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Chronique de Concert

Mongolie : Carnets de voyage

Mongolie : Carnets de voyage  en concert

Part One Juillet - Août 2009

Critique écrite le par

Récit d'un trip Transsibérien - Mongolie. Dédicacé à Peggy qui m'a offert le beau cahier qui m'a permis d'écrire ces carnets de voyage. Ecrit au jour le jour, je n'ai pas retravaillé la retranscription. Et une spéciale dédicace à un journaliste de France Info qui avait sortit lors d'une émission Les français, les vacances et la crise : "Pourquoi aller jusqu'en Mongolie alors qu'on peut passer une nuit sous la yourte en région parisienne ?". Véridique.


Premiers éléments de réponse à France Info...


Jeudi 23 Juillet

''Qu'est ce qu'on va se faire chier pendant 5 jours....''. A priori, David, pourtant fidèle compagnon de voyage, ne partage pas mon enthousiasme pour le Transsibérien. Et pas seulement parce que douche et clim' ne font pas partie de la 2nde classe. Pourtant traverser six fuseaux horaires au rythme de 60 km/h en moyenne, je trouve plutôt ca tripant. Et parfait pour rattraper un retard certain en sommeil et un certain retard en bouquins. L'étape numéro 1, c'est de se passer de tout réveil, montre, portable.
Là par exemple c'est l'après-midi, j'en sais pas plus. On a fait quelques parties d'Heros Immortal Kings où les aventuriers se sont fait éclater par les gobelins, mais la morale est sauve vu que Mr Jack l'éventreur a été arrêté par Scotland Yard dans le jeu éponyme.


Jeu pour les amateurs d'énigmes géographiques, dans quelle ville se trouvent ces panneaux ?


Faut dire que pour l'instant, on est a l'aise. On est deux dans un compartiment pour quatre et on s'est un peu étalé. Entre les bouquins, les jeux, les journaux, les cakes, les soupes lyophilisées, les sachets de thés, les sacs, on occupe bien l'espace. Niveau confort, ça ressemble pas mal aux trains chinois, sauf qu'il y a une porte que l'on peut fermer et deux provodnista , qui gèrent le quotidien du wagon (9 compartiments de 4) et entretiennent le samovar, source d'eau chaude pour le thé. Toilettes femme et homme, avec un trou dans le sol pour évacuer les douches artisanales à base de bouteille en plastique percée.
Quand on est entré dans le compartiment à Moscou, il était squatté par des Mongols mais un coup de fil au service d'ordre du syndicat et tout est entré dans l'ordre... Nan, en fait, leur compartiment s'était étendu dans l'ensemble du wagon, vu le moulon de marchandises qu'ils ramènent pour vendre au bled. Dans leur groupe, il y a deux mecs d'une vingtaine d'années, tatoués avec de Genghis Khan, bourrés dès le matin, qui nous appellent ''Yo, niggers'' en se marrant et s'écroulent de rire quand j'ai répondu par l'affirmative au sujet de ma punkitude (j'ai une iroquoise toute fraiche de JC Coiffure). C'est pas comme la douanière à l'aéroport de Moscou qui m'a détaillé sans dire un mot et sans un sourire pendant de longues minutes, vérifiant pleins de trucs, alors que David était passé en 30 secondes...



Dans le wagon d'à côté, y a un groupe d'hollandais que j'ai pris pour des allemands parce que ''Dutch'' et Deutsch'' ça sonne à peu près pareil, heing, bong...
On a pas vu grand chose de Moscou, on a tracé en taxi de l'aéroport à la gare, ach'ment éloignée, vu que l'enchainement avion-train était juste. On a quand même pris le temps de gouter au kebab local. Même pas eut le temps de saluer le camarade Lénine. Le cyrillique c'est pas évident en dehors des pochettes d'Elektrolux, et pas une seule traduction sur les panneaux.
Bon, David vient de remonter d'un arrêt avec des friandises et de la bière du coin, c'est l'heure de la bouffe ! Note : les bols en plastique pas cher du bazar de Noailles ne résistent pas à l'eau bouillante du samovar. Depuis la banquette sent le velouté d'asperges.. ..



Vendredi 24 Juillet :

Ça opère. En se levant, pas moyen de mettre le doigt sur le jour où l'on est. Quelques réflexions plus tard on y arrive. Tout en ignorant bien quelle heure il est. Nan c'est pas l'expérience peyotl au Mexique mais le Transsibérien. Faudrait pas qu'on oublie de descendre à Ulaanbaatar avec ces conneries (le train va jusqu'à Pékin).
Les paysages ont changé. Toujours aussi plats, mais les forets sont plus belles. Ne me demandez pas de quel type d'arbre il s'agit. Autant je peux distinguer 15 styles de punk différents, autant en arbres... David me souffle bouleaux.


(Grosse) Marmotte de Sibérie / Oh la jolie Lada !


Les maisons qui forment de petits villages sont en bonne partie en bois et assez décrépies. Toutes ont des avancées de bric et de broc, sûrement pour éviter que les portes soient bloquées par la neige.
Lors des arrêts en gare, comme en Amérique latine et en Chine, des vendeurs proposent de la bouffe. Pour l'instant on a testé de bonnes myrtilles et des pâtisseries estouffe-belle-mère. On a pas encore gouté, mais absolument pas envie, leur poisson séché. Bon faut dire qu'on a du stock en lyophilisé. Les mongols à l'intérieur du train vendent des fringues aux russes dehors qui vendent de la bouffe.
Ai fini le ''Guide de Mongolie'' de Svetislav Basara. Roman absurde, déjanté, verbeux et iconoclaste. Le truc que j'aurais bien apprécié en temps normal mais pas vraiment ce que j'attendais la.



Nous avons tenté l'expédition jusqu'au wagon restaurant (le notre est en tête du traing et lui à la queue). Bon, ben c'est pas aussi luxueux que l'on pourrait le croire. On est pas dans l'Orient Expreess ! Au menu, café et thé, nous avons suffisamment de soupe Knorr, partenaire de ce voyage, pour tenir vu que les tarifs sont assez chers.
La morale est toujours sauve, Jack l'Eventreur a été arrêté par Scotland Yard.



Samedi 25 Juillet :

Bon, même si je sais que c'est samedi, aucune idée de l'heure qu'il est. J'ai eu du mal à m'endormir avec la nuit, il fait jours depuis quelques temps, mais c'est couvert et il pleut. On s'interdit de regarder le réveil de David et il est difficile de 'tricher' lors des arrêts en gare, on ne sait jamais si c'est l'heure locale ou celle de Moscou vu que les deux sont affichées.
On continue à longer le même type de paysage, foret et petits village de maisons en bois. David me dit que les décorations en forme de losange se retrouvent quasi identiques à la Réunion.
D'ailleurs ce traitre revient du quai tout fier de son forfait, il est en fait 17h alors que l'on pensait qu'il était midi ! Tant pis, on va se faire les raviolis pour le gouter.



Les maisons donc, elles semblent assez branlantes, faites de bric et de broc, avec des extensions, pas forcement dans le ton originel. Souvent les volets sont de couleur (vert, bleu).
Ai fini ''La lune n'est pas pour nous'' deuxième volet de la trilogie steampunk de Johan Heliot. Ou comment après Louise Michel et Jules Vernes luttant contre la dictature de Napoléon III et ses allies extra-terrestres, la colonie libertaire installée sur la lune prend le relais contre les nazis. C'est toujours aussi inventif et enlevé, pleins de détournements historiques et de clins d'œil amusants.
Tiens, pour la première fois, Jack a échappé à Scotland Yard....



Dimanche 26

Alors que c'est toujours aussi compliqué de trouver le sommeil la nuit à cause des décalages horaires successifs, on a été réveillé en plein sommeil, vers 4h du mat, heure d'horloge interne, à Irskouk. Un couple d'australiens partage désormais notre cabine. C'est pas trop tôt ! Bordel ! On a payé pour de la 2nde classe et on avait le confort de la 1ère. C'est à vous dégoûter d'être roots. Là on va pouvoir goûter a la joie de la promiscuité, des odeurs, etc... Et je ne doute guère que ce plaisir soit partagé, nous avons su les accueillir en pleine nuit, en caleçon, avec les affaires en vrac sur leurs lits....



Allisson et David vivent à Londres depuis quelques années, elle est électricienne et lui travailleur social, s'occupant des drogués et alcooliques. Ils sont partis de Moscou et vont jusqu'à Pékin, en faisant des étapes de quelques jours sur le trajet. Contrairement a notre Transmongolien, le Transsibérien qu'ils ont pris jusque la semble plus confortable avec, horreur, télé dans le compartiment et, infamie, des pendules !
Bref, sommeil toujours aussi décalé et ça va pas s'arranger cette nuit, vu qu'on traverse les postes frontières vers minuit (heure de La Paz).



Depuis ce mating (enfin tout est relatif, on sait pas a quelle heure on s'est levé et on a interdit à l'australien de nous montrer sa montre), depuis ce matin donc, on longe le lac Baikal, le plus profond du monde, 15 des réserves mondiales. Ça en jette, mais on le voit d'assez loin en fait. Il faut avouer que les paysages sont beaucoup plus beaux, avec des ch'tites collines boisées et le lac en fond.



Hier j'ai terminé mon dernier bouquin ''L'escadron guillotine'' de Guillermo Arriaga, histoire tragi-comique qui se déroule pendant la Révolution mexicaine, dans le sillage de Villa. Assez jubilatoire. Maintenant plus rien à lire et il reste 1d20 heures avant l'arrivée.
On a chopé des Bollino ! Les mêmes grosses boites dont on s'est fait des ventrées en Chine. Cuisine occidentale mais c'est pour le principe. Un voyage en train sans Bollino n'est pas un vrai voyage en train !
On a longé deux grosses agglomérations dont Oulan-Oude, où se trouve la plus grosses tête de Lénine au monde. Malheureusement l'arrêt fut trop bref pour saluer le camarade. En périphérie des villes, toujours ces maisons en bois plus ou moins branlante. On est loin de l'abondance. Chose curieuse, quand une dépendance commence à se péter la gueule, plutôt que de la réparer, ils la laissent tomber et en construisent une autre à côté. A priori, ce sont des résidences secondaires de russes urbains.



Finalement le passage de frontière s'est fait en journée. Enfin au début vu qu'il a duré plus de 4 heures.... Sous un soleil de plomb.... Au final, mal de tronche et presque à se tordre en deux vu que les chiottes du train sont fermées. Et 4 heures dans un bled paumé, avec RIEN d'ouvert, si ce n'est une épicerie ou j'ai chope un superbe paquet de clopes Staline à 6 roubles, soit 20 centimes d'euros les 20 clopes. Condoléances à la famille de celui qui les testera. Pourtant cela avait bien commencé avec le sourire d'une jolie douanière à la vue de mon iroquoise. Tout comme en Mongolie, où nous arrivons de nuit. Charmante douanière, sourire, mais David s'embrouille avec les passeports et les formulaires, ça l'énerve et les Hollandais d'à côté encore plus pour on ne sait quoi, vu qu'elle est encore en train de leur passer un savon quand j'écris ces lignes. Au final, tant pis bien fait pour leur gueule, un mec de leur groupe m'a demandé ensuite s'il n'y avait pas trop d'arabes à Marseille...



Lundi 27 juillet :

Couchés vers 3h du matin et levé à 6h. Pas ma faute, j'ai jeté un œil par la fenêtre et j'ai été scotché, so j'ai voulu profiter du spectacle. Pour celles et ceux qui croient que la Mongolie c'est des steppes arides, il va falloir relativiser car la c'était collines vertes de chez vertes, cours d'eau, chevaux en liberté, yourtes... Et j'ai même vu un chameau ! Deux heures bloqué dans le couloir, en attendant que le reste du compartiment ne s'éveille. Et s'en prenne plein les mirettes aussi. Juste avant d'arriver à Ulaanbaatar et sa chape de pollution...



J'avais jamais voyagé via agence, ça fait bizarre de se faire attendre sur le quai de la gare avec une feuille à son nom plutôt que de galérer avec le Lonely planet à chercher comment se rendre dans le centre-ville. La c'est direction l'hôtel, classe, enfin par rapport où on descend d'habitude. Heureusement qu'on va se faire 20 jours de yourte pour se rattraper le karma!
Alors Ulaanbaatar, c'est moche, ultra-pollué, les bagnoles se foutent complètement des piétons. Pas jouasse quoi.
Putain, on est millionnaires ! Un euros vaut deux milles tugriks !



Grosse frayeur en sortant de l'hôtel, une bagnole avec croix gammée et casque allemand, siglée sécurité. Bon en fait, c'est une croix bouddhiste (la nazie est inversée) et le casque est en fait mongol. Mais bon ça fait un choc. D'autant que dans la foulée on nous présente un de nos compagnons de voyage qui s'appelle Adolphe. Il se révèle belge, sympa et amateur de bières, mais ça fait bizarre avouez-le. Surtout que les rues sont pleines de skinheads. Ici ils portent des robes rouges ou jaunes....



On visite un temple bouddhiste. Vu qu'ici il s'agit de bouddhisme tibétain ça change de la Chine (et pour cause...). Même si l'architecture est globalement la même, quelques motifs changent, dont l'apparition d'une roue de la fortune. A l'intérieur un bouddha de 18m qui a remplacé un plus ancien fondu par les camarades soviétiques pour forger des armes utilisées sur le front de l'est.
La Mongolie a vécu sous "protectorat" de l'URSS de 1921 à 1990, c'est le 2e état à avoir fait une révolution communiste après la Russie, en réaction à l'impérialisme chinois (les soviétiques ont été les seul a les soutenir dans leur lutte pour l'indépendance.



Après la visite d'un musée, on enchaîne sur un spectacle folklorique avec des moments bloquant comme la vielle à tête de cheval, le Morin Khuur, qui sonne comme un violoncelle mais pas que, le fameux Kuuni, chant guttural assez hypnotique sans être obsessionnel ni viscéral et une contorsionniste hallucinante. Tiens, au fait, les chamans mongoles sont parmi les rares au monde à entrer en transe sans produits naturels psychotropes (si ce n'est parfois un peu de vodka).



Allez, zou, 22h et au dodo, demain on se tire tôt loin de la ville, histoire de chevaucher sévère l'iroquoise au vent !

Mardi 28 juillet :

On est sur les berges du lac Khovsgol.



J'écris sur une table basse dans la yourte alors que le feu crépite dans le poêle à côté de moi. Ce poêle qui sert autant à chauffer que faire cuire les repas (pas de friture chez les mongols, c'est en général bouilli ou cuit à la vapeur). Une des règles de vie dans la yourte est de ne jamais jeter de déchets dans le foyer, cela serait manquer de respect aux esprits du feu. Il y a de nombreuses règles, d'ailleurs en mongol c'est Ger, yourte vient du turc. Il ne faut jamais taper à la porte, car cela serait insinuer que la famille ne pourrait pas respecter les lois de l'hospitalité, primordiale en Mongolie. Ne pas stationner sur le palier. Il faut pénétrer avec le pied droit et circuler dans le sens des aiguilles d'une montre. Ne jamais passer entre les poteaux centraux qui symbolisent le lien entre le ciel et la terre. De même, l'espace est très codifié. L'entrée est au sud, l'autel des ancêtres au nord, les hommes et les invités à l'ouest, les femmes à l'est.



Ce matin, on a pris l'avion pour aller jusqu'à Moron, capitale de la région, puis on a embarqué en combi pour aller au camp de gers au bord du lac. Sur la carte, c'est proche, mais comme il n'y a pas de route, que de la piste, on a mis plusieurs heures avec du 20/40 km/h en moyenne. Impressionnant comment Amhra, notre chauffeur, est capable de se repérer sans carte, sautant de piste en piste. On est bien secoués, mais vu les paysages, on l'oublie. C'est très vert, très peu de végétation et d'arbres, pas mal de cours d'eau, de longues collines et des champs d'edelweiss (d'ailleurs les mongols ne comprennent pas que les occidentaux bloquent sur cette fleur, des plus communes chez eux).



On arrive en fin d'après-midi, on a croisé sur notre passages des troupeaux de chèvres, de yaks et de chevaux. Il y a aussi des genres de petits chiens de prairies, qui sautent un peu partout. Yeruult, notre guide, nous a dit qu'a l'école, ils devaient en ramener dix peaux à la rentrée comme devoir de vacances...
Ballade au bord du lac, magnifique, tout ça, tout ça, bouffe dans le réfectoire avec un groupe de françaises complètement bourrées qui fêtent la fin de leur séjour, puis finissage de la soirée avec quelques bières (les mongols en brassent pas mal de qualité, dont la Tiger). Yeruult nous explique quelques particularités de la culture mongole et nous donne des conseil pour les chevaux.
Bon, c'est mardi, jour funeste en Mongolie, peu propice pour les voyages, les déménagements et les projets en général, au lit !



Mercredi 29 juillet :

Premier jour de cheval. On ne rigole pas au fond. Et devant non plus. Alors, pour mettre les choses au point, effectivement le cheval mongol est plus petit MAIS ce n'est pas un poney ! Et surtout, il est plus nerveux que ses homologues occidentaux. J'entends déjà les sarcasmes, et pourquoi ils seraient plus nerveux ces chevaux, tu dis ça pour te la péter, et patati et patata. Je dis stop. Tout cela est prouvé scientifiquement. Il est plus nerveux car le cheval mongol est en liberté la majorité de l'année, les éleveurs n'en gardant que deux, trois pour leurs besoins. Les autres s'ébrouent peinard, comme des petits fous. Ils en recapturent pour la saison estivale pour ces cons de touristes. Tout ça pour dire que le cheval mongol, il a un peu l'habitude de galoper sa race en pleine nature sans qu'on l'enmerde. Et qu'il est presque plus difficile de le faire aller au pas que de le faire partir à une vitesse effrénée. Il est aussi très peureux, le moindre mouvement peut l'affoler. Il faut donc aller très doucement quand tu montes et quand tu descends. Et ces cons ne supportent pas les mouches, pour s'en débarrasser ils ont pour habitude de partir au galop et si tu l'en empêche, une petite ruade car ça l'énerve. Bref, le cheval mongol a son petit caractère !



Niveau selle. Oui, on a des selles. J'entends les sarcastiques du fond, gnagngna, les vrais mongols montent sans selle, et patati,... C'est faux ! Ce sont les enfants qui apprennent a monter sans selle, car cela évite le danger de se retrouver les pieds coinces dans l'étrier. Car c'est la le principal risque. On a pas de selles mongoles, en bois, magnifiques, mais des selles de type russe, entre l'occidentale et la mongole, avec des étriers sans embout, il faut donc faire gaffe.

Et la j'entends les petits malins a cote du radiateur : "arrêtes de nous embrouiller, racontes comment tu t'es démerdé !". Pas de soucis. Depuis en Mongolie, on croit que les punks naissent sur des chevaux. Voila. Ou presque... On est parti sur des prairies et des champs de fleurs, des forets, le bord du lac, superbes paysages and co. Le cheval part au quart de tour et leur trot est vraiment fluide.. J'aime pas trop ce rythme d'habitude mais la, avec un minimum de technique (merci les copains et la tante de Fred pour les leçons), on évite le tape-cul et c'est vraiment plaisant. En arrivant sur les lieux du campement vers midi, on a tente un galop final pour se remettre en train (a mon grand soulagement, le niveau du groupe en équitation n'est pas très élevé).


Malgré les apparences, il ne s'agit pas de fiers et expérimentés cavaliers mongols...


Nous suivaient trois yaks qui traînaient des chariots avec les sacs et surtout la ger que nous avons montée en moins d'une demi-heure avec les éleveurs. Vraiment bien pense leur truc. On part de la porte, on pose les arceaux qui forment le cercle, puis les poteaux centraux avec les piquets qui relient le dôme central aux arceaux, puis la paroi, puis le toit. Après un plouf dans l'eau glaciale du lac, histoire de prouver que les marseillais sont bien givrés, on a pique-niqué, siesté et depuis on attend sous la ger pour repartir à cheval vu qu'il y a un orage de sa race.



On est reparti a cheval en milieu d'après-midi, et une heure après, crac, orage. On galope donc sous une pluie battante jusqu'à la ger d'une famille d'éleveurs qu'on avait aperçue. Ils nous offrent l'hospitalité, on se serre vu qu'ils ont un moulon de mioches et qu'on déboule à cinq. Vu que ce côté du lac est déserté par les touristes, on est un peu l'attraction. On entre en faisant gaffe que ce soit le bon pied, partons sur la gauche, nous asseyons sans croiser les jambes. Un sans faute. Ils nous offrent un thé au lait assez slurpant et du fromage dur (séché sur le toit de la ger) noyé dans du beurre. J'ai bien aimé même si cela n'a pas fait l'unanimité. L'intérieur est aménagé de façon assez bloquante, les meubles sont alignes en cercle contre la paroi, avec un espace dédié aux photos, très important pour eux, au centre le poêle et pleins de choses qui mijotent autour. Les meubles sont magnifiquement décorés.
Une accalmie se fait, on sort.



David et Hélène s'incrustent dans une partie de volley (les mongols adorent ça) et deux petits gamins se donnent en spectacle en faisant de la lutte (sport national ou les gamins débutent tout jeune) et surtout viennent se marrer en voyant les photos que l'on prend d'eux. Une gamine magnifique traîne dans le coin et a force de grimaces, j'ai réussi a l'amadouer puis la prendre en photo avec une chèvre.



On monte sur un promontoire rocheux avec une vue magnifique sur le lac. Les deux gamins nous accompagnent en faisant les pitres. On dit au revoir a tout ce petit monde (bayersta en phonétique, ça ressemble à bayerla qui veut dire merci) et on rentre mi-trot mi-galop. On commence à gérer. Paysages toujours magnifiques, je vais pas le répéter à chaque fois vous avez les photos, arc-en-ciel sur le lac en prime.



En arrivant au campement, surprise, le chef est en train de nous préparer une marmotte farcie ! Slurp ! Alors vous prenez une marmotte fraîchement chasse dans la foret d'à côté, vous la videz, vous triez ce qui est mangeable et donnez les abats au chien, vous coupez la viande en petits morceaux, vous nettoyez la peau, vous fourrez une rangée de pierre, une rangée de viande et oignon, une rangée de pierre, etc....



Vous recousez le tout et faites tournez la bestiole au dessus du feu. Les pierres chauffent, cuisent la viande, le cou décapité fume comme une cocotte-minute. Ils en ont acheté qu'une a un chasseur du coin, vu qu'habituellement cela ne plaît pas aux touristes. Au final c'est pas degueu du tout, un goût de sanglier en plus fade. Le chasseur et deux petites filles nous ont rejoints pour le repas. Il s'est fait un fusil artisanal assez impressionnant.



Jeudi 30 juillet :

Raaah, les joies du voyage en groupe : on a un gros ronfleur dans le groupe et comme cette nuit on était tous sous la même ger, j'ai dormi deux heures... L'avantage c'est que je me suis levé super tôt pour me faire une grosse ballade dans la foret et au bord du lac. Et, ô joie, pas de (trop) grosses douleurs et (presque) pas de muscles endoloris : je vais pouvoir chevaucher ma race aujourd'hui.
Après avoir déplié la ger et la remballer sur les charrettes des yaks, on se rentre au campement de base via les sous-bois.



Pas question de galop ici, il faut plutôt maîtriser le saut de troncs au sol. Hélène inaugurera à ce propos les chutes du groupe, sans trop de bobos grâce à ses talents d'acrobate (elle est trapéziste). Devinez comment sont les paysages entre foret et lac, hum ? Maintenant j'arrive à orienter le cheval d'une main avec de petits à-coups a gauche et a droite. Qui a dit que c'est pour mieux se cramponner a la selle de l'autre main ? Pas trop de bobos après ces heures de canasson, si ce n'est le genou gauche en vrac cinq minutes après chaque chevauchée. Sûrement une séquelle de l'entorse.



Tiens, je ne vous ai pas parle de l'ours qui nous accompagne. "Barra" (en phonétique) veut dire "ours" et c'est le nom de notre chien. Il a été nommé ainsi pour sa férocité au combat (il a maté seul les trois chiens de la famille qui nous a accueillies sous la pluie). Il ressemble a un Junior plus grand (et plus svelte), comme la plupart des chiens ici. Redoutable comme gardien, il aboie des que quelqu'un approche du camp, il repousse les troupeaux de yaks et veillent sur les chevaux la nuit (il y a des voleurs de chevaux en Mongolie, c'est pas l'Île aux enfants non plus !). Par contre, malgré l'omniprésence de troupeaux, il n'y a pas de chiens de bergers en Mongolie, ils ne sont pas dressés pour ça. Barra nous accompagné la journée, courant comme un dératé à côté de nous (il arrive à suivre un cheval au galop) et il adore jouer et qu'on lui gratte le ventre. C'est devenu mon copain quoi.



Sur le chemin, on s'est arrêté chez une famille de Taastan, une ethnie qui vit autour du lac. Ce sont des éleveurs de rennes, qu'ils montent aussi à la place des chevaux, et qui vivent dans des gers en forme de tipis. Avec le thé, ils nous offrent un fromage au lait de yak dur comme de la pierre, et qui ressemble à de la tomme corse dure, en moins fort. Plutôt bon donc. La femme, vieille mais qui a gardé de magnifiques traits fins, ne parle pas le mongol et sera très amusée quand on lui montre les photos que l'on prend d'elle.



Un des éleveurs qui nous accompagnent a remarqué ma boucle de ceinture de l'Armée Rouge. Il a dit à Yeruult, en se marrant, que j'avais une vieille ceinture... En 70 ans de communisme, il y a eut sont lot de purges politiques, de persécutions religieuses (bon nombre de moines ont été tués ou et de monastères détruits). Les éleveurs ne pouvaient posséder que 70 bêtes sur les centaines de leurs troupeaux. Le reste appartenant à l'état. Les délices de la planification les obligeaient même à demander l'autorisation à l'administration du district chaque fois qu'ils voulaient en abattre une pour leur consommation personnelle. Mais le peuple s'est alphabétisé a 96/100 alors que seule une minorité savait lire, et le développement d'infrastructures. Après la transition démocratique, les anciens communistes ont été réélus. Ils viennent de perdre les dernières élections face aux libéraux.
Yeruult est parti de Mongolie à l'âge de dix ans pour l'URSS où il a suivi une formation de danseur classique à St Petersbourg jusqu'à 18 ans. Après un bref retour à l'opéra d'Ulaanbaatar, il part pour la France, bossant pour des compagnies à Nice puis Bordeaux. Au bout de 15 ans, le mal du pays le gagne et il rentre en Mongolie.



Apres une dernière ballade à pied autour du lac, on rentre pour l'apéro.. Demain une dure journée nous attend avec sept heures de piste vers le sud. Enfin, sept heures sans panne, ni crevaison, ...

Vendredi 31 juillet :



Après la traversé du lac en bateau, la journée a été consacrée à la piste. A huit dans un combi, c'est pas forcement confortable mais on l'aménage peu à peu. Je n'ose imaginer à quoi il va ressembler a la fin du séjour. Ahmra se débrouille comme un chef. Il saute de piste en piste, sans carte, il n'existe pas de panneaux indicateurs. La seule aide provient des poteaux électriques et téléphoniques. Forcement les paysages sont magnifiques, cf. les photos. Enfin surtout les photos de mes compagnons de voyage vu que, égoïstement, je suis plus adepte de la jouissance visuelle directe. On passe d'un paysage quasi alpin du lac de Khovsgol à du semi-aride, bien plus sec.



Près de Mörön, la capitale de l'aimag (sorte de région adminsitrative), on s'arrête à un champs de mégalithes sculptés. Ils sont assez majestueux, surtout dans ce paysage, et comprennent des motifs de cerfs, visages, armes et figures géométriques. Ils datent du IIIe ou IIe siècle avant zéro.



Après un arrêt pour se ravitailler à une superette de Mörön, on trace encore quelques heures. On fait quelques pauses pour se dégourdir les jambes.



On arrive en fin de journée sur les berges du Zuun, un lac splendide, un endroit très sauvage, seuls dans un camp de gers. Sur le chemin, on remarque de nombreux mongols qui extirpent des centaines de corps de moutons d'une extrémité du lac. On apprend qu'un éleveur, étranger à la région, a voulu laver son troupeau dans le lac, qu'un mouton s'est affolé et que les autres ont suivi. Bilan, plus de mille bêtes noyées. Ruiné, l'éleveur va sûrement gagner les gers du bidonville d'Ulaanbaatar et ses 40% de chômeurs.



Samedi 1er août :

On se levés a 6h avec David, afin de monter sur une colline au loin avec un ovoo (bois et pierres amoncelées en pointe, avec des rubans bleus, couleurs du ciel, et des bouteilles de vodka offertes aux esprits du coin).



A peine arrivés, on doit partir à 9h pour sept heures de piste. C'est dommage, c'est l'endroit le plus sauvage visité pour l'instant et j'y aurais bien randonné une journée ou deux.



Là direction le lac de Terkhiin Tsagaan, le "grand lac blanc" à plus de 2000m. On va faire de nombreuses heures de pistes, mais encore une fois la beauté des paysages fait que le temps n'est pas perdu. On traversera un pont, comment dire, hum, peu engageant. Et dire que ce vantard d'Indiana Jones en fait tout un plat.



Après des heures de pistes, assez chaoteuses, on arrive au Terkhiin Tsagaan.L'eau y est plus chaude qu'à Khovsgol. D'ailleurs de nombreux mongols plantent des tentes autour pour le wikend.



Après une baignade, on se tape une ch'tite ballade de deux heures, histoire de monter sur les collines et profiter de la vue, ainsi que de croiser des chevaux en liberté. D'ailleurs demain on s'y remet au cheval, youpi !



Dimanche 2 Août :

Levés et direction le volcan de l'Horgo à cheval. A priori, les éleveurs n'ont pas voulu prendre de risque et quasi impossible de les faire tchuker nos canassons. Ah ouais, au fait, tchuk tchuk c'est pour faire trotter puis galoper les chevaux. Mais là, nibe, que dalle. Au pas. Un peu frustrant. On arrive au volcan, petite ascension tranquille à pied.
Redescente et toujours les chevaux qui se traînent. Le seul moyen pour qu'ils tchukent, c'est que les éleveurs les fouettent avec des branches. On revient quand même un peu frustré.



So, avec David et Melinda, on décide d'en refaire seuls dans l'après-midi. Toujours des neurasthéniques mais on a chopé des branches pour s'en servir comme cravache et tchuker peinard jusqu'à une crête. Enfin le mien avait quelques comportements bizares. Des fois plutôt que d'avancer, il tournait sur place. Parfois, il décidait de trotter face à une pente raide plutôt que de la contourner. Et, chose étrange, il ne comprenait pas les insultes en marseillais. Mais bon, au final, j'y suis arrivé jusqu'à la crête. Pas par le chemin le plus évident, mais bon. Paysage de sa race, tout ça. Au final, des heures de cheval, les genoux en compote quelques temps, le cul douloureux sans plus, mais content.



Ce soir on a vu comment les mongols tuent un mouton et c'est assez étrange. Ils pratiquent une incision dans le ventre, plonge la main dans la bestiole, pince une veine et crac. Le mouton ne se débat pas, ne hurle pas. Impressionnant. Cela vient d'une tradition selon laquelle, il ne faut pas rependre de sang au sol.



Vu que c'est le wikend, y a pas mal de passage. Le mongol est amateur de moto, il y en a plein dans le pays, ce soir ça rugit sévère autour du camp.

Lundi 3 août :

Pas mal d'heures de combi, quelques gros passages en montagnes, notre première crevaison. Les paysages sont plus arborés. La vie dans le combi s'organise, on souffre moins qu'au début. Premier arrêt au rocher de Taikhar Chuluu. Pas de grosse bestiole à tête de poulpe à l'horizon, mais un énorme bloc de pierre au milieu de nulle-part, recouvert d'inscriptions, dont certaines remontent à plusieurs siècles, que ce soit dans l'alpahbet mongol (oïgour en fait) ou tibétain.



On s'arrête en milieu d'après-midi à Tsetserleg, pour visiter un temple / musée très tibétain dans son architecture. Très orienté sur la culture nomade (fabrication et instalation des gers, instruments et jeux nomades) et sur l'histoire. On va ensuite se réapprovisionner au marché local en fromage et vodka pour l'apéro.



On arrive en fin d'après-midi en un lieu orgasmique après ces jours de cheval, de combi sur des pistes cahoteuses, ces camps sans douches : les sources d'eau chaude de Tsenkler. Et plus précisément le camp de gers à proximité. Et c'est parti pour des heures de prélassement dans les bains extérieurs aménagés. Le premier est un est trop chaud pour nous, on squatte le second. On y improvise même un apéro fromage-vodka. Après le repas, on continue vers le nirvana avec un massage mongol. Le prix est adapté aux occidentaux (25 dollars) mais c'est trop tentant. On ne le regrettera pas. Quelques différences avec le massage chinois : pas mal de "croisés" (les mains de la masseuse se croisent sur le dos), utilisation d'huile, massage des fesses et du ventre (étrange ça). Raaaah lovely !



Pour fêter cet état d'hébétude, je replonge dans les bains chauds pendant que mes camarades se dirigent vers le billard. Je sortirais de ma torpeur quand une quinzaine de mongols me rejoindront dans le bain. Ma prononciation de "saina ba nuu" (bonjour) les fait bien rire, surtout les gosses qui viennent me le faire répéter.
Je rejoints les autres qui, la vodka aidant, font une pathétique démonstration de billard. Au bout d'un moment, un monsieur à l'air sérieux vient voir Yeruult et lui dit que le gouverneur de la province veut jouer et que ça fait un moment qu'il patiente. Ne voulant pas créer d'incident diplomatique, on quitte les lieux, non sans fomenter des plans de prises d'otages.

Mardi 4 août :



Après avoir dormi comme un bébé après les bains + massages, je me lève tôt pour resquatter peinard les bains chauds avant le départ. Le mardi étant le jour peu propice aux voyager, nous auront droit a notre première panne, sur une putain de côte, heureusement arborée. On descend pour soulager le combi et lors de l'ascension a pied, ma fibre Indiana Jones me fait trouver une pointe de flèche en bronze. On a eut du bol, une heure plus tard c'était orage de sa race. Tiens, je ne vous ai pas encore parle du climat estival. En gros, c'est soleil de sa race avec un ou plusieurs gros orages en fin d'après-midi. Mais selon les lieux, on peut passer entre les gouttes.


Si on doit pousser, on est mal...


C'est donc sous une pluie battante que l'on arrive au pied d'une petite montagne, au sommet de laquelle se trouve un monastère. Des que la pluie cesse, malgré l'abandon de Yeruult, on est parti pour une grosse grimpette dans la gadoue. On croise pas mal de famille en tongs, des voitures embourbées, des gars qui montent a cheval.



Après plus d'une heure, on arrive au sommet. Malheureusement pour moi, je ne verrais qu'une petite partie du complexe, mon vertige m'empêchant de prendre un passage très escarpé. D'après le groupe c'était terrible. David sympathisera avec un couple de jeunes mongols qui lui feront faire une visite guidée.



On repart pour la vallée de l'Orkhon. La claque ! Très vallonnée, très verte, une belle rivière, des troupeaux de chevaux en liberté, des yaks, .... Et lorsque l'on aperçoit le campement de notre famille d'accueil, c'est l'extase. Une prairie avec cinq gers, des collines qui l'entourent, une rivière qui serpente au travers et des troupeaux de chèvres, yaks, moutons, chevaux, qui se baladent tranquille entre les gers.



A peine descendu, je remarque un magnifique chiot de trois mois, avec déjà un putain de gabarit et des pattasses monstrueuses. Le coup de foudre ! Bon forcement, le pendant à cette situation idyllique, c'est qu'il n'y a pas d'eau courante, ni d'électricité.



Mais ce n'est pas très grave. On est déjà assez content de se poser trois jours après ces journées de combi. Et puis vous en connaissez beaucoup des chiottes sèches où vous pouvez assister à un putain de lever de soleil et au passage de chevaux au galop ?



Ouaip j"y ai pas mal squatté à cause d'une sale diarrhée due au chaud / froid de l'ascension vers le temple. A cause de cela, j'ai manqué la soirée dans le camp d'à côté avec chant, démonstration de lutte, ... Au fait, je vous ai parlé des lits faits avec une planche et durs comme de la pierre ?



Mardi 5 août :

Après avoir remercié St Imodium, on se met en route vers des chutes parait-il magiques. Cette fois nos chevaux sont bien plus nerveux, et on prend plaisir à trotter, se gardant bien de galoper vues les nombreuses pierres qui jonchent la prairie et risquent d'entraîner une chute.



Une fois le plaisir du tchuk tchuk retrouvé, on arrive sur place, en surplombant les chutes, majestueuses et gardées par des ovoos. On descend, et on rencontre des familles mongoles autour du point d'eau, mais personne qui s'y baigne, trop froide.
C'est pas ce qui va nous arrêter, et sous l'œil admiratif des autochtones, David et moi plongeons (pas du haut des chutes, heing !). Au final, c'est quand même bien moins froid qu'à Khovsgol.



On reprend ensuite les chevaux pour rentrer au camp pour le déjeuner. Vu qu'on a pris de l'assurance, on pousse le trot, voire le galop. Le cheval de David s'emballe, il n'arrive pas à le maîtriser, se laisse glisser sur le côté et chute. Étant pas loin, le mien commence à s'emballer, me désarçonne un côté mais mon instinct de survie l'emporte, je me cramponne et tire les rênes pour qu'il regarde ailleurs et stoppe. Ouf, ça marche. Punk 1 / Cheval 0. Par contre celui de David continue sa course folle, emballant les autres chevaux. Bilan : Melinda, Claude et Hey Jong chutent. Sans gravité pour les deux derniers mais Melinda reste inanimée quelques instants et quand elle se réveille, elle répète en boucle "je suis tombée ?", "qu'est-ce qui s'est passé ?", " je ne m'en souviens plus.", ne se rappelant jamais de nos réponses.


The Killer (en blanc, pas en vert...


C'est là que tu es content d'avoir un médecin dans le groupe ! Avec flegme (sa célèbre assistante), David prend les choses en main, et au final la mémoire de Melinda sa remet en place sans avoir besoin de passer par la case hôpital. Depuis, elle a gagné le surnom de Dorie la daurade... Elle a quand même une sale douleur à la hanche, de même que David. L'éleveur a eut très peur en voyant Melinda à terre, mais on le rassure en lui disant que c'est de notre faute.



La ballade écourtée, j'en profite pour longer la rivière et définitivement me faire copain avec le petit chiot, qui m'accompagne un moment. J'aurais salopé un pantalon à force de jouer avec lui, mais il est trop mignon. Le soir on assiste à la traite des juments et des dris (yaks femelles). Pour les premières, on les emmène près des poulains qui commencent à téter, et une fois la jument stimulée, la femme de l'éleveur prend le relais. On apprend que lorsqu'un éleveur crée son troupeau de chevaux, le premier n'aura jamais sa crinière coupée. Et le premier poulain né dans l'année porte un foulard bleu.



Pour les yaks, la traite se passe différemment, vu que les femelles sont assez peu maternelles, on leur attache les pattes avant pour qu'elles ne repoussent pas leurs petits, puis on libère ceux-ci. La fourrure d'un yak c'est quand même putain de doux et vu la gentillesse de l'animal ça fait grosse peluche.



Dans la foulée, on goûte du fromage frais et de l'airag (lait de jument fermente et légèrement alcoolisé), pas du goût de tout le monde car assez acide, mais je fais honneur à la famille vu que je trouve ça assez slurpant (j'en boirais pas plusieurs litres par jour comme le font les mongols).

Jeudi 6 août :

J'ai survécu à mes six heures de cheval ! Bon, ok, on a déclaré forfait sur les deux dernières, j'avais les genoux en compote, pas possible de tenir huit. La journée a saoulé David, et forcement il a fait son David : il s'est barré à travers bois. Connaissant le lascar, il devrait se débrouiller et on devrait le retrouver le soir au camp, mais vu qu'il se trouve à 35 km, forcement en cette fin d'après-midi, on s'inquiète. J'ouvre les paris qu'il nous dira que c'était pas la peine de se faire du souci.


Hé, je suis pas tombé hier, moi ! J'ai pas besoin d'une bombe ridicule ! Je suis le Khaan (du bar de) la Plaine !


On a traversé les prairies au pas et au trot, vu que les chevaux et nos accompagnateurs viennent de la même famille d'éleveurs que la veille. Ils sont flippés par notre hécatombe lors du retour des chutes, ils nous ont assez calmés. Des que je partais sur un trot un peu rapide, j'avais un gamin qui me rattrapais en me disant "stop". Bon, après, un ch'tit jeu s'est instauré entre mes "tchuk tchuk" et ses "stop". Par contre David est mis sous surveillance, le père ou un des fils garderont toujours sa longe à la main.



Quatre heures plus tard, on arrive aux sources de Magaït. On a traversé des plaines vallonnées, rencontrés pas mal de troupeaux de yaks le long des rivières, puis on est parti dans des collines arborées. Bien sympa de chevaucher sous l'ombre des sous-bois.
Tiens David vient de rentrer, il a parcouru 35km en courant. Au fait, j'ai gagné mon pari. Depuis ce jour, de génération en génération, sous les gers mongoles, on évoque la légende de "ce couillon de français".



Les sources donc. Il s'agit de seize petites sources d'eaux soufrées, chacune d'elles supposant avoir une vertu curative. Foie, estomac, esprit, énergie, je me suis fait un check-up complet. Y a même une pierre sous laquelle se situe une source et qui permet de se soigner les reins quand on s'assoit dessus. Pour la suite, on nous propose des bains d'eau chaude, ce qui ne se refuse pas après tant d'heures de tchuk tchuk et de jours sans douche. Et la, c'est trop la classe, vu qu'il s'agit de deux baignoires posées au milieu des herbes avec un magnifique paysage de foret et de montagne. Le pied ! Après les chiottes panoramiques, les bains en cinémascope !
On redescend a ch'val, chevilles et genoux en miettes (les étriers mongols sont assez hard). On scrute les environs a la recherche de (ce crétin de) David, en vain.



On est arrivé à temps pour le barbecue mongol. Vous prenez une demi-chèvre que vous débitez, dans un récipient vous mettez une couche de pierres, une couche de viande, une couche de pierres etc, vous mettez sur le poêle et vous attendez avant de vous régaler. Je ne sais pas combien de côtelettes je me suis empiffré ! C'est aussi le plat préféré des chiens mongols vu le nombre d'os qu'ils récupèrent...



A un moment, notre hôte prend un os et le lance haut en l'air. A peine le temps de s'interroger sur le sens de ce rituel qu'on voit un rapace, une espèce de buse, fondre sur l'os et l'attraper en vol ! S'ensuivra un magnifique ballet ou le rapace tentera de rattraper les os lancés, ceux retombant au sol étant pour les chiens. Un dernier toast de vodka issue de yaourt fermenté et au lit.

Suite et fin du récit, c'est par là.


Récit : Stefan aka Mystic Punk Pinguin
Photos : Claude, Melinda, David et Stefan

> Réponse le 10 septembre 2009, par Claude

C'est super, belle histoire. J'y étais et a ne pas manquer si on veut aussi découvrir les paysages autour de la yourte , autrement mieux vaut rester à Paris ;-)   Réagir

> Réponse le 12 janvier 2011, par kisskissbang

Bravo, ça donne vraiment envie ce récit!!! Déjà un petit voyage depuis mon bureau grâce à vous deux!  Réagir


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