Accueil Chronique de concert Live Earth Sydney avec John Butler Trio, Jack Johnson, Wolfmother, Missy Higgins, Eskimo Joe, Crowded House, Paul Kelly, Toni Colette and the Finish, Sneaky Sound System et The Ghostwriters
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Chronique de Concert

Live Earth Sydney avec John Butler Trio, Jack Johnson, Wolfmother, Missy Higgins, Eskimo Joe, Crowded House, Paul Kelly, Toni Colette and the Finish, Sneaky Sound System et The Ghostwriters

Aussie Stadium, Sydney 07 Juillet 2007

Critique écrite le par

Putain truc de fou, le Live Earth à Sydney, et on y était ! J'avais du mal à le croire moi-même et du coup, je n'ai même pas osé essayer de choper un passe photo. Heureusement, Flickr est là et d'autres photographes que moi se sont faits plaisir.


(photo by Matt Booy)

L'affiche du concert parle d'elle-même déjà. Dans la même journée, vont se succéder sur scène rien que : mon Dieu vivant John Butler, le combo-rock à l'ancienne désormais culte Wolfmother, le mec le plus heureux et serein de la Terre Jack Johnson, la très belle et enivrante Missy Higgins, le groupe pop-rock australien du moment Eskimo Joe peu de temps avant le songwriter australien par excellence Paul Kelly...

Mais bon, on en est pas encore là.



Quand on arrive (en retard, comme tout bon marseillais qui se respecte) au Aussie Stadium sur les coups de 12h30, on a déjà raté Blue King Brown. Et c'est bien dommage car j'avais beaucoup apprécié ce groupe local de reggae au Great Escape Festival quelques mois auparavant. Ils m'avaient rappelé, pas tant dans le style que dans l'énergie déployée sur scène, l'excellent Watcha Clan, et j'avais bien envie de savoir si cette bonne impression se confirmerait en les voyant évoluer sur scène une seconde fois. Tant pis, ce sera pour la prochaine.

Donc je disais, quand on arrive, c'est Toni Colette and The Finish qui termine son show. On a tout juste le temps d'apprécier 3 morceaux de la maman delurée de Little Miss Sunshine , et il faut dire que c'est pas mal. A l'instar des Charlotte Gainsbourg, Toni Colette prouve qu'on peut être à la fois une très grande comédienne et écrire et/ou chanter de jolies chansons.



Une bonne surprise.

Après un break de 20 bonnes minutes (ce sera le tarif minimum tout au long de la journée entre chaque artiste), c'est Sneaky Sound System qui débarque sur scène. Là, c'est le feu pour tout le monde, sauf pour moi alors je me barre faire la queue au bar (là encore, une bonne petite demie heure ou presque de queue à chaque fois, autant essayer de bien profiter des rares creux dans la programmation).


(photo by Fabian F)

MC Double D, le gars avec sa coupe de cheveu à l'ancienne, très revival Saturday Night Fever, et front-man de Sneaky Sound System est l'auteur avec son pote Black Angus et Miss Connie de Pictures, le tube dance-pop de cette été en Australie. Un truc qui pourrait être sympa si tu l'entendais 2 ou 3 fois dans ta vie, mais qui devient le truc le plus indigeste du monde quand tu l'entends plusieurs fois par jour, tous les jours, tous les jours, tous les jours...


(photo by Fabian F)

Et hormis ce tube, je n'accroche pas du tout à l'étrange confusion des genres que représente Sneaky Sound System. Trop dance à deux balles, se prétendant psychédélique tout en ne l'étant pas assez justement.

Bref, pas ma tasse de thé.


(photo from the Sunday Morning Herald)


Ensuite, c'est au tour de The Ghostwriters, un groupe que l'on pourrait qualifier de "rock-country" à l'ancienne. Un truc musicalement assez sympa -le groupe compte notamment dans ces rangs Rick Grossman ancien bassiste du mythique Midnight Oil et Rob Hirst ancien batteur du même groupe, mais désormais chanteur de The Ghostwriters. Malheureusement, le Rob est un peu juste vocalement (voire souvent à la ramasse), les lignes de chant sont franchement relou et en plus, il tape frénétiquement sur un drum-kit devant lui, en reproduisant, sans qu'on puisse l'entendre vraiment, exactement la même chose que fait le batteur un peu plus loin derrière, ce qui ne sert donc absolument à rien. Bref, c'est pas encore tout de suite que je vais me mettre dans l'ambiance du concert.



Il va falloir attendre jusqu'à l'arrivée de Paul Kelly, un songwriter culte ici, dont je n'avais encore jamais entendu parler (Ouah la honte, l'inculte !). Après le déballage de gros son pour une voix grelottante et fatiguée, place à une musique folk délicate et une voix tout en sobriété. De très jolies mélodies qui expliquent pourquoi cet artiste d'environ 60 ans est toujours autant apprécié et demandé. Les pépites s'enchaînent et les mêmes minutes, qui paraissaient interminables lors de la prestation de Ghostwriters, se mettent à filer à toute allure. C'est doux, c'est bon... J'irai jusqu'à dire, quitte à paraphraser Anémone : c'est fin, c'est très fin, ça se mange sans fin.



D'autant plus que pour le dernier morceau, Paul Kelly est rejoint sur scène par la lumineuse Missy Higgins et le non moins lumineux John Butler pour un From little things, big things grow qui restera à jamais graver dans ma mémoire.

Un très beau moment qui me permet de rentrer enfin dans mon Live Earth à 100%. D'autant plus que juste avant l'arrivée d'Eskimo Joe, on a le droit à un formidable clip vidéo diffusé sur les 3 écrans géants que comptent le Aussie Stadium. Il s'agit tout simplement d'un gros plan de 8 mètres sur six (ou plus) d'un rectum de vache en train de poser une pêche. Pendant une bonne grosse minute, la bouse de vache coule ainsi à flots, incitant chacun de nous à devenir végétarien au moins 1 jour par semaine, afin de diminuer de manière considérable l'une des sources de gaz à effets de serre les plus importantes actuellement, à savoir les pets et les bouses de vaches, de moutons et autres chèvres, cochons, chevaux, poulets, bisons, kangourous...

L'idée est sympa et le clip encore plus, alors Why not ?. On va tenter le coup... si on y pense (c'est ça le gros problème des événements comme ça, on y pense sur le coup mais après)

La phrase de la journée, et qui est là pour durer, est venue d'Adam Spencer. Au moment d'introduire Eskimo Joe et après avoir déclaré C'est toujours sympa d'arriver juste après une vache en train de chier, le présentateur radio habillé en cycliste, histoire de faire la promo du vélo, déclame une tirade absolument géniale : And just one last thing. Next time you hear someone complaining about the price of fuel, just tell them to "FUCK OFF"!!! Ok ? Cause fuel is still 2 times less expensive than water in this country and it's a fucking shame !


(photo by Fabian F)

Au moment où les 3 gars d'Eskimo Joe arrivent sur scène, je n'ai pas de grosses attentes. Après avoir entendu le nom à droite à gauche ici, j'ai découvert leur musique il y a 1 semaine sur myspace. Si on dit "pop-rock", ça veut tout dire et rien dire en même temps. Si on dit par contre qu'on est dans le créneau Muse, Starsailor, on y voit déjà un peu plus clair même si je ne suis pas toujours fan des comparaisons à l'emporte-pièce.
L'originalité du combo réside probablement dans le fait que Kavyen Temperley soit un bassiste-chanteur, un peu à la Calogero, mais en moins geignard. Les morceaux sont efficaces, l'énergie est là, mais après leurs tubes New York et Black Fingernails, Red wine, je me dis qu'il manque un petit quelquechose. Les 3-4 premiers morceaux sont très sympas mais au bout d'un moment, ça devient assez monotone et on a l'impression que tout ça n'est qu'un seul et même morceau.

Un peu redondant.

Pas le temps de vraiment en avoir marre, mais on est tout de même heureux de voir arriver, après la pause, la rayonnante Missy Higgins.


(photo by Fabian F)

Bon quitte à passer pour un sale con de sexiste (que je ne suis absolument pas... Enfin, sale con, ça dépend. Mais sexiste vraiment pas), hormis quelques rares exceptions, je ne suis pas à fond normalement sur les chanteuses. Ce n'est pas mon truc. Bon attention, je respecte. Mais c'est pas ma tasse de thé. Bien entendu, je reconnais le talent d'Aretha Franklin ou de Nina Simone, j'ai frissonné comme un malade devant les prestations de Beth Gibbons, Tracy Chapman ou de Sista K de Watcha Clan, voire Anais plusieurs fois également, du temps des regrettés Oppossum. Mais les Norah Jones, Katie Melhua voire même (quitte à me faire des ennemis c'est pas grave, tout ça n'est qu'une question de goût, pas de talent) Erikah Badu, ça a tendance à vite me saouler.

Mais là, je découvre sur scène un petit bout de femme, tout en simplicité, avec des mélodies et des textes léchés, un espèce de charisme involontaire terriblement séduisant, et une voix qui passe aisément du grave un poil rocailleux (à la Fiona Apple) à la voix de tête puissante (là, vu le niveau pitoyable de ma culture en artiste féminin, désolé j'ai pas de comparaison potable, j'allais dire à la Axelle Red mais c'est mal venu, ça se veut un compliment et j'ai peur que ça soit mal interprété).


(photo by Lindseylein)

Là encore, les minutes défilent à une vitesse hallucinante, et ça va être désormais de pire en pire, puisque qu'après son tube Steer, Missy s'eclipse pour faire place à l'imposant Ian Thorpe venu annoncer l'arrivée imminente de John Butler Trio.


(photo by Matt Booy)

Là au passage je me fais chambrer par mes potes du boulot qui, sachant mon attachement pour le John et mon admiration pour l'immense champion de natation, me demandent, un sourire moqueur au coin de la bouche : "Alors c'est le plus beau moment de ta vie ou quoi ? Ca y est, t'es là en Australie, et il y a Ian Thorpe sur scène venu annoncer l'arrivée de ton idole". Le bon vieux traquage, c'est bien, c'est comme-ci on était à la maison.


(photo by Fabian F)

Pour la seconde fois cette année, je retrouve donc sur scène le John, accompagné comme toujours par Michael Barker à la batterie et Shannon Birchall à la contrebasse (blanche et non pas noire comme à l'accoutumé).


(photo by Matt Booy)

La programmation chargée ne permettant pas aux groupes de se produire plus de 45 minutes, il n'y a pas le temps pour les préliminaires. On rentre tout de suite dans le vif du sujet avec Zebra song. Et ensuite, tous les tubes et autres singles s'enchaînent : Good excuse, Better Than (décidément un morceau aussi magique qu'obsédant sur scène), Treat Your Mama et Funky Tonight pour conclure.


(photo by Matt Booy)

Ca passe vite, très vite, mais c'est bon, très bon.

A peine le temps de reprendre son souffle pendant la pause, et commencer à construire une "Cup Tower" (une tour géante de gobelets en plastique + ou - vides) avec tous nos voisins de gradins, que le trio détonant de Wolfmother est déjà là et entonne Woman afin de maintenir à vif le feux allumé et alimenté à profusion par John Butler et ses deux compères.


(photo by Caroline McCredie)

Comme pour leur prédécesseurs, les 45 minutes de Wolfmother vont voir s'enchaîner à vive allure les bombes atomiques : Apple Tree, White Unicorn, Please to meet you (extrait de la BO de Spiderman 3) et bien entendu l'énormissime Joker and the Thief pour conclure en feu d'artifice.


(photo by Matt Booy)

Contrairement à Eskimo Joe, j'attendais beaucoup du tigre aux pattes et à la crinière rousse, Andrew Stockdale , et je n'ai pas été déçu une seconde. Tout est là : l'énergie communicative, la spontanéité, le son un peu crado parfois mais tellement jouissif car primaire et "old-school" de chez "old-school".


(photo by Matt Booy)

Un pote à moi australien m'a dit une fois : "Je n'aime pas Wolfmother car j'aime trop Led Zepellin et Black Sabbath et quand j'entend Andrew Stockdale, j'ai l'impression qu'Ozzy Osbourne chante sur un riff de guitare de Jimmy Page ou que Plant chante du Black Sabbath".
Mais moi, c'est justement pour ça que je les kiffe ! Avoir grandi avec ses références, et faire cette musique, mélange savamment orchestré de Hendrix, Led Zep et Black Sabbath, alors que nous sommes en 2007, c'est ça qui est merveilleux. Invite Wolfmother au festival Jazz à Juan-les-Pins et ils te transforment tout ça en Woodstock en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.

Une expérience puissante, à réitérer As Soon As Possible.

Après la claque et la déferlante de distorsion Wolfmother, le pari était osé de tenter la transition radicale avec le surfeur Hawaïen (et non pas, australien, c'est quoi cette vieille rumeur de nationalité australienne) Jack Johnson.


(photo by Fabian F)

Mais un pari réussi, car contrairement à ce qu'on aurait pu penser, la mère du loup et le loup de mer ont des fans en commun, et moi le premier.

Quel bonheur que de voir débarquer Jack Johnson à Sydney. On est encore en plein dans le rêve.

Voir un artiste pour la première fois en live alors qu'il fait partie de votre vie depuis des années, c'est toujours une émotion particulère. Ben Harper pour la première fois aux Arènes de Nimes en 2001, Radiohead dans les mêmes arènes en 2003... C'est quelque chose d'inoubliable dont je n'ai malheureusement aucune trace informatique car, à l'époque, je n'avais pu écrire un seul mot pour décrire l'émotion que j'avais ressentie.

Bon là, la situation n'est pas tout à fait la même, notamment car il s'agit d'une prestation de moins d'une heure, on est placé assez loin de la scène, et aussi parce que Jack Johnson n'est absolument pas une bête de scène comparable aux deux monstres sus-cités.


(photo by Matt Booy)

Il n'en reste pas moins que c'est terriblement agréable de fredonner avec Jack, Traffic in the sky, Gone, Good People ou Time Like These. La musique à la cool, rien de plus, une belle guitare, un beau brin de voix, des textes sympas et c'est parti.

C'est pas compliqué et ça donne du bonheur à plein de gens de part le monde, tout en diffusant un message positif bien que conscient du désastre écologique dans lequel nous plongeons notre monde de manière (quasi) inexorable.

Les 3 quarts d'heure fondent une fois de plus comme neige au soleil (une expression qui est chaque jour un peu plus vraie), et il est déjà l'heure de LA tête d'affiche de l'édition australienne du Live Earth, à savoir Crowded House.


(photo by Caroline McCredie)

Vous n'avez sans doute comme moi jamais entendu parlé de ce groupe, mais croyez-moi, vous le connaissez. Sévissant de l'autre côté de la planète pendant une vingtaine d'années, de la fin des années 70 à 1996 pour être précis, ce groupe de rock est notamment responsable de Don't dream it's over, un carton planétaire absolu des années 80, que je pensais pour ma part être dû à Genesis ou Peter Gabriel, tellement le "Hey now, hey now..." était gravé profondément dans ma mémoire.

En entendant cette chanson, je me retrouve projeté à l'arrière de la Renault 12 de mes parents, au début du mois d'août, sur l'autoroute de l'ouest en direction de la Presqu'île de Quiberon, et je comprend tout à coup (après 3-4 morceaux d'incompréhension je dois bien le dire) l'hystérie collective qui avait embrasé les quelques 40 000 australiens présents dans le stade.

Pour comprendre ce que nous avons vécu ce jour là, il faut se représenter un couple d'australiens qui débarque au Live Earth à Paris et qui découvre alors sur scène, pour la première fois, le groupe Téléphone au grand complet, reformé pour l'occasion. Bien entendu, notre couple d'australiens ne comprend rien, absolument à l'hystérie des gens brayant à se faire saigner les cordes vocales : "Ca se sent que c'est toiiiiiiiii !!!! Ca se sentttttttttttttt !!!!", mais pour nous, jeunes et moins jeunes français, putain que c'est bon !


(photo by Matt Booy)


Et c'est ainsi que ce termine cette journée marathon de concerts, alors que les plombs sautent et plongent la scène dans l'obscurité pour les 2 derniers morceaux, alors qu'avec une bonne vingtaine de nos voisins nous brandissont fièrement notre "Cup Tower" qui doit bien atteindre les 8 m de long et contenir au moins 1000 gobelets en plastique (voire bien plus, grâce à l'effet de masse et l'engouement créée par notre construction) dont la plupart ne sont pas vides, générant une espèce de fontaine de restes de bière...

Pour le tout dernier morceau et dans la plus pur tradition des concerts à buts caritatifs, alors que nous tentons tant bien que mal de ne pas nous retrouver couverts de bière de la tête au pied, tous les artistes rejoignent Crowded House sur scène. Andrew Stockdale est de retour avec ses pattes rousses, Missy Higgins est là aussi, juste à côté de John Butler qui tient son bébé dans ses bras, d'un geste attentionné et protecteur. C'est beau un artiste talentueux et engagé !

Et tout le monde rentre chez soi, la tête pleine de résolutions. Celui-là va changer toutes les ampoules de sa maison demain pour réduire sa consommation d'énergie, celle-ci n'ira plus travailler qu'en vélo, eux ne feront plus que du covoiturage, c'est décidé.

Nous, on va commencer par rentrer à pied, parce que la maison n'est qu'à 45 minutes et il y en a pour autant de temps voire plus à attendre un bus. Demain, il fera jour. Quel sera le rôle que nous choisirons de jouer dans la tentative de virage amorcée aujourd'hui dans notre société, pourtant lancée à vive allure vers la destruction pure et simple de son éco-système tout entier ?

 Critique écrite le 17 juillet 2007 par Edd Dazuntski

> Réponse le 17 juillet 2007, par Philippe

Wow ! Ca c'est une putain d'affiche, et une sacrée chronique, et pour la bonne cause en plus ! Heureux d'apprendre que la rigolote Tony Collette (voir aussi le film "Muriel", assez énorme) fait de la zique et que c'est mieux que Juliette Lewis... Nous les seuls, mais pas les moindres, australiens qui soient venus en France, c'était Wolfmother l'an dernier à Rock en seine, et on a également bavé de joie comme toi... mais tu le sais déjà ! ... Et dire que tout ça s'est fait la tête en bas (à propos je me demande comment tiennent les piles de gobelets d'ailleurs ...)   Réagir