Pendant le discours inaugural de cette douzième édition, quatre contrebasses exposées sur la pelouse du Domaine de Fontblanche attirent le regard. La raison première de leur présence n'est pas de captiver l'œil mais l'oreille. Il s'agit d'une installation sonore de Frank Lovisolo qui fait sienne cette maxime de John Cage : "Quand un bruit vous ennuie, écoutez-le". Les improvisations du vent sur les quatre instruments sont amplifiées. J'écoute. Emmanuelle Grangé y ajoute un texte par elle écrit. Soixante heures après, je n'en retiens que la forme, très poétique. Le fond s'est dispersé, noyé dans le chant des cigales. L'ambiance du festival, bucolique, devient créatrice. Convivialité et création vont cohabiter ici trois jours durant. La Fanfare du Boukistan prend le relais. Ambiance festive grâce à une musique légère appuyée sur une originale rythmique soubassophone / percussions, rafraîchie par le son du banjo et égayée par les envolées des deux saxos et du trombone. Petits fours et boissons diverses sont ingurgités par les festivaliers autour de ce sextet taillé pour l'occasion, propice qu'il semble être à la discussion entre amis autour d'un verre. La fanfare visite différents lieux du festival et trouve un... Lire la suite

Dernier volet de la trilogie newyorkaise de ce début de printemps au Cri du Port. Après le Wallace Roney Quintet et le Trio Open Loose de Tony Malaby (pas vu hélas !), voici un autre souffleur, Mark Turner, considéré comme l'un des plus talentueux de la planète. Il se produit ce soir en duo avec le pianiste Baptiste Trotignon. J'avais pu apprécier les deux hommes dans le quintet de ce dernier voilà deux ans et la perspective de les revoir me réjouit. Ils n'ont paraît-il jamais joué en duo. Ils interprètent leurs propres compositions de façon alternée. Les deux premières sont softissimes, Mark Turner fait durer les notes à la manière d'un Wayne Shorter, la fin d'une pièce de Baptiste Trotignon nommée Boléro propose une plage finale légèrement plus enlevée. Une nouvelle composition du pianiste, Awake, semble sonner un début de rupture. Le propos du piano tire vers le rhythm and blues, le sax ténor se libère. Mais ce n'était qu'une parenthèse. Les deux hommes enchainent certes des mélodies de qualité aidés par leur technique irréprochable. Les pics d'intensité sont rares cependant et je ne peux m'empêcher de penser à la prestation au Charlie Jazz Festival autrement plus variée, même si on ne peut comparer ce duo et la formation plus... Lire la suite