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Interview Waiting for Words

Interview <i>Waiting for Words</i> en concert

Le Bataclan - Paris 30 Septembre 2008

Interview réalisée le 02 octobre 2008 par Floribur

J'ai découvert les WAITING FOR WORDS à l'occasion du festival Electro Night Live au Bataclan, le 20 septembre 2008. Mais, très occupé car très impliqué dans l'organisation dudit festival que ZeN, le chanteur du groupe, était (compliquée ma tournure est), il ne m'a pas été possible de faire une interview sur place. C'est donc par la "voie mailique" que j'ai procédé pour en apprendre plus sur ce groupe.



Pourriez-vous vous présenter individuellement ?
Mycrotonik : claviers, production
El Lute : batterie et percussions électroniques, production
ZeN : chant et en studio clavier et un peu touche à tout
Inox : clavier et production, mais uniquement en studio, je suis l'homme de l'ombre !

Quand et comment est né WFW ?
ZeN : En mars 1990 et comme beaucoup de groupes j'imagine, une bande de potes du lycée qui veut se mettre à la musique un jour. On avait été bercés à la New Wave et à force de voir les Cure, Simple Minds ou Depeche Mode en concert, tu te dis juste un jour "c'est ca que je veux faire"

Inox : J'ai rejoins ZeN fin 1991 et c'est là que le groupe a vraiment commencé. J'ai fait pas mal d'allers et retours ! Depuis deux ans j'ai arrêté les tournées et me consacre uniquement au travail de studio.

El Lute : Pour ma part j'ai rejoint le groupe en 1995. Je jouais au sein d'un groupe international, et rentrais juste de leur dernière tournée mondiale. Et après toutes ces années au sein d'un groupe à succès, j'ai eu besoin d'un retour aux sources, de rejouer avec des indépendants. Et j'ai répondu à leur annonce lorsqu'ils cherchaient un batteur.

Mycrotonik : J'étais proche du groupe, j'avais travaillé déjà avec eux sur un remix et la production d'un titre pour leur tournée. En juin 2006, leur claviériste venait de quitter le groupe, ils avaient 2 dates à assurer l'été et je connaissais parfaitement leur répertoire. ZeN m'a appelé pour me filer le job... et voilà !

Comment composez-vous ? L'inspiration est-elle longue à venir et à travailler, si l'on en croit le nom du groupe, ou au contraire est-ce quelque chose d'assez spontané pour vous ?

ZeN : LOL... ca devient dur avec l'âge ! Non, plus sérieusement, nous n'avons pas une formule type, les morceaux peuvent venir différemment. Avant l'album "A Walk Through The Night" (2004), je livrai quasiment tous les titres "clefs en main" et ce n'était plus qu'une question de les rejouer avec les autres. Sur "A Walk..." il y a eu beaucoup de "jam", d'impro à partir de démos super minimalistes, et nous poursuivons de plus en plus dans cette voie. Les 3 nouveaux titres joués au Bataclan sont nés à peu près de la même façon : Mycrotonik avait de courtes démos instrumentales, 1 ou 2mn et on s'y est tous mis lors de sessions d'enregistrement pour en faire des morceaux complets.

Mycrotonik : En ce qui me concerne, parfois le deuxième nom du groupe pourrait être "Waiting For Melodies" !! Mais cela peut être aussi dans l'autre sens - comme pour "AMD", la nouvelle intro jouée au Bataclan, composée en quelques heures seulement - là on retourne les W et ça donnerait "Melodies For Mycrotonik" !
Mais je n'ai pas de règle précise pour composer, j'allume les machines, et je me laisse guider par mon inspiration. La seule chose, c'est que si l'inspiration n'est pas au rendez-vous, alors je n'insiste pas, j'éteins et je passe à autre chose.

El Lute : ZeN écrit quasiment l'intégralité des textes, et à une ou deux exceptions près, toutes les nouvelles musiques sont nées de nos sessions communes... Et pour ce qui est de la difficulté... c'est plus de trouver du temps pour s'y mettre qui est dur. On a beaucoup tourné ces quatre dernières années et c'est pas évident de mener de front une tournée, la promotion d'un album et la préparation du nouvel album.



Photo Julyz


Pourquoi ce choix de chanter totalement en Anglais pour un groupe français ?

ZeN : Au départ, parce que nous avons été élevés à la musique anglo-saxonne, tout simplement. L'inspiration m'est toujours venue en Anglais... Et puis l'universalité. Faire une carrière franco-française ne nous intéresse pas... aujourd'hui, se cantonner à un marché unique, tout en faisant une musique plutôt européenne qui en plus ne marche pas tant que ça en France ne serait pas, pour nous en tout cas, la meilleure des idées.

El Lute : Ça nous a pénalisé pendant des années, lorsque les moyens de se "vendre" à l'étranger étaient plutôt limités. Aujourd'hui c'est justement ce qui nous sauve ! Et puis pour nous, la musique est et se doit d'être universelle. Or il est plus facile de toucher un Allemand, un Hollandais, un Japonais ou un Anglais en chantant en Anglais.

Quel est votre public, dans quels pays avez-vous marché ou marchez-vous le mieux ?
Mycrotonik : Notre public est très varié. C'est peut être ce qui nous distingue. Nos fans ne sont pas tous connaisseurs de Synthpop.

ZeN : Presque toutes nos compos se font avec des instruments classiques (guitare, piano...) et on a une approche très pop. C'est ce qui doit faire qu'on a un public très varié, du grand public aux férus d'électronique. On injecte des influences très variées dans notre musique. De la pure New-wave froide à des rythmiques latinos, du Rock, du Trip-Hop.

El Lute : Pour les pays, on va dire l'Angleterre. On a fait près du tiers de notre tournée là bas, nous sommes managés par des Anglais et en discussion avec des labels anglais. De plus on est avant tout un groupe de live, ce qui n'est pas forcément ce qu'on attend le plus d'un groupe "électronique". Et puis plus récemment, un intérêt de la part de pays hispanophones. L'Espagne donc, mais également le Mexique et d'autres pays d'Amérique du Sud. Je pense qu'on ira y tourner avec le prochain album.

Inox : On n'a pas tellement une approche en termes de "type de public". On s'en fout un peu de savoir si une personne qui nous écoute est plutôt dark ou populaire. C'est vrai qu'il y a un côté élitiste dans beaucoup de style musicaux et surtout le nôtre. Aujourd'hui tout le monde applaudit la Nuit de l'Electro car cela a été un gros succès. Mais il faut voir ce qu'on s'est pris pendant un an quand on a annoncé qu'on montait ça avec Surcouf et Intel !! Et on a enfoncé le clou avec le partenariat Oui FM ! "Quoi ? Comment ? Mme Michu va découvrir la synthpop ?"... mais bon après faut pas se plaindre qu'on entendre que de la daube à la radio si quand on offre la possibilité de toucher le "grand public", tout le monde se bouche le nez.

El Lute : Mais à la limite, tant mieux ! Si personne ne veut travailler avec ces marques, jouer à tel ou tel événement parce que ce n'est pas "in" ou "hype", nous on prend ! Ca nous laisse un boulevard ☺

Sur scène, on sent chez ZeN un sens de la scène évident. Est-ce inné, ou est-ce le fruit d'une expérience forgée avec les années ?

Mycrotonik : Avant d'être membre du groupe, j'avais entendu dire que la force des Waiting était le live. On comprend mieux à partir du moment où on voit l'énergie qui se dégage de chaque show. Et puis j'ai lu sur Internet que la voix de ZeN avait progressé au fur et à mesure de la tournée, surtout cette dernière année. C'était une critique récurrente qui s'estompe. On ne peut que s'en réjouir. Quant à la présence scénique, elle a toujours été présente dés la première fois que j'ai vu le groupe jouer.

ZeN : Mes modèles sont tous des bêtes de scènes et j'ai grandi en admirant des Dave Gahan, Michael Hutchence, Prince, Bono ou Jim Kerr, alors forcément, mon premier instinct n'a pas été de me planter derrière un micro sans bouger. De plus, quand on a commencé, nous étions deux, et Inox était figé derrière ses claviers. Notre musique n'était pas forcément très aboutie et il fallait compenser par une présence scénique forte. L'expérience m'a permis de canaliser un peu mon énergie LOL. La frontière est très mince entre une présence scénique et la caricature. Par le passé, je mettais peut être trop l'accent sur la performance scénique au détriment de la voix. Comme le dit Mycro, on m'a souvent tapé dessus pour la voix. Depuis un an, j'utilise des retours oreillettes, alors forcément, je n'ai plus à lutter pour m'entendre, ca aide ☺ Je chante aujourd'hui comme j'ai toujours chanté en répétition ou en studio, sauf qu'aujourd'hui ca s'entend enfin en Live LOL.

Pendant le concert de samedi, des visuels très sympas accompagnaient votre prestation. Pouvez-vous nous parler de tout cela ?

Inox : Aaahh ! Enfin quelqu'un qui nous interroge sur ce sujet !! C'est une des rares fois où on nous en parle, comme si c'était d'un naturel et d'une évidence limpide de projeter une heure de visuels, d'images de synthèse LOL

ZeN : Surtout que ce ne sont pas n'importe quels visuels ! Ce sont les mythiques V-Jays de V-FORM qui nous "alimentent" en projections. Ils nous ont accompagnés parfois sur scène pour faire du mix live. Quand ils ont arrêté leurs activités, ils nous ont filé toutes leurs bandes ! On dispose de centaines d'heures de visuels. C'est un élément très important de notre show. Cela donne une dimension supérieure, comme si on plantait un décor différent par titre.

Mycrotonik : On associe souvent les images de synthèse à la musique électronique, les visuels de V-Form sont donc parfaitement adaptés à notre musique. D'autant qu'on ne s'est pas contenté de puiser dans leurs images comme ça. Chaque titre a été étudié avec les graphistes de V-Form

J'ai pu me régaler aussi samedi soir de clips vidéo, un sur Travelling Man, et un autre sur Cause I do Believe présentant les aventures de sims à vos images, très drôle !

El Lute : C'est une fille super douée, Mags, qui a fait le délire Sims. Elle suit le groupe depuis quelques années maintenant, et on voyait circuler sur le net ses créations Sims. Elle a, entre autres, reconstitué les membres de Depeche Mode et créée régulièrement des clips en leur inventant des aventures. Comme elle aime bien ce qu'on fait, elle nous avait fait un petit teaser pour rire, avec nos personnages en Sims. On lui a proposé de mener le truc jusqu'au bout et elle a fait ce clip absolument génial.



Mycrotonik : Le teaser qu'elle nous a envoyé nous représentant m'a fait rire, le clip final est très drôle, avec quelques scènes cultes, comme celle de "l'essayage de chapeaux", j'ai enfin trouvé le bon, merci Mags !!
Quant au clip, cela faisait un moment que nous parlions de tourner un clip pour Travelling Man. Et lors de notre dernier passage en Angleterre, on avait un Day Off entre 2 dates, une caméra, alors plutôt que de ne rien faire à l'hôtel, on s'est lancé dans ce tournage... Ce qui est marrant, c'est que le festival Cov'Stock [gros festival sur Coventry] a eu lieu là où nous avons tourné certaines scènes l'année suivante !

ZeN : On a tout bouclé en une journée ! On a commencé le tournage à 14h et à 6h du matin, le montage était fini et deux jours après c'était on line... c'est très représentatif de ce qu'est devenue la musique et ca explique certainement le décalage qui existe entre les artistes et le public d'un côté, et les maisons de disques et médias de l'autre. Ces "institutions" ne sont pas préparées à une telle évolution. Tout se fait dans la spontanéité - même si pas toujours pour le meilleur résultat, c'est clair. Les possibilités offertes par le moindre petit ordinateur à 600€ sont immenses. Un groupe possède aujourd'hui dans la même machine son studio d'enregistrement, de montage vidéo et son outil de distribution ! Tu fais un titre le samedi, le clip le dimanche, c'est sur la toile le lundi.

Inox : On s'est dit que ce serait bien d'utiliser ces deux vidéos sur la tournée. Il y a une continuité et une ligne directrice dans les visuels de V-Form qui fait que, peut être, à un instant donné, les visuels ne ressortent plus. Intégrer ces clips au milieu de tout ça permet de ne pas perdre l'attention du public en les surprenant avec ces 2 OVNIS avant de revenir sur du V-Form.

Vous avez fait une reprise de "Secret" d'OMD, j'en déduis que vous êtes très fans ?

ZeN : A un point que tu ne peux imaginer ! OMD est pour moi l'un des groupes, probablement avec Duran Duran, les plus sous-estimés de l'Histoire de la pop. Ils ont écrit quelques unes des plus belles chansons pop qui soient et leurs deux albums "Architecture & Morality" puis "Dazzle Ships" sont de vrais monuments. C'est assez étrange d'ailleurs de graviter dans leur entourage depuis quelques années. Notre manager est assez proche d'Andy McCluskey, j'ai rencontré Paul Humphreys il y plus de trois ans maintenant, Malcolm Holmes est venu d'Angleterre pour nous voir jouer samedi... on m'aurait dit un truc pareil y a vingt ans, j'aurais conseillé l'hôpital psychiatrique le plus proche ! Alors imagine, la même soirée, organiser le premier concert de Onetwo en France et reprendre "Secret" avec Paul Humphreys dans l'embrasure de la porte des backstages et Malcolm Holmes dans la salle qui t'écoutent massacrer leur plus gros hit !!! Mais ca va, nous avons eu la bénédiction de Paul, il a beaucoup aimé ☺

Mycrotonik : Fan, pas particulièrement, mais disons qu'OMD fait partie des groupes que j'écoutais et que j'appréciais quand j'étais ado. En revanche, comme ZeN, si on m'avait dit à cette époque que je partagerais la même scène que Claudia Brücken et Paul en 2008, je pense que j'aurais, au minimum, répondu : "arrête de délirer !"



Photo Julyz


On devine d'autres références "électroniques" au sens large (j'ai même vu un The Chauffeur sur le tracklisting de votre troisième album, y aurait-il du Nick Rhodes dans l'air ?), mais avez-vous d'autres artistes ou titres particulièrement adorés ?
ZeN : Effectivement, on a repris "The chauffeur" il y a neuf ans sur le troisième album. Nick Rhodes est bien sûr une référence absolue dans le traitement des synthés et de la production. En références électroniques, j'imagine que l'on ne va pas être très original en citant les Kraftwerk, OMD, Depeche Mode, Human League et les leaders de la Synthpop (Camouflage, De/Vision et consors)... Mais bon, pas que ça non plus. J'aime bien la White Soul de la seconde moitié des 90's (Simply Red, Hipsway, Blow Monkeys...), du rock un peu progressif (Marillion, Genesis, Pink Floyd), la New wave des Simple Minds, Tears for Fears et autres Cure.

Mycrotonik : Oui, beaucoup de références. Dés mon plus jeune âge, des disques de Tangerine Dream, Richard Vimal, Thierry Fervant, Droids, Jarre, spAce, Space Art, Kraftwerk et bien d'autres passaient à la maison. J'ai donc eu un goût pour les instruments électroniques qui s'est développé très tôt.

El Lute : Pour moi, l'électronique et la new-wave sont venus très tard. J'étais plutôt alternatif et les claviers ne m'attiraient pas plus que ça. J'ai dû écouter un peu de Depeche Mode dans ma jeunesse, mais sans plus. Ce n'est en fait que depuis quatre ans que ZeN et Mycro me font découvrir toute cette scène, les Camouflage, De/Vision et compagnie.



Photo Julyz


J'ai lu que vous aviez animé une after party après le concert de Depeche Mode aux arènes de Nîmes l'an dernier. Avez-vous l'occasion de rencontrer vos idoles artistiques lors de prestations de ce genre, ou en marge de ça ?
El Lute : Pour ce qui est de Nîmes, nous avons eu la visite à la soirée de Christian Eigner, le batteur de DM et Kerry Hipwood, celui qui gère toutes leurs programmations sur scène, on a passé un super moment ensemble. Sinon, je suis dans la musique depuis 23 ans maintenant, et je n'ai plus trop de rapport de fan d'un côté et idoles de l'autre. J'ai joué avec la Mano Negra quelques années, j'ai eu l'occasion de tourner ou de faire des premières parties de gens comme Iggy Pop, House Of Love, ou quand j'étais plus jeune d'être assistant ingé son avec Prince (en gros, je portais les cafés LOL)... Mais quand même, quand tu as Malcolm Holmes qui te chope après ton live et te dit "You're a fucking good drummer"... tu te retrouves un peu comme un petit garçon !

ZeN : Pour ma part, j'anime une émission webradio et depuis quatre ans, j'ai eu l'occasion de rencontrer certaines de mes idoles oui : Marillion, Simple Minds, Trisomie 21, A-Ha ou encore De/Vision et Onetwo (ce qui a été le point de départ de cette Electro Night d'ailleurs). Mais ce sont tous des artistes exceptionnels dotés en plus d'un relationnel simple. Au bout de 5mn tu discutes vraiment avec eux de musicien à musicien... Toutefois, samedi soir, au Bataclan, j'avoue que d'entendre en balance l'après midi Claudia chanter "Dr Mabuse", là en live, devant moi, et savoir qu'on est à l'origine du festival, bah ca fait quand même tout drôle ☺

Quels sont vos projets ?
Mycrotonik : Des dizaines ! Nous finalisons la signature du groupe sur un label anglais et nous devons boucler un maxi 4 titres pour février. Nous avançons donc prioritairement sur le nouvel album tout en commençant à préparer la prochaine tournée qui devrait débuter en septembre 2009.

ZeN : Nous aurons peut-être quelques dates ici ou là, pour des événements vraiment très spécifiques. Et puis, nous entamons vraiment avec Surcouf & Intel un partenariat sur le long terme. Ils veulent clairement investir sur la musique électronique.

Floribur pour www.liveinmarseille

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