Accueil Chronique de concert Kenny Neal + Little Mouse And The Hungry Cats
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Chronique de Concert

Kenny Neal + Little Mouse And The Hungry Cats

Kenny Neal + Little Mouse And The Hungry Cats en concert

Le Tremplin, Beaumont 26 mars 2019

Critique écrite le par

En ce mardi soir, il règne une odeur de fin de semaine. Mais si, quand on sait que le week-end arrive et que l'on va passer un bon moment ! Pour le coup ce n'est pas "I wake up this morning", mais "I drive my car tonight", mais la finalité est la même, aller vers le blues. Donc direction le le Tremplin, dont l'adresse est désormais enregistrée dans le GPS de ma tautomobile.



Rendez-vous est donc pris avec Little Mouse And The Hungry Cats et en provenance de la Louisiane, de Baton-Rouge plus exactement, Kenny Neal. Dans cette belle salle en configuration cabaret, le public est nombreux ce soir. Serait-ce pour faire mentir mon adage de la semaine dernière concernant la proportionnalité entre le nombre de spectateurs présents et la qualité du concert ? Mais non suis-je bête, un, nous ne sommes pas à Clermont-Ferrand, et deux, le fan de blues est semble-t-il fidèle. Après avoir reçu un VRAI billet, avec la photo des groupes que l'on va voir et tout et tout et commandé une bière, je me dirige dans la salle. Non sérieux un vrai billet, ça n'a l'air de rien, mais c'est le truc qui moi me touche, le symbole que même à l'heure de l'unicité galopante, un simple ticket peut procurer de l'émotion. Combien de vieux tickets de concerts sont pour les fans de musique de véritables madeleines éveillant à leur contact des souvenirs profondément enfouis ?


Little Mouse And The Hungry Cats

20H45, les Little Mouse And The Hungry Cats entrent en scène, un peu tendu peut-être malgré une beau nombre de dates enfilées au compteur. Autour de la toujours aussi charmante et charismatique Claire, les 4 greffiers vont tisser à nouveau un joli écrin à un blues efficace, propre et très en place. Avec un dress code noir et blanc, ce groupe sortant d'une résidence au Tremplin ne va pas mettre longtemps à embarquer le public déjà nombreux et motivé pour cette première partie. Des commentaires élogieux fusent autour de moi (c'est le souci avec la baisse des décibels qui permet d'entendre les conversations Ô combien passionnantes de nos voisins de live!!).



Pendant 45 minutes et 11 morceaux, ce groupe mené à la baguette par sa chanteuse, nous fera passer par divers styles de blues évoquant des amours de fossoyeurs me rappelant le magnifique film Dellamorte Dellamore, l'amour, les scènes de ménage, la jalousie, bref ce qui fait la vie et ce qui fait le blues. Leur set se termine sur un chouette rappel, la souris a piqué le fromage à la barbe des matous qui ont bu leur lait dans ses mains. Du plaisir à nouveau à écouter et voir ce groupe.


Kenny Neal

Je profite du changement de plateau pour discuter un peu avec mes voisins de table, ce que permet la configuration de la salle et ce qui est très agréable. Vers 22 heures Kenny Neal arrive sur scène après avoir, comme un grand installé son matos. Accompagné de ses deux frères, Darnell Neal à la basse, Frederik Neal aux claviers et de Bryan Morris à la batterie, Kenny Neal guitariste, chanteur, harmoniciste, titulaire d'une foultitude de prix et récompenses, représente ce soir le blues du Bayou, du Mississipi. Avec une magnifique telecaster, burinée comme une relique ayant reçue toutes les souffrances de la New-Orleans, Kenny Neal et son band vont chauffer à blanc le public d'Arvern Blues.



Profitant des trois premiers titres pour faire son sound check, et me faire un peu peur aussi quand à la qualité future du concert, Kenny Neal arbore un grand sourire à l'entame du quatrième titre, trouve le volume de sa guitare, le pousse à fond, déclare que ce coup-ci c'est parti et effectivement, c'est parti. Avec un son particulier pour une Telecaster, utilisant surtout le micro manche ou les deux micros, Kenny Neal développe des ambiances rondes agrémentées parfois de delay (quand la pile ne lâche pas!), de chorus, d'octaver (beurk!!) et d'une énorme réverb. N'étant pas là pour faire de la broderie, le groupe va faire monter la sauce, pimenter son propos, pour ne laisser aucune sortie de secours au public. Le batteur frappe sec, fort, efficace, s'il était un bûcheron il tomberait un quart de l'Amazonie dans une journée. Le bassiste ne doit pas faire plus de 20 cm en tout et pour tout sur la scène, mais par contre, derrière son sourire inamovible, il pose des lignes monstrueuses, tricotant sans cesse sur son manche un socle en béton armé pour servir aux envolées de son frère. Le clavier, qui semble perdu dans sa bulle est lui aussi un pilier inébranlable, bien que discret.



Kenny Neal peut donc tout au long de cette soirée virevolter sur son manche ou sur son harmonica, chanter et regarder les premiers rangs dans les yeux . Son jeu de guitare très inspiré par BB King est ce que tout guitariste devrait essayer d'atteindre : clair, concis, sans fioriture. Il va droit au but, tenant un bend parfait qui parle tellement plus qu'un déluge de notes. Le blues est dans les doigts du garçon, chaque note est pesée, vivante, expressive. Proche du public, Kenny Neal n'hésite pas à descendre dans la salle pour faire chanter le public, pour jouer de l'harmonica au milieu des gradins. Une version de "When the saints go marchin in", à réveiller un sénateur en plein après-midi, est là pour nous rappeler le côté gospel, cajun, créole de la culture de la Louisiane. Puis arrive une reprise de "Summertime" par une chanteuse dotée d'une belle voix, mais qui quitte la scène une fois son forfait accompli.



Kenny Neal est aussi un vrai gentleman, un gars qui a de la classe. Il invite sur scène les Little Mouse pour une reprise du "Hoochie Coochie man" de Muddy Waters. Prêtant sa guitare à l'un, laissant la place pour de beaux chorus d'harmonica à l'autre, Kenny Neal entame ce classique en duo avec une Claire qui fait moins sa maline qu'avec ses petits chats. Mais défendant clairement sa peau et bien entourée par ses complices, elle trouve vite sa place dans le morceau et prend un vrai plaisir sur scène. C'est sûr que pour le coup ça a une autre classe que The Voice. Après ce sympathique passage et rassuré par la nouvelle génération, Kenny Neal va gentiment nous accompagner vers la fin de soirée, comprenant qu'il est difficile de faire chanter des Auvergnats en anglais, mais que l'on peut les faire se lever pour demander un beau rappel.



Encore un beau coup pour Arvern Blues, une bien belle soirée qui n'en doutons pas va en appeler d'autres. Et mon petit doigt me dit que les places ne vont pas tarder à être chères pour venir voir du blues à Beaumont !

Photos : Yann Cabello www.yanncabello.com, www.facebook.com/yann.cabello.7, twitter.com/YannCabello, instagram.com/yanncabello...


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