M'a toujours amusée. De quoi vouliez-vous parler au juste ?

OTR : Rassurez-Vous, pas de la Vie après la Mort !...

Dieu : Ah bon, tant mieux ! Je me suis déjà souvent expliquée sur le sujet, vous savez, Je ne peux rien dire mais les gens ne comprennent pas, c'est épuisant.

OTR : Notre sujet du jour, si Vous le voulez bien, c'est le mysticisme, dans la musique.

Dieu : Excellente idée, mais euh... c'est vaste ! De quelle époque vous voulez parler ? Moi vous savez, depuis ce que vous appelez la préhistoire, y'a un moment que Je suis sur le coup ...

OTR : (Surpris) La préhistoire ?!

Dieu : Eh oui. Je me rappelle très bien de la première fois. Il y avait cet Ankh, un jeune Noir très velu - enfin vous l'étiez tous à l'époque hein ! - (rires) qui jouait très adroitement de la flûte, dans un os de tibia taillé. Je l'ai touché de Ma grâce, juste pour voir : il s'est mis à jouer "comme un Dieu" (on ne disait pas ça à l'époque, les hominidés étaient plus modestes), il faisait pleurer les mâles et les femelles de son clan. Il a même repoussé une attaque d'aurochs un jour, en les amadouant... J'ai bien aimé l'idée, Je Me suis jurée à l'époque de toucher quelqu'un de Ma grâce régulièrement...

OTR : Comme ça, au hasard ?

Dieu : Non, enfin des musiciens atypiques, quoi. Pour voir ce que ça donnerait. Pour faire avancer la musique un bon coup de temps en temps. Sinon, ça stagnait assez vite.

OTR : Et depuis, Vous avez refait ça à travers toutes les époques, donc ?

Dieu : Oui, c'est ça, enfin J'ai quand même sauté votre Moyen-Age, tous ces musiciens religieux, quel ennui, Je n'écoutais plus que la musique des peuples païens ! Par contre, J'ai pas mal repris chez vous, disons depuis votre Renaissance... il y a eu un beau paquet d'artistes très doués.

OTR : C'est donc comme ça que Vous mettez du mystique, du "divin" dans notre musique ? Seulement sur des cas particuliers, au coup par coup ?

Dieu : Ben oui, ça doit rester exceptionnel, sinon ça ne serait pas drôle. Et puis pour qu'ils (ou elles) ne prennent pas la grosse tête, Je suis généralement obligé de les rappeler assez jeunes. Mozart, par exemple il y a quelques lustres - ah, c'était Ma petite faiblesse, celui-là, il a vécu 35 ans - et Je l'ai touché plusieurs fois. Je le regrette encore...

(Elle sifflote Eine Kleine Nachtmusik quelques instants, recommande d'un geste un verre de Vendanges Tardives, que le barman discret apporte prestement, puis il s'ensuit une minute de silence - excepté le barman et sa moustache, nous sommes seuls dans le bar à présent.)

OTR : C'est une sorte de don spirituel en somme ? Sauf que Vous ne leur laissez pas vraiment le choix, si ensuite vous les rappelez plus tôt pour compenser...

Dieu : Ah non en effet, c'est Moi qui commande non ? Le talent, certains l'ont de façon innée. Le génie par contre, c'est Moi qui décide. Et puis en principe au départ c'était sur une, deux mélodies maximum, trois à la limite, sinon c'était injuste pour les autres musiciens. Catalani, l'air de La Wally, c'était divinissime non ? Eh bien, 39 ans et pfuiiit ! (elle souffle sur le plat de sa main) Basta cosi, ça suffit !

OTR : Enfin Beethoven a pourtant vécu assez vieux, lui...

Dieu : Ouais, mais Je ne l'ai jamais tellement touché, il n'avait pas le potentiel d'un génie, lui. Verdi non plus d'ailleurs ...

OTR : Euh... bon. On ne va pas pouvoir couvrir toutes les époques, hélas, je travaille pour un magazine appelé "On The Rocks". Mon Dieu (je joins les mains), peut-on Vous faire parler de rock ?

Dieu : (Elle rit) Mais bien sûr ! Il fallait le dire, J'adore le rock ! Enfin en l'occurence le rock c'était plutôt une idée de mon collaborateur Satan, à la base...

OTR : Justement, on dit que le Diable, lui, propose un vrai pacte aux musiciens, une fois de temps en temps : du génie, contre leur âme. Ce n'est pas un peu plus fair-play, finalement ?

Dieu : Oui, enfin, c'est ce qu'il vous fait croire, mais bon il n'a pas pouvoir de vie ou de mort vous savez, il ne l'a jamais eu, c'est juste un ange qui est monté en grade ! (Le barman toussote un peu, derrière dans son coin.) En définitive c'est toujours Bibi qui décide. J'ai donc aussi le pouvoir de vie et de mort sur le rock, sur ceux et celles qui en font. Pareil pour les autres musiques, d'ailleurs !

OTR : Et ça dure depuis quand, enfin dans le rock ? Le fameux Robert Johnson, le bluesman ?

Dieu : Eh oui, ce fut le premier ! Il était noir, il nous rappelait Ankh, Satan lui a donné le truc, avec Mon accord. Sweet Home Chicago, une merveille non ? When you Got a good Friend ? D'une simplicité divine. L'imbécile, il a fallu qu'il le raconte à tout le monde. A 27 ans, on l'a repris, il était en train de prendre le melon.

OTR : Alors justement, je voulais parler exactement de cette histoire, les fameux Rockers-Morts-à-27-ans, il y en a eu un paquet, quand même ! Une explication, ce serait trop Vous demander ?

Dieu : (Elle sourit franchement) Un paquet en effet, vous pouvez le dire ! Bob Johnson ne fut que le premier à en faire le frais. Satan a trouvé que 27 ans, donc 350 lunes, c'était bien suffisant pour un génie, il avait raison. Du coup On a appliqué la règle plusieurs fois ensuite, mais Satan ne s'est plus montré aux élues ou aux élus, et Moi non plus, ça faisait trop de problèmes.

OTR : ...Il y a notamment toute la série des 60's, déjà : Jimi Hendrix, Jim Morrison, Brian Jones...

Dieu : Ah ! Jimi et sa Foxy Lady, Je l'ai touché plusieurs fois - Je lui ai soufflé l'intuition de la guitare saturée, vous savez - celle du hard rock, en somme... The Wind Cries Mary, ça parle de Moi, Little Wing aussi, c'était presque trop beau, à un moment J'ai pas tenu, Je l'ai bêtement laissé s'enfoncer - Je le regrette bien, lui aussi. Quant à Jim Morrison, en fait c'était plutôt le chouchou de Satan : Riders on the Storm ou The End, ça parlait de lui, du Diable. Dans le genre c'était grandiose...

OTR : Oui enfin, Sympathy for the Devil aussi, ça parle du Diable, non ?!

Dieu : Hell, yeah ! (Elle se marre tout en tirant sur sa énième Camel light, et Elle est prise d'une quinte de toux) Je sais bien, il y a longtemps qu'il aurait du claquer, Mick Jagger, mais bon c'est ma petite faiblesse, que voulez-vous, il M'amuse, tout comme Iggy Pop ou Little Richard d'ailleurs...

OTR : Par contre, Vous n'avez pas fait dans le détail dans les 90's non plus : par exemple presque coup sur coup, rappeler Kurt Cobain et Jeff Buckley, j'imagine que c'est votre idée ?

Dieu : Ah la vache, le petit salopard... Vous touchez un petit blond white trash aux cheveux sales, dépressif, junkie, juste pour voir, et il vous sort Smells like Teen Spirit, l'un des trois meilleurs titres rock de tous les temps - Satan m'a épaté sur ce coup-là, c'était particulièrement vicelard de sa part. On a du le reprendre celui-là, avant qu'il nous tue le rock pour de bon. Les possibilités de riffs géniaux sont limitées, c'est mathématique, et il était parti pour épuiser le genre...

OTR : Et Jeff Buckley, alors ?

Dieu : (avec un léger sourire malicieux) Ben, vous ne devinez pas, jeune homme ? Disons que c'était ma réaction au coup fumant de Satan sur Cobain... J'ai voulu me venger avec un album entier, touché par ma Grâce, ça lui a même donné son titre. Sa reprise d'Hallelujah, nom de Moi : c'est la toute première fois qu'un chant religieux M'a autant touchée depuis le Miserere d'Allegri, c'était juste, totalement divin. D'ailleurs Satan a été vexé à mort. Enfin bon, il me semble que Jeff Buckley a eu un peu de rab sur ses 27 ans (Jeffrey Scott Buckley est mort à 30 ans, NDLR).

OTR : Vous avez fait le coup à des femmes aussi. Je pense notamment à Janis Joplin...

Dieu : Mercedes Benz, Move Over..., des splendeurs, quelle splendeur, cette voix ! Ah, ma jolie petite hippie, Je l'ai aimée passionnément celle-là... Mais avec tout ce qu'elle se mettait, elle s'est rappelée à Moi tout seule, la pauvre.

OTR : Sauf erreur et sans préjuger de Vos goûts, on dirait que Vous (ou Satan) avez touché Amy Winehouse aussi, plus récemment ?

Dieu : Holy Shit ! Ne m'en parlez pas, celle-là est à Satan, bien sûr. Mais cette voix, ce pont de violons et de piano, au milieu de Back to Black, bordel de Moi, mais c'est que ça me fout la chair de poule à chaque fois ! Cette chanson, c'est la perfection absolue. Enfin bon, elle vient d'avoir 27 ans (14 septembre 2010, NDLR), son cas est en discussion entre Nous...

OTR : Oh Mon Dieu, s'il vous plaît, laissez-la nous encore un peu !

Dieu : (D'un ton pète-sec) C'est Moi qui décide. Je vous l'ai déjà dit, il me semble.

OTR : Au moins, laissez-la finir son prochain album qui sort dans quelques mois, non ?

Dieu : (Dieu tire sur son clope, abaisse un peu ses énormes lunettes d'un doigt et Elle me lance un regard bleu glacier - et glaçant, avant de souffler vigoureusement la fumée par le nez) Attention, Vous commencez à M'ennuyer, jeune homme...

OTR : Okay, okay, ne Vous énervez pas, je Vous en prie... J'aurai essayé. Et si on parlait d'artistes français ?

Dieu : (Elle remet ses lunettes en place, et se détend un peu, un léger sourire) Ah oui, les Français, je les aime bien. En rock, ils sont moyens, mais vous avez eu une bonne série en chanson, au siècle dernier... D'ailleurs on a été assez laxistes avec Lulu (Comprendre, Lucifer, NDLR), parce que là il ne s'agissait plus seulement de musique, mais aussi de paroles, on voulait voir leur potentiel. Donc on leur a laissé tout le temps.

OTR : Vous voulez dire, Brel, Brassens, Aznavour, tout ça ?

Dieu : Oui, des auteurs de chansons magnifiques, pas vrai ? Pourtant on a pas fait grand-chose, on a juste mis une pincée de génie ici ou là : Ne me quitte pas, Ces gens-là... La non demande en mariage pour Brassens, euuuh... Emmenez-moi, pour le petit brun d'Arménie... Et ils ont fait le reste, On a laissé courir. Bon, évidemment, Thank You Satan de Léo Ferré, c'est signé là, hein ? (Elle fait le signe du Diable avec sa main, je l'imite, on se marre). On s'est un peu chamaillés sur le cas de Gainsbourg, celui-là, On le voulait tous les deux, et ce petit Malin me l'a repris par surprise, juste après la Valse de Melody Nelson. Ensuite, il en a fait son joujou favori...

(Le barman, toujours invisible, commence à siffler Marilou sous la Neige en cuisines, ce qui met soudain le reporter curieusement mal à l'aise...)

OTR : Euh... Bon, et sinon, dans les Français d'aujourd'hui ?

Dieu : Boaf, pas grand-chose, ça fait un petit moment que Je n'ai rien co-produit de particulier. Pas depuis que votre Bertrand Cantat a pété les plombs... Des armes, c'était sublime non ? Enfin, sur une idée soufflée par Satan évidemment, à l'origine c'est du Ferré, quand même ...

(Elle fredonne quelques instants le refrain de Sweet Mary en pianotant sur la table...)
Ah ! Enfin si, votre Vincent Delerm a un ou deux titres assez bouleversants comme Ambroise Paré, dommage qu'il chante aussi mal. Je songe à aider un peu Benjamin Biolay peut-être ? Non, en fait le dernier en date, ça doit être Daniel Darc. Avec son crucifix tatoué sur le torse, il Me fait craquer, ça M'amuse de vous le laisser alors qu'il est à moitié suicidaire, mais il a fait de tellement belles choses... Je me souviens, je me rappelle, c'est votre dernier poète maudit, c'est clair.

OTR : ... Puisque Vous nous avez repris Alain Bashung...

Dieu :... Puisque tel était Mon bon plaisir, jeune homme ! C'est vrai, je l'avais presque oublié celui-là, et pourtant : je me suis fait La Nuit je Mens, Satan a eu sa Madame Rêve, il nous a fait vibrer, l'animal (elle sifflote l'air du banjo de Venus, quelques instants).

OTR : Excusez-moi, c'est un peu un cliché, mais Vous êtes parfois très cruelle, non ?

Dieu : N'est-ce pas ? Mais c'est ce qui donne tant de valeurs aux artistes de génie, vous savez. la Grâce est à ce prix. Par exemple, Satan M'a rappelée à l'ordre récemment, Je lui avais promis, et puis J'avais laissé filer Lhasa, un authentique génie vocal : le mal est réparé, enfin si on peut dire.

OTR : ... Plus trop de gens à reprendre prochainement j'espère ? On est un certain nombre à trouver que Vous Vous êtes bien servis, surtout en rock, ces temps-ci (je refais le signe du Diable sous la table - je me comprends, je sursaute à un léger gloussement qui vient de derrière le bar)...

Dieu : Rhôô, vous exagérez, on est devenus vraiment très sympas et patients, avec le temps ! Regardez tous ceux qu'on laisse vivre, vous avez un sacré paquet d'artistes talentueux ces dernières années, autant qu'il y a trente ans ! Par exemple je suis régulièrement derrière Björk, Antony Hegarty, Nick Cave, Thom Yorke... Satan lui, il surveille de près Jack White et Mike Patton, il sifflote de temps en temps à l'oreille de Joshua Homme ou de Polly Jean... On s'est un peu répartis le travail, avec le temps, Lulu fait plutôt dans le gros son qui cogne, et Je m'intéresse davantage aux vrais songwriters. A quelques exceptions près, quoi.

OTR : Excusez-moi, mais enfin je me permets d'insister : on s'inquiète pas mal pour David Bowie, par exemple...

Dieu : Justement ! 25 albums studios de David Bowie, avec du génie pratiquement sur chacun, ne Me dites pas que c'était pas généreux, ça, quand même !

OTR : C'est vrai, j'avoue... Une dernière question, Votre dernière touche de génie mystique en date ?

Dieu : (Son visage s'éclaire) Ah, alors oui, j'ai deux jeunes beaux gosses en vue, des anglophones. Sufjan Stevens et Peter Von Poehl, ils ont eu chacun leur chanson de grâce, déjà. The Seer's Tower pour le premier...

OTR : ...Et The Story of the Impossible pour le deuxième, je parie ?

Dieu : Bingo. Le petit pont vocal sur le mot 'impossible', il n'est pas seulement humain, vous l'imaginez bien ! Bon, je crois que je suis devenue très fleur bleue, en ce siècle. Trop, sans doute. Enfin ça Me passera peut-être, d'ici au prochain... (Elle regarde en l'air, dans les nuages, le soir commence à tomber). Bon, jeune homme, ce fut un plaisir, mais il va vraiment falloir que Je vous laisse....

OTR : Eh bien d'accord. A nouveau Dieu merci, grand merci à Vous ! Je pense que maintenant, les lecteurs d'On the Rocks comprendront un peu mieux Votre dessein sur le mystique, dans le rock et dans la chanson en général.

Dieu : Tant mieux pour eux. Mettons que ça sera mes happy few... Ils ne sont pas trop nombreux j'espère ?

OTR : (je rigole) Non non, Ne vous inquiétez pas !... Un dernier mot peut-être, spécialement pour eux ?

Dieu : Mais avec plaisir. Restez modestes !

OTR : Euh, certes... mais encore ? Vous pouvez préciser ?

Dieu : Je veux dire, soyez toujours à l'écoute de la nouveauté, ne croyez jamais que vous avez tout vu, tout entendu, et qu'un prétendu Age d'Or est passé ! Qu'une nouvelle Nina Simone ou qu'un nouveau Johnny Cash ne peut pas revenir. Et que Satan et moi on lui laisse une vie entière, juste pour tous vous remettre cul-par-dessus-tête... Parce que J'en ai encore sous la pédale, jeune homme, et Satan aussi. Adieu ! (Elle lève la main et claque des doigts)

[flash]

L'auteur de ces lignes ne se souvient hélas pas de la fin de l'entrevue, et du départ de Dieu. Je me suis réveillé sur un banc dans le parc, en face du bar où nous nous étions longuement parlé. Il faisait nuit. A en voir le rideau de fer rouillé, l'auvent en loques et l'enseigne disparue, il était manifestement fermé depuis de nombreuses années.


(Fin)

PS ajouté à l'été 2011, quelques mois plus tard : Rest in Peace, Amy Winehouse (14.09.1983 - 23.07.2011). Tout était dit ici...